Le Parnasse breton
270 pages
Français

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Le Parnasse breton , livre ebook

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Description

Si le grand public connaît quelque peu le Parnasse français, la plupart ignore l'existence du Parnasse breton. Créé en 1889 par l'écrivain Louis Tiercelin et le musicien Joseph-Guy Ropartz, son premier objectif est de fédérer les intellectuels de Bretagne dans le seul but de sauvegarder son identité, et plus largement, celle de la France. Loin de tout folklorisme, ce mouvement à l'apparence littéraire, se compose d'intellectuels qui s'attachent à définir une politique prônant un fédéralisme. Ils ont compris que, pour ce faire, la production intellectuelle est une étape nécessaire avant la création d'institutions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 184
EAN13 9782336374802
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Espaces Littéraires

Espaces Littéraires
Collection fondée par Maguy Albet
Dernières parutions
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Elena BALZAMO, « Je suis un vrai diable ». Dix essais sur Strindberg , 2014.
Fatima AHNOUCH, Littérature francophone du Maghreb. Imaginaire et représentations socioculturelles , 2014.
Céline BRICAIRE, Une histoire thématique de la littérature russe du XX e siècle. Cent ans de décomposition , 2014.
Elisabeth SCHULZ, Identité séfarade et littérature francophone au XX e siècle , 2014.
Jelena NOVAKOVI Ć , Ivo Andrić. La littérature française au miroir d’une lecture serbe, 2014.
Przemyslaw SZCZUR, Produire une identité , le personnage homosexuel dans le roman français de la seconde moitie du XIX e siècle (1859-1899), 2014.
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Textes réunis et présentés par Michèle AQUIEN, L’érotisme solaire de René Depestre, Éloge du réel merveilleux féminin , 2014.
Laëtitia PERRAY, La femme dans le théâtre de Robert Poudérou , 2014.
Ghada EL-SAMROUT, L’itinéraire mystique dans l’œuvre de Salah Stétié , 2014.
Titre

Jakeza Le Lay






Le Parnasse breton
Un modèle de revendication
identitaire en Europe
Copyright























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72491-1
PREFACE
Parnasse breton ? Pour le lecteur d’aujourd’hui, fût-il cultivé, c’est une expression énigmatique. Elle désigne un mouvement littéraire de la fin du XIX e siècle, fort oublié, et auquel on serait en peine d’associer avec certitude le nom d’un écrivain ou d’un poète. À cette ignorance a contribué le caractère éphémère du mouvement, vingt-deux petites années seulement d’existence officielle, entre 1889 et 1911. Mais aussi sans doute l’alliance inattendue du substantif et de l’adjectif : Parnasse breton n’est pas loin d’être un oxymore. Le substantif fait lever en nous des images de mer étincelante, d’oliviers et de lumière, la beauté idéale de l’art grec, quand l’adjectif ramène à une terre âpre, une mer rude et des orages désirés. Sur le plan littéraire d’autre part, les parnassiens français avaient revendiqué un art de perfection formelle, purgé de toute subjectivité émotionnelle, quand la poésie des parnassiens bretons, habitée par le sentiment de la mort, retentit de plaintes et d’adieux pathétiques à un monde révolu. Bref, il y a eu là une étrange rencontre entre des sensibilités différentes, parfois même antinomiques, et un baptême inattendu pour un mouvement littéraire aujourd’hui englouti. C’est pourquoi il faut être reconnaissant à Jakeza Le Lay d’avoir entrepris de le faire connaître et de comprendre à quels besoins obscurs il répondait. Au terme de recherches systématiques dans les archives et les bibliothèques, qui l’ont conduite bien au-delà des rivages bretons, jusqu’à Londres et Washington, elle est parvenue à identifier ceux qui de près ou de loin ont été associés à l’aventure : un corpus de 96 auteurs dont elle retrace le parcours et recense les accomplissements.
À l’origine de ce rassemblement breton, la publication, en 1889, d’une anthologie poétique, éditée sous le nom de « Parnasse breton contemporain », et le lancement d’une revue, « L’Hermine », destinée à entretenir les liens entre les contributeurs. L’une et l’autre sont le fruit de l’inspiration et du travail opiniâtre d’un homme, lui aussi méconnu, auteur pourtant d’une œuvre abondante et multiforme. À la fois poète, romancier, dramaturge, critique, inlassable pourvoyeur de préfaces et de discours pour toutes circonstances, ce Louis Tiercelin était un rennais, « monté » à Paris pour y faire son droit, puis revenu à Rennes où il a suivi à l’université les cours du grand linguiste Joseph Loth. Dans ce parcours sans grande originalité, deux conversions. À la poésie, car le jeune homme a fait à Paris la connaissance décisive de Leconte de Lisle, qui lui aussi avait des attaches rennaises, et de José Maria de Heredia, avec qui il se lie assez pour que celui-ci lui fasse l’amitié de corriger ses vers. À la Bretagne d’autre part, au point de convaincre ce haut Breton d’apprendre la langue qu’il n’avait pas eu la chance d’entendre sur les genoux de sa mère, de bretonniser son nom en Kerzilin, de veiller à fournir deux versions, l’une bretonne, l’autre française, de ses productions et d’encourager dans sa revue l’expression poétique en langue bretonne.
Était-il un grand poète, ce « prince des poètes qu’on célébrait dans les banquets des associations bretonnes ? Et pouvait-il revendiquer au moins le mérite d’écrire une poésie spécifiquement bretonne ? La question vaut pour lui, mais aussi pour la troupe d’écrivains qu’il avait réunie dans son Parnasse. Victor Basch, perspicace, avait un doute sur l’authenticité des productions de ces parnassiens bretons, qui se différenciaient à ses yeux de la production académique parisienne. Selon lui, il suffisait souvent à ses poètes d’associer à leurs rêveries quelques marqueurs identitaires de la Bretagne, coiffes, cloches, pardons ou tempêtes et de convoquer Merlin, Viviane et la fontaine de Barenton pour croire avoir atteint l’essence même de la Bretagne. Les vers de Tiercelin, toutefois, ne méritent pas cette sévérité. Il avait beaucoup lu les recueils de poésie orale issus des collectes de Luzel et de la Villemarqué, et le meilleur de son œuvre est constitué par quelques poèmes au charme simple, où il calque ses rimes et ses rythmes sur ceux de la poésie populaire.
Le mérite de l’homme est pourtant ailleurs. Dans l’activité inlassable de l’organisateur de rencontres et d’événements, conférences, banquets, concours de poésie, inaugurations en tous genres : le « Parnasse breton » lui doit tout, au point que lorsque, vieillissant et fatigué, il abandonne son rôle d’éditeur de « L’Hermine », la revue ne lui survit pas. À quoi il faut ajouter ses talents de fédérateur. Ceux qu’ils rassemble dans sa revue viennent d’horizons politiques très différents, voirs antagonistes. Lui-même, catholique et conservateur, est un bon représentant de cette droite provincialiste qui porte depuis la révolution française la revendication décentralisatrice. Toutefois celle-ci pouvait aussi trouver des partisans chez les libéraux, attachés aux libertés locales comme contre-forces au pouvoir central. Tiercelin accueille les uns et les autres : parmi ces parnassiens bretons on peut donc trouver, minoritaires sans doute dans le gros contingent conservateur, quelques libres penseurs, des bleus de Bretagne, républicains chez qui la foi dans l’unité de la grande patrie se conjuguait avec l’amour de la petite, voire des socialistes et pour commencer ce Joseph-Guy Roparz, un musicien progressiste élève de César Franck, co-auteur de l’anthologie du Parnasse breton. L’appartenance bretonne, et non la couleur politique, fait office de droit d’entrée dans une revue qui s’emploie à atténuer les dissonances.
Même tolérance, quelque peu nuageuse sans doute, à l’égard des thèmes retenus. L’Hermine peut rendre hommage à Nominoé, roi breton dont l’exploit est d’avoir en 824 défait les Francs à la bataille de Ballon, mais aussi à Duguesclin, personnage plus suspect pour avoir pris le parti des Français pendant la guerre de cent ans. De la même manière, Tiercelin ne voit pas d’inconvénient à ce que la ville de Vitré érige un monument à sa célèbre marquise, indifférent semble-t-il à la férocité montrée par Mme de Sévigné aux malheureux pendus des bonnets rouges. Le lien avec la France, du reste, ne fait jamais l’objet d’une remise en cause, et la revue participe pleinement à la pédagogi

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