Le Psychopathe, le Dément et le Trisomique
117 pages
Français

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Le Psychopathe, le Dément et le Trisomique , livre ebook

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Description

Dans toutes les maisons de retraite, des cas de maltraitance envers les pensionnaires sont avérés.


Toutes ? Non, car un groupe d’irréductibles croulants résiste, encore et toujours, au personnel soignant d’un petit hospice de Bretagne. Un « quintette » de vieux emmerdeurs unis tels les cinq doigts d’une main ridée sème la terreur au sein de l’institution accueillant des retraités et des trisomiques.


Quand les deux plus virulents meurent successivement d’une façon suspecte, Serge Daudeau, le suivant sur la liste des plus détestés du pavillon, se met en quête de chercher celui qui a assassiné ses pires amis.


Mais, il est difficile de se prendre pour Holmes quand on végète dans un fauteuil roulant et qu’on a le cerveau plus troué qu’une passoire...


Aussi, Serge Loque va-t-il s’adjoindre les services de Waston, un pensionnaire trisomique nouvellement admis dans la structure, afin de l’aider dans sa tâche...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mai 2017
Nombre de lectures 11
EAN13 9782373471663
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le roman « Le Psychopathe, le Dément et le Trisomique » prend en compte la nouvelle « Graphie rectifiée ».
--
Dément, incontinent, décrépit, ingérable, emmerdeur, retraité,
On m’a enfermé à double tour dans un mouroir, un hospice,
M’isolant de ma famille, de mes amis, de mon ultime foyer.
Et l’on espère que je me laisse faire sans le moindre caprice ?
C’est mal me connaitre ! Je me battrai, bien que très fatigué.
Énervement maximum garanti avec moi et mes complices !
*1*
Serge Daudeau.
J'étais ligotémon fauteuil des tortures sans, réellement, sur réaliser comment j'avais pu tomber dans un tel traq uenard. Quelle qu'en fût la raison profonde, ma perspicacité sans commune mesure me poussait à croire que l'on cherchait à m'extirper des aveux et que, face à ma pugnacité, à mon opiniâtreté et à mon insurrection, l'ennemi s'arrachait les cheveux avant d'en faire autant avec mes dents sans s'imaginer qu'une telle exaction ne me ferait pas plier, non que je sois doué d'une résistance hors norme, m ais simplement que je porte un double dentier. Pan ! Dans tes dents !
Pour la énième fois, je crachais la seule phrase que j'étais habilité à rétorquer à l'opposant.
— Serge Daudeau, matricule CRM04160 !
— Cessez de vous répéter et répondez à mes questions.
Mon tortionnaire tenait absolument à me faire avoue r ce que je ne lui aurais même pas dit sous le plus douloureux des sévices. A près m'avoir sadiquement planté son arme dans la chair, il brandissait une s eringue comme le terroriste brandit le Coran pour justifier ses crimes.
— Serge Daudeau, matricule W9898754X52 ! Je ne vous dirai rien de plus.
— Soyez raisonnable, je ne veux que votre bien.
— Mon bien ; va chier ! Vous pouvez me faire subir les pires outrages, j'ai l'habitude, j'ai été entrainé à surmonter toutes le s douleurs. J'ai presque fait la Guerre d'Algérie, moi ! Alors, c'est pas une tronch e de cul comme vous qui allez faire flancher ma volonté. Vive la France libre !
— J'en ai marre, je ne suis pas là pour me faire insulter par un débris, sanglota la pleureuse en rebroussant chemin.
— Ha ! Bravo ! Et en plus, vous êtes payée pour mar tyriser de pauvres patriotes ? Honte à vous !
La vieille baderne, seringue en main, fit demi-tour et m'abandonna à mon triste sort. Allais-je me sortir des pattes de mon sadique destin ?
Voilà des mois que j'étais confronté à l'acharnemen t d'une horde tyrannique
dont l'obscur but était d'obtenir mes aveux. Mais je jurais sur la tête de mes aïeux que jamais je n'avouerais ce qu'on voulait me faire dire… de toute façon, je ne savais pas vraiment ce qu'ils attendaient de moi.
Quelques minutes de répit et le chef de la bande en tra dans la pièce dans laquelle j'étais retenu de force.
— Monsieur Daudeau, votre comportement est inacceptable. Le personnel ne cesse de se plaindre et, bientôt, plus personne ne voudra s'occuper de vous.
— Tant mieux ! Qu'on me foute la paix ! Je n'ai rien demandé à personne, moi, surtout pas à être trahi par mon fils et livré pied s et poings liés à une bande de bourreaux de votre genre.
— Mais, monsieur Daudeau, quand on vous pose une qu estion, il faut y répondre et on vous laisserait tranquille plus rapidement.
— Sachez, monsieur, que de toute mon existence, personne ne m'a empêché de gueuler ce que je ne pensais pas forcément, alor s, ce n'est pas vous qui me ferez dire ce que je pense.
— Monsieur Daudeau…
— Daudeau, Serge Daudeau, matricule K6554258Z85 !
L'homme, exaspéré, se retourna vers la pleureuse qui l'avait suivi :
— Sa glycémie ?
— 202 !
— C'est haut, injectez-lui 8 unités d'Actrapid et refoutez-le devant sa télé.
— Monsieur Sainclair ?
— Oui, Jeanne ?
— Je ne veux plus soigner ce patient, je ne le supporte plus.
— Comme tout le monde ici, Jeanne, comme tout le mo nde. Nous faisons parfois un dur métier, mais il faut bien que quelqu 'un le fasse. N'est-ce pas, Jeanne ?
— Oui, Monsieur Sainclair, mais, pas moi, s'il vous plait.
— D'accord, je demanderai à Odile de prendre votre place, dès demain.
— Merci, Monsieur Sainclair.
— De rien, ma petite Jeanne, je vous comprends.
J'intervenais pour leur dire ma façon de penser :
— Allez chier, tous ! Foutez-moi la paix !
— Ho ! Oui, je vous comprends… murmura le boss avant de sortir de la pièce.
— Serge Daudeau, matricule… je sais plus, mais je v ous emmerde. Aïe ! Conasse !
La chialeuse avait profité d'un moment de distraction pour m'enfoncer l'aiguille dans le gras du bide.
— Salope !
— Voilà, monsieur Daudeau ! Je vous remets devant l a télé, vous pourrez suivre vos émissions. On viendra vous chercher pour le repas.
— Vous ne pouvez pas me traiter comme ça, je connai s mes droits, vous devez me laisser passer un coup de fil !
— Mais, monsieur Daudeau, vous avez le téléphone su r la tablette à côté de votre lit, vous le savez bien. Les numéros de vos proches sont enregistrés, il vous suffit d'appuyer sur le bouton marqué à la personne de votre choix. Qui voulez-vous joindre ?
— Le 04.25.63.95.84.07.25.63 !
— C'est trop long comme numéro, monsieur Daudeau.
— C'est normal, mon rejeton habite loin.
— C'est votre fils, que vous voulez contacter ?
— Bien sûr, ce n'est pas le pape, il refuserait la communication, il ne m'aime pas, celui-là.
— Il vous suffit d'appuyer sur le bouton marqué « Didier », le prénom de votre fils.
La jeune femme fit une manipulation dont la complexité me perdit en cours de route et approcha le combiné de mon visage. Après q uelques tonalités derrière lesquelles un message subliminal devait probablement se dissimuler, j'entendis la voix de mon idiot de gamin… à moins que ce ne fût quelqu'un qui tentait de l'imiter.
— Allo, oui ? entendis-je.
— Raté, c'est Noël ! répondis-je, car je savais bien qu'Halloween était passée depuis plusieurs semaines bien que des membres du personnel soignant n'avaient pas encore ôté leurs masques.
— Non, c'est Didier, ton fils !
— Qui me le prouve ?
— Ta chienne qui gueule à côté de moi.
— Pas faux ! Telle était ma réponse, comme à chaque fois que je ne comprenais pas la question ou, comme dans le cas présent, quand il n'y avait pas de question.
— Comment tu vas, papa ?
— Comme un vieux fou dans une maison pleine de vieu x et de fous dans laquelle mon traitre de rejeton m'a envoyé de force.
— Allons, papa, tu sais que c'est pour ton bien.
— Oui, je sais. Tous ceux qui me torturent, ici, disent la même chose.
— Arrête d'exagérer, personne ne te torture, tout le monde est aux petits soins pour toi.
— Tu parles, Charles ! On vient, une nouvelle fois, de me passer à la gégène pour me faire dire si j'avais bien avalé mes médicaments.
— Tu devrais être plus coopératif ; les infirmières se plaignent de toi et ta fille reçoit régulièrement des coups de téléphone de la m aison de retraite. Si tu continues, ils vont te virer.
— Tant mieux ! Je prendrai mon baluchon et j'irai vivre sous les ponts.
— C'est ça. Je te rappelle que tu es en fauteuil ro ulant, que tu es diabétique, incontinent, que tu fais de l'hypertension, que tu souffres d'arythmie cardiaque et j'en passe et des meilleurs.
— Les médecins disent ça juste pour me garder à portée de mains.
— C'est vrai que tu es si agréable à vivre…
— Si tu m'appelles pour te foutre de ma gueule, je raccroche.
— C'est toi qui m'appelles, papa !
— Ah, bon ?
— Oui ! Tu voulais me dire quoi ?
— J'sais pas. Ta sœur passe bientôt me voir ?
— Cet aprèm, comme tous les jours, papa.
— Et toi, tu viens quand ?
— Tu sais très bien que je suis à Perpignan et que, toi, tu es en Bretagne. C'est pas la porte à côté.
— Ouais, en clair, tu passeras pas !
Et je raccrochais le téléphone. Mon con de fils me prenait pour un idiot, ou l'inverse. Comme si je n'avais pas vu régulièrement sa voiture sur le parking de la maison de retraite, même s'il pousse la fourberie à en changer la taille et la couleur d'un passage à un autre.
Mon nom est Daudeau, Serge Daudeau. Ancien plombier, électricien, maçon, videur, cuistot, commercial, gardien, chauffeur de bus, chauffeur routier. J'ai
conduit pendant des années des 38 tonnes, maintenan t je pilote un fauteuil roulant.
Soixante-dix ans, plus une dent, mais j'ai un beau râtelier, et suis déjà en maison de retraite. Mes enfants se sont débarrassés de moi sous le fallacieux prétexte que j'étais grandement malade, que je souf frais de diabète, d'hypertension et qu'un A.V.C. avait grillé des tra nsistors de mon circuit imprimé. Depuis, je n'imprime plus rien ou presque. J'suis e n fauteuil parce que mon cerveau est trop con pour donner les bons ordres à mes guiboles pour me faire avancer… et pour le reste.
Le matin, on me lève de mon plumard, un rectangle de mousse pas plus large qu'un tampon hygiénique, pour me sangler dans mon c arrosse. Le soir, on m'en extirpe pour m'attacher sur le matelas. Entre les deux, on me change les couches et, parfois, on me fait prendre une douche… le rêve, quoi !
J'suis cloitré dans une maison de retraite. Avec des viocs, mais pas que. Dans l'établissement, ils logent également des trisomiques. Moi qui suis vieux et fou, je suis entouré de vieux et de fous. Mais les fous ne sont pas toujours ceux que l'on croit et, si je n'ai pas vraiment la prétention d'être vieux, je n'en suis pas plus fou.
Ce n'est pas faute de me faire croire le contraire. C'est comme ces chats qui dorment la journée faite dans la cour et dont tout le monde persiste à m'expliquer que ce sont des pierres. Je ne suis pas azimuté, je sais reconnaitre un chat, ça fait « Miaou », alors qu'une pierre… je ne sais pas quel cri cela peut faire, j'en ai rarement entendu gueuler. Elles ne doivent jamais avoir mal, les pierres.
Le midi, je mange parmi les barjos. Les séniles ne veulent plus de moi, ils me regardent d'un drôle d'air. Soi-disant que je ne sais pas bien manger. M'en fous, je préfère la compagnie des dingues à celle des fossiles.
Les fracassés du ciboulot ont le sourire généreux de ceux qui ne voient le mal nulle part. Ils n'ont pas appris à être désabusés p ar la vie… pourtant… il y aurait de quoi.
Les maboules aiment tout le monde. Ils sont francs, ils disent ce qu'ils pensent alors que les vieillards ne pensent même pas ce qu'ils disent.
Les déglingués m'aiment bien, tandis que les autres me détestent. Enfin, pas tous les autres, y a des viocs qui m'apprécient aussi, mais ils ont l'esprit rebelle… ou alors ils sont aussi barges que moi.
On forme un club d'archaïques casse-couilles. Les i nfirmières nous maudissent et les cinglés nous affectionnent. On crache, on bave, on insulte, on fait des conneries, on renverse les assiettes, les plats, les verres et on chie et on pisse dans nos couches. Ça emmerde les soignants de devoir nous changer tout le temps. Alors, régulièrement, on nous refile au nouveau ou à la nouvelle. On est là pour les former au pire. Souvent, ils pètent les plombs en quelques semaines,
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