Les amis de Milosz
154 pages
Français

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Les amis de Milosz , livre ebook

154 pages
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Description

Dans les années trente, la montée des périls et l'urgence des temps transforment la voix de Milosz. Comme d'autres écrivains de cette époque troublée, il voit fondre sur l'Europe les cavaliers de l'Apocalypse. Il décide alors de révéler ce qu'il déchiffre dans les textes bibliques et d'annoncer ce qu'il voit dans ses visions effrayantes. Mais qui l'écoute ? Ce numéro désire apporter quelques éclairages à ces textes insolites. La disparition de Laurent Terzieff, grand ami de Milosz est également abordée dans ce numéro.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 61
EAN13 9782296467484
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CAHIERS

DE

L’ASSOCIATION

LES AMIS DE MILOSZ


50
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56055-0
EAN : 9782296560550

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
CAHIERS DE

L’ASSOCIATION





50


L’Harmattan
LES AMIS DE MILOSZ


Siège social
C/o J. Kohler, 14, rue Lagille 75018 PARIS
Tél. (33) 1 42 63 94 41
rodolphe.kohler@orange.fr
CCP (Amis de Milosz) Paris 7281-28 Z

Site Internet : http://amisdemilosz.org


P RÉSIDENT D’HONNEUR

Czeslaw Milosz †
Prix Nobel de littérature


C OMITÉ D’HONNEUR

Pierre B RUNEL, François C HAPON, René de O BALDIA, de l’Académie française, Angelo R INALDI, de l’Académie française.


C OMITÉ DIRECTEUR

Richard B AČKIS, Jean B ELLEMIN- N OËL, Luc C OSTE- S ARGUET, Jean D OUVILLE, Trésorier, Pierre G ARNIER, Jan I WANIEC, Janine K OHLER, Présidente, Jacques N IZART, Vice-Président, Olivier P IVETEAU, Renée W ATHIER.
M ILOSZ VISIONNAIRE ET PROPHÈTE
É DITORIAL
Milosz n’est pas que le poète des Symphonies ou le dramaturge de Miguel Mañara ! Il est aussi l’auteur de textes étranges, dérangeants, qui traitent de philologie, de prophéties, de déchiffrements de l’Apocalypse. Certes, ces ouvrages s’inscrivent dans le contexte troublé de l’entre-deux-guerres, où un climat d’attente angoissée s’installe en Europe, rendant plus familiers les thèmes de l’Apocalypse. Mais, pour le Milosz des années trente, il s’agit principalement d’une nouvelle étape dans son itinéraire personnel, fruit de son travail spirituel sur lui-même et de ses études incessantes de la Bible.

Il y a quelque temps, Francis Laget nous écrivait : « Les Cahiers ont le devoir de consacrer un numéro au problème de l’étude de l’Apocalypse à laquelle Milosz a voué les dernières années de son existence : pas pour en juger les résultats, ni l’orthodoxie, mais en abordant avec respect le problème du prophétisme ». La difficulté est réelle. L’Université française éprouve une certaine défiance à l’égard des écrits prophétiques et n’offre que peu d’instruments théoriques pour les analyser. Nous exprimons notre reconnaissance à Francis Laget, ami fidèle et exigeant, sans qui ce numéro n’existerait pas.

En décembre 2007, le colloque de l’université de Fribourg n’avait pas craint d’aborder l’aspect spirituel de l’œuvre de Milosz. La conférence de Daniel Bourgeois, que nous publions ici, étudie le passage du Milosz poète au Milosz visionnaire et pose la question du statut linguistique d’une parole prophétique. Ensuite nous avons pensé qu’il pouvait être intéressant de présenter un article, déjà ancien, écrit par ce connaisseur savant de l’œuvre de Milosz que fut André Lebois. Il aborde le problème des sources qui nourrirent la réflexion de Milosz et infléchirent son itinéraire.

Une seconde approche vous est proposée : celle de la réception de ces textes insolites à l’époque où ils ont été publiés. En dépit de leur étrangeté, ils trouvèrent quelques lecteurs attentifs et donnèrent lieu à une dizaine d’articles que nous avons rassemblés.

En contrepoint, il ne nous a pas semblé désinvolte d’évoquer la pièce de théâtre de Marius Ivaškevičius qui, à Vilnius, connut un grand succès, ces dernières années. Un Milosz de fantaisie y expose doctement ses visions prophétiques à un « collègue » médusé par tant d’audace imaginative ! Rappelons-nous que, dans Le Revenant malgré lui , Milosz n’hésite pas à se mettre en scène et à sourire de son penchant pour l’ésotérisme !

En dépit de nos soucis d’éditeur, l’œuvre de Milosz continue à être travaillée, interrogée. Ce numéro salue la parution de la très intéressante revue Pierre d’angle, consacrée aux Actes du colloque Milosz à Fribourg en Suisse (voir nos Chroniques), la réédition des trois mystères de Milosz en Italie, la publication de la thèse d’Olivier Piveteau, aux éditions Classiques Garnier, collection Perspectives comparatistes, sous le titre Le Don Juan malgré lui, Don Miguel Mañara entre histoire, légende et littérature. Le colloque de l’université de Kaunas sur Mickiewicz, Oscar et Czeslaw Milosz enrichira certainement notre connaissance de Milosz le Lituanien.

Enfin comment ne pas revenir sur la disparition de Laurent Terzieff qui, par sa voix secrète et tourmentée, a si magnifiquement servi Milosz ? Avec nostalgie, nous lui disons adieu.
R ETOUR SUR UN PARCOURS SPIRITUEL

A SPECTS ÉSOTÉIQUES DE L ’ ŒUVRE DE M ILOSZ
Nous avons eu plusieurs occasions d’étudier certains de ces aspects dans les Cahiers des Amis de Milosz . Le sujet n’est certes pas nouveau puisqu’il avait été sérieusement étudié par Stanley M. Guise dans sa thèse de 1964, thèse que l’on ne pouvait malheureusement consulter que grâce à l’exemplaire de la bibliothèque de la Sorbonne, jusqu’à ce que les Cahiers en reproduisent certaines parties {1} .
Nous avions attiré l’attention sur la présence de Milosz parmi les collaborateurs de la revue Le Voile d’Isis, dans les années 1920, et sur ses rapports avec René Guénon, avant le départ de ce dernier pour Le Caire. Antérieurement, Milosz s’était manifesté dans un groupe à prétentions ésotériques, celui des Veilleurs, dirigé par René Schwaller (qui n’était pas encore « de Lubicz »). Milosz leur avait donné la primeur de son long « poème théosophique » du « Cantique de la Connaissance » (numéro spécial de Noël 1918, de leur organe L’Affranchi ) {2} . Nous savons aussi que Milosz s’était rapidement désolidarisé de ce milieu, dont il semble avoir conservé par la suite un souvenir particulièrement désagréable.
Il apparaît au regard d’un lecteur attentif que ses connaissances ésotériques semblent résulter de la confluence de trois courants distincts et que l’originalité de sa position résulte précisément de cette origine composite. On doit citer l’hermétisme, la tradition hébraïque de la kabbale, mais surtout un véritable courant de théosophie germanique. L’hermétisme : nous savons que le père de Milosz avait recherché la pierre philosophale » dans les sous-sols de la vieille demeure familiale de Czereïa. Milosz a déclaré lui-même qu’il avait suivi cette voie « à la fois par hérédité et par goût personnel ».
Son imprégnation de la tradition hébraïque et son recours aux techniques de la kabbale peuvent être également considérés comme héréditaires, puisque sa famille maternelle était juive. Il est remarquable qu’il ait commencé une formation à l’École du Louvre, en suivant les cours d’épigraphie orientale du professeur Ledrain, connu pour une traduction de la Torah hébraïque. À cette époque, il était entré en relation avec Albert Jounet (alias Jhouney), auteur d’une Clef du Zohar à peu près oubliée aujourd’hui ; il s’agit d’un exposé de la kabbale dépendant de la Kabbala denudata de Knorr de Rosenroth, excellent hébraïsant chrétien du dix-septième siècle.
Reste le troisième volet, le plus important peut-être, celui du grand courant ésotérique propre à la tradition germanique . Ce courant apparaît avec le célèbre ouvrage Théologie germanique (d’un templier souabe médiéval, œuvre éditée plus tard par Luther), et se continue, de Jacob Bœhme à Gœthe, sans véritable solution de continuité. Aussi retrouve-t-on ici le raccourci miloszien « entre la Bible et Faust » {3} .
Nous ne devons pas omettre d’ajouter la lecture des traités de Swedenborg , l’illuminé suédois, contemporain et correspondant de l’important kabbaliste chrétien Œttinger, dont l’existence même était inconnue des Français jusqu’à ces de

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