Une nuit à Vienne
75 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Une nuit à Vienne , livre ebook

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75 pages
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Description

Deux personnages, une femme et un homme, se rencontrent pour vivre une histoire hors temps, qui, très vite, devient une histoire impossible.
Cette pièce nous interroge sur le désir, la réalisation des sentiments, la difficulté de l'être et l'idée de vivre pleinement ses émotions.
Une telle histoire ne pouvait que se dérouler dans la ville de Freud, un clin d'oeil à l'histoire de la psyché humaine et ses profondeurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 264
EAN13 9782296697089
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une nuit à Vienne
Nicky Attiki


Une nuit à Vienne

Pièce en un acte
Du même auteur

L’anthropologue
(sous le pseudonyme de Nicky Rivers)
Editions L’Harmattan, collection « Littérature Théâtre Europe », Paris, 2004


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11575-0
EAN : 9782296115750

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Je voudrais remercier Aude Balmigère et Michel Granvale (qui nous a quittés depuis) pour l’excellente lecture effectuée à l’occasion des Rencontres des auteurs dramatiques organisées par E.A.T.L.R. au Théâtre d’O de Montpellier, le 14 novembre 2005.
Personnages :
André : environ soixante cinq ans, archéologue.

Hélène : assistante d’André, d’une trentaine d’années.


L’action se passe en soirée. Les deux protagonistes se trouvent à Vienne où ils participent à un colloque international d’archéologie.

La pièce se déroule dans un hôtel puis dans les rues de la ville de Vienne.
Temps 1
(On les voit attendre dans un salon d’hôtel. Ils ont l’air heureux mais un peu tendus.)

Hélène : Nous sommes arrivés !

André : J’ai téléphoné de Paris pour réserver deux chambres mais il n’y a plus grand-chose de libre à cette période.
… Ça fait des années que je ne suis pas venu à Vienne !

Hélène : À quelle heure commence le colloque demain ?

André , qui s’occupe des affaires et ne répond pas à la question :
Vous êtes déjà venue à Vienne ?

Hélène : Oui, quand j’étais étudiante. J’étais venue…

André , l’interrompant :
Vous aviez aimé ?

Hélène : Oui, énormément !

André , tournant autour des bagages :
Je vais voir quand ils vont venir s’occuper de nous.

(Il sort. Hélène, restée seule, range ses affaires dans son sac d’où elle tire un petit carnet. Elle y note quelque chose tout en parlant fort.)

Hélène , parlant comme si elle dictait :
Je suis à Vienne, au centre de l’Europe !
(Elle change de fauteuil.)

Il faut que je me couche. J’ai besoin de me reposer.
(Il revient avec un journal autrichien à la main.)
J’ai soif, vous voulez boire quelque chose ?

André : Non… On va laisser nos affaires ici, et… il n’y a qu’une chambre pour deux personnes.

Hélèn e , contente , mais qui essaie de ne pas le montrer :
Bon, bon.

André , l’air inquiet :
J’espère que cela ne vous gêne pas.

Hélène : Ça vous gêne si je fume ?

André : Vous fumez ?

Hélène : Ça vous étonne ?

André : Non, mais je ne vous ai jamais vue avec une cigarette.

Hélène : C’est vrai qu’on se connaît depuis si longtemps… Je fume parfois.
(Il la regarde impatiemment.)
Vous savez… je fume quand il y a quelque chose…

André , l’air étonné :
Quelque chose… quoi ? Vous êtes gênée d’être ici avec moi… ? Vous savez, Hélène, vous pouvez…

Hélène , répond rapidement :
Je n’ai pas dit que j’étais gênée d’être avec vous, ici. Seulement… voilà… Cela me paraît drôle, que nous soyons si proches l’un de l’autre…

André : C’est le hasard qui provoque les choses ainsi.

Hélène : On travaille ensemble l’un en face de l’autre depuis des années.

André : Oui… et alors ?
(Comme s’il se parlait à lui-même.)
C’est toujours pareil, les femmes.

Hélène : Regardez-moi dans les yeux.

André : Pourquoi ?

Hélène , l’air inquiète :
On est proche l’un de l’autre.

André , rassurant :
Mais nous avons toujours été proches !

Hélène : Oui, mais ce n’est pas la même chose.

André : Soyez à l’aise…

Hélène : Je me demande si vous me regardiez dans les yeux jusqu’à présent, et si vous me voyiez.

André : Qu’est-ce que c’est que cette histoire, Hélène ?

Hélène : Chaque fois que je vous pose des questions, vous levez les yeux et vous me répondez sans jamais me regarder.

André : Vous êtes en train de me dire quoi ? Que je ne vous regarde pas ?

Hélène : Je pense que oui. Vous apercevez ma silhouette, vous entendez ma voix, mais vous êtes ailleurs…

André : Je n’ai jamais voulu vous gêner…

Hélène : Vous avez été touché par ma conférence à Paris ?

André , la regarde d’une façon admirative :
Vous êtes jeune…

Hélène : Vous avez vécu.

André , répond sans grande envie de parler :
J’ai vécu et j’ai continué à vivre.

(Pause.)

Hélène : J’ai envie de sortir… Je pars… J’étouffe… Qu’est-ce qu’ils font ?
(Pause.)
Je me demande si, à force de travailler avec vous… Vous me charmez outre mesure. Si je pouvais savoir pourquoi ?

(Pause.)

André :… Ah ! La femme…
La fuite c’est partir sans dire un mot… Arrêtez maintenant, on sort, cela nous fera tellement de bien de marcher dans Vienne.
Temps 2
(Les voici dans un restaurant, en fin de repas. Ambiance calme et feutrée. Ils sont en train de parler. Les spectateurs les voient aussi en train de parler.)

Hélène : Pourquoi avez-vous refusé de venir avec moi au concert ? Je voulais y aller avec vous.

André : Vous n’avez pas compris ?

Hélène : Comprendre que dans votre image de la femme…
Je me souviens, un jour, je suis venue vous voir…

André : Alors…

Hélène : Vous étiez beau avec votre écharpe… Seulement, vous étiez pressé.

André : Peut-être que oui, peut-être que non…

Hélène : C’est-à-dire ?

(Pause.)

André : Vous avez toujours quelque chose à me reprocher, c’est très fatigant.

Hélène , qui a l’air bien, mais un peu agacée par cette réponse :
Oh ! Non ! Non ! C’est vrai qu’on se connaît depuis longtemps. Vous me connaissez sans me connaître : vous connaissez mieux que n’importe qui mes idées, mes recherches scientifiques, mes angoisses métaphysiques…

seulement, vous ne savez pas, parce que jamais vous ne me posez de questions… peut-être parce qu’en entrant dans votre bureau…
En venant vers vous, je devais être disponible pour avancer. en allant à la maison, je devais être disponible, sans jamais me laisser de temps.

André , sourit en la regardant de manière admirative :
Vous êtes encore plus étonnante que je ne le croyais. Je pense que j’ai beaucoup à apprendre de vous.

Hélène : Moi aussi, j’ai envie d’apprendre.

(Pause.)

André : Je ne le savais pas… J’imaginais que vous auriez pu avoir des enfants, être femme-mère, femme-épouse, mais je n’arrive pas à vous imaginer complètement. Il y avait quelque chose qui me choquait et quelque chose qui m’attirait en vous. Je ne pouvais pas vous imaginer avec des enfants vous tirant la jupe.

Hélène : Vous voulez m’imaginer seulement pour ce que je vous donne.

André : Non, je suis avec vous, je travaille.

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