La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 octobre 2009 |
Nombre de lectures | 301 |
EAN13 | 9782296236011 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Cette belle poussière jaune d’Uruk
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-09862-6
EAN : 9782296098626
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Ahmed Hafdi
Cette belle poussière jaune d’Uruk
Préface de Thierry Poyet
L’Harmattan
Du même auteur
L’invité d’Allah ou L’orphelin grain de sable
(Théâtre)
Editions le Manuscrit, Paris, 2006
Cette belle poussière jaune d’Uruk
À mes jolis moineaux des deux
rives de la Méditerranée
Bouchra, Youssef, Mehdi,
Si Mohamed , Hajida …
PREFACE
L’Orient fascine les Occidentaux depuis des siècles. Tant mieux ! Il a beaucoup à nous apprendre, tout comme l’Occident a beaucoup à enseigner aux Orientaux, dans un échange culturel dense et fécond. Ces dernières décennies, les guerres de décolonisation, les conflits israélo-arabes ou les problèmes posés par le fanatisme religieux ont empêché la rencontre harmonieuse avec la richesse de la civilisation et du patrimoine orientaux. Dommage !
Ahmed Hafdi, dans un savant et heureux mélange des genres, nous donne avec Cette belle poussière jaune d’Uruk un
texte théâtral d’une superbe intensité dramatique où la force du conte rivalise avec l’intelligence de la fable pour nous délivrer un message d’une singulière portée en des temps d’une brûlante actualité.
A la manière d’autres prosateurs qui ne peuvent envisager l’expression théâtrale sans la beauté de l’écriture poétique, Ahmed Hafdi propose une réflexion universelle et intemporelle : il n’y a pas d’existence humaine heureuse et tout simplement utile, qui vaille d’être vécue, sans une quête de sa propre identité, une introspection un peu égoïste mais salutaire quand elle permet à l’homme de savoir d’où il vient pour mieux aller où il le désire.
Oui, le pouvoir des mots existe et seul il autorise le pouvoir du savoir.
Oui, le pouvoir du savoir existe et seul il autorise le pouvoir du souvenir. Le pouvoir… ou l’attrait, le bonheur, la faveur…
L’hymne à l’intelligence chantera toujours plus fort que les cris de colère et de vengeance, aussi terrible soit le tyran à renverser. Le bonheur de vivre malgré tout, parce qu’il y a toujours, un peu plus loin, ailleurs, dans nos cœurs, mais surtout dans notre esprit, une culture de la liberté, une culture du souvenir, une culture du bonheur, sera toujours plus puissant que les calculs mesquins et sordides d’un apprenti dictateur.
La littérature, s’il faut lui assigner une fonction, doit aider à croire dans le pouvoir des mots et celui de l’intelligence. On n’écrit pour personne, disait Flaubert, sûr de son fait. Et il avait raison. On écrit d’abord au nom de l’intelligence et de la raison, au nom de l’ouverture d’esprit et de la tolérance. On écrit quand les armes ont pris le pouvoir ; on écrit quand le dernier espoir s’en est allé. On écrit parce que le pouvoir de l’écriture, si éloigné de l’écriture du pouvoir, n’a jamais montré de limite, d’interdit ou d’impossibilité.
On écrit comme on pense, en homme libre où que l’on vive, où que l’on meure quand on vit pour écrire.
Ahmed Hafdi nous rappelle, si besoin était, qu’
« … au pays du lion
Le poète suit toujours son sillon. »
parce qu’il faut toujours chercher à comprendre, et s’approprier le monde par le savoir.
Nous formulons un vœu : que ce message d’espoir veuille bien interpeller tant les lecteurs occidentaux que leurs semblables orientaux !
Thierry POYET
Avant-propos
Que dit la terre noire ? Une question que d’aucuns se posent ! Le noir renvoie dit-on à une flore verdâtre de la terre entre les deux fleuves. Paradoxalement, ce qualificatif donne l’impression de véhiculer quelque destinée douloureuse et chaotique ! Au royaume des jardins suspendus, des Mille et Une Nuits , espaces paradisiaques habitant notre imaginaire, une monstruosité rampante, tel un rouleau compresseur, écrase tout signe de vie, hommes, femmes, enfants, animaux, volatiles, maisons… « Génoculture », pillage, gaspillage, destruction systématique… Est-ce un nouvel esprit des croisades qui se met en marche ? Qui pourrait arrêter cette machine infernale née de la civilisation moderne ? La conscience du vertical, Homo sapiens moderne, est en hibernation ! Seule l’Histoire dira son mot. Quand et comment ? Qui pourrait le savoir ? Et qu’est-ce que l’Histoire ? Qui détient les fils de cette mystérieuse toile d’araignée ? Obéit-elle à une certaine logique ?
Rappelons quand même que l’héritage culturel et symbolique du pays entre les deux fleuves légué par les civilisations successives ( sumérienne, akkadienne, babylonienne, assyrienne, arabo-musulmane) est d’une portée universelle, un patrimoine humain inestimable. Ne dit-on pas que « l’Histoire commence à Sumer » (1) ? 5000 ans av. J. -C, on assiste à l’invention de l’écriture cunéiforme, de la roue, du système décimal, du voilier, de la charrue, des mathématiques, de l’astrologie, du droit, des éternelles lois d’Hammourabi… en somme, l’intelligence des terriens ! Depuis la nuit des temps, ce croissant fertile a connu des flux migratoires sans précédent, tantôt théâtre de luttes, de confrontations, de heurts et de conflits, tantôt coexistence pacifique et harmonieuse des diverses communautés. Cette portion de terre est réputée par son topos rude en perpétuelle colère ; ne dit-on pas que c’est le pays du déluge ? L’Irak en a vu de toutes les couleurs, d’origine naturelle ou humaine, du naturel ou du surnaturel, assumé avec une espèce de résignation religieuse et mystique, contrairement à l’humain, rebutant et révoltant. Le tempérament rebelle des autochtones ne reflète-t-il pas la colère de la nature, de l’Euphrate et du Tigre quand ils débordent, d’une vie mouvementée et douloureuse, ou les deux à la fois ? Toutes ces considérations incitent à la relecture de quelques textes fondateurs comme la célèbre Epopée de Gilgamesh , dont cette pièce s’inspire, réécriture du mythe de l’ éternel retour reprenant quelques interrogations toujours d’actualité : la vie, l’existence, la mort , l’éternité, le pouvoir, l’amour… Ainsi est né ce besoin d’aller à la rencontre de textes d’histoire ancienne, de littérature jusqu’à la chute de l’Empire ottoman, de la colonisation anglaise aux mouvements nationalistes. Ce voyage dans le temps historico-mythique permet d’interroger le présent, ce présent déconcertant et troublant à plusieurs titres, en ce début du troisième millénaire. Ainsi pouvons-nous retourner la célèbre phrase de Kramer, la projetant sur cet avenir inquiétant et déroutant et dire que « l’Histoire à venir du monde se décide en Irak »
Au fait, n’ayant jamais mis les pays en terre irakienne, la lecture est mon seul voyage, un pèlerinage symbolique et onirique, résultat d’une sensation de mépris, de dégoût, de malêtre… Scandalisé par l’horreur qui rampe impunément sur cette terre sainte, j’ai décidé d’écrire ! Quoi ? Comment ? Ce que ça va changer ? Je ne sais pas !
Une certaine nuit d’été, j’ai commencé à mettre un mot à côté d’un autre, des mots voulant tous sortir à la fois de ma bouche si amère que ma gorge en pâtit, reconstitution du puzzle… Je me suis rappelé Serge, mon prof et ami, qui lors de quelques séances appelées communément ateliers d’écriture, m’a souvent embarqué… Serge m’a incité à voyager sur le dos d’une lettre de l’alphabet, à rejoindre le club des poseurs d’énigmes ! Et l’idée d’une pièce de théâtre prend forme ; il n’y a pas mieux que le théâtre comme forme d’expression pour évoquer des faits tragiques, avec des personnages tragiques prenant en charge leur propre discours, et que l’on peut animer, réanimer et déplacer sur une scène, sur une terre chaotique. Evidemment, je n’ai pas tout vu comme Gilgamesh du sommet des Ziggourats ; je ne peux pas non plus prévoir le déluge ni prétendre à l’omniscience ! A force de voir mon texte avancer, je le porte en moi, au cours de mes promenades dominicales au Maroc, dans ma ville. J’ai l’impression que je traverse la grande artère « Al Rachid » de Bagdad, le boulevard de « Palestine », la place « Al Ferdows », les innombrables souks de « la ville de la paix » (Madinatou As-Salam), pour reprendre le titre d’un monument de biographies et de Tarajim d’Abu Al Khattib Al Baghdadi, à l’époque florissante des Abbassides, des milliers de pages où l’auteur évoque savants, rhéteurs, poètes, théologiens ayant ha