Fait comme un rat
188 pages
Français

Fait comme un rat , livre ebook

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188 pages
Français

Description

Alors qu'ils cambriolent un appartement situé dans un quartier huppé de Paris, Vincent et Marcos, résidents d'une cité ghetto, sont bientôt repérés puis poursuivis par la police. Marcos parvient à lui échapper tandis que Vincent trouve refuge chez un psychanalyste réactionnaire excerçant dans l'immeuble. Emberlificoteur, roublard, Vincent saura exploiter les déboires que connaît ce dernier pour en faire, à son insu, son allié et son hôte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296456464
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FAIT COMME UN RAT
Théâtre des 5 Continents Collection dirigée par Kazem Shahryari et Robert Poudérou Dernières parutions 248 – Thiane KHAMVONGSA,Au revoir Pays, 2011. 247 – Jean-Loup PHILIPPE,De l’autre côté, 2011. 246- José Jorge Letria,Croquemitaine et le rêve, 2010. 245 – Laura FORTI,Thérapie anti-douleur, 2010. 244 – Gabriel ENTCHA EBIA,Djiha, 2010. 243 – Brigitte RÉMER,Bouvard et Pécuchet. Le livre de l'inquiétude, 2010. 242 – Landry-Pascal GOMA,Au coeur du vent, 2010. 241 – Jimmy LOVE,Le dictateur, la princesse et l'opposant, 2010. 240 – Jacques MONDOLONI,Palestine Check Pointsuivi deL'appel des abeilles, 2010. 239 – Yves JAVAULT,Le jeu des 7 familles du théâtre, 2010. 238 – Lulla Alain ILUNGA,Docteur Tanza, 2010. 237 – François LE BOITEUX,Condamné à vie, 2010. 237 – François LE BOITEUX,Le Contrat de Faust, 2010. 236 – François Le BOITEUX,Le Choix de Jehanne, 2010. 235 – François LE BOITEUX,Monségur, 2010. 234 – Jean-Pierre GUÉROT,Les pleins pouvoirs, 2010. 233– Philippe PILATO,Mers,2010. 232– Kazem SHAHRYARI,L’Automne précoce, 2010. 231 – Pierre GROU,Le goinfre, 2009. 230 – Robert POUDÉROU,La trappe, 2009. 229 – Ahmed HAFDI,Cette belle poussière jaune d’Uruk, 2009. 228 – Jaime Salazar SAMPAIO,La Bataille Navale, 2009. 227 – Thierry MICHAËLIAN,La manipulation, 2009. 226 – Jacques MONDOLONI,L’étoffe des femmes, 2009. 225 – Pierre CASSARD,Raguse an 01, 2009. 224 – Hugues BERNARD,Nouvel arrivage, 2009. 223 – Benjamin OPPERT,Entre père et maire, 2009. 222Essindi MINDJA,Le Mvet : La Guerre du fer, 2009. 221 – Nazly SADEGHI,Spenta, 2009.
Alain Hadjadj
FAIT COMME UN RAT
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-54304-1 EAN : 9782296543041
Principaux rôles :
Vincent Alice Pierre Blanche Marcos Le commissaire er 1 policier ème 2 policier Velázquez Franck Anselme Morisseau Goulard Chenu Ferrier
PREMIER TABLEAU
Décor :Nous sommes dans le cabinet d’un psychanalyste. Apparaissent, au centre de la pièce, un divan et à sa gauche un large fauteuil. Derrière le divan, une porte à double battant donnant sur l’extérieur. À l’extrême gauche, une fenêtre bordée de rideaux lourds tombant jusqu’au sol. À côté, se trouvent un bureau sur lequel reposent deux portraits (une femme et une jeune femme) et divers objets usuels dont un téléphone, une lampe etc. De part et d’autre du bureau une chaise. Derrière le bureau, une bibliothèque, comprenant un compartiment bar, fait l’angle de la pièce jusqu’à proximité de la porte centrale à double battant. À l’extrême droite, une porte simple donne sur les autres pièces de l’appartement.
SCENE 1 Blanche, Pierre
Une femme, la quarantaine élégante, s’active. Elle remet un peu d’ordre et époussette les objets.
Blanches’exclame : Pierre ! Dépêche-toi mon chéri, ton client ne va pas tarder.
Pierre,agacé, répond d’une pièce voisine : Blanche ! Combien de fois faudra-t-il que je te reprenne ? Je n’ai pas de clientèle, mais seulement des patients : tu devrais le savoir depuis le temps !
Blanche : Excuse-moi mon chéri, c’est plus fort que moi ! Depuis dix ans que tu officies, je n’ai jamais vu un seul de tes clie... Euh patients qui ne soit ressorti guéri de ton cabinet, même les premiers dont tu suis toujours le cas. Alors, j’ai fini par penser que l’on te paie des fortunes uniquement pour tes capacités d’écoute : en somme, que tu fournis une prestation de service onéreuse pour une clientèle triée sur le volet, voilà tout, mon chéri ! (Pierre paraît dans un complet sombre. Il ajuste sa cravate et sa tenue).
Pierre : Justement non ! Sache qu’une analyse, contrairement à une quelconque prestation de service, n’est jamais tenue à une obligation de résultat.
Blanche : C’est bien ce que je disais !
Pierre : J’ajoute même qu’un bon psychanalyste n’a jamais la prétention de vouloir guérir ses patients et...
Blanche,le coupant: A ce compte là, tu es un psychanalyste de génie et l’on comprend mieux pourquoi vos patients n’en finissent jamais avec leur analyse.
Pierrea un regard torve: C’est triste, mais c’est comme ça et ceux qui soutiennent le contraire ne sont que des incompétents ou, pire, des charlatans qui…
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Blanchele coupe à nouveau, ironique: Triste métier que celui-là : la compétence n’y est jamais récompensée !
Pierrereprend, même regard torve: Des charlatans, disais-je, qui ne font que profiter de la détresse et de la crédulité de leurs patients afin de les tromper.
Blanche : C’est sûr ! Tu ne trompes personne; surtout pas moi !
Pierre,piqué: Tu peux ironiser mais c’est là tout le malheur et en même temps toute la grandeur de ce métier. Comprendre et faire comprendre à nos patients les maux dont ils souffrent sans pour autant leur faire miroiter de solution ni avoir la satisfaction de pouvoir les soulager (déclamatoire, pompeux).Heureuse la médecine du corps : celle de l’âme est ingrate mais elle est comme l’art : un exercice de lucidité inutile et pourtant nécessaire aux meilleurs d’entre nous.
Blanche : Bravo pour ce morceau d’éloquence un tantinet élitiste ! Il m’avait semblé pourtant que le mot « cure » n’était pas étranger à la psychanalyse...
Pierre,excédé: Oui. C’est vrai, il n’est pas étranger... Oh ! Et puis arrête de finasser ! Tu sais parfaitement de quoi il retourne ! Cela fait seulement dix ans que je suis installé et les névroses de mes patients en ont parfois plus du double : tu ne voudrais tout de même pas que je froisse leur orgueil en leur démontrant qu’en moins de six mois leur cas pourrait être réglé et que pendant toutes ces années ils se sont inutilement abîmés la santé : ce serait le plus sûr moyen d’échouer et de perdre ma clie... Euh... Mes patients.
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Blanchecroise les bras, ironique: Et donc, pour ne pas froisser tes patients, tu penses qu’il te faudra au moins vingt ans pour rétablir leur santé mentale, c’est ça ?
Pierre : Pas moins ! Tu vois, je ne désespère pas. Le patient, vois-tu, apprend le plus souvent à vivre avec sa maladie : en toute circonstance, il ajuste et règle sa conduite afin de l’apprivoiser de sorte qu’à la longue, il finit peu ou prou par s’y installer et parfois même à en tirer profit : ses proches le ménagent, ses amis le plaignent et on l’admire pour sa ténacité à ne pas céder au découragement et au désespoir qui le guettent. Bref, à la longue, sa maladie devient une activité accaparante, une identité qui le singularise et le valorise. En outre son psychanalyste n’est pas seulement un simple acteur qu’il mobilise tout entier pour son écoute : à travers lui c’est autrui en général, voire, Dieu qui se penche sur son cas et ainsi lui procure le sentiment d’une universelle compassion, d’une réconfortante bienveillance du monde. Dans ces conditions la chirurgie n’est pas conseillée et le scalpel à bannir. Extirper la maladie revient à perdre un clie... Euh, le patient : je ne suis pas un abruti ! Non, vois-tu, la cure demande beaucoup de doigté et la guérison nécessite un travail sur soi de très, très longue haleine, peut-être même de toute une vie si bien qu’à peine délivré il faille parfois déjà mourir.
Blanche : Comme c’est triste ! A cent vingt euros la séance, à raison d’une ou deux par semaine, pendant toute une vie, c’est cher payé le privilège de mourir en paix.
Pierre : La santé n’a pas de prix fut-elle de très courte durée !
Blanche : Soit, il n’empêche qu’il est préférable d’avoir un compte bien garni.
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