Nos maux d’hiver

Sarah Baril-Bergeron

Description

L’histoire de Jeanne est de celle qui nous touche tous. Personne n’est à l’abri des difficultés, des drames familiaux et de la maladie mentale. Nous avons tous nos défauts et nos propres manières de gérer les situations qui s’opposent à nous.
Pour Jeanne, la solution, c’est Laurent. C’est cet amour vrai, simple et doux. Celui que l’on mérite tous de vivre. Celui qui réchauffe en-dedans et qui donne la force de continuer.

Sujets

• Romance
• Fiction

Informations

• Publié par: Éditions AdA
• Date de parution: 24 avril 2018
• Nombre de lectures: 71
• EAN13: 9782897863821
• Langue: Français

Extrait

Copyright © 2018 Sarah Baril-Bergeron
Copyright © 2018 Éditions AdA Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Révision linguistique : Féminin pluriel
Révision éditoriale : Simon Rousseau
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Émilie Leroux
Conception de la couverture : Catherine Belisle
Photo de la couverture : © Getty images, StockSnap
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier 978-2-89786-299-2
ISBN PDF numérique 978-2-89786-300-5
ISBN ePub 978-2-89786-382-1
Première impression : 2018
Dépôt légal : 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
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Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada
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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Baril-Bergeron, Sarah, 2000-, auteur

Nos maux d’hiver / Sarah Baril-Bergeron.
ISBN 978-2-89786-299-2
I. Titre.
PS8603.A735N67 2018 C843’.6 C2017-942459-9
PS9603.A735N67 2018


Conversion au format ePub par:

www.laburbain.com

Décembre
d Blanc neige d
Fuck.
Le froid lui mordait les joues. Ses muscles étaient tendus, et elle pressait le pas avec hargne. Elle serrait les dents, sentant ses larmes geler sur son visage. Elle repoussa brusquement sa longue chevelure vers l’arrière. Elle avait l’impression qu’un énorme poids écrasait sa poitrine, rendant toute respiration presque impossible.
Arrivée à une intersection, elle traversa sans regarder. Klaxonnant, une voiture s’arrêta net devant elle dans un crissement de pneus. Elle contourna le véhicule en balançant son majeur au chauffeur. T’avais juste à m’écraser, épais, grogna-t-elle entre ses dents.
Bûchant dans le tas de neige juste avant le trottoir, elle continua son chemin jusqu’au parc. D’épars flocons se déposaient et fondaient doucement sur son visage, contrastant avec la fureur qui l’habitait. Elle replaça son bonnet, puis se dirigea vers un banc.
Quelqu’un y siégeait déjà, mais elle s’en foutait. Elle enleva son écharpe, laissant le vent embrasser sa nuque. Malgré le froid glacial, elle avait terriblement chaud. Sans même adresser un regard à la personne assise près d’elle, elle plongea la main dans ses poches et en sortit une cigarette. Elle avait affreusement besoin de se détendre. La vie ne semblait pas du même avis.
Son lighter refusait de fonctionner. Elle le tapa contre le banc en grognant de frustration. Sacrant à plusieurs reprises, elle allait abandonner lorsqu’une flamme apparut sous ses yeux.
Elle leva la tête. Un jeune homme lui tendait son feu. Elle alluma sa cigarette d’une main tremblante et le remercia d’un mouvement de tête. Soulagée, elle inhala la drogue douce qu’était la nicotine.
— Mauvaise journée ? demanda-t-il d’un ton railleur.
Elle fronça légèrement les sourcils et le fixa. Deux yeux azurés et moqueurs la toisaient en retour. Il paraissait âgé d’environ une vingtaine d’années. Il était plutôt mignon, excepté ses cheveux teints d’un blanc gris ridicule et des stretchs aux oreilles de la grosseur de pièces de 25 sous.
— Mauvaise vie, rétorqua-t-elle en détournant le regard, tirant sur sa cigarette.
— J’peux comprendre ça. Problème de chum ?
Elle haussa un sourcil.
— I’ est pas un peu tôt pour parler de nos ex ?
Un sourire en coin apparut sur le visage du garçon. Elle remarqua, du côté gauche de sa lèvre inférieure, un demi-anneau noir aux extrémités en p ointes saillantes. Il s’alluma lui-même une cigarette.
— J’voulais pas te brusquer, s’excusa-t-il, narquois, en expirant un nuage de fumée.
La jeune femme se fit toute petite dans son épais manteau et se dissimula derrière ses cheveux. Peut-être que s’il ne la voyait pas, il la laisserait tranquille. Elle pouvait sentir son regard sur elle. Elle était loin d’être une experte en matière de séduction, mais elle était plutôt certaine qu’il s’intéressait à elle. N’ayant guère la tête à ça, elle lança :
— J’peux t’aider ?
Sa question restant sans réponse, elle tourna la tête vers lui. Il fixait la cigarette qu’elle tenait toujours entre ses lèvres. Puis, l’ignorant, il déclara :
— Ça tue, ces affaires-là, t’sais ?
— Jamais entendu parler, ironisa-t-elle en regardant au loin.
Elle se perdit à nouveau dans l’épais brouillard de son esprit. Refusant de la laisser se fermer à lui, il lui prit délicatement la cigarette de la bouche et la jeta sur le sol, où vint également s’écraser la sienne.
— C’est quoi, ton crisse de problème ? T’en avais une dans bouche aussi, espèce d’hypocrite !
Il souriait.
— C’est quoi, ton p’tit nom ?
Elle lui jeta un regard noir. Il commençait sérieusement à l’énerver. Ne pouvait-elle pas simplement relaxer dans un parc sans se faire harceler ? Elle en avait assez eu pour la journée. Pour la semaine, même. Et ces cigarettes lui coûtaient une fortune !
— Jeanne, répliqua-t-elle d’un ton exaspéré, espérant seulement qu’il la laisserait tranquille. Tu m’veux quoi ?
Il écarta les lèvres en un rictus moqueur. Il se leva, la prit par la main et l’entraîna avec lui.
— Eh ben, Jeanne, t’as besoin de fun .
Elle cria de surprise alors qu’il la projeta vers le sol. Elle atterrit dans la neige, qui lui glaça les os.
— What the…
Jeanne attrapa une boule de neige et lui envoya en pleine poitrine. Pour qui se prenait-il, cet inconnu ? Il lui rit au visage.
— C’est ça, défoule-toi sur moi ! Ça va aller mieux, après.
Se laissant emporter, elle se leva et se jeta sur lui. Ils roulèrent dans la neige sur quelques mètres pour finalement s’immobiliser, Jeanne sur le dessus. Ses cheveux touchaient presque au visage du garçon sous elle.
— T’es qui ? demanda-t-il, totalement fasciné.
« Qui suis-je ? »
Jeanne fut prise d’embarras. Elle s’embrouilla dans son malaise. Elle eut soudainement un besoin pressant de quitter cet endroit. C’était une questio n d e vie ou de mort.
— Faut… que j’y aille.
Jeanne se leva d’un bond.
— Attends ! lança-t-il. Tiens, tu vas en avoir besoin.
Il lui jeta son briquet. Jeanne hésita, le ramassa sur le sol, attrapa son sac et s’éloigna d’un pas rapide. Derrière elle, le jeune homme était resté immobile et hébété.
Plusieurs rues plus loin, le soleil de fin d’après-midi déclinait dans le ciel. L’air se refroidissait davantage au fur et à mesure que ses tremblements se calmaient. Jeanne couvrit son cou de son écharpe, comme pour s’apporter une certaine sécurité. Ce garçon l’avait énormément bouleversée. Elle s’était oubliée, pendant un instant. Elle n’était pas habituée qu’on essaie d’entrer dans sa tête. Pas depuis… en tout cas…
Maintenant qu’elle se retrouvait seule, ses pensées commençaient à reprendre le dessus. Elle s’al luma une cigarette, tentant de s’effacer dans la fumée.
La jeune femme arriva à l’appartement une dizaine de minutes plus tard, cette demeure qui n’était plus son chez-soi et ne le serait plus jamais. Soupirant, la jeune femme laissa lourdement tomber son sac dans l’entrée, puis accrocha son m