Panique

Frédéric Aranzueque-Arrieta

Description

Ce livre est le premier essai consacré au mouvement Panique. Dès 1960, le dramaturge espagnol Fernando Arrabal, le réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky et le dessinateur français Roland Topor se réunissent de façon formelle au Café de la Paix, Place de l'Opéra à Paris. Ils imaginent un espace de rencontres, libre et pluriel. De ces réunions, naît en 1962 le Panique, en réaction aux autres groupes artistiques contemporains devenus dogmatiques et consensuels.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Littérature
• Pièce de théâtre

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2008
• Nombre de lectures: 354
• EAN13: 9782336276205
• Langue: Français

Extrait

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Panique

Frédéric Aranzueque-Arrieta
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
9782296056800
A Fernando Arrabal, Alejandro Jodorowsky, à la mémoire de Roland Topor et d’Eugène Ionesco.
Un grand merci à Alexia et à Nicolas.
Théoriser sur Panique ne peut conduire qu’au refus ou au rejet, et il est impossible de théoriser la mouvance d’un fleuve où se mêlent la multitude des cours ; au mieux est-il possible d’en dessiner imparfaitement la courbe tonale avec la pointe d’un pinceau transparent.

La base du Panique, c’est l’explosion de la raison.

Tout le monde peut se dire « panique », se proclamer créateur du mouvement, écrire « la » théorie panique. Chacun peut affirmer qu’il fut le premier à avoir l’idée de Panique, à en inventer le nom, à créer une académie panique ou à se nommer président du mouvement.

Panique ? J’ignore ce que c’est. Je préfèrerais même appeler le Panique un anti-mouvement qu’un mouvement.
Fernando Arrabal

L’art, comme toute manifestation panique, doit être une recherche de la personne.

Le Panique établit dans l’homme sa dualité personne et personnage.
Alejandro Jodorowsky

Pan ! sur la tête, en pan ! Pan, sur le bec ! sur les yeux, pan ! sur les dents, pan ! sur l’oreille, pan ! sur le menton, pan ! par-derrière, et pan ! par-devant....

Quand la société serre les fesses, les espaces de libertés individuelles rétrécissent.
Roland Topor
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace INTRODUCTION I. LA GENESE II. TO BE PANIC OR NOT TO BE III. L’EXPRESSION PANIQUE CONCLUSION BIOGRAPHIE D’ALEJANDRO JODOROWSKY BIOGRAPHIE DE FERNANDO ARRABAL BIOGRAPHIE DE ROLAND TOPOR CHRONOLOGIE DU PANIQUE LISTE D’ARTISTES PANIQUES BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
Le vingtième siècle a engendré de nombreux courants artistiques qui ont jailli essentiellement des cendres laissées par la première guerre mondiale. C’est le cas des deux principaux groupes nés à cette époque : le Dadaïsme (1916) et le Surréalisme (1919). Il serait cependant injuste de négliger d’autres mouvements qui ont succédé à ceux de Tristan Tzara et d’André Breton.
Le présent essai est exclusivement consacré au groupe Panique, créé en 1962, au Café de la Paix, à Paris par trois complices : l’exilé espagnol Fernando Arrabal fuyant la dictature du général Franco, le chilien, fils d’émigrants russes juifs Alejandro 1 Jodorowsky et le fils de réfugiés juifs polonais, Roland Topor.
La formation de ce groupe atypique n’a jamais eu pour dessein d’instaurer un nouvel académisme ou une quelconque ligne de pensée, comme l’avaient fait auparavant ses prédécesseurs, au détriment de la liberté créatrice. Il est d’ailleurs impossible de délimiter les « frontières raisonnées » du Panique, la « confusion » étant le maître mot de ces nouveaux adeptes du dieu Pan, responsables de cet anti-mouvement affranchi de tout et de tous.
Aujourd’hui la notoriété des trois artistes que l’on vient de citer, tient davantage à leur création personnelle qu’à leur histoire commune avec le mouvement Panique.
Fernando Arrabal 2 est un dramaturge représenté dans le monde entier, lauréat des plus prestigieux prix littéraires, qui occupe désormais le même rang qu’Eugène Ionesco ou Samuel Beckett dans l’histoire du théâtre.
Alejandro Jodorowsky, cinéaste culte des années 70, est en train de vivre un incroyable « boom » littéraire en Espagne et dans tous les pays d’Amérique Latine, grâce à ses livres autobiographiques et aux essais qu’il consacre à la « psychomagie » et aux nouvelles techniques thérapeutiques dont il est à l’origine.
L’œuvre de Roland Topor, décédé en 1997, connaît un formidable regain d’intérêt depuis quelques années, tant pour ses créations picturales que pour ses écrits.
A travers ce livre nous avons voulu nous pencher sur l’origine de ces trois surprenants destins et rendre hommage à un mouvement qui a permis une véritable explosion de la raison, dans un but purement créatif, en imaginant des ponts entre les différents types d’expressions artistiques, qu’il s’agisse de la peinture, du théâtre, du cinéma, de la poésie, ou encore du roman.
Notre essai n’a pas la prétention de décortiquer dans les moindres détails l’histoire et les propositions artistiques des trois paniques. Il est plutôt une « introduction » permettant d’aborder l’esthétique philosophique de la création panique.

Pour comprendre l’essence du Panique, nous nous intéresserons dans un premier temps à la Genèse des mouvements fondateurs qui ont précédé la résurrection du dieu Pan et l’ont alimentée. Cette démarche nous permettra ainsi d’analyser pourquoi et comment a surgi ce nouveau groupe. Nous pourrons alors estimer sa cohérence et son apport artistique dans l’histoire de la création.
Nous verrons ensuite en quoi l’esthétique philosophique panique est un véritable « art de vivre ». Être panique a un sens profond, tant d’un point de vue ontologique qu’artistique. Nous proposerons une analyse des textes fondateurs et nous montrerons une vision des trois paniques en tant qu’hommes et en tant qu’artistes praticiens, car la création panique s’inscrit avant tout dans une démarche humaniste.
Nous terminerons enfin notre ouvrage en présentant des pistes d’interprétation, concrètes, pour mieux appréhender l’expression artistique panique qui, nous devons le reconnaître, reste souvent peu abordable, tant son « syncrétisme référentiel » est complexe. Nous étudierons donc les trois grandes voies artistiques prédominantes de la création panique : l’expression théâtrale (de l’ « éphémère panique » à un théâtre plus conventionnel), le cinéma (en tant qu’expérience subversive) et les arts plastiques (du dessin à la peinture).

Le mouvement Panique a ouvert une brèche dans l’histoire de la création, qui n’est pas prête de se refermer. C’est pourquoi nous avons tenu à présenter, avec passion et conviction, un essai ni dogmatique ni figé, ouvert au plus grand nombre, qui témoigne du questionnement artistique et humain, que nous ont offert depuis un demi-siècle Fernando Arrabal, Alejandro Jodorowsky et Roland Topor.
I. LA GENESE
Il faut, avant de rentrer plus en détail dans l’étude du mouvement /anti-mouvement Panique auquel ce livre est dédié, s’attarder sur les influences desquelles il est tributaire.
Le Panique n’est