Lorand Gaspar et la matière-monde
404 pages
Français

Lorand Gaspar et la matière-monde , livre ebook

404 pages
Français

Description

"Langage de la vie", la poésie de Lorand Gaspar "innerve tous les langages de l'homme, les irrigue et les bouleverse quand ils s'installent dans la sécurité des systèmes et des dogmes". Avec ces actes du colloque international "Lorand Gaspar et la matière-monde", le lecteur trouvera, entre autres, un relevé des lectures de l'auteur et un entretien inédit sur son enfance. L'ensemble des genres d'une œuvre protéiforme est ici envisagé : poèmes, proses, essais, traductions, photographies réfléchissent à cette "matière-monde" dont ils ne cessent d'interroger la dynamique perpétuelle.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 33
EAN13 9782336385662
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Textes réunis par MarieAntoinetteBissayAnisNouairi et assistés de Patrick Née
Lorand Gaspar et lamatièremonde
Espaces EL Littéraires
LORANDGASPAR ET LA MATIERE-MONDE
Espaces Littéraires Collection fondée par Maguy Albet Dernières parutions Thierry Jacques LAURENT, Le roman français au croisement de l’engagement et du désengagement,2015. Moussa COULIBALY et Damien BEDE, L’écriture fragmentaire dans les productions africaines contemporaines,2015. Jean Xavier BRAGER, De l’autre côté de l’amer, Représentations littéraires, visuelles et cinématographiques de l’identité pied-noir,2015. Alexandrine DESCOTES, Marine WESTPHAL, Valérie BENGHEZAL, Sabine AUSSENAC,Concours« Ricochets », e littéraire francophone de la nouvelle George Sand 10 édition, 2015. Isabelle CONSTANT,Le Robinson antillais. De Daniel Defoe à Patrick Chamoiseau, 2015. Tiannan LIU,L’image de la Chine chez le passeur de culture François Cheng, 2015. Jakeza LE LAY, Le Parnasse breton. Un modèle de revendication identitaire en Europe, 2015.Servilien UKIZE,La pratique intertextuelle d’Alain Manbanckou. Le mythe du créateur libre, 2015. Elena BALZAMO,». Dix essais sur« Je suis un vrai diable Strindberg, 2014. Fatima AHNOUCH,Littérature francophone du Maghreb. Imaginaire et représentations socioculturelles, 2014. Céline BRICAIRE,Une histoire thématique de la littérature e russe du XX siècle. Cent ans de décomposition, 2014. Elisabeth SCHULZ,Identité séfarade et littérature francophone e au XX siècle, 2014. Jelena NOVAKOVIĆ,Ivo Andrić. Lalittérature française au miroir d’une lecture serbe,2014. Przemyslaw SZCZUR,Produire une identité,le personnage homosexuel dans le roman français de la seconde moitie du XIXe siècle (1859-1899),2014.Nabil EL JABBAR,L’œuvre romanesque d’Abdelkébir Khatibi, 2014.
Textes réunis par Marie-Antoinette Bissay et Anis Nouairi, assistés de Patrick Née LORANDGASPARET LA MATIERE-MONDE
Actes du colloque international de Tunis dirigé par Marie-Antoinette Bissay (Université de Pau et des Pays de l’Adour) et Anis Nouairi (Université de Tunis) Les 12, 13, 14 novembre 2013
L’HARMATTAN
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LORANDGASPAR ET LA"MATIÈRE-MONDE"
« Ce que cherche ma parole sans cesse interrompue, sans cesse insuffisante, inadéquate, hors d’haleine, n’est pas la pertinence d’une démonstration, d’une loi, mais la dénudation d’une lueur imprenable, transfixiante, d’une fluidité tour à tour bénéfique et 1 ravageante.Une respiration. » Poète, essayiste, photographe, traducteur, chirurgien, chercheur en neurosciences, Lorand Gaspar est né en 1925 «dans une petite ville de 2 la Transylvanie orientale» , sur les hauts plateaux des Carpates. Continuellement, et ce depuis son plus jeune âge, Lorand Gaspar dit son approche du réel sensible en explorant différemment le lien de son être au vivant. Ses lectures, scientifiques, philosophiques, poétiques, ses amitiés avec des artistes peintres ou sculpteurs, son expatriation avec l’arrivée à Paris en 1946, son départ pour les hôpitaux de Jérusalem et de Bethléem en 1954, puis pour l’hôpital Charles Nicolle de Tunis en 1970, ses voyages dans les déserts d’Amérique, du Nevada, de l’Arizona, de l’Asie Centrale, du Nouveau Mexique, d’Algérie et de Tunisie, ses excursions dans les îles de la mer Égée, du Dodécanèse, de Patmos, offrent à Lorand Gaspar l’occasion de toujours mieux saisir cecontinuumqui unit son être tout entier au flux du vivant : car, dit-il, « se sentir étranger à ce monde, venu d’ailleurs, d’un monde d’une autre nature, voilà un sentiment, autant que l’idée, 3 qui me sont décidément étrangers » . Le colloque international des 12, 13 et 14 novembre 2013, « Lorand Gaspar et la matière-monde », organisé conjointement par Anis Nouaïri (pour l’Université de Tunis) et Marie-Antoinette Bissay (pour l’Université de Pau et des Pays de l’Adour), a voulu mettre en évidence l’appartenance de Lorand Gaspar à l’espace-temps dans lequel il s’inscrit. Son œuvre tout entière rend bien compte de l’attachement qu’il porte à tous les éléments du réel sensible : tour à tour ou simultanément surgissent dans le poème la faune et la flore du monde vivant, les pierres et la mer, les hommes et leurs usages, ainsi
1 Approche de la parolesuivi deApprentissage, Paris, Gallimard, 2004, p. 16. 2  Essai d’autobiographie inéditinSol Absolu et autres textes, Poésie/Gallimard, [1982], 2001, p. 7. 3 Feuilles d’observation, Gallimard, [1986], 1997, p. 63.
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que les multiples traces d’une vaste culture : cumulant l’histoire lointaine ou contemporaine des pays fréquentés, les sciences (jusqu’aux récentes neurosciences), la philosophie et les arts (musique, peinture, sculpture ou photographie). Écoutons-le à ce sujet : À mes yeux la même « vie » est à l’œuvre en toutes choses, que nous les disions inertes ou animées, corporelles ou intellectuelles ; elle est les mouvements de mon corps, les activités de chacune de mes cellules, la « force » qui les coordonne, en fait un ensemble cohérent, fondamentalement inséparable d’une infinité d’autres, plus ou moins composés et intégrés. Elle est ma capacité de sentir, de capter certains mouvements du monde, d’éprouver de la joie et de souffrir, de construire des images, de former et de combiner des idées, mon désir de comprendre et de communiquer. Sans doute la réalité infinie échappe-t-elle à mes sens, à mes perceptions limitées, mais cela ne m’empêche pas d’en ressentir la nécessité et de la penser. La vie en moi me rend apte à expérimenter, à explorer et à comprendre une partie de la réalité accessible à ma nature, celle où se déploient notre expérience empirique et la science. Aucune des deux cependant ne répond à notre désir de 1 penser et d’interroger la part du réel qui échappe à la finitude .Cette particularité d’une parole qui cherche à saisir la "matière-monde", à l’approcher, à l’observer tout au moins, se retrouve dans les diverses œuvres du poète, qu’elles soient en vers ou en prose. Toutes disent sa soif de connaissances et la poétique d’ouverture menée à l’égard de la réalité vivante, considérée dans tous ses états. Lorand Gaspar témoigne sans cesse du tissage dynamique reliant l’être au monde, et l’écriture au réel sensible puisque, selon lui, il n’existe [aucune] interruption entre le langage de la matière, celui de la vie, le discours de l’homme et celui de la société. Niveaux d’émergence, de vitalité et d’assèchement, de maladie peut-être, d’une même parole qui se manifeste en signes discontinus, pris dans le jeu d’une formidable combinatoire, un jeu dont ils sont en même temps la 2 matière, les règles et l’énergie ; le texte, la syntaxe et l’écriture . Une telle circulation se réalise aussi bien à l’intérieur de l’être qu’à l’extérieur de lui – autrement dit, au sein même de la réalité sensible. Car la pensée matérialiste de Lorand Gaspar repose sur un double fondement : celui du fonctionnement ducorps-espritde l’être humain (envisagé de manière non plus dualiste, mais strictement moniste), et celui de l’ensemble des forces physiques animant la matière vivante
1 Approche de la parolesuivi deApprentissage,op. cit., p. 175. 2 Ibid., p. 12.
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de l’univers. Et pourtant, une opposition semble resurgir entre espace intérieur et espace extérieur – l’un vide et l’autre plein ; cette dichotomie suggère en fait un agencement complexe des mouvements établis entre éléments du monde et sujet pensant – là où, précisément, le poète poursuit son approche du réel sensible, de lui-même, de la parole poétique, du « vivre-écrire » ; même si, avoue-t-il, Fondamental reste le mystère du monde qui m’a produit quepersonnen’a produit – je ne peux rien entreprendre sans risque, au fond je suis seul face à mon destin, on peut m’aider mais pas me remplacer, 1 seul, tout seul face à mon destin – Pour rendre compte du lien qui existe entre tous les éléments de la pensée de Lorand Gaspar, les textes réunis dans ce volume s’organisent autour de cinq axes : « Poétique de la pensée », « Formes et travail de la langue », « Poétique de l’Ouvert », « Écriture, arts, traduction », et enfin « Témoignages, documents, entretien ». L’œuvre de Lorand Gaspar y est prise en compte dans la quasi-totalité de ses formes ou genres – poèmes, proses poétiques, proses réflexives, récits de voyage, traductions, photographies même. Les méthodes de lecture retenues sont variées, allant de la thématique à la stylistique en passant par l’histoire des idées. Elles explorent la problématique centrale du colloque, interrogeant la notion de "matière-monde" ; s’en trouvent réactualisés certains points déjà étudiés dans de précédents articles ou collectifs (sur la lumière, la conception de l’Ouvert, l’apport de la photographie, la relation à l’espace, les liens entre arts et poésie, les aspects cognitifs du poétique) ; mais se voient aussi abordés des sujets neufs (la dimension de l’essai, les lectures du poète, la traduction), et s’y trouvent en outre sollicités des textes encore peu étudiés, comme Feuilles d’hôpitalou la revueAlif. Cet ouvrage comporte enfin la reproduction de certaines photographies de l’auteur, un relevé de ses trois bibliothèques (importante base de travail pour de futures recherches), des poèmes inédits que James Sacré lui adressa pour l’occasion, et pour finir
1 Derrière le dos de Dieu, Paris, Gallimard, 2010, p. 111.
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