Ludwig Winder
362 pages
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Ludwig Winder , livre ebook

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Description

Ludwig Winder (1889-1946), écrivain pragois de langue allemande, citoyen de l'Empire austro-hongrois, puis de la Tchécoslovaquie, journaliste, juif et franc-maçon, fut contraint de fuir le nazisme pour s'exiler à Londres en 1939. Malgré la notoriété accordée par ses contemporains, il demeure encore méconnu, notamment en France. Cet ouvrage se propose donc de rendre hommage aux valeurs humanistes et universelles de liberté défendues par cet auteur discret, mais dont l'engagement contre toute forme d'asservissement et la foi en la perfectibilité de l'homme n'ont jamais failli.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2017
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140044632
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Winder. Et à ce titre il mérite aujourd’hui de sortir enIn de la « longue nuit
Chantal Puech
Ludwig Winder De l’état de dépendance vers une éthique de l’action et du devoir
De L’Allemand
Ludwig Winder De l’état de dépendance vers une éthique de l’action et du devoir
De l’allemand (DA) Collection dirigée par Françoise Lartillot (Germaniste, Professeur de l’Université de Lorraine) et Joël Bernat Comité scientifique : Axel Gellhaus (Aix-la-Chapelle) †, Michel Grunewald (Metz), Eva Koczisky (Budapest, Szeged), Nadia Lapchine (Toulouse), Reiner Marcowitz (Metz), Ina Ulrike Paul (Munich, Berlin), Alfred Pfabigan (Vienne), Uwe Puschner (Berlin), Jean Schillinger (Nancy), Françoise Lartillot (Metz), Joël Bernat (Nancy) Le titre de cette collection fait écho à celui de Mme de Staël,De l’Allemagne, qui voulait diffuser plus largement la littérature et la pensée allemandes en France. La connaissance de l’Allemagne et de ses lettres s’est diversifiée depuis, elle n’est plus, espérons-le, la cause de quelque bannissement ; pourtant il ne semble pas superflu de soutenir par une médiation renouvelée la diffusion de ce qui s’écrit « en allemand » (que ce soit de textes d’Allemagne, d’Autriche, de Suisse alémanique, …). Tel est le sens de «DAun premier volant de la» : collection présente des traductions de textes encore inconnus en France, soit littéraires soit critiques, elle ne négligera pas de présenter à l’occasion des textes qui, pour être déjà connus en langue française, n’en recèleraient pas moins encore quelque secret recouvert par certaines habitudes de lecture et qu’il s’agirait alors d’exhumer. La lecture critique sera au cœur de l’autre volant de «DA», lectures d’œuvres en langue allemande, qui proposeront non seulement des voies d’accès mais aussi une réflexion sur ces voies, qu’elles suivent et feront donc jouer les points de vue. Donc une collection qui se divise en deux séries : des études et recherches universitaires, et des traductions inédites en français.
Chantal Puech Ludwig Winder De l’état de dépendance vers une éthique de l’action et du devoir
A la mémoire de Madame Marianne WINDER (†) Merci infiniment au Professeur Alain Cozic de son indéfectible soutien. Merci également à Rahel Krüger, et à M. Taras Roman pour ses recherches dans les archives pragoises.
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INTRODUCTION 1 Ludwig Winder ? Auteur emprisonné dans deux clichés : « une voix venue de Bohême », ou « remplaçant de Kafka » - à la mort de celui-ci en 1924. Le premier cas éveille la curiosité, laisse augurer une découverte, le second est pernicieux car en suggérant l’écrasante responsabilité du remplaçant, il semble justifier l’ombre qui pèse encore sur lui. Si l’on demande à un germaniste « Qui a remplacé Kafka ? », il serait étonnant en effet qu’il répondît spontanément « Ludwig Winder » ! Tout au plus trouve-t-on Winder dans les énumérations des écrivains pragois de langue allemande après Kafka, Brod, Pick, Urzidil, Weltsch, Baum... sous l’une des mentions finales « et quelques autres », « et bien d’autres ».Dans leur anthologie intituléeStimmen aus Böhmenéditée à Londres en et décembre 1944, Paul Reimann et Rudolf Popper avaient voulu rassembler les voix de trente écrivains de langue allemande en exil qui, au regard des 2 événements, couraientde factole risque de ne plus être entendues . Parmi elles, la voix de Ludwig Winder. Environ un demi-siècle plus tard, deux contributions qui lui sont consacrées lui offrent, en écho au recueil de 1944, l’occasion posthume d’être à nouveau entendue. Tandis que Jennifer A. Taylor invite à ne pas oublier la contribution inestimable apportée par les auteurs allemands de Tchécoslovaquie en exil à l’héritage culturel allemand, Christiane Spirek évoque des trésors enfouis à redécouvrir et déplore la faible notoriété de Winder dans 3 les milieux germanistes . Non qu’il soit relégué dans une indifférence totale : il a été édité ou réédité ces dernières décennies. Il demeure néanmoins éclipsé par ses compatriotes, Ernst Weiß et Hermann Ungar notamment, tous deux originaires comme lui de Moravie, mais dont l’intégralité de l’œuvre est à disposition du lecteur. Ludwig Winder (1889-1946), journaliste, vingt-quatre ans durant rédacteur et critique de théâtre auDeutsche Zeitung Bohemia, écrivain juif, autrichien, allemand de Prague, auteur de onze romans, d’une demi-douzaine de nouvelles, de trois pièces de théâtre et de nombreux fragments, à qui l’Etat tchécoslovaque a décerné en 1934 le prix de littérature de langue allemande, avait l’audience de ses contemporains. Que la postérité lui accordât attention n’est que justice. En revisitant l’œuvre romanesque dans son ensemble et en tentant par là même une écoute autre, parce que synthétique, de cettevoixméconnue encore,
1  Cet ouvrage est la version remaniée d’une thèse de doctorat soutenue en décembre 2000 à l’Université de Toulouse II Le Mirail. Une réactualisation de l’état de la recherche depuis cette date a été ajoutée en fin de partie 1, Aspects de la critique. 2  Paul Reimann, Dr. Rudolf Popper (Hrsg.), Anna Maria Jokl (Redaktion),Stimmen aus Böhmen. Eine Sammlung, London, Verlag der Einheit, 1944. 3  Jennifer A. Taylor, « Stimmen aus Böhmen. Die deutschsprachige literarische Emigration aus der Tschechoslowakei in Großbritannien nach 1938 : Rudolf Fuchs, Ernst Sommer und Ludwig Winder », inDrehscheibe
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la présente étude voudrait rendre compte de sa force, de son originalité, et parvenir à justifier pourquoi elle mérite attention. A partir de l’état des recherches, nous expliciterons le choix et les raisons de notre démarche. Un récapitulatif du contexte historique et idéologique dans lequel l’auteur a évolué et conçu son œuvre, permettra d’éclairer l’univers winderien et l’orientation donnée à notre travail. 1. Aspects de la critique C’est en 1960, dans l’autobiographie de Max BrodStreitbares Leben, que réapparaît le nom de Winder. Et c’est sans doute bien involontairement que l’auteur le circonscrit sous les traits de « celui qui a pour ainsi dire remplacé Kafka » au sein du cercle étroit de Prague, celui des « quatre », aux côtés de Felix Weltsch, d’Oskar Baum et de lui-même. Un cercle, précise Brod, qui 1 s’organisait autour de rencontres parfaitement informelles et résultait d’une relation de profonde amitié unissant quatre auteurs, auxquels vint s’ajouter plus 2 tard un « cinquième » : Ludwig Winder . Dans un article de 1964, il le présente comme un « cercle intime n’ayant jamais éprouvé le besoin de se proclamer, ou 3 de se présenter publiquement comme tel . » Ces indications relativisent donc l’importance d’une place somme toute anecdotique, et ne justifient en rien que la postérité se soit attachée à ce détail pour situer Ludwig Winder. Kafka et Winder se connaissaient, mais n’entretinrent nullement une relation similaire à 4 celle qu’a connue Brod avec Kafka . Winder a lu Kafka, ainsi qu’en témoigne 5 l’hommage qu’il lui rend après sa disparition , mais la notion même de « remplacement » a été source de confusions qui ont mené ultérieurement certains critiques à trouver arbitrairement une filiation littéraire et à effectuer des rapprochements intempestifs entre les œuvres. 1924 ne traduit par ailleurs ni une césure, ni un début dans le devenir de Ludwig Winder. Car à la mort de Kafka, il est à Prague depuis dix ans déjà, il a publié trois romans, le quatrième est sur le point d’être édité, et jusqu'à l’exil en 1939 il en écrira cinq autres. C’est en outre l’année deDoktor Guillotin, une pièce qui connaît un grand succès, tant en Tchécoslovaquie qu’à l’étranger. Hermann Ungar, qui fut lui aussi comparé à Kafka, s’étonnait d’un tel rapprochement et avait trouvé cette explication empreinte d’humour : « Es ist Prag : zur deutschen Emigration in der Tschechoslowakei 1933-1939, hrsg. von Peter Becher und Peter Heumos, Veröffentlichungen des Collegium Carolinum, Bd. 75, München, Oldenbourg, 1992, pp. 165-180. Christiane Spirek, « Eine Stimme aus Böhmen - Der Prager Autor Ludwig Winder », inExil. Forschung, Erkenntnisse, Ergebnisse, hrsg. von Edita Koch und Frithjof Trapp, Nr. 1, Jg. 1997, Frankfurt/Main, p. 45-55. 2 Max Brod,Der Prager Kreis, Berlin, Köln, Mainz, Kohlhammer Verlag, 1966, p. 35. 3 Max Brod, » Prag 1920-1930 und seine Schriftsteller », inTribüne, 3/1964, Heft 9, pp. 969-974, p. 972 : « ...inneren Kreis, der nie das Bedürfnis empfand, sich zu proklamieren, als solcher öffentlich hervorzutreten. » 4 Dans les lettres de Kafka, Winder n’est mentionné qu’une seule fois, et de façon sibylline : lettre à Max Brod (5.7.1922), inFranz Kafka. Briefe 1902-1924, Frankfurt/Main, S. Fischer Verlag, 7. bis 9. Tausend, 1966, p. 383. 5 Notice nécrologique de Winder » L. W. : Franz Kafka gestorben. », inDZB, n° 132, 5.6.1924.
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vielleicht so, daß das Genie eines Freud, eines Kafka, wirkt und Einfluß ausübt, ohne daß man den Kontakt herstellt, gleichsam eine radiogene 1 2 Wirkung . » Pourtant le cliché, discours répété mais non repensé , a la vie dure et nombre d’articles ou travaux le perpétuent assidûment. L’usage persiste, qui veut que tout auteur contemporain de Kafka se situe dans le sillage, ou l’ombre de celui-ci. L’usage ignore même les frontières : c’est ainsi qu’en 1993, lors de la traduction française de son troisième roman, Winder conserve - toujours -3 l’étiquette de celui qui succède à Kafka . Brod, égrenant avec nostalgie ses souvenirs pragois, aurait-il envisagé de confiner Winder, qu’il avait en haute estime, dans un rôle de « remplaçant » ? Tel n’est assurément pas le cas : il 4 affirmait en effet ne pas douter qu’on le redécouvre un jour . Comment situer alors Ludwig Winder ? Le terme deCercle de Prague, passé à la postérité grâce à Brod et à l’ouvrage du même nom, a fait l’objet de définitions diverses. Josef Mühlberger le récusait car il y voyait une simplification opérée a posteriori, et impropre à rendre compte des différences 5 dans les caractères, les tempéraments et la qualité des œuvres . Le fait que Margarita Pazi fasse figurer par exemple des auteurs aussi différents que Paul 6 Kornfeld et Ludwig Winder sous cette désignation semble lui donner raison . Rien n’indique que Winder estimait lui-même en faire partie, lorsqu’il évoque le Cercle de Prague, il écrit simplement le cercle « qui s’était formé autour de 7 Franz Kafka peu de temps avant la Première Guerre mondiale . » Son nom figure le plus souvent sous la rubrique « littérature pragoise de langue allemande », et notre propos ne vise pas à démontrer en quoi, ou pourquoi il avait toutes les raisons d’y figurer. C’est effectivement à Prague qu’il rédige la majeure partie de son œuvre. Il ne quittera la ville qu’en 1939, contraint à l’exil. Néanmoins, il introduit lui-même une légère différence - mais qui faittoute la différence - en se revendiquant non comme écrivain pragois, mais comme 8 écrivainallemandde Tchécoslovaquie .Cette précision est pourtant une information substantielle sur l’auteur et son œuvre. Lorsqu’est abordée la littérature pragoise de langue allemande, l’accent est mis, à juste titre, sur sa richesse, sa diversité,
1 Hermann Ungar, Lettre à Oskar Baum, Berlin 18.3.1928, inDer Bankbeamte und andere vergessene Prosa,Paderborn, Igel Verlag, 1989, p. 166. 2 Anne Herschberg-Pierrot, « Problématiques du cliché », inPoétique, 41/1980, p. 334. 3 Pierre Deshusses, « L’Orgue juif », inLe Monde des Livres, Paris, juin 1994. Il en va de même par ex. pour Denise Le Dantec, « Ludwig Winder. L’Orgue juif », inL’Ane, Paris, janvier 1995. Edgar Reichmann affirme tout bonnement que Brod comparait Winder à Kafka, « Ludwig Winder, l’inconnu », inL’Arche, Paris, juin 1993. 4 Max Brod,Der Prager Kreis, op. cit., p. 145. 5 Josef Mühlberger,Geschichte der deutschen Literatur in Böhmen 1900-1939, München, Wien, Langen Müller 1981, p. 315. 6  Margarita Pazi,Fünf Autoren des Prager Kreises, Würzburger Hochschulschriften zur neueren deutschen Literaturgeschichte, Bd. 3, Frankfurt/Main, Bern, Las Vegas, Peter Lang, 1978. 7  Ludwig Winder, « Die Aufgabe des deutschböhmischen Schriftstellers » inEinheit, 8/VI, Londres, 21.4.1945 : « [...] Prager Kreis, der sich kurz vor dem ersten Weltkrieg um Franz Kafka gebildet hatte, [...]. ». 8 Ibid., et aussi « Staatspreis 1934 für Ludwig Winder » inSelbstwehr, n° 44, 1934, p. 7.
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