Mémoire courte
196 pages
Français

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Description

Je suis revenu nickel, enfin libre, aérien. J’ai jeté un œil autour de la table avec nonchalance. J’ai refusé le trou normand que l’on me proposait. La Normandie commençait à me courir pas mal. Je voulais Paris et mon appartement sur la butte. Un bar sombre et une touriste hollandaise. Je suis ainsi, le genre de type capable, à travers une chemise de nuit, d’un aller simple pour le reste du monde."" ""Je suis ainsi"", disons que je l’étais. C’était avant le mariage, avant la vie qu’on rate, avant l’éternité, avant la mémoire courte.Ce n’est pas très joyeux. Mais n’ayez crainte. Ça se lit très facilement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 septembre 2012
Nombre de lectures 31
EAN13 9782846264600
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« Un bar sombre et une touriste hollandaise. Je suis ainsi, le genre de type capable, àtravers une chemise de nuit, d’un aller simple pour le reste du monde. »
« Je suis ainsi », disons que je l’étais.
C’était avant le mariage, avant la vie qu’on rate, avant l’éternité, avant la mémoirecourte.
 
« Un sens de la formule, un humour noir qui laisse percevoir, en transparence, un goûtcertain pour la beauté des moments éphémères, voilà ce que nous offre Nicolas Rey avec Mémoire courte . » – Hector Chavez
 
Chroniqueur brillant et médiatique, Nicolas Rey intervient aujourd’hui sur France Interdans l’émission de Pascale Clarke et sur Canal+. Il a publié six livres au Diable vauvert : Treize minutes , Mémoire courte , Un début prometteur , Courir à trente ans , Un léger passageà vide , vendu à 100 000 exemplaires à ce jour, et L’amour est déclaré .
 

Nicolas Rey
 

Mémoire courte
 
Table des matières
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
À Frédérique, Marc et Olivier
« Ses mains et ses pieds, dans un derniersursaut de volonté, se mirent à battre, àfaire bouillonner l’eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgré ses effortsdésespérés, il ne pourrait jamais plusremonter ; il était trop bas, trop loin. Ilflottait languissamment, bercé par un flotde visions très douces. Des couleurs, uneradieuse lumière l’enveloppaient, le baignaient, le pénétraient. Qu’était-ce ? Onaurait dit un phare. Mais non, c’était soncerveau, cette éblouissante lumièreblanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement,et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et tout au fond, il sombradans la nuit. Ça, il le sut encore : il avaitsombré dans la nuit.
Et au moment même où il le sut, il cessade le savoir. »
 
Jack London
 
M ARTIN E DEN
 

1
 
Arrive un jour où les yeux ne répondent plus. Ils ontbaissé les bras, déserté. Ils disent juste : « Démerde-toi avec ton lendemain de cuite. Nous, on abandonne. On en a marre de tes absences et de tespromesses pas fiables. Voilà ce que t’es Gabriel, t’espas un mec fiable. » Et Dieu sait que mes yeux ontdéjà vu pas mal de choses. Je les entends d’ici, limiteénervés, les globes rongés, à deux doigts du nerf :« Inutile de te servir des mots pour nous faire goberl’impossible. Plus personne n’est dupe de ce quetu es. »
Ce n’est pas faute de les avoir habitués, pourtant.
 
Je m’offre un répit avant l’irréparable. Petitelâcheté avec, en couverture, la prolongation d’undemi-sommeil. Je caresse l’espoir que tout peutencore s’arranger. Je le branle avec conviction,même. S’endormir à nouveau, oublier tout cela etme réveiller fringant, la cervelle aussi légère qu’unenfant scout dans le matin d’un petit bois, juste avant qu’il ne se promène avec son moniteur un peuplus loin que les autres.
 
Bienvenue dans l’après-spectacle. La matinée s’annonçait calme, presque ordinaire. Je me lève, je memarie, je me couche. Ce soir, je serai un hommebagué. Pour le reste, rien de précis. Je ne possèdeaucun souvenir de la nuit précédente mais la soupçonne d’avoir été héroïque, malgré tout. Je suis ainsi,à toujours fêter un maximum de trucs en une seuleprise, à ne jamais penser aux premières heures du lendemain. Aujourd’hui, c’est différent. L’échappée estimpossible. Le nettoyage en forme d’issue, en balancer le plus possible sous le tapis. C’est l’heure du coiffeur et de la chemise à jabot, l’heure de s’avancer lesmains derrière les fesses, la tête haute. Grand un :mariage. Grand deux : appartement commun. Grandtrois : vagin qui se dilate de 33 centimètres lors del’accouchement et deux mois d’exercices pour que letrou béant retrouve un soupçon d’élasticité. L’immense panard, l’aboutissement de tout cow-boy quise respecte. Trois paliers, comme en plongée sous-marine.
 
J’ouvre les yeux. Il le faut. Un plafond blanc puisun pieu immense au look de petit paradis. Je suis dansune chambre d’hôtel. Difficile d’en savoir davantageni même de dire quel goût ont eu les heures précédentes. Juste quelques cheveux blonds presque mortssur l’oreiller. Tout s’agite autour de moi. Au premierchef, le hurlement du téléphone sur la table de nuit. Àsignaler aussi, les coups rageurs contre la porte d’en trée et mon portable qui appelle au secours en clignotant vert fluo. Logique, Gabriel. Absolument justifié. Tu es en état d’arrestation. Tu dois te lever.Prendre une douche vite. Conclure, en quelquesminutes d’ablutions, tes trente dernières années dedéconnade.
 
Pas de panique pour autant. Tu sais que le gueulardqui menace de tout démolir si tu n’ouvres pas dansles secondes qui vont suivre n’est autre que Denis.
Denis Bonal-Léger. Deux noms de famille, deuxsexualités, deux boulots, deux nids d’amour, unelibido époustouflante en guise de cervelle. Denis, lepapa de la déconstruction, ma moitié sud, monmeilleur ami. Inutile donc de se précipiter pour ouvrirà qui que ce soit.
 
L’essentiel est de réussir à se lever. Prendre unedouche. Réussir à aller prendre cette douche dumieux possible et réaliser tout le reste de la mêmemanière. Avec dignité et sans dégueuler partout.
 
L’eau chaude se pointe, empressée. De fines pellicules d’orage glissent le long de ma nuque. Mes brassont pleins d’hématomes. Qu’importe, les fesses setiennent, malgré tout. Je décide de ne pas me défenestrer dans l’heure qui suit. L’ensemble mérite unsursis, une chance encore d’aller vagabonder dansquelques mauvais coups. Adultère. Découverte dutroisième sommet pour asseoir l’équilibre précaire desdeux premiers. Amour de passage : point d’appui descouples qualifiés d’« indestructibles ». Drôle de terme que celui d’indestructible. En manque de fragilité.Équilibre d’un amour : jolie mayonnaise schizophrène. Je suis pour. Archi pour. Nous sommes tousdans le même placard, coincés jusqu’à la gorge. Tousréunis sur la même route de Madison.
 
J’enfile un peignoir, Denis me fait face. Le réceptionniste a dû lui filer le passe. Denis, comment vousdire, le genre bûcheron avec catogan. Le genre petitevérole avec la peau pas très nette. En smoking de location, une rose en guise de pochette, plus proche duprimate mafieux que de l’homme de compagnie. Ilest trop chouette ainsi. « So cute » comme disent lespoulettes de toute la Grande-Bretagne. Je m’apprêteà déconner un peu. À lui demander par quelle suited’absurdes galères je vais finir en pingouin dansquelques secondes au pied d’une église. Coup dechance, je stoppe net. C’est moi – et moi seul – quiai demandé Sophie en mariage. Tout me remonte enune seule fois. Je me souviens qu’effectivement, parun soir d’été au fond du Portugal, nous étions surl’une des plus belles terrasses existantes, Sophie etmoi.
Elle venait de m’offrir son petit trou, ce qui s’avérait un excellent préambule pour le reste de la soirée.Nous étions là donc, tous les deux, en pleine savouration d’un Martini blanc, moi, Gabriel, quarante etun combats, douze chagrins d’amours dont six parKO, moi donc, le gland encore adorablement brisépar l’étroitesse de son anus, lorsque, sur la terrasse decette villa hypraluxueuse, un petit môme et sa tortue,que j’observais avec négligence, se plantèrent devant nos deux squelettes au bord des crampes. Sophie lapremière, toujours alerte, toujours en tête de listepour faire connaissance, retrouva la parole : « Bonsoirmon grand, qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ? »
 
On pourrait croire, comme ça, que Sophie était dugenre compréhensive, que j’étais tombé su

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