Métaphore et argumentation
378 pages
Français

Métaphore et argumentation , livre ebook

378 pages
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Description

La métaphore a fait l'objet de nombreuses publications, mais son exploitation argumentative a suscité peu d'investigations systématiques en dépit de ses enjeux. L'objectif de cet ouvrage est de combler cette lacune en cernant le rôle de la métaphore dans l'argumentation, mais surtout en faisant retour sur la figure elle-même, pour décrire son potentiel argumentatif et la nature de ses manifestations.

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Publié par
Date de parution 08 septembre 2017
Nombre de lectures 42
EAN13 9782806109101
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

faisant retour sur la îgure elle-même, pour décrire son potentiel argu mentatif et la nature de ses manifestations. Ce projet suppose d’aronter
de l’artiîce, voire de la manipulation. Mais la composante argumentative
cursif,révèlelaplasticitéetleïcacitédelaîgure.
rendant compte de ses modes d’actualisation. Enîn, son étude dans des
tation pour l’appréhension de ses stratégies d’inuence.
matique des Igures du discours
[avecJ.-M.Adam](ArmandColin,2012)etde
(F. Leca et A.-M. Paillet, Ulm, 2014), et divers articles en linguistique textuelle et en
de recherche Textes & Langue (EA 4160 Passages XX-XXI). Ses travaux portent sur les rapports
blématiques de la îguralité et de la textualité. Dernier ouvrage paru : ConIguration et progression discursives
ISBN : 978-2-8061-0356-7
9HSMIKG*badfgh+
Marc Bonhomme, Anne-Marie Paillet& Philippe Wahl(dir.)
M étaphore et argumentation
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Métaphore et argumentation
Au cœur des textes
Collection dirigée par Claire STOLZ (Université Paris-Sorbonne)
Parutions récentes : 32. Véronique MONTÉMONT et Sylvie LANNEGRAND,Résistance intérieures. Visages du conit dans le journal personnel, 2016. 31. Amir BIGLARI et Geneviève SALVAN (dir.),Figures en discours, 2016. 30. Dominique MAINGUENEAU,Trouver sa place dans le champ littéraire, 2016. 29. Anne-Marie PAILLET (dir.),Albert Camus, l’histoire d’un style, 2014. 28. Geneviève SALVAN,Jean Rouaud,L’écriture et la voix,2012. 27. Marianne ALPHANT et Marie-Françoise LEMONNIER-DELPY (dir.),Jude Stéfan.Une vie d’ombre(s), 2012. 26. Véronique MONTÉMONT et Catherine VIOLLET,Archives familiales : modes d’emploi.Récits de genèse, 2013. 25. Jean-Jacques QUELOZ,Philippe Soupault : écriture de soi et lecture d’autrui, 2012. 24. Anna JAUBERT, Juan Manuel LÓPEZ MUÑOZ, Sophie MARNETTE, Laurence ROSIER et Claire STOLZ,Citations II. Citer pour quoi faire ? Pragmatique de la citation, 2011. 23. Anna JAUBERT, Juan Manuel LÓPEZ MUÑOZ, Sophie MARNETTE, Laurence ROSIER et Claire STOLZ,Citations I. Citer à travers les formes. Intersémiotique de la citation, 2011. 22. Geoffrey ZUFFEREY (dir.),L’autoction : variations génériques et discursives, 2012. 21. Claire BADIOU -MONFERRAN (dir.),Il était une fois l’interdisciplinarité. Approches discursives des “contes” de Perrault, 2010. 20. Olga ANOKHINA (dir.),Multilinguisme et créativité littéraire, 2011. 19. Samia KASSAB-CHARFI (dir.),Altérité et mutations dans la langue. Pour une stylistique des littératures francophones, 2010. 18. Françoise SIMONET-TENANT,Journal personnel et correspondance (1785-1939) ou les afnités électives, 2009. 17. Jean-Michel ADAM et Ute HEIDMANN,Le texte littéraire. Pour une approche inter-disciplinaire, 2009. 16. Salah OUESLATI,Le lecteur dans lesPoésiesde Stéphane Mallarmé, 2009. 15. Ridha BOURKHIS et Mohammed BENJELLOUN (dir.),La phrase littéraire, 2008. 14. Véronique MONTÉMONT et Catherine VIOLLET (dir.),Le Moi et ses modèles. Genèse et transtextualités, 2009. 12. Françoise RULLIER-THEURET,Faut pas pisser sur les vieilles recettes. San-Antonio ou la fascination pour le genre romanesque, 2008. 11. Lucile GAUDIN et Geneviève SALVAN (dir.),Les registres. Enjeux stylistiques et visées pragmatiques, 2008.
Marc Bonhomme, Anne-Marie Paillet et Philippe Wahl (dir.)
Métaphore et argumentation
n° 33
D/2017/4910/40
© Academia-L’Harmattan s.a. Grand’Place, 29 B-1348 Louvain-la-Neuve
ISBN : 978-2-8061-0356-7
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
Introduction
Marc Bonhomme Université de Berne Anne-Marie Paillet École Normale Supérieure, Paris
Philippe Wahl Université Lumière Lyon 2
F igure du discours la plus étudiée, la métaphore a alimenté de nombreux travaux, qu’ils portent sur sa dimension sémantique, syntaxique ou stylistique. Son exploitation argumentative a pareillement retenu l’attention des chercheurs. Sans remonter à la rhétorique de l’Antiquité illustrée par Aristote et Cicéron, on peut mentionner les apports de M. Le Guern (1981), de Ch. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca (1988) ou de Ch. Plantin (2011) pour l’étude des effets persuasifs de cette gure. À cela s’ajoutent des recherches plus ponctuelles sur son utilisation argumentative dans des corpus particuliers. Parmi elles prennent place les analyses de M. Angenot (1982) sur l’importance de la métaphore dans la rhétorique du pamphlet, celles de T. Mazzoti (2002) sur son inuence dans les représentations sociales ou celles d’A. Musolff (2015) sur ses fonctions dans le discours médiatique. Mais malgré ses enjeux fondamentaux, l’argumentativité de la métaphore n’a pas donné lieu à des investigations systématiques, du moins dans les 1 recherches francophones .
Le but de cet ouvrage collectif est de combler cette lacune, en dressant un bilan critique et en interrogeant les recherches les plus récentes sur les usages argumentatifs de la métaphore, tout en four-
1 Par contre, dans les recherches anglophones, il existe un ou deux ouvrages sur le sujet, dont celui de J. Charteris-Black (2006) et la publication collective coordonnée par F. Ervas et M. Sangoi (2014).
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MÉTAPHORE ET ARGUMENTATION nissant des éclairages novateurs à leur propos. La tâche est d’autant plus délicate que l’argumentation métaphorique présente un fonction-nement complexe qui soulève plusieurs problèmes.
1. Problématique et perspectives de l’ouvrage
La première difculté est due à l’instabilité conceptuelle des no-tions demétaphored’ et argumentation. Comme en témoigneront les études qui vont suivre, la métaphore est analysable selon deux grandes perspectives. D’un côté, on peut voir en elle une catégorie langagière originale, reposant sur des traits dénitoires (analogie, allotopie, re-catégorisation…) répertoriés par une longue tradition de recherches. La métaphore est alors perçue comme une gure spécique, qu’on la localise dans certains domaines disciplinaires (tels que la rhétorique et la stylistique) ou qu’on l’intègre dans le fonctionnement standard du langage. Mais divers courants linguistiques modernes, comme la 2 sémantique interprétative ou la sémantique argumentative , contestent l’autonomie catégorielle de la métaphore en voyant en elle le résultat de parcours de lecture ou même un pseudo-concept. Cette relativisation n’est pas sans conséquence pour les rapports entre argumentation et métaphore. Dans le premier cas, celle-ci possède des propriétés argu-mentatives qui lui sont propres ; dans le second, elle se confond avec l’argumentativité ordinaire des énoncés.
Un autre problème – dont se feront l’écho les contributions ras-semblées dans ce recueil – est celui de la polysémie du termeargumenta-tion. Ce dernier est habituellement envisagé d’après l’acception restreinte que lui assigne la rhétorique depuis Aristote : dans des situations dis-cursives de dissensus (doute, désaccord, conit…), un locuteur déve-loppe différentes stratégies an de modier le jugement de son ou ses destinataire(s). Ces stratégies produisent des « degrés d’argumentativité » 3 (Plantin 1996a : 21) qui conduisent à la conviction, à la persuasion ou au changement d’opinion de l’auditoire. De plus, elles oscillent entre des procédures logiques et d’autres qui entremêlent des considérations affec-tives ou évaluatives. Mais comme en témoignent plusieurs études succes-
2 La sémantique interprétative est par exemple représentée par F. Rastier (1987). Pour le traitement de la métaphore dans la sémantique argumentative, voir P. Schulz (2004). 3 Pour la différence entrepersuasionetconvictionfondée sur l’opposition ancienne entre rhétorique et dialectique, voir Ch. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca (1988 : 36) : « Nous proposons d’appelerpersuasive une argumentation qui ne prétend valoir que pour un auditoire particulier et d’appelerconvaincantecelle qui est censée obtenir l’adhésion de tout être de raison ».
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Introduction
4 sives , l’argumentation peut aussi être appréhendée suivant l’acception étendue que lui donnent divers linguistes à la suite d’O. Ducrot (1972) : c’est la langue elle-même qui est argumentative, dans ses mécanismes, à travers les instructions contraignantes de son lexique et les enchaîne-ments ou les orientations qu’elles autorisent au sein des énoncés, quels qu’ils soient.
Par delà ces problèmes généraux, l’étude de l’argumentation méta-phorique est confrontée à la variabilité de ses modalités d’actualisation, de ses enjeux, de ses effets ou de son évaluation. Toutes ces questions feront l’objet de réexions approfondies dans cet ouvrage. En parti-culier, étudier les relations entre métaphore et argumentation suppose la prise en compte d’au moins trois paramètres. Le premier est celui dupotentiel argumentatifde la métaphore, avec l’interrogation sui-vante : son argumentativité s’inscrit-elle dans sa structure même, ou dépend-elle de facteurs qui lui sont extrinsèques ? Ainsi qu’on aura l’occasion de le vérier, la métaphore renferme incontestablement des traits aptes à aiguiller le discours et à inuencer ses énonciataires. Parmi eux, gurent les projections sémantiques de l’analogie qui la structure, 5 et dont on a relevé l’importance pour l’argumentation , de même que l’orientation illocutoire que lui confèrent ses recatégorisations notion-nelles et les transvalorisations qui leur sont associées. Mais de tels traits argumentatifs inhérents à la métaphore ne trouvent leur aboutisse-ment que s’ils sont activés en discours par des conditions externes. On constatera notamment combien le cotexte immédiat, avec ses balisages et ses instructions, le contexte (genre textuel, situation d’énonciation) et l’interdiscours (à travers les représentations communes ou les sté-réotypes) contribuent grandement à la réussite de l’argumentation mé-taphorique. Corollairement, le potentiel argumentatif de la métaphore détermine son ancrage dans le champ de l’argumentation. Si ses traits argumentatifs intrinsèques justient qu’on la considère comme une forme d’argument, elle apparaît davantage comme un support d’argu-ment(s) quand on examine le rôle décisif de son entourage discursif pour son efcacité pragmatique.
L’analyse de l’argumentativité de la métaphore requiert éga-lement qu’on interroge un autre de ses paramètres : sa« qualité » argumentative. Celle-ci sous-tend d’inévitables enjeux idéologiques en fonction de l’image que l’on se fait d’une argumentation idéale 6 dont la norme paraît être la rationalité. À cette aune, l’argumenta-
4 Voir les articles ci-après de P.-Y. Raccah, de F. Nemo ou de K. Kida. 5 Sur ce point, on peut se reporter à C. Plantin (1996b) ou à S. Oswald et A. Rihs (2014). 6 Dans leGorgiasPlaton, Socrate apparaît comme l’un des plus illustres de
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MÉTAPHORE ET ARGUMENTATION tion métaphorique pâtirait de plusieurs lacunes. Sans parler de son afnité supposée avec les « fallacies » (voir F. H. van Eemeren et 7 R. Grootendorst 1992), son principe analogique la rendrait fragile , pendant que son imagerie prépondérante et sa tendance à impliciter les jugements de valeur qui l’accompagnent lui donneraient le pouvoir insidieux de favoriser les coups de force argumentatifs. Cependant, l’un des apports de cet ouvrage est de postuler qu’il convient de ré-évaluer positivement les défauts apparents de la métaphore. En effet, son avantage est de permettre une argumentation rapide et efcace, 8 parfaitement adaptée à certains genres, qu’ils soient polémiques, mé-diatiques ou doxologiques. De même, la logique empathique qui la caractérise est pleinement appropriée aux situations discursives dont l’objectif n’est pas de susciter une conviction raisonnée, mais seule-ment de provoquer une adhésion de circonstance au message trans-mis. C’est le cas pour les métaphores publicitaires destinées à captiver 9 leur public sur le champ . En somme, l’argumentation métaphorique gagne à être abordée dans un cadre souple, non normatif, ouvert aux procédures tant affectives qu’esthétiques de ses stratégies d’in-10 uence. Cette prédisposition de la métaphore pour l’argumentation impressive ne l’empêche pas de comporter une face rationnelle non négligeable, comme l’ont déjà noté E. Kittay (1987) ou C. Santibáñez 11 (2010). Plusieurs articles collectés dans cet ouvrage insistent ainsi sur le fait que non seulement l’argumentation métaphorique exige un usage rééchi et judicieux des rapports analogiques qu’elle met en œuvre, mais encore qu’elle peut être évaluée, discutée ou réfutée dans le déploiement rationnel des interactions verbales. Par ailleurs, la « qualité » argumentative de la métaphore, considérée dans l’op-tique de son rendement, dépend de ses degrés de lexicalisation. Si a prioriles métaphores vives ont une plus grande force argumentative, en raison de leurs saillances marquées et de l’impact de ces dernières en réception, les métaphores conventionnelles et les catachrèses mé-taphoriques – du fait de leur banalisation et de leur évidence parta-gée – possèdent une capacité d’action indéniable sur les croyances et les décisions, ce qui a été souligné par M. Le Guern (1981) ou A. Boissinot (1992). Un autre apport de ce volume est précisément
défenseurs d’une telle argumentation idéale. 7 Comme l’attestent entre autres Ch. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca (1988) ou N. Charbonnel (1991). 8 Il est alors possible de parler d’une justesse, voire d’une « vérité » de la métaphore. 9 Voir l’article de M. Bonhomme dans ce volume. 10 Ce qu’avait déjà théorisé Cicéron dans l’Antiquité : lemovereet ledelectaresont des composantes essentielles pour assurer le succès oratoire de la métaphore. Voir plus loin la contribution de F. Delarue. 11 Dont ceux de R. Koren et de Ch. Plantin.
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Introduction
d’investiguer l’argumentativité des métaphores dites « usées », en analysant leur aptitude à la persuasion, spécialement dans les pro-verbes et les formules gées qui circulent à travers les productions 12 langagières .
Le troisième paramètre de l’argumentation métaphorique mis en lumière dans cet ouvrage concerne la diversité de sesmanifestations argumentatives. Globalement, la métaphore possède unedimension 13 argumentativeou moins diffuse, susceptible d’être mobilisée au plus gré de l’activation de certains de ses traits par le contexte discursif. Plus ce dernier est tendu ou conictuel (cas des controverses) et plus il est imprégné par l’axiologie (cas des énoncés doxologiques), plus la dimension argumentative d’une métaphore est patente. Au niveau davantage spécique de sa production, la métaphore peut être prise en charge par unevisée argumentative, manifestant chez son producteur une intention d’agir sur ses destinataires. Toutefois, comme l’établiront plu-14 sieurs contributions de ce recueil , une telle visée argumentative n’est avérée que lorsqu’elle est explicitée par des marqueurs linguistiques, métalinguistiques ou non verbaux étayant l’énoncé métaphorique. Au niveau de sa réception enn, la métaphore donne lieu à deseffets argu-mentatifs, avec des degrés d’efcacité dont cet ouvrage montrera toute la palette. Au degré faible, ceux-ci consistent en des éclairages cognitifs modiant les représentations des énonciataires sur une situation don-née. Au degré intermédiaire, ces effets se traduisent par la persuasion consciente de ceux-ci à l’issue d’interactions symétriques, à l’exemple des débats. Au degré extrême, ces mêmes effets aboutissent à une ma-nipulation du public, dont la métaphore – par sa puissance de séduc-tion – inuence les opinions et les comportements à son insu, ce qui est fréquent dans les discours à forte portée stratégique. Selon le succès ou non de ces effets par rapport à la visée argumentative de la méta-phore, celle-ci sera qualiée d’« heureuse » ou de « malheureuse ». De surcroît, on verra que des métaphores non exploitées argumentative-ment par leurs auteurs sont parfois identiées comme argumentatives par leurs récepteurs.
De la sorte, les relations entre métaphore et argumentation four-nissent des pistes de recherche fécondes qui nourrissent les réexions des dix-huit contributions composant cet ouvrage. Rédigées par des
12 Voir les contributions de G. Kleiber et de C. Camugli Gallardo dans la suite de cet ouvrage. 13 Comme l’écrit R. Amossy (2000 : 25), « l’utilisation du langage dans son contexte dialogique obligé comporte toujours une dimension argumentative, même quand il n’y a pas de projet avoué ». 14 Dont celles de J. Jacquin et de R. Druetta.
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