Œuvres poétiques II
72 pages
Français

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Œuvres poétiques II , livre ebook

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Description


« Ton haleine est un doux parfum!
Je t'aime!
Sur tes charmes je ferais un
Poëme! »
Stéphane Mallarmé

Informations

Publié par
Nombre de lectures 27
EAN13 9791022200332
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Stéphane Mallarmé

Œuvres poétiques II

© Presses Électroniques de France, 2013
I. FANTAISIES (1859-1860) ENTRE QUATRE MURS

RÊVE ANTIQUE

Elle est dans l'atrium la blonde Lycoris
Sous un flot parfumé mollement renversée.
Comme un saule jauni s'épand sous la rosée,
Ses cheveux sur son sein pleuvent longs et fleuris.

Dans les roseaux, vis-tu, sur un fleuve bleuâtre,
Le soir, glisser le front de la pâle Phœbé?
- Elle dort dans son bain et sa gorge d'albâtre,
Comme la lune, argente un flot du ciel tombé.

Son doigt qui sur l'eau calme effeuillait une rose
Comme une urne odorante offre un calice vert
Descends, ô brune Hébé! verse de ta main rose
Ce vin qui fait qu'un cœur brûle, à tout cœur ouvert.

Elle est dans l'atrium la blonde Lycoris
Sous un flot parfumé mollement renversée
Comme ton arc d'argent, Diane aux forêts lancée,
Se détend son beau corps sous ses amants choisis.

Octobre 1859


SOURIRE

Oh! je viens! je viens! tu m'appelles,
Printemps, à l'auréole d'or!
Tu donnes à mon cœur des ailes!
Plein d'amour il prend son essor!

Sur un blanc fil de la vierge Avril, riant, descend du ciel!
Pâques arrive et son grand cierge Brille déjà près de l'autel.

Rosette sous la mousseline Voile au soir son tétin vermeil;
Et, sur sa lèvre purpurine, S'endort un rayon de soleil.

Comme elle, sourit la pervenche. Et, laissant son deuil hivernal,
D'une couronne de fleur blanche L'aubépine se pare au val.

Sous une feuille qui l'ombrage La pâle violette dort.
Près d'elle la brise volage Courbe les mille étoiles d'or.

Oublieuse de la faucille
L'herbe frissonne dans les prés
L'alouette joue et babille,
Babille sans se dire: «Après?»

Plus de neige! l'ormeau recueille
Cent nids de mousse, gai dortoir!
À leurs chansons, sa jeune feuille
Danse sous l'haleine du soir!

L'azur se rit dans la ramure
Égayant les branches du houx.
L'eau, sous son manteau vert, murmure,
Par[le] en cascades des cailloux!

La demoiselle au fin corsage
Se balance au bout d'un roseau,
Et, svelte, sur l'herbe qui nage,
Se mire au frais cristal de l'eau.

Le papillon, petit fou, vole
Sur son aile d'un bleu velours,
Pose un baiser sur la corolle
Des roses, nids de ses amours.

Le rossignol sous la feuillée
Gazouille l'hymne du matin
Sa compagne boit la rosée,
Rit, et berce son nid mutin.

Et toi, cher grillon, tu fuis l'âtre
Où ton chant m'endormait l'hiver...
Dans les hautes herbes, folâtre!
Sous le ciel bleu dis ton chant clair!

Oh! si sur la tiède mousse
Je voyais dormir une sœur!
Oh! si de son haleine douce
Le parfum enivrait mon cœur

Si je cueillais aux bords des ondes
Les myosotis isolés
Pour étoiler ses tresses blondes,
Comme les bluets dans les blés!

Si ....

- «Lisez donc le grand Racine
Et non l'homme à la Carabine ...
Monsieur, encore un contre-sens!»
Je suis en classe! adieu, printemps.

Avril 1859 (classe du soir)


VIENS (Ballade)

Un enfant dormait blond et rose.
L'œil rêveur, un ange frôlait
De l'aile sa paupière close
Sur son front des feuilles de rose
Pleuvaient des doigts d'Ohl-le-follet!

Oh!-le-follet

«Viens danser la ronde des fées!
Des bras lactés sont ses liens
La nuit joue en fraîches bouffées
Dans leurs tresses d'or décoiffées!
Viens!»

L'Ange

«Viens chanter le Noël des anges!
L'encens en flots aériens
Met, quand murmurent nos louanges,
À leurs ailes de blanches franges!
Viens!»

Le follet

«T'emporte la lune morose
Sur un rayon aux rocs anciens!
T'emporte vers la fleur éclose
Un fil de vierge à l'aube rose!
Viens!»

L'Ange

«Que l'ange Espoir au pied du trône
Verse tes vœux avec les miens!
Cueillons les astres, lys que donne
Dieu pour faire aux morts leur couronne!
Viens!»

Quelle aile a-t-il pris pour suaire?
La vôtre, ange? Ohl, est-il des tiens?
Car, berçant lentement sa bière,
Sa mère sanglote en prière
«Viens!...»

Décembre 1859


CHANSON DU FOL

I

Vivent les castagnettes!
Tac! tac! tac! les clochettes,
Les boléros!

Per el rey, quand je danse,
Plus que la diligence
Et ses grelots,

Je sonne! - Par la ville
Aux doux soirs de Séville
Dig! il n'est pas

De nain qui plus lutine
Que le fou de Rosine
Ha! ha! ha! ha!

Dig! après la perruche
Qui sur son doigt se juche,
Son favori

C'est moi, qui toujours saute
Chante, bois, et ressaute,
Qui toujours ris!

Je n'atteins pas l'oreille
Du grand chien noir qui veille
La nuit, Pepô !

II

Dona fit ma marotte
De satin vert! Ma botte
D'or et de peau

Défierait la bottine
De soie où se dandine
Son pied mignon.

Le soir, quand à la brume,
Le citronnier parfume
Son frais balcon,

J'entends la sérénade,
Je ris et je gambade
Puis quand tout dort,

Quand la lune maligne
Rit et de l'œil me cligne,
Vers Almandor

Je mène la comtesse,
Un ange, une tigresse!
Que de baisers

Sur le sein, sur la joue!
Et quand sa main dénoue
Sans y penser

Son noir corset de soie
Qui craque, et que de joie
L'œil scintillant

Plonge au fond de la taille,
Quand le hibou les raille,
Moi, j'en vois tant,

Que mi senor l'Évêque
Au gros nez de pastèque
- S'il le pouvait!

Qu'un duc d'Andalousie
D'un œil de jalousie,
- S'il le savait!

Lorgneraient ma marotte!
- Parfois je lui chuchotte
Des mots bien doux!

La dona de sourire,
De sourire et de dire
«Oh! petit fou!...»

Pour chasser une mouche
Quand je pose ma bouche
Sur son sein brun

Quand je sens de la rose
Qui sur son cœur repose
Le doux parfum,

Jamais sur mon visage
Palmada ne voyage
Dig! de la main

De son amant fidèle
Pour lui comme pour elle
Je suis un nain!

III

Dig! Dig! Dig! alcades
Pendant les promenades
De senora

Je les envoie au diable!
- Au Diable - acte pendable!
Et caetera!

Quand le soleil nous lance
Ses rayons, je balance
Sur son beau col

Ou sur sa brune épaule,
En chantant un chant drôle,
Un parasol.

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