De naissance
15 pages
Français

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Description

Calmette avait décidé de mettre fin à ses jours. Elle s’était laissée prendre par le colonel parce qu’elle était aide-cuisinière et qu’elle n’avait pas eu le choix, mais elle ne voulait pas porter son enfant. Pour elle, c’était l’enfant de la honte. Pour Constance de la Herronière, ce fut au contraire une chance inouïe, celle de pouvoir enfin offrir une descendance à son mari. On sauva donc Calmette, on la veilla durant neuf mois, puis on arracha de son sein la petite fille qu’elle avait pourtant commencé à aimer. Seulement, en ce début de vingtième siècle, les sentiments des domestiques ne comptaient guère.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juin 2011
Nombre de lectures 12
EAN13 9782918602040
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De naissance
Mercedes Deambrosis
ISBN 978-2-36315-239-8

Juin 2011
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Biographie
Dans la m me collection
Chapitre 1
— J’ai peur. Tu crois que j’irai en enfer ?
Un râle s’exhale de sa poitrine.
Elle la regarde, assise sur une chaise, une chaise qu’elle a placée le plus loin possible du lit d’hôpital.
— Oui.
— J’ai peur.
— Tu as raison d’avoir peur. Tu vas mourir, tu vas aller en enfer.
Les râles s’accélèrent, la main se crispe sur le drap.
Des larmes, une larme coule sur sa joue. Le drap se soulève, sa bouche s’ouvre avidement à la recherche d’un souffle qui la quitte.
Elle regarde sa mère mourir. Elle hait sa mère.

Elle était nue devant une petite vasque, la cruche d’eau à la main. Le soleil du matin emmenait dans sa valse mille particules de poussière. Au-delà de la fenêtre ouverte s’étendait un jardin à la française où cubes d’ifs, boules de buis, parterres de fleurs, gravillons marmoréens, statues de bon goût et fontaines de belles proportions cohabitaient en harmonie, entourés d’une sombre haie de cyprès d’Italie qui masquaient à la vue la grille longeant le parc et annonçaient le portail ouvragé, surmonté de pointes dorées, étincelantes, du Domaine des Courcières.
Il ne savait pas lui-même ce qu’il faisait là, dans les soupentes de sa demeure, dans ce quatrième étage que ses pieds n’avaient pas foulé depuis l’adolescence, réservé aux rêves de vastes greniers et aux chambres des domestiques. Il avait poussé la première porte, fou de rage, et ses yeux s’étaient posés sur le dos nu, le corps gracile de Calmette Revay, aide-cuisinière nouvellement embauchée.
Chez Hughes-Marie de la Herronière la colère avait la violence et la soudaineté de l’éclair qui le foudroierait quarante ans plus tard, de la foudre qui laisse les arbres couchés à terre, pétrifiés dans un éclat d’argent. La sueur coulait sur son dos, tandis qu’il recouvrait de son corps la jeune servante et la prenait, sur son lit étroit, pour la première fois.
La fureur disparue, avec ce manque de remords si habituel chez les hommes, il retourna à sa vie, deux étages plus bas, à son épouse qui se préparait à donner des ordres en cuisine et n’avait pas encore remarqué l’absence de la domestique.
Constance de la Herronière remontait des dépendances et, entrant dans ses appartements, vit au premier coup d’œil une légère altération dans la mise toujours impeccable de son mari. Elle garda sa réflexion pour elle, non par crainte d’une nouvelle altercation, mais parce qu’elle possédait ce sens de la mesure des femmes droites, raisonnables, capables de trouver la meilleure des solutions dans l’offre inextricablement complexe de la vie.
Il

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