Deux ans de vacances
345 pages
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Deux ans de vacances , livre ebook

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Description

Quinze garçons, âgés de 8 à 14 ans, tous pensionnaires d'un collège de Nouvelle-Zélande, se retrouvent sur une île déserte du Pacifique, après le naufrage du navire qui les transportait, en compagnie du mousse, seul survivant de l'équipage. Leur vie s'organise et s'améliore, mais des rivalités se font de plus en plus sentir dans la communauté des quinze rescapés. Une scission est sur le point d'avoir lieu, lorsque des bandits abordent le rivage, obligeant les enfants à utiliser toute leur force de cohésion pour les affronter...

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 744
EAN13 9782820610140
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DEUX ANS DE VACANCES
Jules Verne
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-1014-0
Chapitre X –Récit de l’exploration. – On se décide à quitter le Sloughi. – Déchargement et démolition du yacht. – Une bourrasque qui l’achève. – Campés sous la tente. – Construction d’un radeau. – Chargement et embarquement. – Deux nuits sur le rio. – Arrivée à French-den.
On se figure aisément quel accueil fut fait à Briant et à ses trois compagnons. Gordon, Cross, Baxter, Garnett et Webb leur ouvrirent les bras, tandis que les petits leur sautaient au cou. Ce fut un échange de cris de joie et de bonnes poignées de main. Phann prit sa part de cette cordiale réception en mêlant ses aboiements aux hurrahs des enfants. Oui ! cette absence avait paru longue ! « Se sont-ils donc égarés ?… Sont-ils tombés entre les mains des indigènes ?… Ont-ils été attaqués par quelques carnassiers !  Doilà ce que se demandaient ceux qui étaient restés au campement duSloughi. Mais Briant, oniphan, Wilcox et Service étaient de retour ; il n’y avait plus qu’à connaître les incidents de leur expédition. Néanmoins, comme ils étaient très fatigués par cette longue journée de marche, le récit fut remis au lendemain. « Nous sommes dans une île !  Ce fut tout ce que Briant se contenta de dire, et c’était suffisant pour que l’avenir apparût avec ses nombreuses et inquiétantes éventualités. Malgré cela, Gordon accueillit la nouvelle sans montrer trop de découragement. « Bon ! je m’y attendais, semblait-il dire, et cela ne me trouble pas autrement !  Le lendemain, dès l’aube – 5 avril – les grands, Gordon, Briant, oniphan, Baxter, Cross, Wilcox, Service, Webb, Garnett – et aussi Moko, qui était de bon conseil – se réunirent sur l’avant du yacht, tandis que les autres dormaient encore. Briant et oniphan prirent tour à tour la parole et mirent leurs camarades au courant de ce qui s’était passé. Ils dirent comment une chaussée de pierre, jetée en travers d’un ruisseau, les restes d’un ajoupa, enfoui sous un épais fourré, leur avaient donné à croire que le pays était ou avait été habité. Ils expliquèrent comment cette vaste étendue d’eau, qu’ils avaient d’abord prise pour une mer, n’était qu’un lac, comment de nouveaux indices les avaient conduits jusqu’à la caverne, près de l’endroit où le rio sortait du lac, comment les ossements
de François Baudoin, français d’origine, avaient été découverts, comment enfin la carte, dressée par le naufragé, indiquait que c’était une île sur laquelle était venu se perdre leSloughi. Ce récit fut fait minutieusement, sans que Briant ni oniphan omissent le moindre détail. Et tous, maintenant, regardant cette carte, comprenaient bien que le salut ne pouvait leur venir que du dehors ! Cependant, si l’avenir se présentait sous les plus sombres couleurs, si les jeunes naufragés n’avaient plus à mettre leur espoir qu’en ieu, celui qui s’effraya le moins – il convient d’insister sur ce point – ce fut Gordon. Le jeune Américain n’avait point de famille qui l’attendît en Nouvelle-Zélande. Aussi, avec son esprit pratique, méthodique, organisateur, la tâche de fonder pour ainsi dire une petite colonie n’avait-elle rien pour l’effrayer. Il voyait là une occasion d’exercer ses goûts naturels, et il n’hésita pas à remonter le moral de ses camarades en leur promettant une existence supportable, s’ils voulaient le seconder. Tout d’abord, puisque l’île présentait des dimensions assez considérables, il semblait impossible qu’elle ne fût point marquée sur la carte du Pacifique, dans le voisinage du continent sud-américain. Après examen minutieux, on reconnut que l’atlas de Stieler n’indiquait aucune île de quelque importance en dehors des archipels, dont l’ensemble comprend les terres fuégiennes ou magellaniques, celles de la ésolation, de la Reine Adélaïde, de Clarence, etc. Or, si l’île eût fait partie de ces archipels, qui ne sont séparés du continent que par d’étroits canaux, François Baudoin l’aurait certainement indiqué sur sa carte – ce qu’il n’avait pas fait. onc, c’était une île isolée et on devait en conclure qu’elle se trouvait plus au nord ou plus au sud de ces parages. Mais, sans les données suffisantes, sans les instruments nécessaires, il était impossible d’en relever la situation dans le Pacifique. Il n’y avait plus qu’à s’installer définitivement, avant que la mauvaise saison eût rendu tout déplacement impraticable. « Le mieux sera de faire notre demeure de cette caverne que nous avons découverte sur les bords du lac, dit Briant. Elle nous offrira un excellent abri. – Est-elle assez grande pour que nous puissions y loger tous ? demanda Baxter. – Non, évidemment, répondit oniphan ; mais je crois qu’on pourra l’agrandir, en creusant une seconde cavité dans le massif ! Nous avons des outils… – Prenons-la d’abord telle qu’elle est, répliqua Gordon, lors même que
nous y serions à l’étroit… – Et surtout, ajouta Briant, tâchons de nous y transporter dans le plus bref délai !  En effet, c’était urgent. Ainsi que le fit observer Gordon, le schooner devenait moins habitable de jour en jour. Les dernières pluies, suivies de chaleurs assez fortes, avaient beaucoup contribué à ouvrir les coutures de la coque et du pont. Les toiles déchirées laissaient pénétrer l’air et l’eau à l’intérieur. En outre, certains affouillements se creusaient sous les fonds, des infiltrations couraient à travers le sable de la grève, et la bande du yacht s’accentuait, en même temps qu’il s’enfonçait visiblement dans un sol devenu très meuble. Qu’une bourrasque, comme il s’en produit à la période de l’équinoxe qui durait encore, se déchaînât sur cette côte, et le Sloughid’être démembré en quelques heures. ès lors il risquait s’agissait non seulement de l’abandonner sans retard, mais aussi de le démolir méthodiquement, de manière à en retirer tout ce qui pourrait être utile, poutres, planches, fer, cuivre, en vue de l’aménagement de French-den (Grotte française) – nom qui fut donné à la caverne en souvenir du naufragé français. « Et, en attendant que nous ayons pu nous y réfugier, demanda oniphan, où demeurerons-nous ? – Sous une tente, répondit Gordon, – une tente que nous dresserons sur la rive du rio, entre les arbres. – C’est le meilleur parti à prendre, dit Briant, et sans perdre une heure !  En effet, la démolition du yacht, le déchargement du matériel et des provisions, la construction d’un radeau pour le transport de cette cargaison, cela demanderait au moins un mois de travail, et, avant de q u it t erSloughi-bay, on serait aux premiers jours de mai, qui correspondent aux premiers jours de novembre dans l’hémisphère boréal, c’est-à-dire au début de l’hiver. C’était avec raison que Gordon avait choisi la rive du rio pour établir le nouveau campement, puisque le transport devait s’effectuer par eau. Aucune autre voie n’eût été ni plus directe ni plus commode. Charrier à travers la forêt ou sur la berge du rio tout ce qui resterait du yacht après démolition, c’eût été une besogne presque irréalisable. Au contraire, en utilisant, pendant plusieurs marées, le flux qui se faisait sentir jusqu’au lac, un radeau arriverait à destination sans trop de peine. On le sait, dans son cours supérieur – Briant l’avait constaté – le rio n’offrait aucun obstacle, ni chutes, ni rapides, ni barrages. Une nouvelle
exploration, qui eut pour objet d’en reconnaître le cours inférieur depuis la fondrière jusqu’à son embouchure, fut faite avec la yole. Briant et Moko purent s’assurer que ce cours était également navigable. Ainsi il y avait là une voie de communication toute indiquée entreSloughi-bay et French-den. Les jours suivants furent employés à disposer le campement au bord du rio. Les basses branches de deux hêtres, reliées par de longs espars aux branches d’un troisième, servirent de soutien à la grande voile de rechange du yacht, dont on fit retomber les côtés jusqu’à terre. Ce fut sous l’abri de cette tente, solidement fixée par des amarrages, que l’on transporta la literie, les ustensiles de première nécessité, les armes, les munitions, les ballots de provisions. Comme le radeau devait être construit avec les débris du yacht, il fallait attendre que sa démolition fût achevée. On n’eut point à se plaindre du temps, qui se maintenait au sec. S’il y eut parfois du vent, il venait de terre, et le travail put se faire dans de bonnes conditions. Ders le 15 avril, il ne restait plus rien à bord du schooner, si ce n’est les objets trop pesants, qui ne pourraient être retirés qu’après le dépeçage – entre autres, les gueuses de plomb servant de lest, les pièces à eau engagées dans la cale, le guindeau, la cuisine, trop lourds pour être enlevés sans un appareil. Quant au gréement, mât de misaine, vergues, haubans et galhaubans de fer, chaînes, ancres, cordages, amarres, cordelles, fils de caret et autres, dont il existait un approvisionnement considérable, tout avait été peu à peu transporté dans le voisinage de la tente. Il va sans dire que, si pressé que fût ce travail, on ne négligeait point de subvenir aux besoins de chaque jour. oniphan, Webb et Wilcox consacraient quelques heures à la chasse aux pigeons de roche et aux autres volatiles venant du marécage. Les petits, eux, s’occupaient de récolter des mollusques, dès que la marée laissait le banc de récifs à découvert. C’était plaisir de voir Jenkins, Iverson, ole et Costar grouiller comme une nichée de poussins à travers les flaques d’eau. Par exemple, ils se mouillaient un peu plus que les jambes – ce qui les faisait gronder par le sévère Gordon, tandis que Briant les excusait de son mieux. Jacques travaillait aussi avec ses jeunes camarades, mais sans jamais se mêler à leurs éclats de rire. Ainsi le travail marchait à souhait, et avec une méthode où l’on sentait l’intervention de Gordon, dont le sens pratique n’était jamais en défaut. Évidemment, ce que oniphan admettait de lui, il ne l’eût point admis de
Briant ni d’aucun autre. En somme, l’accord régnait dans tout ce petit monde. Cependant il importait de se hâter. La seconde quinzaine d’avril fut moins belle. La moyenne de la température s’abaissa sensiblement. Plusieurs fois, de grand matin, la colonne thermométrique tomba à zéro. L’hiver s’annonçait, et avec lui allait apparaître son cortège de grêle, de neige, de rafales, si redoutable dans les hauts parages du Pacifique. Par précaution, petits et grands durent se vêtir plus chaudement et prendre les tricots épais, les pantalons de grosse étoffe, les vareuses de laine, préparés en prévision d’un hiver rigoureux. Il n’y eut qu’à consulter le carnet de Gordon pour savoir où trouver ces vêtements, classés par qualité et par taille. C’était des plus jeunes que se préoccupait surtout Briant. Il prenait garde à ce qu’ils n’eussent point les pieds froids, à ce qu’ils ne s’exposassent point à l’air vif, lorsqu’ils étaient en nage. Au moindre rhume, il les consignait ou même les contraignait à se coucher près d’un bon brasier qui était entretenu nuit et jour. À plusieurs reprises, ole et Costar durent être retenus à la tente, sinon à la chambre, et Moko ne leur épargna pas la tisane, dont les ingrédients étaient fournis par la pharmacie du bord. epuis que le yacht avait été vidé de son entier contenu, on s’était attaqué à sa coque, qui, d’ailleurs, craquait de toutes parts. Les feuilles du doublage de cuivre furent enlevées avec soin, pour servir à l’aménagement de French-den. Les tenailles, les pinces et le marteau firent ensuite leur office afin de détacher le bordage que les clous et les gournables retenaient à la membrure. Il y eut là un gros travail, qui donna bien du mal à ces mains inexpérimentées, à ces bras peu vigoureux encore. Aussi le dépeçage marchait-il lentement, quand, le 25 avril, une bourrasque vint en aide aux travailleurs. Pendant la nuit, bien que l’on fût déjà dans la saison froide, il s’éleva un orage très violent, qui avait été annoncé par le trouble du storm-glass. Les éclairs embrasèrent largement l’espace ; les roulements de la foudre ne discontinuèrent pas de minuit jusqu’au lever du jour – à la grande épouvante des petits. Il ne plut pas, fort heureusement ; mais, à deux ou trois reprises, il fut nécessaire de maintenir la tente contre la furie du vent. Si elle résista, grâce aux arbres entre lesquels elle était amarrée, il n’en fut pas ainsi du yacht, directement exposé aux coups du large, et que vinrent battre d’énormes lames déferlantes. La démolition fut complète. Le bordage arraché, la membrure disloquée, la quille rompue par quelques violents coups de talon, se
trouvèrent bientôt réduits à l’état d’épaves. Il n’y eut pas lieu de s’en plaindre, car les lames, en se retirant, n’entraînèrent qu’une partie de ces épaves, qui, pour la plupart, furent retenues par les têtes de récifs. Quant aux ferrures, il ne serait pas difficile de les retrouver sous les plis du sable. Ce fut la besogne à laquelle tout le monde s’appliqua pendant les jours suivants. Les poutres, les planches, les gueuses de la cale, les objets qui n’avaient pu être enlevés, gisaient çà et là. Il ne s’agissait plus que de les transporter sur la rive droite du rio, à quelques pas de la tente. Gros ouvrage, en vérité, mais qui, avec du temps, non sans grande fatigue, fut conduit à bonne fin. C’était curieux de les voir tous, attelés à quelque pesante pièce de bois, halant avec ensemble et s’excitant par mille cris. On s’aidait au moyen d’espars qui faisaient office de leviers, ou de morceaux de bois ronds qui facilitaient le roulement des lourdes pièces. Le plus dur, ce fut de conduire à destination le guindeau, le fourneau de cuisine, les caisses à eau en tôle dont le poids était assez considérable. Pourquoi leur manquait-il, à ces enfants, quelque homme pratique qui les eût guidés ! Si Briant avait eu près de lui son père, Garnett le sien, l’ingénieur et le capitaine auraient su leur épargner bien des fautes qu’ils commirent et qu’ils devaient commettre encore. Toutefois, Baxter, d’une intelligence très ouverte aux choses de la mécanique, déploya beaucoup d’adresse et de zèle. C’est par ses soins, avec les conseils de Moko, que des palans furent fixés à des pieux enfoncés dans le sable – ce qui décupla les forces de cette équipe de jeunes garçons et les mit à même d’achever leur besogne. Bref, le 28 au soir, tout ce qui restait duSloughiavait été conduit au lieu d’embarquement. Et, dès lors, le plus difficile était fait, puisque ce serait le rio lui-même qui se chargerait de transporter ce matériel à French-den. « ès demain, dit Gordon, nous nous mettrons à la construction de notre radeau… – Oui, dit Baxter, et pour ne point avoir la peine de le lancer, je propose de le construire à la surface du rio… – Ce ne sera pas commode ! fit observer oniphan. – N’importe, essayons ! répondit Gordon. S’il nous donne plus de mal à établir, du moins n’aurons-nous pas à nous inquiéter de le mettre à l’eau.  Cette façon de procéder était, en effet, préférable, et voici comment dès le lendemain, on disposa les fondements de ce radeau, qui devait avoir
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