La Préférée
195 pages
Français

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Description

Mais pourquoi Ariane a-t-elle accepté d’accompagner son odieux mari à un séminaire aux Caraïbes ? Non contente d’être une potiche lors des réunions commerciales, elle doit s’exhiber en maillot sur les plages, elle, si complexée, si angoissée ! Les villages vacances, les touristes à la plastique de rêve et aux portefeuilles bien garnis, tout ce qu’elle déteste ! Ariane en profite alors pour s’adonner à l’écriture d’un carnet intime où les souvenirs d’une enfance douloureuse vont enfin s’exprimer et, contre toute attente, ce décor de carte postale deviendra celui de sa plus belle rencontre…


Catherine Neykov est née à Paris. Elle a travaillé pendant trente ans dans différents domaines (finance, gestion, informatique, industrie pharmaceutique). Femme de convictions, elle consacre aujourd’hui son temps à l’écriture et à des associations humanitaires. De sa plume efficace et précise, elle nous dépeint ses personnages avec un réalisme saisissant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 1 932
EAN13 9782812913662
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait
Première partie

1


En ces temps de disgrâce, je vivais comme un papillon qui n’aurait pas cru à la réalité de sa métamorphose, un attardé qui continuerait à se prendre pour une chenille : des ailes veloutées de princesse et un mental de ver de terre. L’annonce de l’accident m’a trouvée désarmée.
C’était par un matin brumeux de janvier, au bureau. Je me taisais, en marge d’un petit groupe assemblé près de la machine à café. Sarfati racontait qu’il avait surpris Bruno Wacker en train d’embrasser Nathalie Weiss derrière le cagibi des services généraux. Le ragot faisait sensation.
– Ça le change de sa femme qui est blonde, a dit Dutreil.
– Et enceinte, a ricané Claudia, quand est-ce qu’elle accouche déjà, dans trois semaines ?
Julie riait sans retenue. Je les admirais d’être si libres dans leurs propos, quand une secrétaire a fait irruption : le standard, affirmait-elle, « me cherchait partout ». L’appel venait de ma mère, je l’ai pris dans le bureau de Claudia.
– Ça fait dix minutes qu’on me repasse d’un poste à l’autre. Qu’est-ce que vous foutez là-dedans ?… Ton père a eu un accident. Il est à Saint-Georges entre la vie et la mort.
Je me suis laissée tomber dans le fauteuil ergonomique, entre la plante verte, les photos d’enfant et les dossiers confidentiels du patron.
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Il a été renversé par une voiture, le chauffard a pris la fuite.
– Et qu’est-ce qu’il a ?
– Coma, traumatisme crânien, fractures multiples. Il est sur le billard depuis deux heures.
– J’arrive !
Elle a raccroché et j’ai fondu en larmes. Papa ! J’ai fait un détour pour regagner mon bureau sans rencontrer personne.

* * *

Au moment de l’accident, mon père avait soixante-quinze ans et l’énergie d’un jeune homme. La retraite avait ouvert de nouveaux horizons à son goût d’entreprendre et à son incorrigible besoin de séduire. Avec des amis issus, comme lui, du négoce international, il avait fondé « Convictions nouvelles » : un club de réflexion sur la mondialisation, les OGM et l’équilibre alimentaire mondial. Il avait renouvelé sa garde-robe, promu Inès, sa secrétaire, chef de cabinet et lancé un blog sur Internet. Depuis, il s’affichait sur les réseaux sociaux et multipliait les conférences, aussi à l’aise dans les arrière-salles des cafés philo que dans les bars feutrés d’hôtels quatre étoiles. Deux semaines plus tôt, il s’était porté candidat aux élections européennes.
Tout en conduisant sous la pluie, à travers les banlieues grises, je pensais à notre dernière rencontre, le dimanche précédent, dans un restaurant du bois de Boulogne. Papa mangeait ses huîtres avec application et gourmandise en évoquant sa candidature : une tête de liste en Île-de-France, avec une infime chance d’être élu « en cas de recomposition entre les deux tours ». On réclamait des détails et il se faisait prier, arborant coquettement, au-dessus d’un nœud papillon, un sourire de bouddha impassible et mystérieux. Mes fils écoutaient bouche bée. L’ancêtre avait lâché quelques informations, puis il avait détourné la conversation sur le rugby, soupesant mentalement les calories et le cholestérol de sa tarte aux framboises, avant de l’expédier à petites bouchées décidées. Il nous a quittés vite, avec l’intention de faire un golf avant que la nuit tombe. Je ne me souvenais même pas de l’avoir embrassé.
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