La Rose dormeuse
196 pages
Français

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Description

Louisa, douze ans, est élevée par sa tante avec qui elle vit chichement. Le destin lui fait rencontrer Madeleine, une jeune femme passionnée par la mode qui tient une boutique en ville : en lui offrant une place comme apprenti, Madeleine ouvre à Louisa les portes du luxe et de la bourgeoisie locale. Mais en approchant ce nouveau monde, elle va découvrir la vérité sur ses origines…

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 41
EAN13 9782812933721
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0026€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catherine Wolff



La Rose dormeuse















Née en 1961 en Alsace, Catherine Wolff est romancière et nouvelliste pour un magazine parisien. Curieuse de tout, elle écrit depuis l’adolescence et se passionne pour les histoires d’autrefois, les légendes et les coutumes de sa région.





Du même auteur

Aux éditions De Borée


Les Logis rouges


Autres éditeurs


L’Inconnu de la forteresse
Le Siècle maudit
Le Ventre des sillons
Petites Histoires de nos campagnes









En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© De Borée , 2017
© Centre France Livres SAS, 2016
45, rue du Clos-Four - 63056 Clermont-Ferrand cedex 2







Avant-propos




Il y a toutes sortes d’histoires… des histoires d’hier, et des histoires d’aujourd’hui…
Il y a des histoires qui témoignent, des histoires qui accusent, des histoires qui rassurent, et celles qui révoltent, des histoires qui amusent, des histoires qui cultivent, des histoires qui conseillent, et celles qui attisent, qui retiennent, qui font fuir, des histoires qui mentent et des histoires qui disent vrai.
Il y a des histoires terribles ou tendres, des histoires à vous faire dresser les cheveux sur la tête, des histoires sombres, épicées, tristes, passionnantes, des histoires glacées, des histoires ratées, des histoires secrètes, farfelues, bêtes, honteuses, des histoires privées, banales, drôles, des histoires pudiques, des histoires de jeunesse, des histoires que l’on adore ou que l’on craint, des histoires cachées, que l’on tait, des histoires qui font frémir, des histoires amères, puissantes, plus douces, des histoires de vent et des histoires d’océans, des histoires de nulle part, et des histoires d’ailleurs.
La mienne ? Une histoire trépidante et secrète, arrosée d’aventure, de passion et de trahison, dans le Strasbourg populaire de 1840… sous le règne de Louis-Philippe, avec en point d’orgue, le quartier de La Petite France…








Livre premier. Les fantômes du passé







I. La rencontre




Juillet 1840.

Tout à coup, pareille à une symphonie joyeuse, les cloches de l’église Saint-Pierre-le-Vieux 1 retentirent. Il était six heures. Strasbourg s’éveillait. Il montait de la ville un exquis remue-ménage, une sorte de bouillonnement tranquille, et familier. La vie reprenait son cours. Des ménagères pressées claquaient gaillardement leurs sabots sur les pavés polis. Des maraîchers tiraient à bout de bras des charrettes remplies des produits de leur récolte, talonnés de près par quelques cabots errants à la recherche d’une pitance bienveillante.
L’air était moite et chaud. Une brume céleste se formait, enveloppant la flèche de la cathédrale et le faîtage saillant des maisons à colombages blotties alentour.
Une enfant, l’allure joyeuse et le pas alerte, courait bruyamment dans le doux remous matinal. Au bout de la rue des Dentelles, elle tourna à droite et s’engouffra dans une traboule en légère pente débouchant dans la Grand’ Rue, vingt mètres plus haut.
– Bonjour, madame Séraphine ! décocha-t-elle à l’attention d’une femme à l’embonpoint impressionnant, balayant allègrement le perron de sa boulangerie.
– Bonjour Louisa. Tu es bien matinale, dis donc, répondit la boulangère en arborant un large sourire.
– Je vais à l’épicerie…
– Une tranche de pain frais pour la jolie demoiselle ?
– Non. Merci. Tante Léonie m’attend.
– Tu la salueras de ma part.
Léonie Werner avait envoyé sa nièce, Louisa, à l’épicerie-crèmerie, quai Saint-Jean, pour y acheter du beurre frais et des œufs. C’était dimanche, et comme tous les dimanches, Hortense Moulin, venait déjeuner. Hortense était la propriétaire du petit immeuble où habitait Léonie. Ces dimanches-là, Léonie sortait la vaisselle des jours de fête, les serviettes blanches et les verres en cristal. Il y avait du pain frais et du vin. Elle cuisinait de la viande. Dès l’aube, elle s’affairait à la préparation d’une pâte à base de farine, d’eau, d’œufs et de sel. Après l’avoir bien travaillée, elle l’étalait sur la grande table du salon à l’aide d’un rouleau en bois – pour la faire sécher. Une fois la pâte prête, elle la divisait en lamelles, lamelles qu’elle jetait dans une eau bouillante et salée, quinze minutes avant de passer à table. Après le repas, il y avait du café et un énorme gâteau.
Sans oublier la bouteille de liqueur de framboise ! Après cet élixir, une sieste, puis la promenade dominicale. Les jours de pluie, Hortense lisait une histoire tirée de l’édition populaire Le Courrier du Bas-Rhin où les textes de certains romans d’Erckmann-Chatrian paraissaient en feuillets séparés.
Louise-Anna Werner avait treize ans, un visage rond, une peau laiteuse et deux grands yeux verts. Elle vivait avec sa tante dans le pittoresque quartier de La Petite France, au 2, rue des Dentelles, au premier étage d’une antique demeure à colombages pourvue d’un grenier béant, d’un toit pointu dissimulé par la mousse, et d’une cheminée gonflée comme une vieille pipe.
Coiffée d’un bonnet de coton piqué d’une dentelle d’où fuyait une longue chevelure couleur marron, et vêtue d’une robe de calicot bleu serrée à la taille par un ruban de satin rose, elle ressemblait à une de ces poupées de porcelaine disposées avec soin dans la devanture du magasin de jouets de madame Charles. Une besace élimée pendouillait à son épaule, et dans une de ses menottes elle serrait un cruchon : le cruchon de mémé Rosalie.
Elle marchait à grandes enjambées, le menton levé, indifférente à tout ce qui se passait autour d’elle. De temps en temps, agacée, elle dégageait son visage de cette mèche rebelle qui s’acharnait à lui barrer la vue au moindre souffle du vent. Elle atteignit l’église Saint-Pierre-le-Vieux, au moment même où les cloches se mettaient à sonner. Elle stoppa net sa course, leva la tête, et fixa le beffroi avec des yeux d’enfant émerveillé, presque effrayée par l’intensité des volées qui fusaient du clocher. Lorsque les sonnailles diminuèrent, elle se remit en route en sautillant. Elle allait entamer la traversée de la place Saint-Pierre-le-Vieux, quand subitement, surgissant sur sa droite, un attelage bai faillit la renverser.
Prise de frayeur, elle fit un bond en arrière et lâcha le cruchon qui se fracassa au sol.
– Eh ! Attention, fillette ! gueula le cocher en tirant sur les rênes pour ralentir la cadence.
Dans la voiture, une femme coiffée d’un large chapeau à plumes et un homme fort élégant étaient tous deux vautrés dans le fond de la banquette garnie de velours rouge. L’élégante dame, visiblement bouleversée par ce qui venait de se passer, se pencha vers son voisin et lui susurra quelques mots à l’oreille. Aussitôt, l’homme ordonna au cocher de stopper la voiture. Une fois la voiture immobilisée, l’élégante dame, aidée par le valet de pied, descendit du coupé et se précipita vers l’enfant.
– Rien de cassé, petite ?
Et, se tournant vers l’homme qui l’accompagnait.
– Oh ! Charles… On dirait…
Louisa, tétanisée fixait les débris épars. « Qu’allait dire sa tante ? » Elle se souvint de ce matin de juin, où sa tante lui avait dit d’un ton solennel alors qu’elle versait le lait crémeux sur les grosses fraises rouges blotties au fond d’un bol :
« Regarde bien ce cruchon, ma Louisa. Il est tout ce qui me reste de ma mère. Elle-même le tenait de sa mère. Un jour il te reviendra… Il est le porte-bonheur des femmes de notre famille… Je crois bien qu’il a des pouvoirs ! Si je devais m’en séparer… Je verserai autant de larmes que de gouttes de pluie tombent aujourd’hui ! »
Sa tante était bonne, et généreuse. Néanmoins, sous cette bienveillance angélique, Louisa lui trouvait certaines fois des airs diaboliques.
Confuse, Louisa s’agenouilla. Avec délicatesse, elle se mit à ramasser une à une les reliques du cruchon sous les yeux étonnés de l’élégante dame et de quelques passants. Lorsqu’elle eut déposé le tout au fond de sa besace, elle tourna son minois baigné de larmes vers la dame.
– Ne pleure pas, fillette, dit la voix claire de l’élégante dame. Ce n’est qu’un pot !
– Non. C’est le cruchon de mémé Rosalie.
M

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