Les Diables de la sablière
178 pages
Français

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Les Diables de la sablière , livre ebook

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Description

Veuve de la Grande Guerre, Mathilde vivote grâce à sa petite exploitation. Elle possède également une sablière qui intéresse fortement la verrerie voisine. Sur les conseils d’Angelo, le fils de ses métayers qui ne la laisse pas indifférente, elle développe ce commerce et commence à s’enrichir. C’est à ce moment que réapparaît Raymond, son amour de jeunesse, et que disparaît Angelo : la vie de Mathilde se retrouve profondément bouleversée, partagée entre la passion et les soupçons qui la rongent…

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 35
EAN13 9782812933639
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Alain Paraillous



Les Diables de la Sablière
















Profondément attaché à la ruralité et à ses valeurs, Alain Paraillous a exprimé cette fidélité dans deux livres de souvenirs, Le Chemin des Cablacères et Les Collines de la Canteloube , puis dans un roman, Les Peupliers du désert . Son savoureux Dictionnaire drolatique du parler gascon est un succès de librairie. Mais c’est surtout son scénario pour le film L’Occitanienne, le Dernier Amour de Chateaubriand qui l’a fait connaître d’un très large public en 2008. Il a reçu en 2015 le prix ARDUA pour l’ensemble de son œuvre.





Du même auteur

Aux éditions De Borée


Demain viendra l’aurore, Terre de poche
Le Bois des serments, Terre de poche
Les Fleurs de pierre
Les Peupliers du désert, Terre de poche


Autres éditeurs


C’est pas d’ma fôte ! Dictionnaire drolatique des fautes d’orthographe et de grammaire les plus courantes
Cosette, album jeunesse
Dictionnaire drolatique du parler gascon
Fadette, album jeunesse
Gavroche, album jeunesse
L’École autrefois
L’Encre et la Sève, Grand Prix de la ville de Toulouse 2010
L’Histoire de France racontée aux enfants… et à leurs parents
La Terre blessée
La Vie religieuse des campagnes d’autrefois
Le bonheur n’est plus dans la classe
Le Chemin des Cablacères
Les Collines de la Canteloube
Les Ombres du canal
Ma Gascogne gourmande
Olivier, album jeunesse
Prends la lune, Baya !
Rémi, album jeunesse
Robinson, album jeunesse
Trousse-Peilhot









En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© De Borée, 2017
© Centre France Livres SAS, 2016
45, rue du Clos-Four - 63056 Clermont-Ferrand cedex 2







I




– À toi maintenant, Mathilde ! N’aie pas peur ! Montre que les filles sont aussi courageuses que les garçons !
– Non, Raymond ! Non ! La pente est trop raide ! Je ne pourrai pas !
– Vas-y, je te dis ! J’y suis bien arrivé, moi ! Décide-toi, mauviette !
Jupe relevée, bras en avant, la fillette s’accroupit et finit par s’élancer sur le toboggan de sable. Une cascade de granules à la fois douce et râpeuse lui frotte la peau nue. Quelques secondes d’ivresse et de peur qui s’achèvent par un roulé-boulé spectaculaire au bas de la descente.
Les deux enfants s’exclament, exultent, s’embrassent. De sonores éclats de rire fusent.
– Bravo, Mathilde ! Tu as réussi ! On recommence ?
– D’accord !
– Tous les deux, cette fois ! On y va ? On grimpe ?

* * *

Mathilde contemple avec des yeux attendris la sablière déserte. Elle revoit ces scènes enfantines, qui remontent à plus de vingt ans, quand elle venait jouer ici avec son voisin Raymond Balard. C’était leur plage, tout près de chez eux, avec des glissades à n’en plus finir. Ni pour Raymond, fils de métayers, ni pour Mathilde, fille de tout petits propriétaires, il n’était question d’aller sur la côte durant l’été. Même si la grande forêt, qui débute ici, s’étend sans discontinuer jusqu’à l’Atlantique, les premiers rivages sont à plus de cent kilomètres de ce coin de Gascogne. Mais, après avoir regardé ensemble les cartes postales d’Arcachon envoyées chaque année par la tante Cousseran, tous deux pouvaient s’imaginer au bord de la mer, sur la dune du Pilat. Surtout avec les pins qui entourent la sablière et le souffle du vent dans leurs dômes, tellement semblable à celui de l’océan. Sauf que de l’eau, il n’y avait, de l’autre côté de la route, que celle du ruisseau de Bénac, abondant certes, mais étroit et glacé, courant parmi les vergnes et les menthes sauvages. C’était lui qui, patiemment, pendant des milliers de millénaires, avait creusé la vallée.
La tante Cousseran habitait Monluc, une commune voisine. Elle était apparentée à la fois aux Soubte, les parents de Mathilde, et, de façon plus proche, à sa belle-famille, les Gayraud. La vieille dame était veuve d’un vétérinaire, décédé à la cinquantaine, des suites d’un coup de pied de cheval. Elle avait hérité par son époux d’une coquette fortune et lui avait survécu pendant près de trente ans, avant de mourir de sa belle mort au printemps 1914, quelques semaines avant le déclenchement du cataclysme.
– Je m’en souviens comme si c’était hier, songe Mathilde. Je me suis mariée avec Éloi le 27 avril et elle s’est éteinte le 27 mars, tout juste un mois avant la noce.
La tante Cousseran avait légué sa maison et la majeure part de sa fortune à des fondations pieuses, laissant néanmoins à son petit-neveu Éloi Gayraud plusieurs hectares de pins, un joli sac d’une cinquantaine de louis d’or, et surtout d’élégants meubles de style : entre autres, un salon Empire, deux secrétaires Louis-Philippe, une commode Napoléon III à dessus de marbre… Tout cet élégant mobilier conférait à l’intérieur de la ferme un aspect cossu, presque bourgeois. L’héritage comprenait aussi un magnifique piano Érard. Ainsi qu’une bibliothèque de livres anciens reliés. Bien que personne, depuis, n’ait jamais ouvert l’instrument ni les vieux volumes aux auteurs sombrés dans l’oubli, ces signes de richesse contribuaient à faire des Gayraud une famille connue et enviée dans le canton.

* * *

La tombée du soir, en cette fin d’été maussade, amena un vent frais à travers la pinède. Mathilde frissonna et revint à la réalité présente. Le soleil couchant lança un rayon rougeâtre sur un gros trou dans le sable, creusé depuis peu. Un entonnoir où l’on aurait pu enterrer un cheval.
– Encore une charretée qui a été enlevée sans payer ! Les gens n’ont vraiment aucun scrupule.
Son regard parcourut de nouveau la falaise molle de la sablière. En vain, elle chercha, auprès du vieux chêne, la crevasse dans le roc qui la terrifiait autrefois. Ce boyau vertical descendait vers une caverne souterraine, laquelle se prolongeait, disait-on, jusqu’au-delà de la colline. Il se racontait que des anciens s’y étaient aventurés autrefois et en étaient sortis, près de Damazan, dans la vallée de l’Avizon, où effectivement une carrière de pierre avait mis au jour une cavité rocheuse. Nul, depuis, ne s’était hasardé à vérifier si ces dires étaient exacts. Ce qui est sûr, c’est qu’ici le sol est comme vermoulu d’un labyrinthe de galeries qu’avaient recouvertes, en des temps très lointains, les dunes éoliennes. Fascinés par ce mystérieux conduit, les deux enfants l’avaient nommé la « cheminée du Diable ».
En réalité, c’était Mathilde qui avait trouvé ce nom. Ses arrière-grands-parents étaient originaires du Berry. Un hameau proche de La Châtre. Humbles journaliers, ils avaient émigré vers le sud dans les années 1850, avec leur fillette nommée Fanchon. Plus tard, devenue adulte, puis grand-mère, celle-ci demeura marquée par ses racines berrichonnes, l’esprit imprégné des sorcelleries de ce pays d’étangs et de brumes. Lorsque Mathilde était toute petite, celle qui était devenue « la mémé Fanchon » l’avait bercée de récits empreints de sortilèges et d’envoûtements. Aussi, ce nom de « cheminée du Diable » lui était-il venu à l’esprit, ce qui l’effrayait encore davantage.
Raymond, lui, ne redoutait pas cette « cheminée », au contraire. Muni d’une chandelle, il s’engouffrait à l’intérieur de ce conduit, accroché à une corde, jusqu’à son élargissement assez spacieux, une dizaine de mètres plus bas.
– Viens, Mathilde ! Descends avec moi !
Trop apeurée, elle refusait de suivre son camarade dans cette descente aux enfers.
En revanche, elle n’avait pas hésité lorsqu’il l’avait emmenée à la palombière 1 de la Canteloube.
– C’est une cabane formidable, tu verras !
Une c

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