Les quatre journées d Amerigo Vespucci
179 pages
Français

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Les quatre journées d'Amerigo Vespucci , livre ebook

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Description


À l'occasion des cinq cents ans de sa mort, la vie splendide et romancée d'Amerigo Vespucci : navigateur, aventurier, cartographe, négociant et explorateur, qui donna son prénom à l'Amérique.






À l'instar de Colomb, il traversa plusieurs fois l'Atlantique pour découvrir d'autres passages vers les Indes et cartographier les nouveaux rivages. Étrange destin que celui de ce marin florentin dont la renommée dépassa celle des plus grands navigateurs de son temps, et qui aujourd'hui semble tombé dans l'oubli...
En s'appuyant sur les rares écrits d'Amerigo, Olivier Ikor nous livre le roman de sa vie : vers 1510, à Séville, Amerigo, vieillissant, commence la rédaction de ses Mémoires. Il évoque sa jeunesse insouciante à Florence, son amour passionné et partagé pour Simonetta, la " Sans pareille ", muse de son ami le peintre Botticelli. Amours dangereuses... Amerigo doit fuir la ville. Le voilà dans l'ambassade florentine auprès de Louis XI obligé de faire l'espion. Il retourne à Florence, revoit Simonetta qui tombe enceinte. L'enfant naît, mais la mère est empoisonnée par le frère de Laurent le Magnifique. Contraint de fuir à nouveau, après de nombreuses aventures, Amerigo se retrouve à Séville.
Ami de Colomb, de Pinzón, de Pacheco, de Dias et de tous les fabuleux navigateurs qui révélèrent le monde, Amerigo va lever les voiles et découvrir... l'Amérique. Engagé successivement par les rois d'Espagne, puis par le roi du Portugal, pour cartographier les nouvelles terres et délimiter les territoires espagnols et portugais, Amerigo, lui, n'a qu'un seul but : trouver un nouveau cap de Bonne-Espérance et œuvrer pour la science. Il raconte ses quatre voyages, la souffrance des marins, humbles proscrits, la morgue des capitaines et leur incompétence, la rencontre avec des indigènes hostiles - parmi lesquels la tribu des cannibales - , les voluptés des sauvagesses, l'or qui rend fou, les savants qui dessinent le monde, le rêve d'un passage vers l'Inde aux épices et surtout l'idée que la Terre est immense, pleine de promesses, que les hommes qui la peuplent sont aussi semblables que divers. Amerigo est un humaniste. Mais il lui faut affronter les blêmes inquisiteurs et les barbus de tout poil. Aux victimes de l'intolérance, juifs ou proscrits, il offre un nouveau monde, une terre promise, où ils pourront enfin trouver la paix, la terre du bois brésil.






Amerigo Vespucci



Amerigo Vespucci (1454-1512), personnage méconnu et injustement condamné au tribunal de l'Histoire, a pourtant donné, sinon son nom, du moins son prénom, au Nouveau Monde atteint en premier par Christophe Colomb : l'Amérique. Cadet d'une famille de négociants toscans de la Renaissance, après une jeunesse dans la Florence de Laurent le Magnifique, de Botticelli et de Ficin, il fait partie d'une mission diplomatique à la cour de Louis XI de France. De retour à Florence, Vespucci devient représentant de l'une des banques Médicis à Séville. Il y arrive en 1492, année de la prise de Grenade, dernier royaume musulman dans la péninsule Ibérique, de l'expulsion des juifs d'Espagne et du départ de Christophe Colomb, dont Vespucci deviendra l'un des armateurs. Avec la chute des Médicis à Florence et la dictature théocratique de Savonarole, la succursale sévillane doit fermer. Ruiné, Amerigo met au service des rois d'Espagne ses talents de géographe. Il fait ainsi quatre voyages d'exploration, découvre la Floride, le golfe du Mexique, le Venezuela, la Guyane, reconnaît toute la côte brésilienne et atteint la Patagonie. Ses deux derniers voyages se font à bord de caravelles portugaises. Il doit en effet déterminer par où passe la longitude de Tordesillas, ligne frontière entre les possessions des deux puissances maritimes rivales. Il tire la conclusion de ces voyages que ces terres découvertes sont un nouveau continent, et non les Indes et le Cathay, comme le croit toujours Colomb. De retour à Séville, il est nommé "pilote major" de la Casa de Contratación, qui est tout à la fois le Houston et le Bercy des navigations espagnoles. Il y organise les expéditions et collecte cartes et documents des conquistadors. Sa réputation de découvreur du Nouveau Monde parvient, de son vivant, jusque dans les Vosges, à Saint-Dié, où le cartographe Waldseemüller donne à ce quatrième continent le prénom latinisé et féminisé de Vespucci : America. Vespucci a raconté brièvement ses voyages à ses amis de Florence dans des lettres montrant un esprit d'une étonnante modernité, typique de la Renaissance italienne : érudition, ironie, légèreté et profondeur, rationalisme, ce que ne lui pardonnera pas la littérature romantique, préférant les obscurs et mystiques tourments de Christophe Colomb. On lui contestera même la réalité de ses voyages d'exploration. Vespucci fut pourtant un des personnages centraux de la découverte du Nouveau Monde, entretenant de bonnes relations avec ses pairs, dont Colomb. Malgré la publication récente de l'intégralité de ses rares écrits, son procès en réhabilitation n'est toujours pas ouvert. Il est vrai que sa vie comporte de larges zones d'ombre, interdisant aux historiens d'en faire une biographie exhaustive.






Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2012
Nombre de lectures 97
EAN13 9782221129913
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLIVIER IKOR
LES QUATRE JOURNÉES D'AMERIGO VESPUCCI
Mémoires apocryphes de l'homme qui donna son prénom à l'Amérique
roman
© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2012 En couverture : © Michael Seibert / Corbis
ISBN numérique : 978-2-221-12991-3
DU MÊME AUTEUR
Caravelles, le siècle d'or des navigateurs portugais , Jean-Claude Lattès, 2010
Le Dragon des quatre océans , Jean-Claude Lattès, 2004
L'Aquarium , Jean-Claude Lattès, 2000
La Ballade du loup-cervier , Robert Laffont, 1993
L'Archipel des illusions , Robert Laffont, 1990
Jusqu'à ce jour, j'ai porté mon prénom sans y prendre garde, à la façon de la vieille blouse et du bonnet de matelot accrochés à l'entrée de mon atelier. La blouse est maculée de taches d'encre et ses manches me servent parfois de mouchoir. Le bonnet, quant à lui, garde les traînées de cire et des brûlures du chandelier dont je me couronne quand je travaille la nuit. Lorsque j'ai décidé, comme aujourd'hui, de m'isoler dans mon antre, refusant toute visite, pour me consacrer seulement à ma tâche, j'endosse l'une et je coiffe l'autre, machinal tel un moine égrenant son chapelet. Me voilà fin prêt pour une journée féconde. Mais si mon valet de chambre, profitant de mon absence, s'est avisé de les nettoyer, et que je les retrouve, sentant le savon, craquant le propre, ma plume devient lourde, mon fusain maladroit et mon humeur maussade. Je ne peux même pas, sauf à sombrer dans le ridicule, réprimander ce brave garçon pour son initiative.
Quand, il y a cinq ans, mes amis m'incitèrent à raconter mes voyages 1 en un ouvrage plus conséquent que les lettres que je leur envoyais, je n'aurais jamais songé à commencer mon récit en évoquant ces vieilles hardes, ni mon prénom. Les nouvelles fonctions dont venait de me charger le roi Ferdinand d'Aragon ne me laissaient d'ailleurs pas le temps de rédiger mes Mémoires. Aussi, je repoussais cette entreprise à plus tard, estimant que, malgré ce large demi-siècle qui me couvre avec autant de légèreté qu'un bonnet de matelot dissimulant ma calvitie, ma vie serait encore assez longue pour ajouter quelques chapitres à mon histoire.
J'y réfléchissais toutefois, en parlais à mon entourage. Maria Simonetta, ma compagne et gouvernante, à qui j'avais fait lire Boccace, en avait déjà trouvé le titre, Les Quatre Journées , le Tétraméron , qu'elle estimait, dans sa poétique cervelle, bien plus gracieux et avenant que celui que je m'étais résigné à coucher sur le papier, en latin : Du Nouveau Monde et des quatre voyages d'exploration au couchant de la mer atlantique que l'on dit ténébreuse, des us et coutumes des habitants, de la faune et de la flore des terres qui la bordent, suivi de quelques considérations concernant l'hypothèse selon laquelle il s'agirait d'un nouveau monde et non de l'Asie comme on l'avait cru jusque-là, avec en supplément un traité de calcul des longitudes et latitudes dans l'hémisphère austral, ainsi que des cartes et gravures dessinées par celui qui avait accompli ces quatre navigations et les raconte dans le présent ouvrage, le premier pilote de la Maison d'enrôlement de Séville, Amerigo Vespucci . J'en restai là.
Tel est donc mon prénom, Amerigo. Même s'il ne court pas les rues et les chemins de ma Toscane natale, il n'a rien là-bas d'original et nul ne songerait à s'en étonner ou à s'en moquer. Il me vient d'un négociant allemand prénommé Heimrich avec lequel mon père était en affaires au moment de ma naissance. Ce parrain de circonstance se contenta de me porter sur les fonts baptismaux, avant de repartir vers sa Souabe natale. J'ignore si cela eut des suites bénéfiques pour le patrimoine familial. Mais ça n'en eut aucune, hélas, pour mon propre pécule. Quand j'y pense aujourd'hui, j'eus de la chance de ne pas être affublé d'un de ces Hercule, Roland, Amadis, voire Olivier mis à la mode par les romans de chevalerie, et qui m'auraient convenu autant que des guêtres à un lapin. « Amerigo » me suivit donc dans mes tribulations, avec assez de discrétion pour que je ne lui prête pas la moindre attention, sauf quand une femme aimante me le soupirait à l'oreille. Et cela ne me froissait en aucune manière quand les Français ou les Anglais m'appelaient Émeric, les Allemands, Heimrich, les Castillans de bonne famille, Ameriyo ; mes matelots, capitaine Morigo. Seuls les Portugais le trouvaient à leur goût et ne l'altéraient pas. En revanche, il avait le don de provoquer l'hilarité des indigènes du Nouveau Monde, je n'ai jamais pu savoir pourquoi, comme si en le prononçant pour me présenter à eux, je proférais une incongruité. Ces métamorphoses de mon nom de baptême ne m'ont jamais froissé ; tout au contraire, elles m'amusaient. Toutefois, par quelque obscure fierté, j'acceptais mal qu'on écorche mon patronyme, Vespucci, difficilement prononçable dans les langues étrangères.
Si je m'étends avec une certaine complaisance sur ce sujet futile, c'est que cet « Amerigo » dans son dernier avatar, le plus inattendu, fut à l'origine de ces lignes écrites à la volée et dont je ne sais jusqu'où elles me mèneront.
Deux ans s'étaient passés depuis ma nomination à la charge de piloto mayor . Je reçus un jour d'un diplomate espagnol attaché à la cour du duc René II de Lorraine un assez bel ouvrage. J'avais demandé que me soit expédié tout ce qui s'imprimait ou se copiait en Europe sur la cosmographie, la cartographie, l'astronomie, les mathématiques, les routiers, les récits de voyages, bref la littérature consacrée à l'aspect physique de notre mère la Terre, dont chaque navire de retour au port nous apprend quelque chose de nouveau. Il me fallait nourrir la maigre bibliothèque de la Casa de Contratación, que je traduis faute de mieux par « Maison de l'Enrôlement » pour tenter de donner un petit quelque chose de marin à cette institution sise à Séville, et fondée sur le modèle portugais de la Maison de Guinée et de l'Inde, dénomination autrement plus ouverte à l'air du large.
L'ouvrage envoyé par le diplomate, Introduction à la cosmographie avec quelques éléments de géométrie nécessaires à la compréhension de cette science ..., bref, au titre aussi long que celui de mon projet, lui ressemblait sur un autre point : il faisait mention de mon patronyme dans la transcription latine que je lui avais donnée, Americus Vespucius. Les auteurs de cet in-folio d'une cinquantaine de feuillets avaient dû connaître bien plus de difficultés à traduire le leur, d'origine germanique. Ainsi, leur talentueux cartographe signait de l'hellénisant Hylacomilus, le meunier de la forêt, qui, traduit en allemand, donne quelque chose comme Waldmüller. J'apprendrai par la suite que je n'en étais pas très loin.
L'intitulé ajoutait : ...  ainsi que les quatre navigations d'Americi Vespucii , au génitif, mais avec un c au prénom. Il s'agissait de la nième compilation de ma correspondance envoyée jadis à mes amis de Florence, remaniée, expurgée, copiée ou imprimée sans mon autorisation, avant de circuler dans toutes les cours princières et les universités. J'en avais pris mon parti, estimant qu'après tout celui qui a la chance d'apprendre ou de découvrir des nouveautés bonnes et utiles à la connaissance et à la vérité doit en faire part à l'humanité tout entière, en négligeant ses propres intérêts. Propos un peu hypocrites, je l'avoue, mais puisque les quelques paragraphes ci-dessus commencent à prendre l'allure d'une confession, autant poursuivre en ce sens. Il sera toujours temps de jeter cela dans ma cheminée, pourtant si rarement allumée sous les cieux cléments d'Andalousie. Et puis quoi ! Quel mal y aurait-il à espérer une petite part d'immortalité et de gloire, récompense des actes d'une vie dont peu ont été répréhensibles. Oui, je le confesse à mon papier, j'espère laisser mon nom à la postérité, non à la manière d'Érostrate, César ou Attila, mais à celle de Ptolémée, Strabon ou Regiomontanus. Mon nom, certes, mais je ne m'attendais pas à ce que ce fût mon prénom.
Comme d'habitude, je commençai ma lecture par l'examen des cartes, douze planches qui formaient le cahier central du livre, imprimée chacune d'un seul côté. Cela permettait de les détacher de l'ouvrage sans nuire à sa lecture.

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