Autour de la Notice sur l Ogadine d Arthur Rimbaud
103 pages
Français

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Autour de la Notice sur l'Ogadine d'Arthur Rimbaud , livre ebook

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Description

Arthur Rimbaud fut le premier Occidental à s'installer à Harär, cité naguère interdite de l'Est africain. En 1883, afin d'élargir le champ de ses activités commerciales, il envoie son collaborateur, Constantin Sotiro, vers une région aride et inexplorée, l'Ogaden somali, entre autres réputé pour la dangerosité de son peuple. De cette incursion ressortira, rédigée par Rimbaud, la Notice sur l'Ogadine, dix pages complexes à l'étrange destin qui abondent de savoirs jusqu'alors ignorés.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9791033400950
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BIBLIOTHEQUE PEIRESC
Collection dirigée par François ENGHEHARD et Marc FONTRIER Association française pour le développement de la recherche scientifique en Afrique de l’Est (ARESÆ) « Servant un chacun quand nous l’avons pu, et principalement le public, pour lequel seul nous avons travaillé quasi toute notre vie » PEIRESC La Bibliothèque Peiresc a été créée par Joseph Tubi ana en hommage à l’érudit provençal d’ascendance italienne Nicolas Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), pour y accueillir des œuvres correspondant à l’exigence et à l’éclectisme de ce magistrat humaniste et bibliophile. Savant et curieux de toute chose, au point qu’on ne saurait énumérer tout ce qui l’a intéressé et diverti : sciences naturelles, numismatique, art, histoire, littérature, astronomie, philosophie, mœurs, religions, poésie, avec un souci particulier des langues et des cultures de la Méditerranée antique et contemporaine. Dans les dernières années de sa vie il s’était pris d’un vif intérêt pour les chrétientés orientales, notamment d’Égypte et d’Éthiopie. C’est dans cette direction que notre collection est surtout orientée, sans s’interdire aucun des sujets qui ont retenu l’attention de Peiresc, en s’efforçant de satisfaire, avec le respect qui lui est dû, la curiosité diverse de nos contemporains.
Marc FONTRIER Autour de la Notice sur l’Ogadine d’Arthur Rimbaud Notes et commentaires ARESÆ – Orients d’Afrique Bibliothèque Peiresc 32
Du même auteur La chute de la junte militaire éthiopienne (1987-1991). L’Harmattan, Paris, 1999. Abou-Bakr Ibrahim – Pacha de Zeyla, marchand d’esclaves. L’Harmattan, Paris, 2003. Le Darfour : Institutions internationales & crise r égionale 2003-2008. L’Harmattan, Paris, 2009. L’État démantelé – Annales de Somalie– 1991-1995. L’Harmattan, Paris, 2012. Éthiopie – Le choix du fédéralisme ethnique. Chronique du gouvernement de transition (1991-1995).L’Harmattan, Paris, 2012. L’Illusion du chaos – Annales de Somalie– 1995-2000. L’Harmattan, Paris, 2015. © Sépia, 2017 EAN Epub : 979-1-033-40095-0
SYSTÈME DE TRANSLITTÉRATION ET TRANSCRIPTION
Cet ouvrage n’étant pas explicitement destiné à des linguistes familiers des langues couchitiques ou sémitiques, il est fait usage d’une translittération plus facile d’accès pour « l’honnête homme » occidental. Aussi l’orthographe dans la langue mère ainsi que la transcription souhaitable des mots, quand elle est établie, sont-elles alors précisées entre crochets à leur première apparition. Une difficulté mineure à bien y regarder puisque dans les cinq langues qui intéressent ce texte, quatre phonèmes seulement n’ont pas d’équivalents en français et méritent quelque précision : – la fricative vélaire sourde identique au خḫaarabe, auchallemand deBuch, aujde lajotaespagnole transcrit « kh » ; – la fricative pharyngale sourde identique au حḥaarabe, transcrit « ḥ », que l’on lira par notre « h » ordinaire ; – la fricative pharyngale sonore identique au عcaynarabe, transcrit « ʿ » et ignoré à la lecture ; – du « d » rétroflexe des langues couchitiques, sans équivalent acceptable, transcrit « Ð, ɖ » et que l’on lira comme un « d » ordinaire. Observons aussi que l’intrusion de l’arabe dans les langues régionales, véhiculé par l’islam, a suscité une appropriation de mots, voire d’expressions. Le phénomène, qui n’a cesser de s’amplifier, n’a pas fait pour autant de tous des locuteurs arabophones, tant s’en faut. Aussi se sont-ils souvent contentés de transcrire dans leur propre langue ce qu’ils entendaient. À chaque fois, c’est l’orthographe résultant de cette appropriation qui a été ici retenue. Ainsi, pour ne pas perdre en précision mais offrir néanmoins un minimum de confort de lecture, les mots étrangers sont rédigés dans leur translittération tandis que leur transcription, et éventuellement leur écriture originale, sont, à leur première apparition, précisées en note. Les voyelles longues sont proposées avec une barre suscrite afin de conserver aux langues un peu, au moins, de leur musique. Pour certains mots tels queafar, sōmāli, oromōou ʿAden, nous retenons les graphies ͑ afar, somali, oromoet Aden, depuis longtemps passées telles quelles dans la langue française.
Ceci étant, l’écriture exacte sinon souhaitablepeut être retrouvée àpartir du tableau des transcriptions et translittérationsprésenté ci-dessous.
Pour lesquelques mots ou expressions amhariques cités, les ordres utilisent la translittération suivante :
ÀL’OUEST DE L’ÉDEN
L’aventure de Rimbaud et de son compagnon, Constantin Sotiro, s’inscrit dans un paysage d’une extrême diversité. Dominée par les montagnes du Yémen et celles 1 d’Abyssinie, à la charnière des trois grandes fractures qui écartèlent l’Afrique à son Orient , la région qui les accueille confine à l’échancrure méridionale d’un monde encore provisoire. Car partout ici la terre s’écartèle : alors que la péninsule arabique s’éloigne d’un centimètre par siècle du continent africain, celui-ci perd à son tour la péninsule Somalie dont, à l’échelle du temps long, le destin est de s’insulariser vers l’océan Indien.
LES BASSES TERRES 2 Parlons de l’enfer : à l’ouest du Bāb el-Mandeb , à peine passés les reliefs littoraux un peu plus cléments, la dépressionafaroffre des paysages de début de monde. Le volcan affleure ; tout ici exprime quelque fumerolle, quelque source bouillonnante, quelque lac au sel immaculé s’étendant sur les rouges rhyolites ou les basaltes noirs. LesAfar, établis dans cette fournaise entre mer et montagne, maîtrisent de temps immémoriaux toute vie qui se risque à franchir leur espace. Seul le fleuve Awash tombé du Shäwa laisse à croire à l’octroi de quelque aménité divine sur ces étendues calcinées. Au début des années 1880, au nord du golfe de Tadjoura, Obock sort à peine de terre. Au sud, où Djibouti n’existe pas encore, la frange littorale s’ourle de sable puis de rochers.
Le long de cette ligne torride, des marins venus d’ailleurs ont identifié les rares mouillages d’où ils pourraient gagner les plateaux plus cléments. Là s’éparpillent les clans d’un autre peuple, lesSomalidont les troupeaux quittent l’été ces rivages arides qu’ils nomment leguban– le « brûlé » – pour chercher dans les reliefs où faire paître leurs étiques troupeaux.
LES HAUTS PLATEAUX De part et d’autre du Bāb el-Mandeb, les hauts plateaux au climat raisonnable, Abyssinie, Harär mais aussi hautes terres du Yémen, défient résolument cette fournaise qui embrase les basses terres. D’aucuns n’y ont-ils pas vu le lieu perdu du jardin d’Eden, παράδεισος, le « Paradis », ce terme que les Vieux Grecs avaient su emprunter à l’Iran avestique ? À partir de Tadjoura, au nord du golfe éponyme, depuis la côte avec laquelle on se hâte de prendre du champ, une route par la plaine mène vers l’ouest, vers le haut plateau central où aurait autrefois régné ce légendaire « Prêtre Jean » que le Moyen Âge avait tant cherché.
3 Un peu plus au sud, un autre cheminement, celui qui nous intéresse, se dirige directement depuis le port deux fois millénaire de Zeylaʿ vers le relief. Là, sur les hauts, est plantée une cité à l’histoire complexe, confuse et aux matins mal connus : Harär. Ce sont les pentes méridionales de ce dernier relief et les peuples qui l’occupent que la « Notice sur l’Ogadine » entreprend de décrire, aussi sont-ce d’autres qui parleront au lecteur du reste de ces Orients africains. Aussi allongeons-nous maintenant la focale. Dominant les plaines torrides de la dépression de l’Afar, le haut-plateau de Harär constitue un relief qui atteint les 3405 mètres au Gāra Muleta, la « montagne que l’on voit » en langueoromo. Ce gigantesque bourrelet qui s’incurve au nord-ouest dans le massif du Tchärtchär [amh.ጨርጨር ፥ḉärḉär] suit une ligne générale sud-ouest nord-est. En surrection à l’ouest et au nord du fossé abrupt du Grand Rift africain, le paysage offre en revanche une descente en pente raisonnable à l’est vers le golfe d’Aden et plus encore au sud, vers l’océan Indien.
Si en saison des pluies, entre juin et septembre, ce sont des torrents qui en ravinent les pentes nord, des rivières à peine plus lentes au sud donnent néanmoins à
l’eau le temps de s’infiltrer dans les vallées qui courent en direction de l’océan Indien. Elles tracent ainsi pour la saison sèche les cheminements les plus aisés à quelques routes caravanières. Ces vallées que lesSomaliappellenttogsont souvent rejointes depuis l’ouest par les eaux tombant des montagnes du Balé et du pays des Arsī jusqu’à constituer, au fil des confluences, les deux seuls cours d’eau pérennes de la région, le fleuve Jubba et la rivière Shabēlle dont les flux essouflés se jettent dans la mer somalienne.
L’OGADÉN 4 De ce plateau qui de la boursouflure des fraîches montagnes du pays de Harär s’abaisse progressivement vers les étuves de l’océan Indien, l’Ogadén constitue à peu près la partie centrale. Ses habitants appartiennent au peuplesomali, plus particulièrement au grand lignage desOgādēnqui ont donné leur nom à la région.
L’Ogadén au nord-est duwebiShabēlle (photo M. Fontrier)
Celle-ci couvre quelque 200 000 km² et s’incline de quelque 1500 mètres au-dessus du niveau de la mer dans le nord-ouest, à trois étapes de caravane au sud de Harär, pour tomber à environ 300 mètres le long des limites méridionales et de la vallée duwebiShabēlle. Entre 1 600 et 1 400 mètres, ce sont des paysages semi-arides puis arides qui reçoivent 500 à 600 mm de pluie par an. Mais en réalité, l’Ogadén se caractérise davantage par une moyenne des précipitations annuelles souvent inférieure à 350 mm. La nature se compose alors de maquis denses, au mieux de prairies de brousse et le plus souvent de collines dénudées.
Corne de l’Afrique : Les grandes régions naturelles
Ces brousses sont principalement recouvertes de buissons épineux. Pour chaque espèce les nomades ont un nom :galōletkhansasont les plus nombreux. On y 5 trouve aussi l’euphorbe géante appeléehasadan., laquelle pousse rarement au-dessus de 1500 mètres À certains endroits au sud mais aussi sur les contreforts des monts du Balé poussent ces arbres à gomme dont la récolte a hanté plus de deux mille ans à Louxor les 6 prêtres d’Ammon-Rê . Dans cet Ogadén enfin pullulent toutes sortes d’animaux : des graciles gazelles aux robustes antilopes, mais aussi le rhinocéros dont la peau sert à la confection des boucliers. Au fur et à mesure que l’on se rapproche du fleuve apparaissent encore les grandes populations d’éléphants, d’hippopotames et de crocodiles.
1 Mer Rouge, golfe d’Aden et Grand Rift africain qui s’ouvre à ses pieds. 2 La « Porte des lamentations » [ar. ﺑﺎباﻟﻤﻨﺪب ] est le détroit, large de quinze nautiques soit quelque 28 km qui, au sud de la mer Rouge, sépare le continent africain de la péninsule Arabique. 3 [som. Seylac – ar. زﯾﻠﻊ] 4 Les Éthiopiens qui ne sont pas encore souverains de la région commenceront après 1887 à la nommer Harärgié [amh.ሐረርጌ ፥], avant, plus tard, d’y inclure l’Ogadén. 5 LEMORDANT, Denis.Les noms de plantes en Éthiopie. CNRS-ERA 775. 1984. 6 MARTINEZ, Philippe. Une expédition pacifique au lointain pays de Pountin Les Dossiers d’archéologie n° 187. Hatchepsout femme pharaonParis. 1993.
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