L'originalité du modèle français de développement économique

Revue Française D'Histoire Économique - The French Economic History Review

Description

Partant d'une interrogation sur les causes du déclin industriel de la France, ce numéro rappelle le renouveau de l'esprit d'entreprise en France dans les années 1950-2000 et s'interroge sur la "création destructrice" et la théorie du changement de la firme ainsi que sur les facteurs du décrochage français par rapport à l'Allemagne depuis les années 1970. Il revient ensuite sur des approches plus sectorielles: la crise économique française de 1816 à 1817 ou l'attitude des sidérurgistes français vis-à-vis de la CECA. Le numéro s'achève par une table ronde autour du thème "entreprises, production et marchés".

Sujets

• Économie
• Finance
• Economie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2015
• Nombre de lectures: 13
• EAN13: 9782140054525
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

R EVUE FR A NÇ A ISE
D’H IST OI R E ÉC ONOM IQUE
TH E FR E NCH EC ONOM IC
H IST ORY R EVI EWDIR EC TEUR DE L A R ÉDAC TION, FONDATEUR UNIVER SITY, T OKYO , MAGDA DE AVELAR
DOMINIQUE BARJOT PA R IS SOR BONNE PINHEIRO UNIVER SITÉ DE L ISBONNE ,
MARIA-INÈS BARBERO UNIVER SIDA D DE R EVUE
R ÉDAC TEUR S A DJOINT S BUENOS A IR ES ET UNIVER SIDA D DE SA N A NDR ES,
PASCAL CAUCHY I.E .P. PA R IS , A RG E N T I N E , HUBERT BONIN UNIVER SITÉ DE
MARIE-CLAUDE ESPOSITO S O R B O N N E B O R D E A U X , DIETER BRÖTEL UNIVER SITÉ DE
N O U V E L L E , MICHEL HAU S T R A S B O U R G , S T U T T G A RT, ANA CARDOSO DE MATOS FRANÇAISE
JEAN-LOUIS LENHOF C A EN – BA SSE- E VO R A , YOUSSEF CASSIS INSTITUT EUROPÉEN
N O R M A N D I E , RÉGINE PERRON C E R G Y- DE FLOR ENCE , ANNE CONCHON P A N T H É O N
P O N T O I SE , CATHERINE VUILLERMOT S O R B O N N E , JOËL FÉLIX UNIVER SITÉ R E A DING ,
UNIVER SITÉ DE FR A NCHE- COMTÉ . MARC FLANDREAU INSTITUT DES H AUTES
ÉTUDES DU DÉVELOPPE MENT, GENÈVE , D'HISTOIR E
SECR ÉTA IR ES DE R ÉDAC TION MAURICE HAMON PR ÉSIDENT DE L A SEC TION
THIERRY CLAEYS PA R IS SOR BONNE , D ’HIST OIR E CONTE MP OR A INE ET DU TE MPS PR ÉSENT
EMMANUEL DREYFUS I .E .P. PA R IS , DU COMITÉ HIST OR IQUE DES TR AVAUX HIST OR IQUES
MATHIEU DUBOIS PA R IS SOR BONNE , ET SCIENTIFIQUES , WILLIAM HAUSMAN ÉCONOMIQUE
CHRISTOPHE RÉVEILLARD P A R I S COL L EGE OF WIL L I A M A ND M A RY, WIL L I A MSBURG,
S O R B O N N E . V IR G I N IE , ÉDOUARD HUSSON UNIVER SITÉ DE
PIC A R DIE , JUL ES VER NE , BIRGIT K ARLSSON
COMITÉ DE R ÉDAC TION A SSO CI ATE PROFESSOR IN ECONOMIC HIST ORY,
KENNETH BERTR AMS U N I V E R S I T É UNIVER SITY OF G OR HENBURG , YAGO K AZUHIKO
L IBR E DE BRUX EL L ES , MARCEL BOLDORF WA SEDA UNIVER SITY, T OKYO M AT THI AS
LYON II , MARTIN CHICK É D I M B O UR G , K IPPING YOR K , T ORONT O , TIM LEGOFF Y O R K ,
OLIVIER DARD PA R IS SOR BONNE , TO R O N TO , PHILIPPE MIOCHE U N I V E R S I T É
JEAN-PIERRE DORMOIS S T R A S B O U R G , D ’A I X - M A R S E I L L E , MARGRIT MÜLLER
CYRIL GR ANGE C .N .R .S ., UNIVER SITÉ DE ZUR ICH , KIM OOSTERLINK
PIERRE LANTHIER T R O I S - R I V I È R E S , UNIVER SITÉ L IBR E DE BRUX EL L ES , DAVID ROUND
CAROLINE PIQUET PA R IS SOR BONNE , UNIVER SITY OF SOUTH AUSTR A L I A , A DEL A IDE ,
L I E U T E N A N T- C O L O N E L RÉMY PORTE, GUY ROWLANDS, UNIVER SITÉ DE ST A NDR EWS,
SAMIR SAUL UNIVER SITÉ DE MONTR É A L , É C O S SE , LAURENT TISSOT N EU C H Â T E L ,
NICOLAS STOSKOPF UNIVER SITÉ DE BÉATRICE TOUCHELAY L IL L E III CH A R L ES
H A U T E -A L S A CE . DE GAUL L E , JAVIER VIDAL OLIVARES
UNIVER SITY OF A L IC A NTE , SPA IN , LU YIMIN
COMITÉ SCIENTIFIQUE UNIVER SITY Z HE JI A NG, H A NGZ HOU, CHINE ,
HARM SCHROETER PR ÉSIDENT DU COMITÉ LIU WENLI SUN YAT SEN UNIVER SITY, C A NT ON .
SCIENTIFIQUE , BERGEN , KUDO AKIR A T O D A I
C O P Y R I G H T
ASSOCIATION DES AMIS DE LA REVUE FR ANÇAISE D’HISTOIRE ÉCONOMIQUE
ET LES PRESSES DE LA RECHERCHE HISTORIQUE, 2014
É D I T I O N S
PRESSES DE LA RECHERCHE HISTORIQUE
ÉRIC LEDRU, D I R E C T E UR
12, RUE DE SEINE
75006 PARIS
06 86 95 37 06
SIRET : 750 706 442 00019
CONCEP TION GR A PHIQUE
HUGUES VOLLANT
OUVR AGE COMP OSÉ EN
ROMAIN BP
ISSN EN COUR S
DÉPÔT LÉGAL À PARUTION
R EVUE
FRANÇAISE
D'HISTOIR E
ÉCONOMIQUE
T H E F R E N C H E C O N O M I C
H IST O R Y R E VI E W
The originality of the French model
of economic development
L'originalité du modèle français
de développement économique
2 01 4 - II
Association des Amis de la Revue française d’Histoire économique
Les Presses de la Recherche historique
TH E FR E N C H EC O N O M I C
H I S T O R Y R EVI EW
EditorialREVUE F R AN Ç AI S E
D 'H I S T OI R E É C O N O M I Q UE
ÉditorialÉditorial
EST-CE LA FIN
DE LA PUISSANCE
INDUSTRIELLE
FR ANÇAISE ?
Dominique Barjot
Professeur d’Histoire économique contemporaine à l’Université Paris Sorbonne
Professor of Contemporary Economic History at the University Paris Sorbonne
UMR 8596-Centre Roland Mousnie Cr (NRS)
L’année 2014 a vu monter l’inquiétude des décideurs économiques publics et
privés face à la dégradation marquée de la position industrielle française sur
le marché mondial. Non seulement, l’année 2013 a vu une chute d % de 7e7s
1
investissements étrangers en Fran, mceais encore, en 2014, le rachat de SFR
par Numéricable, puis l’annonce du démantèlement d’Alstom, enfn celle de
l’établissement en Suisse du siège social du futur groupe Holcim Lafarge, ont
fait toucher du doigt l’afaiblissement industriel de la France. En efet, aux
yeux de l’homme de la rue, la multiplication des dépôts de bilan, les fermetures
continues d’usines et la montée du chômage en sont, depuis 2008 au moins,
la traduction évidente. Le sentiment dominant est même que, depuis 2012, la
crise ne cesse de s’amplifer. Mais qu’en est-il en réalité ?
1 — Frédéric SchaeferA, « t tractivit: l éa F rance fait de la résista», nL c ees É chos, mercredi 30 avril 2014, p. 5.
6 R EVUE FR A NÇ A ISE D’HISTOIR E ÉCONOMIQUE N°2 | 2014LA PLUS DESINDUSTRIALISÉE
DES GR ANDES PUISSANCES ÉCONOMIQUES OCCIDENTALES ?
Aujourd’hui, par soPIn B la France demeure la cinquième puissance éco-no
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mique mondiale . Elle n’est sans doute plus que le huitième si l’on raisonne à
parité de pouvoir d’achat, derrière l’Inde et la Russie, voire la neuvième, après
3
le Brésil. De même la part de la France dans le commerce mondial s’est réduite
au point que celle-ci est passée du rang de quatrième exportateur mondial
(en 1948, 1963, 1983, 1993 par exemple), à celui de cinquième (en 2003), puis
de sixième (en 2011), le processus de décrochage remontant à l’évidence aux
4
années 2000 . C’est le résultat d’un recul de compétitivité (coût du travail,
poids du secteur public, charge fscales et sociales, subventions, etc.), mais
aussi d’un efet de structure, le commerce français concentrant se-s exporta
tions sur quelques pays (Europe notamment Royaume-Uni et Grèce, Afrique
surtout Algérie et Maroc, Moyen-Orient en particulier Émirats Arabes Unis)
et quelques secteurs industriels (produits de luxe, aéronautique, matériel de
défense, mais désormais plus l’automobile).
L’une des conséquences (et par efet dfeede -back l’une des causes) de cet
afaiblissement réside dans une désindustrialisation supérieure à la moyenne
des grands pays industrialisés, ceci, bien avant la crise de 2008-: 2009
TABLEAU 1 PART DE LA VALEUR AJOUTÉE INDUSTRIELLE
DANS LES PRINCIPAUX PAYS DE L’OCDE (en % du PIB) en 2003
Canada 31,9
Japon 29,2
Espagne 29,1
Allemagne 28,8
Italie 26,6
Royaume-Uni 25,3
États-Unis 22,3
France 21,5
5
Source : OCDE, Principaux indicateurs économiques, 2006 .
2 — Cécile Chambraud, «Eu rope: u n malade encore séduisan», t L e Bilan du Monde. Économie & Environnement,
Édition 2014, Paris, Le Monde, p. 113.
3 — « Le monde en chifres pays par pay»s, i n « Le Monde en 2014» , The Economist-Courrier International,
décembre 2013, p. 84.
4 — Jean-Charles AsselainL, « e d éclin économique en questio», in n Serge Sur (dir.), «La F rance dans le mond»e,
Questions internationales, n° 61-62, mai-août 2013, p. 102-109.
5 — Jean-Charles AsselainL, « e d éclin économique en questio», in n Serge Sur (dir.), «La F rance dans le mond»e,
op.cit., p. 105.
EST- CE L A FIN DE L A PUISSA NCE INDUSTR IELLE FR A NÇ A ISE ? 7Le résultat de cette évolution est qu’aujourd’hui, la France n’est plus que la
troisième puissance industrielle de l’Union européenne, derrière l’Allemagne
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bien sûr, mais aussi l’Itali. De ans ces conditions, des évolutions telles que celles
d’Alstom ou de Lafarge n’ont rien de totalement surprenantes.
ALSTOM ET LAFARGE : UN DESTIN INÉLUCTABLE ?
La crise qu’a traversée Alstom en avril dernier a beaucoup défrayé la chronique,
tant cette entreprise symbolise le rayonnement international de la t- echno
logie française, à traverTs lGV e ou les turbines des centrales nucléaires par
exemple. Néanmoins, c’est oublier qu’aux yeux des