Les juifs oubliés de Mantes-la-Jolie
189 pages
Français

Les juifs oubliés de Mantes-la-Jolie , livre ebook

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189 pages
Français

Description

Cette histoire tragique s'est déroulée loin des grandes rafles perpétrées par les nazis contre les Juifs de France. Pourtant, les persécutions antisémites s'exécutèrent dans tout le pays, conduisant vers la déportation et la mort des hommes, des femmes et des enfants. Ces trois familles juives de Mantes-la-Jolie, les Zolty, les Mittelchtein, les Schimianski, furent persécutées par la même barbarie nazie. Cet ouvrage révèle ainsi cette histoire oubliée afin de mieux agir sur le présent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2017
Nombre de lectures 17
EAN13 9782140050381
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Mémoires e duXX siècle
Roger Colombier
LES JUIFS OUBLIÉS DE MANTESLAJOLIE (19401944)
Préface de Michel Sevin et de Muriel KleinZolty
Série SSeconde Guerre mondiale
Les Juifs oubliés de Mantes-la-Jolie (1940-1944)
e Mémoires du XX siècle
Déjà parus
Collectif,Les 119 anciens de l’externat Saint-1914–1918 : Maurille, 2017. morts pour la France Robert CHRISTOPHE,Les années perdues. Journal de guerre et de captivité 1939-1945, 2017. Auguste VONDERHEYDEN,De Verdun à la Somme, La bataille de Verdun racontée au jour le jour. Cahiers de guerre II (23 février 1916- novembre 1916),2017. Léon NOGUÉRO,Prisonnier de guerre en Allemagne (1940-1945), Récits de guerre et de captivité, Tome 2,2017. Léon NOGUÉRO,Soldat en Alsace-Lorraine(1939-1940), Récits de guerre et de captivité, Tome 1,2017. Éric BROTHÉ,Un chevalier de la France libre, Jacquelin de la Porte des Vaux,2017. Bouzid et Mehdi BOUMEZOUED,Mémoires de guerre d'un combattant kabyle, De la Deuxième Guerre mondiale à la guerre d'Algérie,2016.Grégory ROMINSKYJ,De l’Ukraine à la France, Mémoires d'un déplacé (DP) dans l'Europe de la tourmente (1939-1945),2016. Daniel BARON,Du Côté de la Vie. Correspondance de Maryse (1926-1940),2016. Micheline MAUREL,Danse au bord du précipice. Lettres et écrits des années de guerre (1939-1945),2016. Larissa CAIN,Souvenirs d’enfance et de Pologne,2016.Michel GASPARD,Eaux mêlées à Montmartre, Une histoire familiale, Deuxième période : 1936-1950,2016.Michel GASPARD,Eaux mêlées à Montmartre, Une histoire familiale, Première période : 1880-1936,2016.Henri CHENNEBENOIST,Carnets de Chine (1900-1901).Un Français dans la guerre des Boxers,2016.Auguste VONDERHEYDEN,Cahiers de guerre (1914- 1918),2016.
Roger COLOMBIER
LESJUIFS OUBLIESDEMANTES-LA-JOLIE(1940-1944)
Préface de Michel Sevinet de Muriel Klein-Zolty
L’Harmattan
Du même auteur : - Chezl’Harmattan: Le mouvement ouvrier dans le Man-tois, Les origines du chemin de fer dans le Mantois, Le travail des femmes autrefois, la commanderie de Prunay-le-Temple dans les Yvelines.- ChezLe Temps des Cerises: Aincourt, le camp oublié. - ChezSyllepse: Jules Durand, une affaire Dreyfus au Havre 1910-1918. - ChezLacour: Contes etnouvelles du pays des Cor-bières, Les santons. - ChezGREM: Le village de Gassicourt et le chemin de fer. © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13305-8 EAN : 9782343133058
PRÉFACE
De Michel Sevin,ancien maire de Mantes-la-Jolie et Président des Amis du Mantois :
 Merci !  Roger Colombier, ancien cheminot, fait partie de ces hommes pour qui la retraite n’est pas une fin en soi, mais l’occasion de nouvelles activités. L’écriture est devenue sa raison d’être. S’intéressant d’abord à l’histoire des che-mins de fer et à la vie sociale qui en découlait, il lui est devenu impossible d’en parler sans se tourner vers l’histoire locale. C’est dans ce cadre qu’il en est venu à étudier l’histoire des Juifs à Mantes pendant les années sombres de 1940 à 1945.  Mantes a beaucoup souffert de la Seconde Guerre Mondiale et les pertes humaines que l’on évoque à ce sujet sont presqu’uniquement les victimes des bombardements. Certes, les survivants de cette époque gardent des souve-nirs de ce qu’étaient l’Occupation, l’exode, le STO, Ser-vice du Travail Obligatoire, la déportation, la Résistance, la Libération mais l’ouvrage de Roger Colombier est le premier exclusivement consacré aux Juifs de Mantes pen-dant cette sombre période.  Fruit de minutieuses recherches dans tous les lieux où s’inscrit la mémoire des hommes, ce livre a le mérite de replacer le calvaire des Juifs dans le cadre plus général des événements locaux, nationaux ou européens de l’époque. L’hide plusdevient ainsi stoire des familles concernées en plus claire par les retours fréquents de l’auteur à l’histoire politique nationale et à la mise en pratique de décisions criminelles que ne pouvaient imaginer que des êtres « inhumains ».
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 Les personnages de cette tragédie, sont, certes, les vic-times et leurs familles mais également tous ceux qui à l’époque avaient pris le partide leur venir en aide, parfois même au péril de leur vie. Tous ces gestes « de simple humanité » sont trop souvent restés méconnus. Ne se pre-nant pas eux-mêmes pour des héros, ils parlent rarement de cette époque et Roger Colombier a pour une part com-blé cette lacune. Merci à lui de nous confier cette nouvelle pierre apportée à l’édifice toujours inachevé qu’est l’histoirelocale. DeKlein-Zolty Muriel ,sociologue, petite-fille de Moszek Zolty, ouvrier polonais juif arrêté par la police française en 1943 à Mantes-la-Jolie, déporté à Auschwitz et assassiné à Mauthausen-Gusen en 1945 : Ils s’appelaient Zolty,Mittelchtein ou Schimianski. Ils venaient de Pologne, de Roumanie ou étaient nés en France. Ils avaient en commun d’être juifs et d’avoir rési-dé pendant la guerre à Mantes-la-Jolie. Dans cette ville de Seine-et-Oise qui se nommait à l’époque Mantes-Gassicourt, résonne encore dans l’air l’écho de leur pré-sence. Mais leur vie, leur tragique destin étaient demeurés ensevelis sous une épaisse couche d’amnésie.Avec la rigueur et la précision de l’historien, Roger Colombier est parti en quête de leurs traces oubliées. Pour cela, il fallait fouiller les états-civils et les fonds d’archives, exploiter les sources écrites, rechercher et écouter les rares témoins encore vivants. L’auteur a fait ressurgir ces hommes, ces femmes, ces enfants, dont« prononcer les noms est difficile », comme disait Aragon dansl’Affiche rouge. De la France, ils avaient une haute idée. Elle était pour eux la patrie des droits de l’homme, de la tolérance, de la culture. Celle de la Révolution française qui avait apporté les droits ci-viques et émancipé les Juifs.
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 Si je me sens le droit et peut-être le devoir d’écrire ces quelques lignes d’avant-propos, c’estsouligner la pour forceet la valeur intrinsèques de l’ouvrage, au service du souvenir. Mais des raisons personnelles m’incitentégale-ment à m’exprimer: Car l’une de ces trois familles juives dont l’itinéraire est ici retracé, est…la mienne.  Il y a quelques mois, je ne connaissais pas encore Ro-ger Colombier ;et il n’y avait aucune raison que nos routes secroisent. C’est à Strasbourg, ville où mon frère, ma sœur et moi, nous habitons, qu’il nous a retrouvés, ou rattrapés. Dans le mail qu’il nous aalors adressé, il nous informaitqu’il enquêtait sur l’histoire de nos grands-parents Moszek et Chaja Zolty, et de leurs enfants, notre père Bernard et notre tante Sarah, réfugiés à Mantes-la-Jolie pendant la guerre.  Peut-être pensait-il que nous serions en mesure de l’aider à reconstituer cette histoire grâce à des souvenirs que notre père aurait pu nous transmettre. Mais en fait, dans ce cas précis, l’inverse a eu lieuet c’est l’historien qui est venu au secours de notre mémoire familiale. Quand l’histoire vient au secours de la mémoireComme beaucoup de rescapés, notre père avait peu parlé etgardé secrète sa douleur. Pour éviter d’être sub-mergé, débordé par des sentiments trop insupportables, il a enfoui, enfoncé ses souvenirs dans une zone d’ombre in-time, dressant des remparts et des digues intérieures. De son passé, il voulait se protéger mais aussi protéger ses proches. Nous, ses enfants, sa famille d’après, celle qu’il avait reconstruite après la Catastrophe, nous ne devions plus souffrir, il nous fallait vivre, à la place des absents ; être heureux à leur place.  Son silence a permis sa résilience. Mon père était gai, pétillant, aimait la vie et surtout sa famille, et son sens de l’humour était extraordinaire. Pourtant derrière le masque, la souffrance restait tapie. Elle ressortait de temps en
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temps dans des émotions trop fortes, comme des lames de fond qui viennent remuer la surface d’une eau apparem-ment calme. Je la décelais dans les ombres de son regard bleu, lorsqu’il était brusquement confronté à son passé. Je la décelais dans ses accès de mélancolie inexpliqués et dans ses colères subites. Mais aussi dans ses engagements, ses indignations, ses convictions, et son horreur viscérale de l’injustice. Mantes-la-Jolie était pour moi une ville d’ombres. C’était la ville où mon grand-père Moszek Zolty avait été arrêté par la police française, avant d’être envoyé à Drancy puis déporté à Auschwitz et assassiné à Mauthausen. C’était la ville où mon père avait souffert, s’était caché. Mon père est mort en mai 2005, en emportant avec lui ses secrets. Mais, sou si peu’il n’avait rien dit ses en- à fants, il avait quand même témoigné pour laFondation Spielberg. Son témoignage estl’un des éléments qui a permis à Roger Colombier de nous restituer son parcours.  Mais Roger Colombier a également reconstitué le par-cours d’autres familles qui ressemblent à la mienne, la famille Schimianski, décimée dans son ensemble, la fa-mille Mittelchtein, où le père s’est engagé dans les forces françaises libres tandis que la mère et les enfants furent rattrapés par les nazis à Nice.  Au fil des pages, qui évoquent le sort tragique d’autres juifs mantais,on apprend comment l’administrationde Vichy a pris corps à Mantes-la-Jolie, et en général dans le Mantois. Mais ce livre gorgé de misères est aussi un mes-sage de vie. Car au cœur de la persécution, il révèle l’autre visage de l’homme.Ce visage, c’est celui d’Émile Plard, bourrelier-sellier et patron de mon grand-père, qui est intervenu pour que la police le libère. Il n’a pas réussi, hélas. C’est le visage de René Felix Picard, maire du village de Vert, qui a tenté de sauver Albert Schimianski. C’est le visage de l’employeur
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de mon père, le géomètre Frédéric Grelot, qui l’a caché et entouré de son amitié ; celui du curé de Guerville, Désiré Brimbeuf, résistant, qui lui a procuré de faux papiers. Sans eux, faut-il le dire, je n’aurais pas été là pour écrire ces lignes. C’est le visage d’Huguette Cochard, l’amie intime de ma tante Sarah, qui l’a soutenue durant toutes ces années, mais qui a eu la douleur d’assister à sa mort en 1945. Ma tante avait réchappé à la guerre, mais la maladie l’a rattra-pée. Sa tombe se trouve dans le cimetière de Gassicourt à Mantes-la-Jolie. C’est le visage de tous ces résistants et justes, qui à Mantes et ailleurs, ont eu le courage de s’opposer, d’aider les proscrits d’alors. Il fallait leur rendrehommage. Grâce à eux,la ville d’ombres de Mantes-la-Jolie est deve-nue lumineuse.  En ces temps de relativisme des valeurs, il est bon de rappeler que tous les choix et attitudes ne se valent pas. Ou comme l’écrit à sa façon Roger Colombier dans sa conclu-sion« il est urgent de construire dans la vérité historique la représentation de notre passé pour agir sur le pré-sent ».
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