Tahiti Nui
532 pages
Français

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Description

Cette étude tente d'expliquer la complexité de la vie politique en Polynésie française de 1996 à 2006. Le concept d'"autonomie", étranger à la culture politique républicaine, n'est compris ni par l'Etat, ni par le pouvoir local. Conséquence, une collusion inconsciente entre les deux pouvoirs maintient la Polynésie en dehors des valeurs et des principes de la République.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2008
Nombre de lectures 260
EAN13 9782336250373
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« Portes océanes »
Collection dirigée par Frédéric Angleviel Professeur des universités en histoire
C ette nouvelle collection est dédiée en premier lieu à une meilleure connaissance de l’Océanie à partir de l’édition cohérente des artides épars de chercheurs reconnus ou la mise en perspective d’une thématique à travers les contributions les plus notables. La collection « Portes océanes » a donc pour objectif de créer des ponts entre les différents acteurs de la recherche et de mettre à la disposition de tous des bouquets d’articles et de contributions, publications éparses méconnues et souvent épuisées. En effet, la recherche disposant désormais de très nombreuses possibilités d’édition, on constate souvent une fragmentation et une dissémination de la connaissance. Ces rééditions en cohérence se veulent donc un outil au service des sciences humaines et sociales appliquées aux milieux insulaires de l’aire Pacifique.
En second lieu, la collection « Portes océanes » a pour ambition de permettre la diffusion auprès du public francophone des principaux résultats de la recherche internationale, grâce à une politique concertée et progressive de traduction. Tout naturellement, elle permettra aussi la publication de colloques ou de séminaires sans s’interdire la publication d’ouvrages mettant à la disposition du public les derniers travaux universitaires ou des recherches originales.
Déjà parus
Frédéric Angieviel : Histoire de la Nouvelle-Calédonie. Nouvelles approches, nouveaux objets , 2005.
Sonia Faessel  : Vision des îles : Tabiti et l’imaginaire européen. Du mythe à son exploitation littéraire (XVIII e -XX e siècles), 2006.
Alain Moyrand : Droit institutionnel de la Polynésie française , 2007.
Mounira Chatti, Nicolas Clinchamps & Stéphanie Vigier  : Pouvoir(s) et politique(s) en Océanie — Actes du XII e colloque CORAIL, 2007.
À paraître
Jean-Michel Lebigre et Frédéric Angleviel (dir.) : Le Pacifique vu de Nouméa.
Sophie Bantos et Elvina Inghels (dir.) : Perspectives de développement des outre-mers français de l’hémisphère sud.
Michel Wauthion: Langues et identités à Vanuatu.
Collectif : Franconcsia. Études anglophones.
Collectif  : Franconesia. Études italiennes.
Claire Laux, Céline Borello & Frédéric Angleviel : Histoires religieuses d’Océanie.
Tahiti Nui
ou les dérives de l’autonomie

Sémir Al Wardi
Sommaire
« Portes océanes » Page de titre Page de Copyright Remerciements Introduction Chapitre I - L’obsession de la France Chapitre II - La construction d’un pouvoir local Chapitre III - La fin de « l’impératif nucléaire » Chapitre IV - La tentation autoritaire Chapitre V - Une « complicité » de l’État Chapitre VI - Le déclin de la tentation autoritaire, chronologie des crises politiques Chapitre VII - L’UPLD au pouvoir ; la stratégie de l’indépendance Chapitre VIII - La Polynésie et la République Conclusion Bibliographie
MISE EN PAGE Totem Infographie | Tél : (687) 79 54 30 | toteminfo@mac.com
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296050327
EAN : 9782296050327
Remerciements
Je remercie vivement toutes celles et ceux qui m’ont généreusement et patiemment aidé, Mmes et MM. Anne Boquet, Jean Bouchet, Hélène Rouland, Jean-Claude Hélin, Christian Montet, Patrick Peaucellier, Jean-Marc Regnault, Maco Tevane, Maïana Bambridge, Jean Vacheron, Mareva Beaugrard, Muriel Pontarollo, Olivier Jacob, Gilles Marsauche, Alex du Prel et beaucoup d’autres encore.
Une pensée particulière pour mes parents, mon frère Nédim, mes proches qui ont souffert de ces années de recherche, ma compagne Stéphanie, mes filles Solène, Clémence et Alexandra à qui je dédie ces pages.

Avertissements
Les journaux Les nouvelles et La Dépêche sont les quotidiens de Polynésie française.
Les principaux partis politiques et leurs leaders, cités dans cette étude, sont : — le Tahoeraa Huiraatira, principale formation autonomiste, dirigé par Gaston Flosse. — le Tavini Huiraatira, principale formation indépendantiste, dirigé par Oscar Temaru. — le Ai’a Api dirigé par Emile Vernaudon. — le Fetia Api, formation autonomiste modérée, dirigé par Boris Léontieffpuis, après son décès, par Philip Schyle. — le No oe Te Nunaa, formation autonomiste modérée, dirigé par Nicole Bouteau.
Le statut de 2004 change le nom du président de la collectivité : il passe de « président du gouvernement de la Polynésie française » à « président de la Polynésie française ». De même, les « conseillers territoriaux », membres élus de l’assemblée locale, prennent celui de « représentants ».
Introduction
L’observateur découvrant la Polynésie française, collectivité peu peuplée — moins de 200 000 électeurs 1 —, est d’abord surpris par l’extrême activité de sa vie politique digne de celle d’un État, marquée par des relations avec la France métropolitaine d’égal à égal, des militants nombreux et passionnés, des joutes entre partis dignes de la Grèce antique... Avant l’arrivée des Européens, la vie politique pouvait déjà se résumer à « qui est contre qui, et combien de temps cela durera-t-il ? », selon l’anthropologue Jean-François Baré 2 . Notre projet est d’expliquer la période qui s’étend de 1996 à 2006, c’est-à-dire la Polynésie de l’après-nucléaire.
Il faut pour cela prendre d’abord en considération la très importante dimension du pouvoir local, acquise depuis ces dernières années, qui, grâce aux transferts de l’État et aux compétences accordées par lui, est devenu incontournable dans le jeu économique et social. Le pouvoir local seul distribue les subventions, les autorisations, mais aussi essentiellement le travail aux entreprises et les emplois... On comprend que cette prépondérance soit si convoitée, disputée entre les divers protagonistes.
Aujourd’hui, l’alternance imprévue des majorités, le passage des hommes politiques d’un camp vers l’autre, les motions de censure multipliées, les alliances souvent surprenantes, montrent qu’il existe une perception particulière du politique en Polynésie, voire dans toute l’Océanie. Les îles Salomon, Samoa, Cook, Tuvalu et d’autres États du Pacifique Sud sont sujets à la même instabilité politique chronique.
La raison en est que la représentation du pouvoir repose essentiellement sur l’affectif, les relations personnelles et le clientélisme, effets de l’insularité — comme dans tout l’outre-mer français — très bien décrits par Thierry Michalon : « L’insularité est un autre facteur de conservation d’une culture fondée sur l’affectivité : il s’agit bien sûr de l’insularité géographique, qui maintient à l’écart des grands brassages d’hommes et d’idées, mais surtout de l’insularité des esprits, ce désir fondamental de vivre entre soi, qui pousse à souhaiter le départ des allogènes et à se replier sur les délices de la connivence et les poisons des luttes de clan » 3 .
L’étude de cette vie politique particulière se heurte donc à la difficulté à comprendre un territoire non seulement aux antipodes de la métropole, mais aussi étranger à la grille d’analyse habituellement utilisée, et inappropriée. Notre vision des choses est peu objective, toujours liée à notre passé, notre formation, notre culture. Jean d’Ormesson écrit avec clarté : « Nous étions nos propres victimes, ou peut-être plutôt les victimes d’un passé dont même les plus libérés d’entre nous restaient encore prisonniers. Comme il est difficile de changer de passé, de classe sociale, de constellation économique et intellectuelle ! » 4 .
On tentera donc d’expliciter tous les éléments qui composent la culture politique polynésienne, sans trop les complexifier en suivant les conseils de Régis Debray : « Étonnez-vous ... des débauches d’inventivité des analystes et politologues qui, sans doute pour honorer la clientèle de plats raffinés, s’acharnent ... à « complexifier » un enchaînement d’imprévus » 5 . Mais l’observation n’en est pas aisée, tant la Polynésie baigne dans un jeu politique qui est un mélange de traditions occidentales et océaniennes, une sorte de syncrétisme oscillant entre le rationnel et l’irrationnel, l’affectif et l’institutionnel, le droit et les combinaisons politiciennes, les perceptions angl

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