Le grand auteur suivi de Notre passion pour le jogging et Président-Directeur général

Gérard Moss

Description

Le grand auteur


Règlement de comptes au pays des Lettres...




Notre passion pour le jogging


Tous les ans, Richard et Sophie font une escapade sportive en tête à tête. La performance physique est-elle leur seule motivation ?




Président-Directeur général


Qu'est-ce qui a pu pousser François-René Duchamp à briguer le poste de P-DG ?

Sujets

• Thriller
• Romans de genre
• Nouvelles de genre
• Roman policier
• Renseignement
• Fiction
• Thrillers

Informations

• Publié par: 12-21 Editions
• Date de parution: 11 octobre 2012
• Nombre de lectures: 20
• EAN13: 9782823804478
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Gérard MOSS

Le grand auteur
 suivi de
 Notre passion pour le jogging
 et
 Président-Directeur général

12-21

Le grand auteur

On est plusieurs comme moi, à graviter autour de lui, Philippe Henri, le grand auteur, dans une relation amour/haine destructrice. Et comme moi, je suis sûr qu’on est plusieurs à rêver de lui faire fermer sa gueule, sa grande gueule, pardon si je suis vulgaire, mais il n’y a pas d’autre mot.

Remarquez, si je disais ça tout haut, si je parlais comme ça de sa jolie gueule à ses lectrices, elles seraient nombreuses, près d’un million, à prendre sa défense. D’abord elles le trouvent beau. Année après année. Elles sont dingues des petits kilos qu’il a pris, de sa barbe poivre et sel, des lunettes qu’il doit chausser pour lire des extraits de son nouveau roman.

Et puis elles aiment ses livres, une dizaine de titres à ce jour, autant à venir, si rien ne lui arrive entre-temps, un accident par exemple.

Au départ, il n’était pas dans mes intentions de le tuer. Ça ne faisait pas partie de l’histoire. On était dans une guimauve, pas un polar. Non. Mais lui envoyer des Roumains, des Tchétchènes ou des Cubains, ça oui ! Des types un peu costauds pour le bousculer, comme ça, trois fois rien. Et quand il serait à terre, en sang, avec deux ou trois côtes cassées et le nez aussi, quelqu’un lui dirait : « Maintenant, tu vas fermer ta gueule. Juste, la fermer. » Fin du chapitre !

Mais tout seul, je ne pouvais rien faire. Trouver les gars, l’argent… Je ne sais même pas où chercher. Dans l’annuaire ? Je suis tellement con parfois. Si seulement il avait bien voulu me refiler un peu de son intelligence ou de son talent ! Les autres disent que je suis jaloux. Mais c’est pas du tout ça. Je regrette seulement qu’il ne m’ait pas mis un peu de plomb dans la tête !

Il faudrait nous réunir tous : son équipe, son staff, ses choses, ses créatures. Tous ceux qui font qu’il est devenu ce qu’il est devenu : Philippe Henri, le grand auteur. Mais il y a une telle inertie entre nous ! On n’est même pas capables de se téléphoner pour organiser quelque chose.

Et puis on est divisés en deux. « Divisés en deux. » Pléonasme. Ça ne vous choquera pas si vous lisez Philippe Henri. Ses romans en sont pleins : clichés, fautes de grammaire, de syntaxe, facilités, plagiat, redites. Alors j’assume moi aussi : on est divisés en deux. L’équipe de Paris et celle de Los Angeles.

Camille fait partie de la seconde, l’American crew. Je me souviendrai toujours de notre première rencontre, sur une plage de Los Angeles, ses jolis cheveux blonds dans le vent. Elle pleurait un amour perdu, les yeux tournés vers la mer et comme elle, mouillés de larmes. Mon cœur s’est emballé comme jamais. J’ai cru défaillir.