Le lit à surprises
53 pages
Français

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Description

Théophraste est un fonctionnaire pantouflard à la vie réglée comme du papier à musique. Un soir, il découvre le cadavre d’une femme dans son lit. Le temps de surmonter la panique et de courir chercher la police, le corps a disparu et il est conduit au poste, suspecté d’avoir voulu se moquer des autorités. En rentrant chez lui, Théophraste ne sait plus que penser et commence à douter de ce qu’il a vu. Pourtant, la réalité va très vite le rattraper, à son retour, le corps est de nouveau là ! Dès lors, le fonctionnaire ne va pas cesser d’aller de mauvaise surprise en mauvaise surprise et mettra tous ses espoirs de retrouver une vie calme entre les mains du détective LAUTREC.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 11
EAN13 9782373473247
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DÉTECTIVE LAUTREC
LE LIT À SURPRISES
Roman policier
Maurice BOUÉ
D'après la version publiée dans « L’ÉDITION POPULAIRE » De BRUXELLES (Belgique) en 1915.
*1*
LA BELLE INCONNUE
M. Théophraste Lefèvre, vieux célibataire ramolli, remplissant les hautes et honorables fonctions de chef de bureau au ministère des Affaires Étrangères, ème venait de rentrer dans son appartement de la rue Bl anche, dans le IX .
Il était dix heures treize minutes du soir.
Par esprit d'économie, Théophraste ne rentrait jama is plus tôt chez lui. Après son dîner, il avait coutume de passer sa soir ée dans le même café d'habitués, où il restait attablé pendant des heure s devant un éternel « demi ».
Cette mesure de prévoyance lui évitait des frais de chauffage et de lumière, fort onéreux pour un fonctionnaire prévoyant.
Avec une ponctualité vraiment ahurissante, Théophra ste se levait de table à 10 heures sonnantes. Chaque soir, il prenait le mêm e chemin, suivait le même trottoir et, à dix heures douze minutes et cinquante-sept secondes exactement, il franchissait le seuil de son home.
La terre ne décrit pas son orbe avec une plus admirable régularité. C'était un fonctionnaire modèle et, si nous ne craignions pas d'entrer trop profondément dans sa vie privée, nous dirions qu'il avait ses he ures pour ses grands et ses petits besoins.
Il était donc, avons-nous dit, dix heures treize.
M. Théophraste Lefèvre referma soigneusement sa por te, déposa son chapeau où il avait coutume de le placer depuis tre nte-cinq ans et douze jours. Il tira de sa poche son briquet et il alluma sa chande lle. Théophraste, disons-le en passant, n'avait jamais voulu se servir du gaz ni d e l'électricité, qui lui paraissaient être des inventions inutiles et, comme il le disait, fort dispendieuses.
Dès lors commença le déshabillé de notre héros. Dés habillé rapide. Théophraste ne se hâtait que lorsqu'il se livrait à ce genre de travail.
La vie sédentaire de bureaucrate routinier ne l'ava it guère accoutumé à cette insolite rapidité. Mais il y avait ici un cas de fo rce majeure.
Tandis qu'il se déshabillait, la chandelle brûlait et la chandelle c'était lui qui devait la payer et non le gouvernement.
Ah ! Les contribuables égoïstes ne se doutaient pas des frais qu'ils occasionnaient à l'auguste fonctionnaire.
En très peu de temps, Théophraste avait déposé préc autionneusement, sur
le dossier d'une chaise, sa jaquette, son gilet et son pantalon.
Col et cravate étaient jetés sur sa table. Puis il enfilait sa chemise de nuit et soufflait sa chandelle.
Sa fiévreuse agitation cessait dès ce moment. Posém ent, Théophraste, dans l'ombre, relevait à demi les draps de son lit, se couchait sur le dos, légèrement incliné sur le côté droit et il attendai t le sommeil, en pensant – si l'on peut appeler penser l'humble travail cérébral auque l il se livrait durant quelques minutes.
Disons plutôt, pour parler franc, qu'il ruminait un peu à la façon des mammifères. Le sommeil venait à heure exacte. Tout chez cet homme, répétons-le, s'accomplissait régulièrement.
Or donc, ce soir-là, Théophraste venait, comme tous les autres soirs, d'éteindre sa chandelle. Il avait entr'ouvert ses d raps et il pénétrait dans son lit.
Il allait étendre la jambe gauche, lorsque soudain sa main étreignit ou plutôt heurta un objet inconnu et conséquemment insolite.
Il y avait dans le lit quelque chose qu'il n'avait pas coutume d'y trouver.
Qu'était-ce ?
Il palpa l'objet nouveau. Il sentit sous ses doigts comme un bras de statue, et, à la vague clarté de la lune, il devina ce qu'i l n'avait pas remarqué à la lueur de la bougie : un corps de femme ! L'habitude de ne rien voir chez soi...
Du coup, Théophraste rebondit sur lui-même.
Une femme était là, il n'y avait aucun doute possib le ! Une femme ! Et d'où diable venait-elle ?
La surprise, chez notre méthodique personnage, fut si soudaine et si grande, qu'il en oublia tous ses principes d'économ ie pratique et que, machinalement, il alluma sa chandelle.
Puis, prudemment, élevant son luminaire, il s'avanç a vers le lit et regarda.
Effectivement une inconnue était couchée là. C'étai t une femme splendide, d'une beauté réellement impeccable, détail qui ne r etint guère d'ailleurs l'attention de Théophraste.
Le digne fonctionnaire ne se pardonnait pas de ne p as l'avoir remarquée plus tôt : cela lui eût évité de brûler inutilement la cire de sa chandelle.
On ne pense pas à tout et les meilleures méthodes o nt leurs défauts.
D'où, se demandait notre rond-de-cuir, pouvait bien venir cette intruse ?
Était-ce une plaisanterie ? Plaisanterie de mauvais goût, à coup sûr.
Ayant conscience de la gravité de la situation, M. Lefèvre prit un air à la fois
décent et correct pour s'approcher de l'inconnue et lui dire.
— Madame, voudriez-vous, je vous prie, me dire à qu elle circonstance je dois l'honneur de vous trouver chez moi ?
Mais la belle inconnue resta muette.
« Oh ! se dit Théophraste, voilà qui passe les born es de la bienséance. »
Et il répéta sa demande, sur le ton, cette fois, de l'injonction.
Mais l'étrangère ne bougea pas davantage.
« Et ma chandelle qui brûle toujours !... » pensa l 'avare avec la vague inquiétude de voir le mutisme de l'inconnue se prol onger au détriment de la cire.
Cette idée éveilla en lui les facultés endormies de l'initiative. Il s'approcha à nouveau de l'étrangère et, sans ménagement, cette fois, la secoua.
Il constata alors un fait inouï, qui eût fait dress er ses cheveux sur son crâne s'il n'avait pas été chauve comme la lune : le corp s était froid.
C'était une morte qui était étendue dans son lit !
Cette constatation dépassait tout ce que notre paci fique héros eût pu imaginer d'inattendu. D'un seul coup, cet événement prodigieux bouleversait son existence, jusqu'alors si calme.
Quelle idée saugrenue cette morte avait-elle eu de choisir précisément son lit, à lui, pour venir y chercher un suprême refuge ?...
Que faire en une telle occurrence ? De sa vie, Théo phraste n'avait pas prévu un tel événement. Accoutumé qu'il était aux besogne s machinales, aux travaux réguliers, il ne savait quel parti prendre en des c irconstances absolument fortuites. On ne l'avait pas éduqué, on ne l'avait pas instruit dans ce genre d'entraînement.
Mais il y eut en lui comme la détente d'un lointain ressort atavique.
Théophraste déposa son bougeoir sur sa table de nui t, chaussa ses pantoufles, comme il le faisait en se levant le mat in, ouvrit sa porte et, quatre à quatre, descendit les escaliers.
Comment ne se cassa-t-il pas un bras ou une jambe ? Par quel prodige ne se brisa-t-il pas les os ? Nul, et lui moins que to ut autre, n'eût pu le dire.
Il ne s'arrêta que devant la loge de la concierge, qu'il réveilla autant par ses cris que par la sonnerie, qu'il fit résonner avec u ne telle insistance que Madame Grimbois arriva, effarée, en moins de temps qu'il n e faut pour le dire.
Cette digne et importante personne encadra son visa ge bovin dans le judas de la loge et reconnut M. Théophraste Lefèvre.
— Pas possible ! s'écria-t-elle. C'est vous, monsie ur Lefèvre ?...
— Madame, venez vite, je vous prie ! s'écria le fon ctionnaire.
— Mais qu'y a-t-il donc ?
— J'ai trouvé une femme dans mon lit !
— Vous avez trouvé ?...
— Une femme, madame, une femme !
— Mais, monsieur Lefèvre, est-ce bien vous qui parl ez de la sorte ?
— De grâce, madame, trêve de paroles vaines, venez vite, de grâce !
— Bien, monsieur Lefèvre, je m'habille et j'arrive.
Théophraste attendit, grelottant de froid et d'émotion.
me Deux minutes après, M Grimbois, que suivait docilement son époux, apparut, imposante et belle comme l'antique.
— Excusez-moi, je vous prie, madame, balbutia Théop hraste ému par l'ampleur que prenait l'événement, mais vous compre nez... une femme dans son lit... on perdrait la tête à moins.
— Je vous crois, fit le doux M. Grimbois, concilian t.
La concierge retourna son regard furibond vers son seigneur et maître pour lui dire d'un ton coupant :
— Vous, Ignace, taisez-vous. On ne vous demande pas votre avis.
Ignace baissa prudemment la tête et se tut.
me M Grimbois s'était tournée vers M. Lefèvre et, fixan t sur lui un regard chargé de courroux et d'indignation, elle dit enfin :
— Je ne vous avais jamais vu ivre, monsieur Lefèvre .
Théophraste se redressa dignement :
— Madame, dit-il, je ne suis pas ivre et je vous pa rle très sérieusement. Un crime a été commis, une femme est morte, et le cada vre est dans ma chambre.
Cette révélation ou plutôt ce mot de « crime » me M Grimbois, mélange de force et de faiblesse.
ébra nla l'impavide
— Ignace, dit-elle d'un ton radouci, en se tournant vers son époux, il faut avertir la police.
— J'y vais, poupoule, j'y vais.
me — Pendant ce temps, continua M Grimbois, je vais réveiller les autres locataires, appeler à l'aide. Peut-être...
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