Palmes d or et de sang
126 pages
Français

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Palmes d'or et de sang , livre ebook

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Description

Le réalisateur Daniel Spielstein, meurt foudroyé par un projectile en plein thorax alors qu’il montait fièrement les marches du Palais du Festival de Cannes. Les millions de téléspectateurs qui assistaient à l’événement sont bouleversés.


Le commissaire Enzo Colonna mène une enquête difficile malgré les innombrables documents photographiques et filmés dont il dispose. Sa curiosité l’amène en Californie, mais il revient sans beaucoup d’éléments décisifs.


C’est sur le tapis rouge de la Croisette que pourrait bien se dénouer cette affaire aussi incroyable que médiatique, aux rebondissements inattendus et dramatiques.



Action, suspense, politique et finance, haine et affection, amour et sensualité, le cinéma est friand de tous ces actes et sentiments, mais pour une fois, il est directement impliqué.


***



Extrait :


La tension était palpable, en cette fin de Festival du Film 2015. Tout autour du Palais et sur la Croisette, la foule se pressait pour accueillir dignement les ultimes prétendants à la Palme d’Or. Le metteur en scène Daniel Spielstein et son équipe venaient concourir avec leur dernière réalisation de science-fiction : Universal Space.


À vrai dire, personne n’avait vu la production et les rumeurs de navet comme de chef-d’œuvre allaient bon train dans le milieu du cinéma. La projection dans le grand auditorium aurait le mérite d’étayer les opinions de chacun et surtout de sacrer ou de maudire la création du maître.


Spielstein avait beaucoup manœuvré en coulisse pour que sa réalisation paraisse le samedi, en milieu d’après-midi, faute de quoi il avait menacé de se retirer de la compétition, ce qui aurait dévalorisé l’événement. Il avait eu gain de cause.

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Informations

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Nombre de lectures 7
EAN13 9791034804849
Langue Français

Extrait

Palmes d’or et de sang
Louis Langlois Palmes d’or et de sang Roman Couverture:Néro Publié dans laCollection Clair-Obscur, Dirigée parJennifer Pereira
©Evidence Editions2018
À ma première lectrice, avec ma reconnaissance d’avoir tant supporté mon intarissable appétit d’écrire
Première partie
Ascensionvers la gloire La tension était palpable, en cette n de Festival du Film 2015. Tout autour du Palais et sur la Croisette, la foule se pressait pour accueillir dignement les ultimes prétendants à la Palme d’Or. Le metteur en scène Daniel Spielstein et son équipe venaient concourir avec leur dernière réalisation de science-fiction:Universal Space. À vrai dire, personne n’avait vu la production et les rumeurs de navet comme de chef-d’œuvre allaient bon train dans le milieu du cinéma. La projection dans le grand auditorium aurait le mérite d’étayer les opinions de chacun et surtout de sacrer ou de maudire la création du maître. Spielstein avait beaucoup manœuvré en coulisse pour que sa réalisation paraisse le samedi, en milieu d’après-midi, faute de quoi il avait menacé de se r etirer de la compétition, ce qui aurait dévalorisé l’événement. Il avait eu gain de cause. Vers seize heures, un Hummer blanc carrossé en limo usine d’une ving taine de mètres de long ueur s’avança sur la Croisette à une vitesse de sénateur. Il était précédé et suivi de quatre motos Harley-Davidson chevauchées par des starlettes blondes aux casques futuristes et aux combinaisons métallisées particulièrement sexy. Le long de chacun des 7ancs de la voiture, sur les marchepieds longeant les portières, se tenaient quatre extra-terrestres lourdement vêtus d’une armure intégrale faite d’un alliage encore inconnu sur notre planète. Au niveau de leur tête, on pouvait distinguer, côté face, un œil panoramique de teinte bleue aublé de trois iris, ce qui devait leur assurer une vision en trois dimensions. Côté nuque on apercevait un organe semblable, mais de volume réduit. Une sorte de rétroviseur ou bien de caméra de recul, pour faire simple. Point de nez sur ce visage ang uleux, mais quatre orices qui, par moments, évacuaient des jets de vapeur aux tons changeants. Ceux-ci permettaient ainsi de matérialiser les faisceaux lasers de couleur verte qu’émettaient les trois doigts de chacune de leurs deux mains tendues dans le sens de la marche. Quand le convoi parvint près de l’entrée du Palais des Festivals et des Congrès, de puissants haut-parleurs diusèrent un hymne g uerrier à la g loire des peuples du cosmos. Les 7ashs des spectateurs crépitaient sans n et les premiers «hourras» s’élevèrent de la foule subjug uée. La bousculade devenait indescriptible au fur et à mesure que l’équipage franchissait les derniers mètres. Les personnes chargées de la protection des stars, prévues par l’organisation, furent très rapidement dépassées et les premiers photographes vinrent coller leurs objectifs sur les vitres fumées de la voiture, entre les gardes impassibles. Le convoi se stabilisa en n. Les amazones juchées sur leurs bolides rutilants abandonnèrent le Hummer, immobilisé à proximité immédiate du tapis rouge. Les extra-terrestres caparaçonnés attendirent la n de l’hymne avant de descendre de leur piédestal pour ouvrir les portes de la limousine. L es agents de sécurité reprirent bientôt l’avantage pour libérer l’accès au célèbre escalier, moquetté de pourpre comme l’exige la tradition. Ce fut une femme qui apparut la première à la porte du véhicule. Grande, svelte, elle portait une robe dorée parfaitement lisse et moulante comme une seconde peau couvrant la totalité de son corps, y compris son visage. Elle arborait des lunettes de soleil futuristes aux re7ets mordorés évoquant trois yeux stylisés. Ses lèvres maquillées de mauve laissaient deviner des dents gainées d’or et incrustées de brillants. Elle saisit un des trois doig ts que lui proposait le sbire de serv ice et descendit avec précaution de la voiture. Les
photographes redoublèrent d’eorts an de xer pour l’éternité cette divine révélation. Les supputations sur l’identité de l’actrice allaient bon train dans la foule des curieux. Certains aĀrmaient qu’il s’ag issait de Zetta Pearl quand d’autres parlaient de Pamela Joly. Il en fut même qui prétendirent que c’était un comédien… malgré les apparences. La star s’écarta légèrement pour laisser place à une seconde poupée à la plastique aussi parfaite, mais dont la peau avait la couleur de l’a rgent. Suivirent deux hommes habillés, comme leurs complices féminines, de vêtements très moulants lai ssant deviner d’impressionnantes musculatures. Certains spectateurs crédules qui avaient conclu que l’espace était habité de créatures sculpturales furent un peu déçus en voyant enfin descendre le maître de cérémonie, Daniel Spielstein en personne. L’homme refusa la main tendue du dernier adonis débarqué de la limousine pour sauter sportivement sur le tapis rouge. Il était petit et plutôt svelte. Ses cheveux auburn étaient redressés sur son crâne pour former une sorte de crête comme pour imiter un peu Tintin. Tel un dog ue allemand en colère, de long ues oreilles pointues s’étiraient vers sa nuque. De grosses lunettes en écaille aux verres très foncés masquaient en partie seulement le haut de son visage et en particulier une multitude de taches de rousseur qui lui conféraient une allure de gamin capricieux. Il portait, sur le tors e, une chemise en soie de couleur bordeaux dont il avait retroussé les manches à mi-bras, une cravate et une pochette dans le même tissu. Des cuissardes en cuir noir habillaient la presque totalité de ses jambes et cela lui donnait un air de mousquetaire. Dans sa main droite, il avait troqué l’épée contre une petite caméra vidéo dont l’anse en nylon entourait son poignet. Il jouait de l’appareil comme un enfant se serait amusé d’un yo-yo ou un cow-boy de son pistolet. Il le faisait tourner sur lui-même pour soudain le rattraper d’un geste vif et précis avant de le relancer. Daniel Spielstein attendit que ses extra-terrestres viennent se dresser de part et d’autre du premier tronçon de l’escalier pour indiquer à ses quatre partenaires qu’il était temps de commencer la montée des marches de la g loire. Il t deux pas en avant et tous rent une dernière volte-face à l’appel des photographes désireux de prendre un ultime cliché de l’équipe. L entement, solennellement, ils gravirent les quelques échelons qui menaient au palier intermédiaire. La foule exultait et réclamait une pose pour mieux admirer les héros du jour. Daniel Spielstein se retourna, imité par les deux couples qui l’accompagnaient, au moment où un sinistre grondement se t entendre dans la sono. D’abord ass ez discret, le bruit fut de plus en plus présent po ur bientôt devenir assourdissant. Le déjà célèbre metteur en scène se tourna légèrement vers la droite, comme pour observer la mer Méditerranée toute proche et tendit son bras gauche vers elle en pointant son index. Un épais nuage de fumée grise 7ottait sur l’eau et avançait lentement vers le rivage au grès de la brise de mer qui s’était levée. Une rumeur parcourut l’assistanc e. Mais quelle surprise leur avait réservé ce diabl e d’homme? Un battement rythmé de tambours s’ajouta à l’intens e bruit de fond et le banc de brume s’illumina d’éclairs de teinte émeraude. Spielstein restait gé comme pétrié par l’événement. Pour présenter une telle mise en scène, encore fallait-il qu’il soit convaincu de son succès. La foule hurlait son plaisir, enthousiasmée par le spectacle de sons et lumières qui lui était oert. Soudain la masse cotonneuse se déchira pour laisser apparaître l’extrémité d’un eng in volant de grande taille. Il était constitué d’un plateau de couleur argentée sur les bords duquel étaient xés quatre éléments fusiformes hérissés de ce qui semblait être des canons. L’ensemble devait bien mesurer une vingtaine de mètres de large sur une trentaine de mètres de long. L’avant de l’appareil formait un cône d’où était émis un puissant faisceau laser, celui qui, sans doute, était à l’orig ine des éclairs que l’on avait aperçus à travers la fum ée. L’eng in se stabilisa au-dessus de l’eau, à quel ques encablures du rivage. Spielstein s’anima soudain, pas mécontent de l’émotion qu’il avait créée parmi les spectateurs. Il saisit sa
caméra et lma la foule qui s’extasiait à ses pieds, avant de diriger l’objectif vers le vaisseau du futur qu’il avait inventé. Il exultait. Jamais aucun de ses confrères n’aurait imag iné une telle apparition. C’était le couronnement de sa jeune carrière qu’il vivait là et il savourait l’instant sans retenue. Des centaines de badauds pouvaient admirer son œuvre avant même de la découvrir dans une salle obscure. Des millions de téléspectateurs suivaient l’événement en direct et demain des milliards seraient témoins, en diéré, de ses exploits. Le succès planétaire de son film était assurément inévitable, incommensurable, perpétuel. Le rayon laser pointait maintenant vers le Palais des Festivals et semblait hésiter, comme s’il cherchait une cible particulière. Il nit par se stabiliser lorsqu’il rencontra son créateur dont il éblouit, pendant une fraction de seconde, l’objectif de la caméra. Spielstein savoura l’instant immortalisé sur le disque dur de son appareil. La précision dans sa mise en scène faisait aussi partie du spectacle. Le spot émeraude navig ua ensuite sur son corps comme si l’astronef qu’il avait conçu lui attribuait une caresse reconnaissante. Aucune femme au monde, et Dieu seul sait combien il en avait connu, ne lui avait adressé une si jouissive attention. L’extase était à son paroxysme. L’homme ferma les paupières pour prolonger ce merveilleux instant et s’écroula sur le tapis qui faisait sa renommée. La caméra, accidentellement détachée de son poignet, descendit seule les marches vers la foule éberluée et incrédule. Les qu atre acteurs se précipitèrent aussitôt au secours d u réalisateur qui les accompagnait vers la g loire. Un e auréole brune grandissait sur la chemise du célèb re metteur en scène avant d’assombrir aussi la moquette écarlate. Les deux starlettes poussèrent des cris de terreur en constatant que leurs doig ts étaient souillés de sang , ameutant ainsi les extra-terrestres qui vinrent proposer leur aide. Les paparazzis qui n’avaient pas d’accréditation pour suivre les vedettes sur l’escalier sacré forcèrent le passage pour immortaliser le scoop de leur vie. Sur le trottoir des femmes hurlaient en se voilant la face de leurs mains jointes pendant que les homm es tournaient la tête pour ne plus deviner les bras ensang lantés qui s’ag itaient un peu plus haut, sur les marches. Les plus courageux d’entre eux purent apercevoir les g uerriers du cosmos soulever délicat ement Daniel Spielstein et l’emmener à l’intérieur du bâtiment après lui avoir fait gravir les derniers échelons dédiés à sa gloire. L’escalier disparut bientôt sous la masse des gens agg lutinés sur le tapis rouge. Les photographes continuaient de 7asher sans cesse les scènes d’hyst érie qui se déclenchaient ça et là parmi la foule. Les cameramen enreg istraient en continu ce spectacle de désolation décrit par des journalistes, hurlant leurs commentaires en pataugeant dans la mare de sang laissée par la victime. Au loin, on entendait déjà le son des sirènes des ambulances et des forces de l’ordre. Dans le ciel, le faisceau laser du vaisseau cosmique s’était éteint et l’eng in, stabilisé, fut lentement recouvert par les nuages de fumée qu’il avait lui-même émis et qui nirent par l’envelopper totalement. Les roulements de tambour diusés par les haut-parleurs ainsi que le sinistre bruit de fond qui les accompagnait s’estompèrent. Le spectacle s’achevait dans une cohue indescriptible. On entendit bientôt les premiers ordres lancés au mégaphone par les policiers arrivés sur les lieux de ce qu’il fallait bien se résoudre à appeler un meurtre. À regret, toutes les personnes présentes sur les marches durent s’éloigner an de laisser les techniciens analyser les rares éléments d’une authentique scène de crime. Des agents en tenue délimitèrent un espace débordant largement du tapis rouge sur lequel on po uvait apercevoir, parmi une grande quantité de mouchoirs en papier et de mégots, une magnifique rose blanche.
PPêche etpécs Le commissaire Enzo Colonna avait attendu toute la semaine avant de s’attribuer quelques heures de détente. Il faut dire que le festival représentait pour lui une charge de travail supplémentaire très importante. L’événement attirait une faune riche et excentrique qui venait se défouler dans les grands hôtels et restaurants de la ville. Pour ces gens-là, il avait donné à ses hommes des consignes de diplomatie frisant même la tolérance illimitée. Malheureusement la pègre marseillaise et niçoise avait (airé l’aubaine. Elle avait rejoint des électrons libres de la maa italienne e t albanaise déjà installés dans Cannes. Tous ces ge ns indélicats proposaient leurs produits prohibés plus ou moins ranés et leurs starlettes appétissantes à qui voulait se détendre. Les recommandations à leur encontre étaient toutes autres: répression, arrestations, isolement ou éloignement. Le résultat, à la veille de la remise des prix, était plus que satisfaisant et il avait bien mérité d’aller taquiner la vieille et la rascasse, sur son pointu, ce samedi après-midi. Vers quatorze heures, il avait quitté le V ieux Port, où son authentique raot provençal était amarré. La barque était un pointu qui méritait toutes ses atte ntions. Il se balançait mollement, retenu perpendiculairement au quai, en attendant le bon vouloir de son propriétaire pour a0ronter la Méditerranée. Comme souvent, Colonna avait siroté un cognac au Marina Ca0é, avant de prendre la mer. En longeant le môle, il s’était retourné à plusieurs reprises pour apercevoir l’entrée du Palais des Festivals et vérier, une dernière fois, que rien ne clochait. Une petite houle de sud vint se briser sur l’étrave de la «Santa Maria». C’est ainsi qu’il avait renommé son navire que le p récédent propriétaire, paix à son âme, avait baptis é «Pitchoun». Certes, il n’avait pas l’intention de découvrir l’Amérique avec son pointu, mais la référence à Christophe Colomb avait flatté son ego. Sous un soleil à peine voilé par quelques nuages d’altitude, Colonna mit le cap vers les Îles de Lérins. Sur bâbord, à bonne distance de la plage de la Croisette et de Long Beach, plusieurs milliardaires avaient ancré leurs yachts plus luxueux les uns que les autres.Ces gens-là ne se mélangent pas à la populace,le pensa commissaire. Il contourna Sainte-Marg uerite par l’ouest pour venir mouiller entre Saint-Honorat et Saint-Ferréol, au-dessus d’un tombant qu’il connaissait bien. Non seulement l’endroit était poissonneux, mais encore le relief des îles masquait le continent. Il pouvait alors se remémorer son enfance quand il sortait en mer, au large de Bonifacio, avec son Papé «Lissandru». Le brave homme n’était pas loquace, mais en quelques phrases il lui avait tout appris de la navigation et de la pêche. Il avait disparu un jour dans le maquis, du côté de Sartène. À l’époque on avait parlé d’une vendetta et son corps aurait été laissé aux cochons. Les gendarmes n’avaient jamais rien retrouvé, ni l’assassin, ni la victime et l’a0aire avait été rapidement classée. C’est alors qu’Enzo avait décidé de faire l’école de police. Une vocation naît parfois d’un drame. Une touche secoua violemment le scion de sa canne. Enzo ferra et commença à remonter la ligne. L’animal se défendait bien. C’était bon signe. Inconsciemment, il évaluait le poids de la capture quand il aperçut une ombre sombre qui se dirigeait sous la coque. C’est un monstre,pensa-t-il euphorique, au moment même où le poisson lui reprenait du l. Enzo serra un peu le frein du moulinet et stoppa ainsi la fuite en avant de la bête. Il commença la progressive remontée du nylon, dressant lentement sa canne vers le ciel, avant de la redescendre rapidement tout en emballant la manivelle. La grosse g ueule d’un mérou épuisé creva
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