Un cadavre, ça ne saigne pas
37 pages
Français

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Un cadavre, ça ne saigne pas , livre ebook

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Description

Léon Pradel, un infâme maître chanteur, est retrouvé mort, assis devant son bureau, deux balles dans la tête.


Chargé de l’affaire, le commissaire Odilon QUENTIN ne tarde pas à retrouver l’assassin, une jeune femme que la victime faisait chanter et qui menaçait de mettre en péril son heureux mariage. Cette dame a été vue par la concierge, fuyant les lieux du crime, une arme à la main.


Bien que le policier obtienne des aveux, le dossier va prendre une tournure inattendue grâce à l’axiome : « Un cadavre, ça ne saigne pas ! »...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 32
EAN13 9782373471915
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couve

Odilon QUENTIN

 

* 18 *

UN CADAVRE, ÇA NE SAIGNE PAS

Roman policier

 

par Charles RICHEBOURG

CHAPITRE PREMIER

 

Ce matin-là, en plus des deux croissants de son petit déjeuner habituel, « Grand Amour » engloutit une omelette au jambon, baveuse à souhait, qu'il mangea dans la poêle, en aluminium, afin de ne rien perdre de ce mets délectable.

Réellement, Mimi s'était surpassée ! Cuire une omelette, ça n'a l'air de rien ; cependant la préparation de ce plat si simple requiert du doigté et de l'attention. Du doigté d'abord, parce que battre les œufs selon les règles est un art difficile : ils doivent former une mousse onctueuse où le jaune et le blanc s'émulsionnent.

Beaucoup d'attention aussi, puisque la cuisson est primordiale ; il convient de laisser l'omelette sur le gaz juste ce qu'il faut, et une seconde de distraction suffit à la transformer en une crêpe racornie et sans saveur.

Claude Fronval était ingénieur des mines, et c'est peut-être sa formation mathématique qui l'avait rendu si maniaque en ce qui concerne la cuisine ! Fort heureusement, deux années de mariage avaient appris à Mimi les faiblesses de son mari, et en toutes choses elle s'ingéniait à lui plaire.

— Tu n'as pas oublié de mettre mon rasoir dans la valise, chérie ?

— Je l'ai glissé entre les mouchoirs de poche et le pantalon de ton pyjama rose, Grand Amour !

— Le rose ? Pourquoi n'as-tu pas mis l'autre ? Le bleu pervenche ?

La jeune femme fronça l'arc parfait de ses sourcils, et son joli sourire de blonde aux yeux d'azur essaya de se faire sévère pour répliquer :

— Tu n'y penses pas ! C'est moi qui te l'ai donné ! Pour rien au monde, je ne voudrais que tu le mettes pour aller coucher avec les Flamandes !

Il éclata de rire tant la réflexion lui paraissait saugrenue :

— Toujours jalouse... constata-t-il enjoué. Tant mieux ! C'est la preuve que tu m'aimes... De ton côté, Mimi, me seras-tu fidèle pendant mon absence ?

L'interpellée riva son regard à celui de l'homme qu'elle avait choisi, qu'elle aimait passionnément :

— Pourquoi me poses-tu cette question ? répondit-elle, soudain très grave. Doutes-tu de moi ? Ne nous sommes pas jurés une foi mutuelle ?

— Tu sais bien que si, voyons ! Je plaisantais !

— Il ne faut jamais plaisanter lorsqu'il s'agit de notre amour... fit-elle encore. C'est un sentiment trop sérieux pour qu'on puisse le traiter ainsi, à la légère !

Il se le tint pour dit, fit l'éloge de l'omelette en termes éloquents, puis passa à d'autres préoccupations :

— Tu as préparé ma serviette ? demanda-t-il tandis qu'une ride soucieuse lui barrait le front. Tu n'as rien oublié ?

La question était superflue. Non seulement Mimi était une épouse irréprochable et une cuisinière talentueuse, mais depuis qu'elle était légalement unie à Claude Fronval, elle lui servait également de secrétaire.

— Je ne crois pas, dit-elle. Tu y trouveras les deux dossiers relatifs à l'accident ; tes notes personnelles, que j'ai classées dans une farde spéciale ; les règlements de sécurité ainsi que ton mémorandum sur les divers coefficients de bois de mine, et tes calculs de résistance. J'y ai joint, à tout hasard, les croquis de profils de galeries que tu as mis au point dernièrement.

Il approuva cette employée modèle qui pensait à tout et ne lui coûtait rien. Mimi était épatante ! Elle acceptait même son veuvage de quelques jours le sourire aux lèvres ; il est vrai que, professionnellement, elle saisissait l'importance que présentait ce déplacement pour la carrière de « Grand Amour ».

Dans un charbonnage du Nord, un sinistre venait de se produire au puits n° 3, à 680 mètres sous le niveau du sol. Bilan désastreux : dix-sept morts, trente et un blessés graves. Fronval avait été désigné pour faire le rapport devant la commission d'enquête chargée d'établir les responsabilités. Travail délicat, mission lourde de conséquences, mais qui prouvait une fois de plus la confiance que l'on accordait à son jugement, et la certitude que l'on avait de sa probité.

D'un geste délibéré, Claude repoussa sa tasse et son assiette, puis il se leva :

— Mon train part dans une demi-heure ! remarqua-t-il, très « businessman américain ». J'ai juste le temps d'arriver à la gare et de prendre mon ticket !

Aussitôt, Mimi l'aida à enfiler les manches de son pardessus, car il faisait encore froid ; elle déposa à ses pieds la valise et sa serviette de cuir fauve qui contenait les documents dont il aurait besoin ; puis, nouant ses bras blancs et potelés autour du cou de l'aimé, elle lui donna un long baiser silencieux, pétri de tendresse et de sensualité, car cette épouse-secrétaire avait réalisé le miracle de rester la maîtresse de son mari.

— Pense à moi, Grand Amour... lui recommanda-t-elle.

Il était plus ému qu'il n'eut désiré le paraître, et son départ ressembla singulièrement à une fuite. Retraite justifiée du reste, puisque, dans l'escalier, il fut obligé d'essuyer une larme qui perlait au coin de sa paupière, tout en se traitant d'imbécile. Cinq jours de séparation ne sont pas mortels, que diable ! D'autant plus que ce voyage pourrait avoir, sur son avenir, les plus heureux effets, en lui mettant définitivement le pied dans l'étrier.

Restée seule dans sa cuisine, Mimi s'était effondrée sur une chaise ; elle regardait droit devant elle, sans même apercevoir le spectacle familier du buffet, où, dans un vase bon marché, six tulipes mauves dressaient leurs corolles altières.

La jeune femme n'était plus l'épouse attentive de tout à l'heure ; elle paraissait plongée dans un état voisin de l'hébétude ; son cerveau lui faisait mal sous l'épaisse calotte du crâne ; il lui faisait mal à force de réfléchir, de se contraindre à penser toujours à la même chose. Il est des idées fixes qui sont plus douloureuses que des névralgies.

Ce n'est pas le départ de Grand Amour que Mimi déplorait en ce moment. Au contraire, ce voyage inopiné était providentiel parce que, si on le considérait d'un certain point de vue, il arrangeait...

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