Alexandre Pouchkine
206 pages
Français

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Alexandre Pouchkine , livre ebook

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Description

A lire Alexandre Pouchkine on a l'impression qu'il pense en vers tant sa poésie coule de façon limpide. Quand il commence à écrire Eugène Onéguine, le poète a laissé derrière lui sa période romantique. Le ton est libre, tour à tour grave, mélancolique, empreint d'humour. Pouchkine porte un regard pénétrant, voire caustique, sur les castes dirigeantes et nous dépeint le petit peuple, le monde du théâtre et de la littérature. Si son héros donne son nom au roman, c'est avec amour que Pouchkine trace le portrait de Tatiana, jeune femme aux hautes aspirations morales, sensible et cultivée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 90
EAN13 9782296702653
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Eugène Onéguine
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


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Alexandre Pouchkine


Eugène Onéguine

Roman en vers
traduit par Charles Weinstein





L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12304-5
EAN : 9782296123045

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Pétri de vanité, il avait encore plus de cette espèce d’orgueil qui fait avouer avec la même indifférence les bonnes comme les mauvaises actions, suite d’un sentiment de supériorité peut-être imaginaire.
(Tiré d’une lettre particulière)


Distraire un vain monde ? Non point !
C’est ton amitié que je prise.
Reçois donc le gage ci-joint
Plus digne de ton âme exquise
Pleine de pensers d’absolu,
Emplie à la fois d’un saint rêve
Et de pure et lyrique sève
D’où le maniérisme est exclu.
Oui, prends dans tes mains amicales
Ce recueil de chants bigarrés
Plaisants parfois, parfois navrés.
J’y peins le commun, d’idéales
Ardeurs. C’est le nonchalant fruit
De jeux, de veilles, de légères
Quêtes du cœur, du temps qui fuit,
Fruit aussi de regards sévères
Et de réflexions amères.
CHAPITRE PREMIER
Il se hâte de vivre, il brûle de sentir
Prince Viazemski
1
Mon oncle, un homme sans reproches,
Quand il vit la mort arriver,
Força l’estime de ses proches.
Ce fut tout ce qu’il put trouver.
Qu’il serve donc d’exemple à d’autres.
Mais, Dieu ! Quels soucis que les nôtres,
Car je restais à le soigner
De jour, de nuit, sans m’éloigner.
Il fallait, fourbe, que je l’aide,
Que je batte son oreiller,
Que je tente de l’égayer,
Que je lui porte son remède.
Et je pensais dans un soupir :
Quand diable va-t-on en finir ?

2
Ainsi songeait un jeune drôle
En courant les chemins poudreux.
Zeus l’avait fait (puissante idole !)
Héritier de tous ses aïeux…
Rouslan et Lioudmila vous plurent ?
Que ces vers donc vous portraiturent
Mon héros ici sans surseoir.
Ainsi vous pourrez tout savoir
De mon ami, cet Onéguine,
Que Pétersbourg vit naître un jour.
Vous y vivez à votre tour,
Lecteur, et brillez, j’imagine.
J’y flânai jadis aussi, mais
Le Nord m’est malsain désormais.

3
Son père avait vécu de dettes,
Ayant servi l’Etat, bien né :
Il donnait tous les ans trois fêtes
Et s’était trouvé ruiné.
Le sort prit Eugène en tutelle.
Madame le veilla, puis elle
Chargea Monsieur de cet enfant
Mignon, mais toujours piaffant.
M’sieur l’abbé, Français sans fortune,
L’instruisait, mais sans l’agonir,
Et plaisantait, voulant bannir
Rigueur et morale importune.
Il le tançait sans dureté
En allant au Jardin d’Eté.

4
A l’approche de la jeunesse,
L’émoi s’en vint associé
A l’espérance, à la tristesse,
Et Monsieur fut remercié.
Mon ami fut son propre maître,
Coiffé comme un dandy doit l’être,
Sachant s’habiller sans faillir :
Le monde alors put l’accueillir.
Maîtrisant la langue française,
Il savait parler, rédiger,
Danser la mazurka léger,
Et pouvait saluer fort aise.
Qu’attendre encor ? Toujours est-il
Qu’on lui trouvait un air subtil.

5
Chacun apprend dans son jeune âge
Un peu de tout, tant bien que mal.
Dieu ! Chez nous, avec ce bagage,
Briller est rien moins que normal.
Eugène était pour le grand nombre
(Juge tranchant au regard sombre)
Un garçon instruit, mais pédant,
Qui possédait l’art cependant
De discourir de toute chose
Sans chercher à faire d’effet,
Ou de se taire, l’air au fait
De tous ces sujets dont on cause.
Les dames riaient du regard,
Ecoutant son dernier brocard.

6
Le latin est sorti d’usage.
A vrai dire Eugène en savait
Assez pour lire en ce langage
Les épigraphes qu’il trouvait,
Pour juger Juvénal en maître,
Placer vale sous une lettre.
L’Enéide, il en connaissait
Deux vers qu’au reste il trahissait.
Il n’étudiait pas l’histoire
Dans la poussière des écrits
Qui nous parlent d’âges flétris.
Mais il gardait dans sa mémoire
Les bons mots depuis Romulus,
Et tous ceux de nos jours en plus.

7
Il est maint exalté qui flambe
En consacrant sa vie aux vers.
Choisir le trochée et l’iambe ?
Lui n’était pas de ces experts.
Dur pour Homère et Théocrite,
Il trouvait à Smith du mérite.
Economiste pénétrant,
Il vous expliquait, cohérent,
La façon dont l’Etat s’engraisse
Et comment il vit, et pourquoi
Il n’a de l’or aucun emploi
Lorsque son produit net progresse.
Son père, sourd à ce savoir,
Donnait en gage son terroir.

8
Sa culture était infinie :
Tout citer n’est pas de mon goût.
Mais où résidait son génie,
Ce qu’il connaissait mieux que tout,
Ce qui fut depuis sa jeunesse
Et labeur et joie et tristesse,
Qui peuplait du matin au soir
Sa paresse et son désespoir,
C’était bien l’art d’aimer les belles
Qu’Ovide martyr sut chanter
Avant que de voir s’arrêter
Ses jours si brillants et rebelles
En Dacie, endroit reculé,
Au loin de sa Rome, exilé.

9
………………………………..

10
Il avait su très vite feindre,
Taire l’espoir ou jalouser,
Paraître sombre ou sembler geindre,
Vous convaincre ou vous abuser,
Avoir mine fière ou soumise,
Indifférente ou bien conquise.
Son silence était languissant,
Et son langage éblouissant,
Et nonchalantes ses missives.
Il respirait pour l’être aimé
Et savait s’oublier, charmé.
Prunelles câlines ou vives,
Chastes ou lestes, il versait
Au besoin un pleur qu’il forçait.

11
Il savait changer de figure,
Frapper l’innocence en rusant
Comme soumis à la torture,
L’amuser

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