Dans le regard de Flavie Plourde
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Dans le regard de Flavie Plourde , livre ebook

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Description

Après avoir fait connaître l’incroyable histoire de son ancêtre et de sa lignée, dans «L’étonnant destin de René Plourde» et «Le clan Plourde», Anne-Marie Couturier raconte celle de Flavie, fière descendante du pionnier René.
Née au début du siècle dernier dans le New Hampshire, Flavie Plourde va passer sa vie au Madawaska. Aînée d’une famille nombreuse, elle devient rapidement le bras droit de ses parents. À cinq ans, elle pétrit déjà le pain. L’école ne sera pas pour elle, ou si peu. En 1918, elle se marie avec Benjamin, son ami d’enfance, et va s’établir avec lui chez sa mère, dite Mémé, pour s’occuper d’elle et de la ferme. Les relations entre Flavie et sa belle-mère acariâtre s’avèrent pour le moins difficiles. Bientôt, la situation deviendra intolérable et Flavie devra faire des choix douloureux pour elle et ses nombreux enfants.
À travers le portrait de Flavie, Anne-Marie Couturier rend hommage à toutes ces femmes de caractère qui ont bravé les difficultés de la première moitié du XXe siècle et vécu les premiers balbutiements du féminisme qui ont mené notamment à l’obtention du droit de vote.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mars 2017
Nombre de lectures 9
EAN13 9782895976196
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DANS LE REGARD DE FLAVIE PLOURDE
DE LA MÊME AUTEURE

L’étonnant destin de René Plourde. Pionnier de la Nouvelle-France , Ottawa, Éditions David, 2008. Prix France-Acadie 2009.
Le clan Plourde. De Kamouraska à Madoueskak , Ottawa, Éditions David, 2012.
Anne-Marie Couturier
Dans le regard de Flavie Plourde
ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Couturier, Anne-Marie, 1940- Dans le regard de Flavie Plourde / Anne-Marie Couturier.

(Voix narratives) Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-89597-591-5 (couverture souple). — ISBN 978-2-89597-618-9 (PDF). — ISBN 978-2-89597-619-6 (EPUB)

I. Titre. II. Collection : Voix narratives

PS8605.O9219D36 2017 C843’.6 C2017-901048-4 C2017-901049-2

Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-695-3339 | Télécopieur : 613-695-3334 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 1 er trimestre 2017

Les Éditions David remercient le Conseil des arts du Canada, le Bureau des arts francophones du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.
À mes sœurs et à mes frères : Laurette, Gilberte, tristement disparue le 14 février 2015, Jeannine, Guildo et Rosaire. À la mémoire de ma mère, Félicité Plourde.
REMERCIEMENTS
Pour leurs savantes annotations et leurs judicieux conseils, je désire exprimer ma gratitude à Guy Bouchard, Micheline Bourgault, Laurette Couturier-Ouellette, Amédée LeBlanc, André Lemieux et Jacques Marier.
CHAPITRE 1
Au fil de la jeunesse
F LAVIE PLOURDE crut la victoire acquise. Ce qu’elle aimait ces courses sur le terrain de l’église, les dimanches après-midi ! Compétitions grisantes, chiens nerveux, traîneaux fartés, soleil miroitant sur la neige alors qu’elle fantasmait autour du vainqueur. La présence de Benjamin, avec son attelage du tonnerre, faisait toujours monter les paris. L’enjeu augmentait au rythme des visages empourprés par l’attente. M. le curé, réprouvant ces gageures pas trop catholiques, s’était esquivé le temps de cette agitation. Il rejoignait un groupe de jeunots près du ruisseau blanc. Au loin, on l’apercevait qui gesticulait au milieu des enfants glissant avec un carton sur les pentes gelées.
Le fils Boisvert n’avait pas perdu de temps et, comme toujours, il s’alignait le premier pour mieux embrasser du regard Flavie.
M. le curé revint donner le signal du départ. Il leva le bras.
— À mon commandement… partez !
Les attelages de chiens bondirent, les traîneaux lévitèrent. Flavie, qui n’avait d’yeux que pour Benjamin, se délectait déjà de son triomphe. Avec Ozielle et Célanie, les trois amies ricanaient, des pieds, elles battaient le froid, en applaudissant le jeune homme qui n’avait jamais connu la défaite.
L’intense Ozielle, surnommée Zielle, cogna du coude sa voisine. Flavie frissonna.
« Elle ! »
La fille du bootlegger s’insinuait à travers la foule en direction du vainqueur.
Une épine dans le pied, cette Rose Toussaint.
« Un pareil nom pour une pareille peste. »
Que pouvait-il y avoir de plus discordant que de s’appeler Toussaint et être la fille d’un bootlegger ! Vraiment, ça dépassait les bornes. Bien que sa nature l’obligeât à garder le nez en l’air, Flavie dégringolait de son piédestal. Tout en elle dégringolait. Une chose après l’autre, un travail à la chaîne. L’estomac dans les talons, elle tenta de se remonter le moral. « La pouffiasse, va ! » Aucun deux novembre n’amènerait jamais une Flavie Plourde à venir prier pour le repos de l’âme d’une Rose Toussaint. Jamais au grand jamais. « Qu’elle aille brûler en enfer, c’est juste ce qu’elle mérite. »
Flavie bredouilla, la mine basse :
— Faut que je rentre, ma mère m’attend pour brasser le souper.
L’inséparable trio prit silencieusement la charrette du retour.
Tôt le lendemain, maman Délima, en mettant le bout du nez dans la cuisine glaciale, interrogea son mari.
— Flavie est déjà partie à l’étable ?
— Pas descendue.
— Misère ! Encore une journée qui va prendre du retard ! Éveline, va réveiller ta sœur.
Tout heureuse d’aller sauter dans le lit avec son aînée, la coquine grimpa, un à un, les degrés à pic. La cadette tenait de son père Michel, dont la gaminerie autrefois avait été responsable du fracas des coffres gigognes de la lignée des Plourde rapportés précieusement de Kamouraska par Marie-Louise Plourde, elle-même petite-fille du grand René, le pionnier, et mère des fondateurs du Madawaska, Pierre Dupérré et Pierre Lizotte.
Sur la marche du haut, la petite s’arrêta net. Quelque chose n’allait pas à l’étage.
On avait toujours dit d’Éveline, septième fille d’affilée chez Michel et Délima Plourde, qu’elle avait un don, qui n’avait ni queue ni tête : elle communiquait avec les pierres. Quand on la voyait, on ne pouvait s’empêcher de le remarquer.
— Regarde-la donc, Zielle. Ça lui donne quoi de parler aux roches, toujours. Comme si des roches, ça comprenait le monde maintenant. C’est à se demander si elle a toute sa tête. Elle doit se prendre pour Écoline du rang d’en bas. Écoline la tante qui croit qu’elle peut suspendre la pluie de ses grandes mains ouvertes au-dessus de sa tête. Paraîtrait que c’est déjà arrivé.
— Est si minuscule. Presquement un caillou de plus sur le tas. Encore que ça force pour en lever un.
Faisant fi de son inquiétude, Éveline traversa à quatre pattes sous la lourde tenture de velours vert qui fermait la chambre. Elle se remit debout et avança sur la pointe des pieds pour chatouiller sa sœur sous le menton. Elle trouva Flavie, inerte, la bouche grande ouverte !
— Maman, maman ! Flavie est tombée sur le poêle.
— Arrête donc de faire des histoires, Éveline, fulmina sa mère. Je sais pas ce que je vais faire avec elle, lança-t-elle à son mari. Elle passe son temps à inventer n’importe quoi. Une vraie petite sorcière !
— Vite maman, elle va prendre en feu. Est toute rouge.
— Arrête de crier pour rien, Éveline, tu vas retourner te coucher sans déjeuner, si tu continues avec tes dires. Tu vas voir que ça remplit pas fort, des paroles en l’air.
— Voyons Délima, parle pas à la petite comme ça. Elle le fait pas exprès.
— Toi, fatigue-moi pas à matin. Je lui dirai bien ce que je voudrai à la petite. Si tu étais davantage là aussi, tu verrais bien.
Délima se raidit le chignon, étonnée de ce qui se passait en elle ce matin-là. Ce n’était pourtant pas ce temps du mois…
— Maman !
Vlan ! La petite, qui tombait d’un mal, se mit à battre des pieds par terre.
La mère se pressa dans l’escalier, dont les marches craquèrent sous sa lourdeur. Sur la dernière, Délima figea également. Elle chercha son vent et, malgré ses sueurs, elle eut froid dans le dos. Elle se dépêcha de traverser l’entre-deux qui gémit sous ses pas. Elle poussa le rideau et remit vertement sur ses deux pieds sa dernière qui cessa immédiatement le petit jeu dont elle se servait pour attirer l’attention. Dans la pénombre, elle vint déposer la main sur les pieds de sa fille.
— Lève-toi, ma grande.
Au même moment, elle n’aperçut qu’un trou rouge sur l’oreiller, une bouche grande ouverte. Un orifice cramoisi. Un gouffre !
— Michel !
« Kalu ! » résonna de la cuisine. Tisonnier en main, le père dut replacer la grosse bûche de travers dans le poêle avant d’enjamber, quatre à quatre, les marches. Les enfants se ruèrent à sa suite. La cage d’escalier trembla. Maxime, Ubald, Nélida, Rosalie, Irma, Colette et Sophie, horrifiés, se statufiaient contre le mur de la penderie de la pièce exiguë. Thérèse, avec Éveline dans ses bras, complétait le rang vis-à-vis l’ouverture de la porte. Le père, à la tête du lit, tomba à la renverse devant le spectre. Du four de la bouche débordait une langue de feu ! Rouge framboise, raboteuse, telle qu’il n’en avait jamais vu. De chaque côté du nez, deux tas de braises transperçaient le masque farineux de sa fille. Le père mit la main sur son front.
— Bouillante !
— Pas la fièvre écarlate ! explosa la mère, tardan

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