Embellies
175 pages
Français

Embellies , livre ebook

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175 pages
Français

Description

Des nouvelles qui, en restituant quelques tranches de vie, mettent en scène des personnages aussi variés qu'un lecteur d'Homère, une Cubaine vindicative ou un forgeron mélancolique... Souvent atteints du mal d'amour, ils s'interrogent sur le sens et le développement souhaitable de ce qu'ils vivent.

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Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9782140051296
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Arnaud Tripet
Embellies
/ Littérature
Rue des Écoles
Nouvelles
Rue des Écoles Le secteur « Rue des Écoles » est dédié à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Il accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques. Déjà parus
Tanguy Taddonio (Anne),L’île dans la caatinga, roman, 2017. Matsas (Roméo),Le méridien d’Athènes, roman, 2017. Cohen (Olivia-Jeanne),La vie est un jeu, roman, 2017. Piot (Cyrille),Martin Luther King est bien mort le 4 avril 1968, roman, 2017. Michel (Jean-Claude),Cap sur les Baléares, roman, 2017. Robin (Jean-Paul),Du bout du cœur, récit, 2017. Rudant (Jérémie),Ambition fatale, roman, 2017. Rouquette (Ariane),Lapin à la marjolaine, roman, 2017. Comte (Jean-Pierre),Les clés de Saint-Pierre, roman, 2017. Netter (Gérard),Derrière les rideaux jaunes, roman, 2017. Daléry (Inès),La hache et le miel, roman, 2017. Dupont (Jean-François),Le phare de San Nicolò, roman, 2017. Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
EMBELLIES
En couverture Berthe Morisot,Le Cerisier, Musée Marmottan Monet. © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13319-5 EAN : 9782343133195
Arnaud Tripet Embellies Nouvelles
Du même auteur
L’inquiétude et la forme. Essai sur Foscolo,Lausanne, l’Aire, 1974 La rêverie littéraire. Essai sur Rousseau,Genève, Droz, 1979 e Montaigne et l’art du prologue au XVI siècle, Paris, H. Champion, 1992 Entre humanisme et rêverie, Paris, H. Champion, 1998 Amiel ou les jours de Dieu, Genève, Labor et Fides, 2001 Pétrarque ou la connaissance de soi, Paris, H. Champion, 2004 Ecrivez-moi de Rome. Le mythe romain au fil du temps, Paris, H. Champion, 2006. Prix Mottart de l’Académie française Poétique du secret. Paradoxes et maniérismeChampion,, Paris, H. 2007. Prix de la critique littéraire, 2009 Les promesses de l’ombre. Réflexions autobiographiques, Lausanne, L’Age d’Homme, 2007. Prix de la Société genevoise des écrivains Poètes d’Italie. De saint François à Pasolini, Paris, l’Harmattan, 2010 Le baume et la douleur, (Carnets 2008-2009), Genève, Labor et Fides, 2010 L’éveil et le passage. Variations sur la conscience, Paris, L’Harmattan, 2011 Le lecteur amoureux, Récits, Paris, L’Harmattan, 2011 Le bison blanc et autres nouvelles, Genève, Slatkine, 2012 Jean-Jacques Rousseau. La tension et le rythme, Paris, Classiques Garnier, 2012 Petite philosophie buissonnière, Gollion, Infolio, 2014 L’atelier du doute. Des sceptiques à Valéry, Paris, Classiques Garnier, 2016
Soledad
Chaque fois qu’il allait au bureau et qu’il en revenait, il se demandait comment il pourrait supporter plus longtemps une telle vie. Il faudrait bien qu’un jour les choses éclatent et que cesse, d’une manière ou d’une autre, le traitement qu’il subissait de la part de son supérieur. C’était un petit nerveux obsédé par le désir de s’affirmer. De mille façons, par son silence et ses propos, il s’employait à humilier son inférieur qui avait le malheur d’être aussi un associé constamment exposé, un souffre-douleur permanent, un esclave attitré. De par son caractère et sa position de subordonné il n’avait aucune possibilité de se révolter. Chaque jour apportait de nouvelles mortifications, chaque jour les caprices du chef débordaient un peu plus des limites de la décence. Il donnait des ordres excentriques, comme au minimum, lui préparer et lui apporter son café, ou pire, épousseter son bureau en dépit des nettoyeuses qui s’en chargeaient fort bien chaque soir. Mais cela ne coûtait rien de ravaler symboliquement le jeune employé à ce niveau-là. Pintard, c’était le nom du malheureux, prenait sur lui et cachait du mieux qu’il pouvait tant de contrariétés. Après, et en secret, il se surprenait à serrer le poing et à ne pas souhaiter que du bonheur à celui qui le persécutait au long des heures. Un jour, arriva un pli qui ne concernait pas directement le service. Il s’agissait d’une proposition de montage audacieux, communiqué par un trader indépendant connu pour exceller dans de telles acrobaties. Alors, Tarpin, c’était le nom du supérieur,
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envoya Pintard, comme simple coursier, chez le sous-directeur pour qu’il lui remette le document. Il tomba sur un homme affable qui voyait le messager pour la première fois. Malgré son rang, il engagea avec lui un bref entretien pour savoir comment ce novice du service des titres se sentait dans son nouvel emploi. Le subalterne eut la prudence de ne pas se plaindre. Il parla au contraire de l’intérêt qu’il trouvait dans les problèmes de placements, ajoutant timidement qu’il avait l’impression de voyager sur toute la planète sans quitter le guichet à force de rencontrer tant de dénominations exotiques qui le conduisaient des allumettes suédoises aux bassins miniers du Haut-Katanga, sans parler de l’omniprésence des compagnies pétrolières. Le sous-directeur qui était un vieux de la vieille trouva de la fraîcheur dans ce jeune employé. Il lui rappelait un fils qui avait la bougeotte et qui savait si bien raconter ses aventures quand il rentrait de voyage et lui peindre les couleurs du monde. En prenant congé, Pintard croisa un regard bienveillant. Il n’en comprenait pas la raison, mais il engrangea cette petite moisson « humaine ». Elle lui paraissait mieux que bienvenue, surabondante même dans le régime de disette qui était le sien et où rien de semblable ne se laissait imaginer. – Alors, Pintard, vous avez exécuté mes ordres ? Vu le temps que vous avez pris, vous avez dû le faire en zigzaguant pas mal. Il n’y avait rien à ajouter. Comment expliquer sans s’exposer, un petit moment d’entente dans la froideur quasi obligatoire à la Banque de Commerce et d’Industrie ? Froideur tant morale que physique dans ce
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lieu tout de verre et de métal où ce qu’on pouvait espérer de mieux était l’indifférence qu’on accorde à un numéro. Il se remit à la tâche. Il s’agissait de contrôler le report sur un document d’enregistrement des mouvements boursiers récents qui concernaient une cinquantaine de clients. Le chef voulait le document avant 18 heures. C’était impossible dans les trois-quarts d’heure qui restaient. On lui fit comprendre que l’horaire journalier serait prolongé autant qu’il le faudrait. Qu’importait qu’on l’attende et s’inquiète chez lui. C’était son affaire. De fait, il laissait sa femme autant qu’il le pouvait en dehors de ses soucis, ne serait-ce que pour la ménager. Il l’avait ramenée quelques années auparavant de Cuba. Elle lui avait tout de suite plu, et son attachement n’avait fait que croître avec le temps. C’était une femme à la fois forte et sensible, naturelle et fine, heureuse sans doute de son nouvel état, lequel nécessitait cependant des efforts d’adaptation pour qu’elle se sente à son aise dans un climat physique et moral si différent de celui de son île. Certes, on y était pauvre, mais comment aurait-elle pu oublier la vie si animée qu’on y menait et les rythmes de sa musique ? Elle portait tout cela en elle et le laissait entrevoir, même si elle ne pouvait s’abandonner sans réserve à la générosité de sa nature. Pour lui, c’est simple, elle correspondait à la présence d’une lumière insoupçonnée. Ses yeux, ses traits et ses formes parfaites semblaient comme en attente : on pensait à un volcan né de la mer qui contient son feu, par crainte ou respect de ceux qui navigueraient imprudemment dans son voisinage. Quand il rentra, les galettes de maïs avaient refroidi. Sans doute perdraient-elles plus à être réchauffées que le ragoût à la sauce rouge qu’elles accompagnaient, selon la
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