Il neige sur Encelade
119 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Il neige sur Encelade , livre ebook

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119 pages
Français

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Description

Après avoir survécu au meurtre de sa mère, Steven est placé en institution et confié aux bons soins de Sylvère Murat. Une relation particulière s’établit peu à peu entre le psychologue et son patient de quatre ans, obsédé par le mystère du « chat qui s’allume », dernières paroles de sa défunte mère. Cependant, au fil des sessions, le thérapeute décèle dans l’ombre du garçon un énigmatique inconnu qui parle au nom du petit. L’étrangeté de ce phénomène atteint un point de non-retour le jour où l’enfant disparaît sans laisser de traces.


Pour Sylvère, le lien n’est pas pour autant rompu. Au contraire, une série d’inexplicables coïncidences vient le renforcer, poussant le psychologue à mettre sa vie routinière entre parenthèses afin de partir à la recherche de Steven.
Mais ce qu’il trouvera au terme de son voyage sera au-delà de toute imagination...
Avec ce roman aux accents Murakamiens, Olivier Moyano nous offre une fiction empreinte d’onirisme où l’on apprend qu’il n’est jamais trop tard pour trouver sa place.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 mai 2014
Nombre de lectures 35
EAN13 9791090627437
Langue Français

Extrait

Olivier Moyano

Il neige sur Encelade

Editions du Chat Noir
Je dédie ce texte onirique aux trois femmes lumineuses qui embellissent ma vie : Laure, mon épouse, Lucile et Eline, mes filles chéries. Puissiez-vous ne jamais oublier qu’il existe un autre côté à notre monde, une brèche qui possède plusieurs entrées : le rêve, l’imaginaire, l’inspiration, et sans doute bien d’autres encore qu’il nous reste à explorer.



À mes parents
I

Période de Septembre 2012 à Décembre 2012
1
Steven
14 Septembre 2012

« Moi, j’a plus ma maman. Une nuit quand je dormais, y’avait eu du bruit en bas. Beaucoup de bruit. Des gros bruits. Des « poum » et des « crac ». Y’avait maman et papa qui criaient. Maman elle arrêtait pas de dire : « arrête, tes chats sont allumés, non, arrête ! ». Moi, j’a jamais vu un chat qui s’allume.

Alors pourquoi maman elle a dit ça ?
… »


17 Septembre 2012

« J’a un chat à la maison, y s’appelle comme on veut. Des fois, maman, elle l’appelle « minou, viens minet », des fois papa il lui dit « le chat ». Moi, je l’appelle pas. S’il a pas de nom, c’est peut-être parce que sa maman elle lui en a pas donné. D’abord les chats ça parle pas. Alors je crois que si on l’appelle minou, minet, le chat, ou alors gentil chat (ça, c’est mamie qui l’appelle comme ça, quand elle lui donne sa pâtée), il comprend pas.
La dame de la bibliothèque, elle a dit l’autre jour que la nuit tous les chats sont gris. C’est pas vrai. Mon chat, il est marron, blanc et noir. L’autre nuit, quand maman et papa faisaient du bruit et criaient, mon chat il était dans le couloir, en haut, devant ma chambre. J’a bien vu, il était pas gris. Il se léchait la patte, puis le trou des fesses et j’a vu son ventre blanc. Il était même pas gris. Mon chat il était encore marron, blanc et noir, mais il était un peu moins marron, blanc et noir, c’est tout. Après il s’est levé et il a descendu l’escalier pour aller dans la cuisine, je crois. C’est peut-être là qu’y s’est allumé ? Moi, j’a jamais vu mon chat qui s’allume. Je savais pas qu’un chat ça s’allumait. Mais c’est la dernière chose que j’a entendu de maman. Après, j’a plus jamais entendu maman.
Je m’a recouché.
Ça faisait plusieurs fois que maman et papa y faisaient du bruit quand je dormais la nuit. Des fois j’avais très peur, parce qu’ils se battaient. J’entendais crier et papa y courait après maman. Une fois, un samedi, il a couru après maman avec la tronçonneuse allumée. Moi, j’a couru aussi et je me suis enfermé dans le placard de la chambre. J’étais assis dans le noir et le nez y me piquait à cause des boules blanches qui sont dans mon placard. J’avais peur de papa. Maman elle dit que les boules c’est pour pas qu’y ait des trous dans mes pulls. Mais ça pue et ça pique le nez. Quand j’a plus rien entendu je suis sorti du placard. Dans le placard c’était tout noir mais je faisais que penser à papa qui court après maman avec la tronçonneuse allumée. Mes jambes elles bougeaient toutes seules, un peu, et j’avais peur d’aller voir maman et papa. Je voulais pas voir encore maman qui pleurait ou qui saignait du nez. Le sang, c’est dégueulasse. Ça colle et ça fait peur. D’abord c’est un peu chaud, et puis après c’est tout froid et ça craque. Quand on saigne, on a toujours mal. Je voulais pas que maman elle a mal. Je voulais pas que maman elle pleure et que son nez il coule du sang. C’est pour ça que mes jambes elles bougeaient toutes seules. Quand j’a peur, c’est toujours comme ça. Mes jambes elles bougeaient encore quand j’a regardé dans le salon. J’étais caché derrière la porte du couloir. Maman elle était là, dans le canapé. Papa il était parti en claquant la porte.
Des fois, quand j’a trop peur, y’ a du pipi qui sort tout seul de mon zizi. Je veux retenir mais ça sort quand même. Je serre le bout du zizi devant, par-dessus le pantalon, pour plus que ça coule. Là, y’ avait un peu de pipi mais pas trop. C’est quand j’étais dans le placard. Mon pantalon il était même pas mouillé. J’étais content alors, maman elle me gronderait pas. Mais maman elle pleurait quand même, c’était à cause de papa. Il l’avait encore tapée. La tronçonneuse il l’avait pas utilisée. D’abord on a plus de bois à la maison et puis c’est pas fait pour couper les gens. C’est pour ça qu’il l’a pas utilisée. »

19 Septembre 2012

« Quand je me suis réveillé le matin, je me suis réveillé tout seul. Toujours c’est maman qui me réveille. Pas là. Là, y’ avait du monde dans la maison. J’a vu Bernard, le voisin, qui parlait dans la cuisine avec des gendarmes. Je sais que c’était les gendarmes parce qu’ils sont déjà venus à la maison. Maman elle les avait appelés quand papa il avait bu et qu’y voulait casser la table et les fenêtres. Maman elle m’avait dit d’aller dans le jardin. J’avais presque fini d’enlever tous les boutons collants de la plante. J’aime enlever les boutons, je fais toujours ça, moi. La plante, je sais comment elle s’appelle : ro-do-din-dron. C’est papa qui l’a dit. La dernière fois, il m’a grondé parce que j’avais arraché les boutons, mais pas tous. Là, tous les boutons ils étaient en ligne, sur la murette, on aurait dit que c’était des bonbons. Y collaient comme quand on lèche une sucette et qu’on l’oublie dans la poche. Après, on met la main dans la poche et ça colle les doigts. Y’a des miettes et des bouts qui sont collés à la sucette. Des fois c’est les mouchoirs en papier qui sont collés, alors c’est pas très bon, hein ? Les boutons de la fleur, y collent tous seuls. Il faut même pas les sucer, c’est pas la peine. Y collent déjà. Un jour, j’a essayé d’en lécher un. On aurait dit du vomi. Que sur la langue, parce que ça sentait pas le vomi, ça goûtait seulement le vomi. Ça m’a fait des frissons partout et j’a même secoué la tête tellement que c’était pas bon. Ma salive elle crachait toute seule, avec encore un peu de goût de vomi dedans.
Les gendarmes, quand ils m’ont vu devant la porte de la cuisine, ils m’ont montré une dame gendarme. Elle avait pas le même chapeau, mais elle avait le même costume de gendarme, avec un gros pull bleu. Elle m’a pris sur ses genoux et elle m’a dit que je reverrai plus maman, que c’était fini. C’est quoi qu’était fini ? J’a vu qu’elle pleurait, j’a bien vu, moi. Je sais pas pourquoi la dame gendarme elle pleurait. Elle connaissait pas ma maman. Moi, je regardais son pistolet, il était très gros, tout noir et il brillait, comme les chaussures des gendarmes. J’avais envie de le toucher mais j’avais peur de me faire gronder. Les gendarmes ils avaient tous des menottes accrochées derrière leur pantalon. Y’en a un qu’était debout et qui marchait dans la cuisine, il avait les mains derrière son dos, y regardait tout le temps par la fenêtre. Des fois y disait des gros mots, y disait « Putain,… Putain ». Y’en avait d’autres qui étaient assis autour de la table et qui parlaient doucement. La dame gendarme elle m’a serré contre elle, très longtemps, et puis elle a pleuré plus fort. Elle sentait la cigarette, comme papa. Je voulais qu’elle me lâche, je la connaissais pas. Pourquoi elle pleurait fort ?
Et maman, elle était où ? Et papa, il était où ?
… »


21 Septembre 2012

« Moi, j’a quatre ans. Je m’appelle Steven. Maman elle a dit que c’était un nom de l’Amérique. J’a pas de frère et de sœur. Je sais pas pourquoi. Mon copain Bastien, de la halte-garderie, il a deux sœurs et un grand frère qui a des boutons sur les joues et qui sent très fort des chaussettes. Ma maman elle s’appelle Virginie et mon papa y s’appelle Mickaël.
On habite à côté de chez Lambert. Tu connais pas Lambert ? Lui, il est maçonnier. C’est papa qui m’a raconté qu’il faisait des maisons. Moi, je veux pas faire maçonnier quand je sera grand. Je voudra gagner beaucoup d’argent et je sais pas comment je pourra faire. J’a pas envie de porter des pierres. C’est trop lourd.
Nous on a une maison. Le vieux monsieur y vient souvent nous voir à la maison pour qu’on le paye. Maman elle a dit que la maison elle est au vieux monsieur. Pourquoi il habite pas là, alors ? Maman elle a ri et elle a dit que comme ça, ça lui faisait gagner de l’argent. Le vieux monsieur il a des cheveux blancs et quand il vient à la maison je regarde toujours sur son pull. Y’a des petits trucs blancs qui sont sur ses épaules. Plein. On dirait de la neige qui fond pas. Papa y m’a dit que ça tombait de ses cheveux. Il a dit aussi que le Père Noël c’était le géant du ciel et que quand il bougeait sa tête de géant, y’avait toute la neige qui tombait de ses cheveux comme le vieux monsieur de la maison. Moi je comprends pas que le vieux monsieur il a de la petite neige qui tombe de ses cheveux comme le Père Noël. Il en a de la chance. Moi, si mes cheveux ils faisaient de la neige, je fera un gros bonhomm

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