La route de l ambre bleu
173 pages
Français

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La route de l'ambre bleu , livre ebook

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173 pages
Français

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Description

Sur un marché d'Aral, un aventurier découvre une étrange pierre qu'un ancien pêcheur lui présente comme étant de l'ambre bleu. Matière énigmatique et étrange, envoûtante certainement, car le voyageur va être emporté à la recherche de son origine. Suivant des traces incertaines à travers la steppe kazakhe et la Sibérie jusqu'au rivage de la mer de Kara, l'aventurier vous invite à partager cette quête fascinante et jubilatoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2008
Nombre de lectures 95
EAN13 9782336280691
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296070004
EAN : 9782296070004
La route de l'ambre bleu
Roman

Gilbert Vieillerobe
Sommaire
Page de Copyright Page de titre 1 - Le marchand de pacotille 2 - A La recherche de Cérik 3 - Vers les eaux de l’ambre bleu 4 - Un musée plein de vie 5 - Le puits de Shili 6 - L’historien de Presnogorkovka 7 - La rencontre 8 - Le monastère d’Abalak 9 - En croisière sur l’Yrtich et l’Ob 10 - Le golfe de l’Ob 11- La source de l’ambre bleu 12 - Un “cottage” à Salekhard 13 - La science s’en mêle 14 - La thèse 15 - Les pierres de l’Oural 16 - L’orfèvre REMERCIEMENTS
1 - Le marchand de pacotille
Cela fait une bonne semaine maintenant que j’avance sur cette route toujours mystérieuse de la soie. A Bakou, le choix entre deux directions s’offre à moi ; soit passer au sud de la mer d’Aral, en Ouzbékistan, vers Samarcande, soit prendre au nord, par le Kazakhstan et rejoindre Aralsk et Alma-Ata.
Je choisis la route du nord.
Je privilégie la marche mais emprunte volontiers les moyens de transports qui se présentent. Et, hier soir, après m’avoir secoué pendant 200 km au moins, un camion russe qui se dirige vers Qyzylorda me dépose aux portes d’Aralsk, juste devant le grand cimetière de la ville. En principe, les morts sont de bons compagnons de chambrée, mais ce soir-là, je décide d’aller dormir en ville à trois ou quatre kilomètres, exercice idéal pour se remettre le dos en place.
Que de chiens ! Je donne de la voix et du bâton et débouche sur une grande place bordée sur un côté par des abris de toile et des étals de marché. J’installe mon couchage sur l’un d’eux, hors de portée des chiens et du vent qui souffle légèrement. J’ai à peine le temps de constater que l’air chargé d’odeur de jasmin est d’une grande douceur que déjà je m’endors.
Je suis réveillé par les vendeurs qui prennent possession des lieux. L’étalage de l’un d’eux est déjà en place. Je range mon barda et vais le saluer.
Il me détaille de son regard noir et brillant. De ses longues mains osseuses, il serre le col de sa veste grise démesurément trop grande comme s’il avait froid. Son visage, étroit et anguleux, couleur bronze, au front bas que barrent d’un trait ses courts cheveux noirs et crépus, a tout pour être sévère ; il s’en dégage cependant un sourire bienveillant et rusé.
- Bonjour, me dit-il, je suis Ashkar !
Ashkar propose des bijoux et des babioles en tout genre. Inconsciemment, j’ai dû avoir un air dédaigneux en balayant du regard sa camelote car il s’empresse de m’expliquer qu’il est un ancien pêcheur, que son bateau repose à 20 km, planté sur un banc de sable, depuis que la mer est partie, définitivement partie et qu’il lui faut bien vivre.
- Elle s’en est allée discrètement s’offrir un tablier de coton avec de grandes fleurs bleues et rouges en Ouzbékistan et elle n’est jamais rentrée.
Nous rions à sa blague ; il en a pris son parti, je crois !
Je me surprends à fouiller dans son déballage, moi qui n’ai jamais acheté un bijou de ma vie ! Rien que du banal, fabrication et goût mondialisés. Un carton à chaussures au couvercle à demi soulevé attire mon attention. J’allais l’ouvrir pour de bon mais Ashkar stoppe mon geste et me gratifie d’un regard désapprobateur, puis, avec délicatesse, enlève le couvercle et extrait de la boîte une pièce qu’il me tend : il s’agit d’une broche à laquelle je ne trouve rien d’exaltant mais qu’il me demande de manier avec précaution. Une monture qui joue à se faire passer pour de l’argent enserre une matière bleue ; je dis matière bleue car maintenant il faut être expert, voire faire des analyses, pour savoir si l’on a entre les mains de la pierre, du plastic, du verre ou que sais-je encore... quant à la monture, elle me semble bien légère pour être en argent.
Une bague maintenant, il me présente une bague et me montre un poinçon sur le métal. Je n’y connais rien mais il m’affirme “argent” et j’ai tendance à le croire. Là aussi, la “pierre” est bleue. En fait, cette boîte ne contient qu’une dizaine d’articles seulement, bagues, colliers, pendentifs, broches, tous avec cette même “pierre” bleue, sertie sur des montures vraisemblablement d’argent. Machinalement, la bague en main, je lui en demande le prix. Il m’annonce en dollar une somme astronomique : 600 dollars ! J’éclate de rire, appréciant une nouvelle blague.
- Serious, very serious , s’insurge-t-il !
... Et il me fait signe d’approcher. Je passe avec lui derrière son banc. Il me prend la bague des mains, trouve dans son fouillis une lampe de poche et éclaire savamment cette matière bleue. Par transparence, la lumière révèle plusieurs nuances de bleu, du profond bleu ciel au bleu outre-mer qui s’emmêlent et s’enroulent comme mus par des courants marins.
- Très joli, lui dis-je, quelle est donc cette matière ?
- Ambre !
Je ris à nouveau, je connais l’ambre, je n’en sais que de jaune ! J’en ai vu de très belles pièces avec des insectes entiers piégés dans la résine fossile de pin, il y a des millions d’années, mais là non, le subterfuge de marchand est trop gros ! Je dégrafe une épingle à nourrice que j’ai toujours à portée de la main et sors mon briquet afin d’en chauffer la pointe pour faire le test de l’ambre résine naturelle ou plastique... mais là encore il arrête mon geste.
- No résine, autre qualité d’ambre, regarde comment le savoir, me dit-il !
Il frotte la bague sur sa veste et la sent, puis il recommence et me la fait sentir : étonnant, étrange odeur de musc, plutôt animale que minérale. Après ce frottement, la “pierre” révèle toutes ses nuances de bleu, il se produit comme un phénomène de phosphorescence.
- Ce n’est pas dangereux au moins ? A son tour de rire.
- Pierre de Tchernobyl ! Nous rions tous les deux.
- Alors, c’est quoi ?
- De l’ambre bleu, très rare, exceptionnellement beau, très recherché, très cher...
- Oui, ça j’ai compris, mais d’où cela vient-il ? Il me désigne alors le nord avec un geste ample du bras voulant dire loin, très loin, et ajoute : - Il n’y en a plus, gisement épuisé ! - Ah, gisement, c’est donc une pierre ! - Non, non, ambre bleu...
Sceptique mais intrigué quand même, je fais une offre dans mes moyens, en espérant qu’il l’accepte, pour la bague : 50 dollars ! Refus indigné, il me prend la bague des mains, cherche à nouveau dans sa boîte et me présente un morceau d’ambre bleu brut, gros comme un demi-sucre de bistrot. Je le frotte, le sens, le soupèse, l’admire sous toutes ses coutures, c’est vraiment très beau ! Combien ?
- 50 dollars. J’en offre 15 et finalement, pour 20 dollars j’emporte le morceau, façon de parler !
Dès que j’ai vu disparaître mes deux billets verts, je me suis fait cette réflexion : toi mon vieux, si tu commences ton voyage ainsi, je ne donne pas cher de ta peau.
Le marché s’anime doucement ; Askhar m’invite à m’asseoir et prépare le thé, deux de ses collègues se joignent à nous, apportant des biscuits. Mêmes visages émaciés, mêmes longues mains décharnées, mêmes regards profondément sombres et toujours cette luminosité accueillante et apaisante. Ils sont également habillés de vieux costumes informes où flottent leur corps nerveux et chétif.
J’aime ce thé kazakh ; au fond du petit bol, une larme de lait concentré, puis quatre larmes de thé très fort et dix larmes d’eau chaude... et ainsi de suite jusqu’à saturation. Les collègues partis, je relance :
- Alors, tu ne veux pas me dire où l’on trouve cet ambre bleu?
- Certainement qu’il n’y en a plus, mais pour en être sûr, il faudrait refaire la route de l’ambre bleu.
- Il y a une route de l’ambre bleu ?
- Il y avait... depuis Aralsk, plein nord, jusqu’à l’embouchure du grand fleuve, de l’Ob, sur une plage de la mer de Kara..., après, il faut voir.
J’ai l’impression soudainement qu’une fausse note harmonieuse vient d’éclore dans la symphonie qui tourne en boucle dans ma tête, qui choisit les paroles de sa ritournelle dans ce lexique des rêves qui me tiennent éveillé depuis mon enfance... Steppes de l’Asie centrale... Himalaya... Samarcande... Mongolie... Fleuves de Sibérie... Route de la soie... Aral... Oural... Islamabad...
Cette petite musique relance sa rengaine ; non, dit-elle, tu n’as pas choisi de venir à Aral par hasard, cette rencontre, tu la souhaitais n’est-ce pas ? Elle te met sur la voie d’une autre histoire ! Et si cette route délaissée se révélait aussi prestigieuse que celle de la soie ?
Le piège qui se referme me

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