Le Bivouac
121 pages
Français

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Description

Le Bivouac est une fiction dont le fonds historique ne trompe pas. Histoire d'amour, elle raconte aussi celle d'une marche, de la trace qu'elle laisse, comme une relique, dans la vie des hommes. Suite logique du Bivouac, Fresques d'exil est une série de récits qui mêlent les couleurs aux sentiments d'un homme, parti à la rencontre du monde. Il découvre les visages, décrit les paysages et savoure la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 274
EAN13 9782296686502
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE BIVOUAC


Suivi de


FRESQUES D’EXIL
Dernières parutions
chez L’Harmattan-Sénégal


FALL Iba, Crise de socialisation au Sénégal , essai. Suivi de Réflexion sur les ontologies bambara et peule en rapport avec la crise ontologique mondiale , mai 2010.
KANE Coudy, La quête identitaire chez les écrivains de la moyenne vallée du fleuve Sénégal , mars 2010.
KANE Abdourahmane, Destin cruel , roman, janvier 2010.
BA Daha Chérif, Crimes et délits dans la vallée du fleuve Sénégal de 1810 à 1970, collection études africaines, janvier 2010.
SARR Pape Ousmane, Les déboires de Habib Fall , suivi de Blessures de mon pays, nouvelles, décembre 2009.
MIKILAN Jean, Le conseil des Esprits , décembre 2009.
CHENET Gérard, El Hadj Omar. La grande épopée des Toucouleurs , théâtre, novembre 2009.
BARRO Aboubacar Abdoulaye, École et pouvoir au Sénégal. La gestion du personnel enseignant dans le primaire , novembre 2009.
GAYE FALL Ndèye Anna, L’Afrique à Cuba. La regla de osha : culte ou religion ?, octobre 2009.
CHENET Gérard, Transes vaudou d’Haïti pour Amélie chérie , roman, septembre 2009.
NDAO Mor, Le ravitaillement à Dakar de 1914 à 1945 , août 2009.
Abderrahmane NGA?DÉ


LE BIVOUAC


Suivi de


FRESQUES D’EXIL


L’H ARMATTAN-SÉNÉGAL
Du même auteur

La Mauritanie à l’épreuve du millénaire. Ma foi de « citoyen », Paris, L’Harmattan, en 2006.


© L’H ARMATTAN-SENEGAL, 2010
« Villa rose », rue de Diourbel, Point E, DAKAR

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
senharmattan@gmail.com

ISBN : 978-2-296-10272-9
EAN : 978229610272-9

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
D ÉDICACES
À ma mère, femme affable et sereine. Et à toutes les mères du monde, fleuves intarissables de générosité qui, au moment de l’étiage, continuent d’irriguer les vallées de nos insouciances encore juvéniles. Elles attendent toujours notre retour, se soucient de notre santé, scrutent le soleil, et voient en nous ce joyau de l’amour et de la sérénité.
À mon épouse Hawa Moussa DEM. Celle qui rend tout exceptionnel, au point que la tristesse de l’âme perd de sa charge ordonnatrice du remords.
Au Professeur Brahim Diop, spécialiste de l’histoire médiévale, disparu en décembre 2006. Paix à son âme. Amen.
À tous les exilés de la terre qui continuent de cheminer à travers le monde. Leur voyage rend à l’être son obligation de témoigner sur son propre être, dans le monde, inspiré qu’il est par ces divinités qui façonnent le devenir de l’humanité.
Aux errants à la recherche d’une mémoire ensevelie.
LE BIVOUAC
« De corridor en corridor implacablement nous marchons vers la lumière traînant une nostalgie sans âge innombrable comme la mer ».
Jean Fanchette, L’Île Equinoxe [Poèmes], Paris, Stock, p. 40.
Des milliers d’années nous séparent de la nature verdoyante du Sahara où des peuples entiers ont bâti des civilisations florissantes. Les longues files de caravanes de dromadaires chargés de sel ont laissé des traces partout entre les couloirs interdunaires et les passes dangereuses. Les restes de foyers conservent encore la chaleur du feu de la veille et tous ces os éparpillés ne trahissent-ils pas le nombre impressionnant des chameliers et du festin dans ce bivouac ?
Les salamalecs des retrouvailles ont éloigné, pour quelques heures, les petits chacals qui rôdent aux alentours de cette petite source. Waltunde {1} entretient le ruisseau au bord duquel les hommes ont déchargé leurs montures. Elle n’avait pas attiré l’une de ces familles tribales qui sillonnent yolnde {2} , cette partie du désert. Comme si un accord tacite avait été conclu afin que l’exploitation de cette source restât libre et accessible aux caravaniers qui bivouaquaient à ses flancs.
La caravane avait repris sa marche. Elle se dirigeait, depuis quelques semaines, vers ces bourgades situées à la lisière du Sahara et du Sahel et qui, aujourd’hui, vivent sous la menace de la sécheresse et de la désertification. Elles jouaient le rôle de villes-relais, points de rupture de charges, qui permettaient à l’ensemble des caravaniers de retrouver la vie grouillante des marchés multicolores où se côtoyaient toutes sortes de marchandises : tissus, agrumes, épices dont l’arôme exquis embaume les marchés, peaux et bétails sur pied. Une marchandise hétéroclite. Gleylit fait partie de ces villes, marchés et entrepôts sahariens dont les conteurs arabes nous ont laissé de belles descriptions, qui ressemblent étrangement à des contes de fées. Ces marchés ont disparu avec le temps à cause des changements intervenus dans les circuits du commerce mondial, dans les produits qu’il échange et les moyens de locomotion qu’il utilise.
De ces villes-relais, ils ne restent encore que quelques rares maisons effondrées, des mosquées dont les minarets s’élèvent, verticaux. Ils portent, en eux, les vestiges d’une architecture saharienne dont le génie s’est transmis aux générations qui ont succédé à celles florissantes d’antan. Tout ce décor de ruines est entouré de tentes d’un gris sablé qui cadre merveilleusement avec la nature.
Des hommes enturbannés, corps basanés et visages ridés par la rigueur du temps et le poids de l’âge, continuent de raconter avec des voix tremblantes la geste de leurs ancêtres. Ils ne trouvent plus le vocabulaire nécessaire pour décrire l’angoisse qui les tenaille en regardant se perdre les derniers vestiges de leur civilisation. Leurs récits sont émaillés de points de suspension qui renseignent sur la marche inexorable de l’histoire et de son déroulement permanent. L’exil de la mémoire leur a donné la voix, au point qu’ils sont pris dans les tourments d’un souvenir brouillé. L’évocation de cette geste emprunte, très souvent, ce chemin tortueux qui mêle fantasmes des origines et sentimentalisme nostalgique. C’est le discours d’une infinie ponctuation et d’une incertitude qui, non seulement, la commande, mais qui donne à sa saveur toute son importance. C’est cela certainement le récit historique. Il est tissé comme une arabesque sur la toile de l’énigme. Le destin de l’homme est scellé par le cadenas d’une mémoire toujours défaillante. Et pourtant, un tesson, une crotte bien conservée, un os, un cheveu, une graine peuvent être les plus grands informateurs de notre humanisation. Fossilisation ! Allez savoir comment ! L’homme de Cro-Magnon, l’ homo erectus ne nous ont pas parlé de leur voix. Ils ont laissé des traces, comme des reliques. Voilà la vie. Elle n’est que le condensé d’une multitude de traces ! Les caravaniers le savent mieux que quiconque. Beaucoup de peuples, aujourd’hui disparus, nous ont laissé les traces de leur vie. Elles sont encore gravées dans les grottes quelque part.
Du bivouac au lieu où se trouvent les caravaniers, la distance commence à s’allonger et seules leurs traces subsistent, encore.
Le jour pointe déjà. La couleur rouge-ocre du soleil permet de voir au loin quelques arbres rabougris. Le beau paysage de dunes et de barkhanes a cédé la place à une étendue jonchée de pierres et de cailloux minuscules que le vent ne cesse de polir : c’est le reg. Le vent est le sculpteur naturel par excellence.
Quelques femmes et enfants font partie du voyage. Ils ont la chance de ne pas marcher.
Le groupe de devant est celui qui connaît le mieux cette piste qui n’est pas fréquentée par les brigands des déserts. Elle témoigne d’une tradition de voyages, de longues traversées, multicolores et douloureuses, mais qui finissent toujours dans la joie.
Les hommes qui défiaient l’hostilité de cette nature étaient convaincus de l’importance des liaisons commerciales, mais aussi des échanges humains et culturels qui rythmaient les relations entre les royaumes des Arabes et ceux des Sudan. En ces temps reculés, les guerres faisaient rage dans un monde en profonde mutation, mais la diplomatie et le commerce n’étaient pas en reste. Ils étaient les meilleurs piliers sur lesquels était bâtie la quiétude des caravanes. Des royaumes noirs on achetait de la marchandise humaine, de l’or, du mil, des plumes d’autruches, des cornes de gazelle, des peaux de caïmans, des défenses d’

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