Le destin de Ndamal
141 pages
Français

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Le destin de Ndamal , livre ebook

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Description

Ce roman retrace le parcours d'un africain de l'ouest amené à quitter son village pour tenter sa chance dans la capitale de son pays. On y découvre, décrit avec beaucoup de réalisme, l'administration, le secteur privé et le monde politique de cette partie de l'Afrique que l'auteur a bien fréquentés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 246
EAN13 9782296686922
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L E DESTIN DE N DAMAL
Dernières parutions
chez L’Harmattan-Sénégal

NDIAYE Mounirou, L’économie sénégalaise. Enjeux et problématiques , collection « Zoom sur… », novembre 2010.
GUÈYE Moustapha, Le tourisme en Casamance. Entre pessimisme et optimisme , novembre 2010.
KASSÉ Moustapha, La science économique et sa méthodologie, collection « Zoom sur… », octobre 2010.
SOW Abdoul, Mamadou Racine Sy. Premier Capitaine noir des Tirailleurs Sénégalais (1838-1902), collection « Mémoires & Biographies », septembre 2010.
KÉBÉ Abdoul Aziz, Serigne Abdoul Aziz Sy Dabbâkh. Itinéraire et enseignements , coll « Mémoires & Biographies » juin 2010.
NGAÏDE Abderrahmane, Le bivouac, suivi de Fresques d’exil , juin 2010.
FALL Iba, Crise de socialisation au Sénégal , essai. Suivi de Réflexion sur les ontologies bambara et peule en rapport avec la crise ontologique mondiale, mai 2010.
KANE Coudy, La quête identitaire chez les écrivains de la moyenne vallée du fleuve Sénégal, mars 2010.
KANE Abdourahmane, Destin cruel, roman, janvier 2010.
BA Daha Chérif, Crimes et délits dans la vallée du fleuve Sénégal de 1810 à 1970, collection études africaines, janvier 2010.
SARR Pape Ousmane, Les déboires de Habib Fall, suivi de Blessures de mon pays, nouvelles, décembre 2009.
J ean M IKILAN


L E DESTIN DE N DAMAL
Du même auteur

Le conseil des esprits, roman, (L’Harmattan-Sénégal, 2009).


© L’H ARMATTAN-SENEGAL, 2010
« Villa rose », rue de Diourbel, Point E, DAKAR

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
senharmattan@gmail.com

ISBN : 978-2-296-10308-5
EAN : 9782296103085

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
CHAPITRE I PARTIR OU RESTER
Ndamal s’était surpris en train de faire des va-et-vient dans sa chambre. Il longeait la pièce jusqu’à l’autre extrémité, puis revenait sur ses pas. Il portait les bras haut croisés dans le dos et marchait la tête baissée. Il avait l’air très préoccupé.
Depuis quelque temps, son esprit était traversé par des pensées diffuses qui le rendaient en proie à une foule d’interrogations. Depuis combien de temps tournait-il ainsi en rond dans sa chambre ? Personne ne le savait. Sa vieille horloge murale d’ancien collégien, qui égrenait les secondes dans un bruit mat, venait de sonner dix heures du matin.
Ndamal était en huis clos avec lui-même. Il voulait savoir s’il devait continuer de vivre au village et subir les humiliations de son père ou partir à l’aventure dans la capitale. Il pesait et soupesait les avantages, les inconvénients, ainsi que tous les risques éventuels de son projet. Il était à un tournant décisif de sa vie.
Tout à coup, son visage fermé et renfrogné s’illumina. Il venait de réussir à concilier les différents courants de pensée qui l’écartelaient pour parvenir à une conclusion. Celle-ci était ferme et définitive. Il se rendrait à la capitale.
Selon sa petite expérience et les échos qui lui parvenaient quotidiennement au travers des médias, la capitale serait une entité encore plus dangereuse que les villes secondaires, et il lui faudrait beaucoup de force de caractère pour ne pas céder à l’appel de ses sirènes. Mais il s’y rendra. Il s’y rendra, non pas pour s’adonner à la vie facile, à la débauche ou à la filouterie, mais avec la ferme intention de réussir.
Il se demandait comment on pouvait ne pas réussir avec toutes les opportunités de travail qu’on devait pouvoir trouver sur place, surtout si on ne s’accrochait pas à une activité de son choix.
Mentalement, il s’était mis à répertorier quelques-unes des activités qu’il pourrait y exercer. A priori, il ne rejetterait aucun travail, quel qu’il soit, et c’est heureux qu’il ne soit pas trop connu dans la capitale, ce qui aurait pu l’amener à éprouver de la gêne à faire un travail jugé honteux.
Si les émigrés réussissent si bien à l’étranger, et font sortir rapidement de terre des immeubles dans leurs villages d’origine, c’est précisément parce qu’ils n’ont pas de préférence pour le travail et surtout parce qu’ils travaillent sans complexe dans des secteurs jugés dévalorisants et délaissés par les nationaux. Il n’existe pas de sot métier et l’argent que l’on gagne ne porte pas la marque de l’activité qui l’a généré.
Toutefois, si Ndamal était prêt à travailler à tout prix, il n’accepterait aucune compromission. Il voudrait vivre à la sueur de son front et gagner honnêtement son pain.
Pourtant, au départ, très affecté par son échec scolaire et dégoûté de la vie, Ndamal avait été tenté par le suicide. Il maudissait amèrement et à longueur de journée le jour où il était venu au monde. Il ne trouvait plus aucun sens à sa vie, qui se réduisait à végéter et à se laisser consumer à petit feu, malgré quelques péripéties, jusqu’à totale extinction. La vie lui semblait une épreuve gratuite et dépourvue de finalité.
Ndamal ne pouvait s’empêcher de se demander si ce n’était pas pour résoudre l’équation lancinante de la vacuité de la vie que les religieux de tous ordres avaient proposé le paradis en contrepartie de l’acceptation par l’homme d’une vie soumise au destin. Des pensées aussi obscures les unes que les autres l’assiégeaient et lui taraudaient l’esprit. C’était seulement la nuit qu’il parvenait à trouver la paix, lorsqu’il avait succombé au sommeil. Au fil du temps, il s’était pris à aimer la nuit, à la désirer et à l’attendre toute la journée avec excitation et empressement, comme un moment de soulagement et de délivrance. Mais, autant il était soulagé la nuit, autant était dur le réveil qui le ramenait à la réalité, le lendemain. Ndamal en était arrivé à souhaiter une nuit sans fin. Or, seule la mort pouvait lui procurer cette éternité.
Ndamal se ravisera très vite cependant. L’idée du suicide n’avait pu le séduire que dans un moment de passage à vide et de profond abattement. Il avait conscience qu’il avait suffisamment causé de petits soucis à ses parents étant vivant pour ne pas devoir les plonger dans une désolation sans borne en se suicidant.
L’être humain, se laissait-il convaincre, est une créature très précieuse et d’une extrême subtilité pour devoir être éliminé par un stupide geste de désespoir. Ce qui enlève la vie devrait être aussi considérable que le génie qui la crée. Malheureusement, les œuvres les plus complexes sont les plus délicates et les plus fragiles et peu de choses suffisent à les anéantir. S’il faut être doué pour bâtir, détruire reste à la portée de tout le monde, avait-il objecté.
Ndamal devait se persuader davantage de la justesse de sa volte-face en se rappelant ce plaidoyer d’un éducateur au sujet du suicide :
« Personne n’a le droit de se suicider. Aucun être au monde n’a demandé à naître. Tout être humain est le fruit d’un amour, l’expression vivante d’un projet, d’une décision, celle de ses parents. Toute personne porte une vie qui ne lui appartient pas. Celle-ci lui a été donnée par ses parents et on ne peut prendre que ce qui nous appartient. En revanche, il reste concevable que chacun, à son niveau, puisse, s’il le désire, s’abstenir de donner la vie à son tour. Cela paraît relever de sa seule responsabilité. C’est la décision d’un homme libre qui peut se comprendre ».
Pour illustrer cette leçon de morale, l’éducateur devait citer l’exemple d’une jeune fille qui semblait en avoir bien compris la portée. La jeune fille, qui étudiait loin de sa famille, avait dans un moment de solitude et de déprime, appelé ses parents au téléphone pour leur faire savoir qu’elle était dégoûtée de la vie et en avait assez de vivre et que, si elle se battait encore, c’était seulement à cause d’eux et pour leur fierté.
Dans son désarroi, Ndamal avait même été, un moment, visité par les démons de l’émigration clandestine. Mais, en pensant au spectre des barques de fortune qui s

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