Le souffle du dragon
235 pages
Français

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Le souffle du dragon , livre ebook

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Description

Une vie, un village et des gens franchement intrigants
Adopté à la naissance par un couple de braves cultivateurs d’une région cul-de-sac du Québec, Félix réalise a quel point il était tributaire de leur amour inconditionnel le jour où ils disparaissent, victimes sur la place Saint-Pierre de Rome, d’un attentat à la médaille piégée.
Traumatisé par ce qu’il considère une injustice, talonné par l’envie d’appartenir à nouveau à quelqu’un et dans l’urgence de renouer avec la vie familiale, il s’installe à Montréal dans l’intention de retrouver ses parents biologiques, encouragé dans cette utopie par son oncle d’adoption qui convoite les 400 acres qu’il a reçus en héritage pour y installer une attraction touristique à la mesure de sa pétaradante mégalomanie.
D’aventures désordonnées en rencontres cultivées dans l’ambiguïté et la marginalité, Félix se réfugie dans l’invention d’une mère secours jusqu’à ce que, poussé par le souffle cosmique du dragon porte-bonheur des Chinois, il se heurte à une destinée amoureuse construite sur le meilleur et le pire des pratiques Feng Shui de l’exubérante Alice, sa complice.

Informations

Publié par
Date de parution 14 janvier 2018
Nombre de lectures 26
EAN13 9782924594834
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
1 7
2 33
3 64
4 87
5 113
6 141
7 165
8 190
9 219
Le souffle du dragon
Franck Duval
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Duval, Franck, 1945-
Le souffle du dragon
16 ans et plus.
Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-924594-81-0 (couverture souple)
ISBN 978-2-924594-82-7 (PDF)
ISBN 978-2-924594-83-4 (EPUB)
I. Titre.

PS8607.U923S68 2017 jC843’.6 C2017-940957-3
PS9607.U923S68 2017 C2017-940958-1

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition.


Conception graphique de la couverture: Elen Kiev
Desssin du couvert avant: Louise Leneveu
© Franck Duval, 2017

Dépôt légal – 2017
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Imprimé et relié au Canada
1 re impression, janvier 2018
À Lou,
la merveilleuse femme de ma vie

À mes enfants chéris,
Julien, Judith, Yannick et Frédérick.

Un gros merci à
Sophie Perreault, Louise Leneveu
et Julien Leneveu pour leur
aimable collaboration
Il dit à la femme: J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. Il dit à l’homme: Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre: Tu n’en mangeras point! le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie,
Extrait de la Bible, Genèse 13;17


Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d’autre.
Paul Eluard
1

Félix amorçait cette journée sans plus d’appréhension que la première de sa vie. La nuit n’avait pas été tendre, avec lui, mais il n’était pas du genre à mordre la main de sa bonne fortune au premier soubresaut. Il pardonnait aux cauchemars comme il pardonnait au destin de l’avoir mis K.O. trois jours plus tôt.
Sans s’émouvoir du désordre inhabituel qui régnait dans la salle de bain, il sortit de la douche et se pencha sur le miroir embué. À l’approche de la vingtaine, il passait pour un joli garçon. Malgré ses yeux rougis par les pleurs et le manque de sommeil, émanait de lui une désinvolture que d’aucuns, au village, jugeraient inconvenante en pareille circonstance. Un leurre qui n’aurait pas dupé sa mère, Maminette, comme il la surnommait, la seule capable de deviner que le vrai Félix se terrait ailleurs, dans la partie de soi dont on ignore l’existence, tant qu’on n’a pas pris conscience que vie et mort sont soudées l’une à l’autre par la peur du néant.
Pour évacuer le silence qui devenait encombrant, Félix descendit mettre du Xavier Cugat sur la platine de la vieille stéréo, en songeant à son père qu’il n’avait jamais eu envie d’appeler autrement que Raoul. Un homme en bois debout qui aurait préféré chez son fils un meilleur équilibre entre la grâce et les muscles.
«Sur une ferme, vaut mieux un cheval de trait qu’un cheval de parade», répétait Raoul sans malice chaque fois que l’occasion se présentait…et elle se présentait souvent.
La musique chaude et sensuelle issue d’une autre époque fit son effet de soleil en carton-pâte. Le jeune homme poussa le volume à fond et monta l’escalier avec des palmiers dans les yeux. Il se rasa en se déhanchant sur les deux temps d’un mambo que dansaient ses parents les après-midi de leurs meilleurs dimanches. Après quoi, il enfila une chemise blanche qui aurait mérité un coup de fer, tout en chantant avec des accents de rappeur:

Les jours passent et je m’ennuie
Les nuits se froissent et je m’aigris
Je veux ma place au paradis
Hélas, l’ami, hélas , la vie
Je suis maudit

Comme la chemise appartenait à Raoul, il flottait à l’intérieur. À la vue de sa silhouette dans le miroir, une émotion inconnue le submergea. Malgré la musique, il s’abandonna au trouble lancinant des souvenirs à ressasser, faute de mieux. Mais voilà que la sonnerie du téléphone le ramena des profondeurs. Il s’agissait de son oncle.
−On s’en vient te chercher, mon Félix… J’espère que t’es prêt.
Le Smartphone tout neuf à l’oreille, Roland Papineau se dirigeait vers le Garage Papineau .
−Faut que tu manges, la matinée va être longue.
Il claudiquait plus que d’habitude à cause des chaussures en cuir verni qu’il n’enfilait que dans les grandes occasions. En repoussant vers l’arrière une tignasse abondante pour un homme de cinquante-huit ans, il ajouta sur le ton de la confidence:
−L’estomac vide, tu ne passeras pas au travers.
−Ne vous inquiétez pas, mon oncle, répliqua Félix d’une voix qui s’étiolait derrière les premiers accords d’une rumba endiablée.
−C’est pas le moment de déraper, mon gars, pense à Madeleine… pense à ta tante! Pis ferme la musique, on ne s’entend plus penser, chopper !
Partagé entre l’agacement d’avoir à hurler pour se faire entendre et la nécessité de se montrer bienveillant, l’oncle joua de patience jusqu’à ce que son neveu promette d’avaler quelque chose.
Satisfait, il termina abruptement la conversation et glissa l’appareil téléphonique dans son étui. En fredonnant du country , il ouvrit la grande porte du garage où était stationnée une rutilante Lincoln Continental 1977 hard top de la cinquième génération, verte à l’intérieur comme à l’extérieur, un paquebot acheté flambant neuf il y aurait bientôt trente ans et dont il était fier; pas autant, cependant, que du chopper stationné derrière, un Harley surchromé qu’il appelait Cherry Baby .
Il ouvrit la portière de la Lincoln et se faufila derrière le volant. Ce faisant, un bouton du veston sauta, pour lui rappeler qu’il avait encore épaissi de la taille. Le bouton rebondit sur un genou et disparut. En se tortillant pour le chercher sur le plancher, il passa ses doigts sous la banquette, où ils rencontrèrent une boîte de préservatifs. Il se redressa à demi, aiguillé par la crainte idiote d’être surpris par sa femme. Dans sa précipitation, il accrocha le klaxon du coude. En dépit de l’inconfort de la posture, il choisit de se tenir coi, le temps que son cœur cesse de pomper du vide. À bout de souffle, il rangea les préservatifs dans le coffre à gants qu’il ferma ensuite à clé.
Qu’un quinquagénaire de sa trempe puisse avoir un réflexe aussi puéril l’enrageait, d’autant plus qu’il n’avait pas retrouvé le bouton de son veston. Mais sa colère éclata véritablement quand il entendit un rire de serpent à sonnette et qu’il aperçut, à travers le pare-brise, la figure en grimace de sa voisine qui l’espionnait depuis la fenêtre de sa chambre.
Geneviève Lachance habitait au-dessus du restaurant situé en face du garage et du magasin général. Au coup de klaxon qu’elle aurait reconnu entre mille, elle s’était précipitée à la fenêtre en déployant devant elle une robe noire pour parer à l’indécence de sa tenue. Jalouse de la grosse boîte bleue on ne peut plus explicite à ses yeux, même de loin, elle s’était fendue d’un rire de crécelle qu’elle regrettait, à en juger la façon dont elle se mordait la lèvre supérieure – un tic qui la rendait vilaine.
Ni belle ni laide, la propriétaire du Grand Express n’attirait pas la convoitise au premier coup d’œil, ni même au second. Les apparences sont souvent irréalistes et quelques années plus tôt, à un âge plus hardi, cette célibataire déconfite se serait empressée de le prouver à n’importe quel homme qui aurait eu envie d’aller y voir de plus près. Ce quiconque n’aurait pas été déçu. Et encore aujourd’hui, sous des vêtements ressemblant à ceux d’une vieille fille rabougrie,

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