Les Affligés - Volume 1 : Isolation
244 pages
Français

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Les Affligés - Volume 1 : Isolation , livre ebook

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Description

République de Dor-Thimlin. À l’époque instable des temps sombres.
Depuis la fin de l’ère de prospérité, les cinq régions vivent dans la plus grande isolation, chacune abritant ses citoyens dans des villes qui tentent de survivre malgré un climat de peur et de confusion politique.
Naryë, Observatrice d’Aldal et membre de l’Assemblée des Sages, est certaine de sa vision : il existe un moyen de mettre un terme à l’Affliction qui sévit au-delà des murs et de guérir la perte du Don.
L’énergie spéciale qui confère depuis longtemps des pouvoirs particuliers à certains individus est en train de disparaître, sans raison connue, affaiblissant peu à peu une population déjà désespérée.
Naryë est persuadée que la solution de tous leurs maux se trouve à Ulemus, la « Ville Interdite », dans une région si désolée que même les dieux l’ont abandonnée.
Pour mener à bien la mission de sa vie et découvrir la cause de la malédiction qui pèse sur Dor-Thimlin, elle doit se fier à sa vision : regrouper onze hommes et femmes disséminés au sein de la République. Onze futurs compagnons qui appartiennent presque tous, souvent sans le savoir, à l’une des cinq guildes ancestrales : les Observateurs, les Manipulateurs, les Ensorceleurs, les Invocateurs et les Guérisseurs. Onze individus qu’elle doit convaincre de l’accompagner dans une quête peut-être illusoire.
Mais le voyage est long et dangereux, le Don a un prix, les Affligés rôdent partout et même les Humains ne sont pas tous disposés à voir cette mission aboutir…
Découvrez la nouvelle trilogie Fantasy de M.I.A, « Les Affligés », dont « Isolation » constitue le premier volume.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2015
Nombre de lectures 1 362
EAN13 9782370113955
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES AFFLIGÉS
Volume 1 : Isolation

M.I.A



© Éditions Hélène Jacob, 2015. Collection Fantasy . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-395-5
1 – Naryë


L’Assemblée des Sages ne s’est pas toujours appelée ainsi, même si peu de gens s’en souviennent. Elle fut pendant longtemps l’Assemblée des Observateurs, jusqu’au début de la période trouble ayant marqué la fin de l’ère de prospérité. Les sources ne concordent pas toutes, mais on admet généralement que le passage d’une dénomination à une autre s’est fait il y a une soixantaine d’années, quand les temps sombres sont apparus.
Si l’on trouve encore de vieux textes qui mentionnent cette ancienne appellation, il est par contre impossible de savoir ce qui a justifié un tel changement dans l’organisation de la République de Dor-Thimlin. Nul n’a la réponse à cette question.
Les Observateurs gouvernaient depuis des siècles, lorsque la composition de l’Assemblée a été brusquement modifiée un jour, ne leur laissant que deux sièges sur dix et la perte définitive du pouvoir qu’ils contrôlaient pourtant avec honnêteté et grande efficacité. Pourquoi ? Comment ? Sur quel ordre ou quelle décision ? Les éventuels témoins qui auraient pu en parler ne se sont jamais exprimés et sont probablement tous morts aujourd’hui. En outre, d’autres problèmes plus graves ont très vite repoussé ces interrogations au plus profond des consciences, jusqu’à presque les effacer au cours des décennies malheureuses qui ont suivi ce bouleversement inexplicable.
Cependant, être plus précis quant aux causes et à la date exacte de cet événement presque oublié de tous pourrait permettre de résoudre une énigme plus essentielle, plus dramatique encore, et dont les implications sont subtiles : les temps sombres ont-ils entraîné la fin de l’Assemblée des Observateurs, ou sont-ils au contraire la conséquence de la création de l’Assemblée des Sages ?
On peut raisonnablement prédire que cette interrogation restera longtemps sans réponse, car découvrir la clef de ce mystère ne ferait sans doute que fragiliser un peu plus une population déjà désespérée. Lorsqu’on ne peut désigner de coupable avec certitude, il est plus simple de maudire le sort et d’accuser les dieux. Les dieux n’ont rien à perdre, eux.

Archives de Dor-Thimlin – Politique générale
* * *
Naryë ne distinguait plus vraiment les parois du tunnel, mais elle avançait sans crainte, ayant suivi ce même chemin à plusieurs reprises et reconnaissant parfaitement le parcours. Elle trébuchait de temps à autre, ses chaussons souples ne la protégeant pas assez des cailloux qui jonchaient certaines sections du passage souterrain mal éclairé par sa lanterne. Mais ne percevoir que des ombres ne la gênait pas. Un sixième sens, plus profond et universel que la vue, la guidait. Le Don, tel qu’il se manifestait en elle cette nuit encore, surpassait tous les yeux du monde.
L’Observatrice espérait simplement qu’elle irait plus loin que la veille, lors de sa tentative précédente. Il lui restait un visage à découvrir. Une identité qui avait autant d’importance que les dix autres et qui se refusait à elle. Ce dernier nom était capital et elle avait déjà échoué trois fois dans sa quête. Il fallait qu’elle se rapproche plus vite, avant que la silhouette fuyante disparaisse au cœur des ténèbres. Connaître la destination de son voyage ne lui serait d’aucune utilité si elle ne parvenait pas à réunir tous ceux qui étaient censés l’accompagner.
Naryë pressa le pas, sa longue robe blanche flottant derrière elle. Ses mains marquées par le passage des ans frôlaient les parois, l’étroite galerie se resserrant parfois jusqu’à devenir une simple trouée dans la pierre. Elle y était presque. La grande salle allait s’ouvrir devant elle dans quelques secondes, après un dernier virage abrupt qui ne permettait pas d’imaginer pareil espace à une telle profondeur. Comme chaque nuit, elle nota que l’air demeurait respirable, étonnamment peu fétide, malgré l’éloignement de la surface.
Son arrivée soudaine dans l’immense grotte la surprit, une fois de plus. Les lanternes posées par terre à divers endroits envoyaient de longues ombres vacillantes sur les hauts murs rocheux. Onze ombres. La sienne se joignit aux leurs, d’abord timidement, puis avec plus de vigueur lorsqu’elle s’approcha des sources de lumière. Ils se tenaient à leur place habituelle, en un vague arc de cercle, presque immobiles. Aucun d’eux ne parlait et ils se contentèrent de la fixer avec attention, suivant chacun de ses mouvements.
À sa gauche, deux des six membres masculins du groupe et trois femmes. À sa droite, tous les autres, à l’exception d’un individu qui se trouvait loin devant Naryë. En retrait par rapport à ses compagnons, tête baissée, il était trop reculé pour que ses traits soient visibles. Mais sa stature indiquait sans conteste qu’il s’agissait d’un homme. Il dépassait tout le monde d’au moins une tête.
Naryë ne perdit pas une seconde à contempler les visages les plus proches, déjà familiers. Elle aurait tout le loisir de les détailler durant leur périple. Il lui fallait ce onzième nom. Elle devait découvrir le regard de l’inconnu. Ses yeux lui diraient qui il était et où le trouver. L’Observatrice traversa la vaste salle d’un pas rapide, consciente qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps. Elle ne voulait pas échouer une quatrième fois et le voir s’éclipser alors qu’elle était si près de lui. Rassemblant toute son énergie, elle finit de le rejoindre en courant. La luminosité autour d’elle faiblissait déjà, annonçant la fin de cette courte rencontre. Mais elle ne partirait pas sans ce dernier nom, c’était exclu.
Elle n’eut droit qu’à un bref contact visuel, en arrivant à moins de trois mètres de lui, mais ce fut suffisant. La cicatrice sous l’œil gauche retint fugacement son attention, puis Naryë plongea dans le regard sombre. Le Don s’exprima en elle et l’identité recherchée lui fut révélée. Elle vit l’île où elle le trouverait, à l’écart du continent. Le voyage se compliquait un peu plus, mais elle détenait l’essentiel. Le groupe était constitué.
Je vous rencontrerai bientôt…
L’Observatrice sortit du sommeil en poussant un léger cri. Prolonger volontairement ses visions spontanées à un rythme trop intense avait un prix. La douleur devenait plus vive, nuit après nuit, et ses yeux la faisaient souffrir. Elle demeura assise quelques minutes dans son lit, incapable de se lever. Le moindre mouvement lui paraissait impossible. Son esprit et son corps n’étaient pas tout à fait réunis. Elle les laissa se retrouver en gardant les paupières mi-closes.
Le soleil n’était encore qu’une pâle promesse à l’horizon lorsque Naryë s’habilla, après une douche rapide. Elle remplaça la tunique qu’elle portait pour dormir par une autre très semblable, un peu plus épaisse et aussi blanche que le reste de sa maigre garde-robe. Elle avait renoncé à toute coquetterie alors qu’elle n’était qu’une enfant, quand elle avait pris conscience qu’un destin particulier l’attendait. La guilde des Observateurs, qui s’était toujours considérée comme le plus spirituel des cinq groupes détenteurs du Don, se voulait détachée des attaches terrestres afin de mieux comprendre l’âme. Naryë avait suivi le chemin qu’on lui imposait et accepté ses responsabilités. Mais chaque matin, elle s’arrêtait un instant devant son miroir pour s’accorder quelques regrets et pensées égoïstes. Puis elle s’oubliait pour la journée.
Elle démêla ses longs cheveux bruns striés de gris sans prêter attention à son reflet. Sa chambre n’était pas éclairée et l’aube grignotait timidement l’obscurité. Le mouvement répété de la brosse lui procurait une vague sensation d’apaisement, un calme qui lui était nécessaire aujourd’hui plus que jamais. Certains des neuf autres membres de l’Assemblée des Sages n’allaient pas accueillir son annonce avec joie, c’était à prévoir. Mais l’Observatrice désirait à tout prix éviter que leur réunion débouche sur une nouvelle querelle. La ville d’Aldal et toute la République avaient besoin d’union et surtout pas de discorde stérile.
Naryë se fit la réflexion que les temps sombres s’éternisaient. Elle n’avait jamais connu l’ère de la prospérité, mais ses souvenirs d’enfance comportaient des fragments d’insouciance. Cinquante ans plus tôt, il était encore possible de croire en des lendemains meilleurs. Ceux qui naissaient maintenant n’auraient sans doute jamais cette chance. Sauf si sa vision se concrétisait et qu’elle parvenait à mettre un terme au sort terrible qui accablait la population. Et mes visions, même anodines, ont toujours été juste

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