Les Affligés - Volume 2 : Désolation
257 pages
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Les Affligés - Volume 2 : Désolation , livre ebook

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Description

Afin de parvenir à Ulemus, la Ville Interdite, Naryë et ses onze compagnons ont quitté le village de Khederen pour franchir la passe de Gabarak et atteindre la côte est d’Undin, région abandonnée des hommes depuis près d’un siècle.
Malheureusement, leur traversée ne se déroule pas comme prévu. Les voyageurs parviennent tout juste à rallier le rivage de la presqu’île, en quatre lieux différents, sans connaître le sort de leurs amis.
Sur un territoire hostile qui leur est étranger, privés d’équipement, de ressources et de moyens de communication, pourchassés par de mystérieux ennemis dont la maîtrise du Don semble bien supérieure à la leur, les naufragés n’ont plus qu’une solution : rejoindre au plus vite Ulemus, unique destination commune envisageable, et espérer y retrouver les autres.
Le passé, les forces et faiblesses de chacun se révèlent peu à peu, de nouvelles relations se nouent et des alliés surprenants apparaissent, tandis que les volcans d’Undin grondent et font planer une menace supplémentaire sur les quatre groupes isolés.
Afin que la vision de Naryë s’accomplisse et que l’Observatrice conserve une chance de mettre un terme à l’Affliction qui ronge la République, tous doivent survivre et atteindre les ruines de la Ville Interdite. Leur périple dans cette région désolée est une succession d’obstacles qui va les contraindre à dépasser leurs peurs, à s’entraider et à embrasser leur destin collectif.
Après « Isolation », « Désolation » est le deuxième volume de la trilogie Fantasy de M.I.A, « Les Affligés ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2016
Nombre de lectures 359
EAN13 9782370114839
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES AFFLIGÉS
Volume 2 : Désolation
M.I.A
© Éditions Hélène Jacob, 2016. CollectionFantasy. Tous droits réservés. ISBN : 978-2-37011-484-6
Résumé du volume précédent
Les cinq régions de la République de Dor-ThimlinAlcin, Tolbin, Librin, Isandrin et Kilminvivent depuis le début des temps sombres, datant de presque un siècle, dans une grande confusion sociale et politique dont les origines réelles sont troubles et presque oubliées. Confrontée à l’Affliction –un mal qui transforme les citoyens en êtres dénués de morale et de conscience, et les renvoie à l’état quasi sauvageet à la perte progressive du Donl’énergie magique dont étaient originellement dotés de nombreux habitants–, la population s’estpeu à peu retranchée dans les cinq villes majeures du pays, chacune essayant de subsister dans des conditions de vie difficiles et subissant une terrible isolation. L’Assemblée des Sagesqui tente de gouverner la République tant bien que mal sans que jamais ses membres ne quittent la capitale, Aldal, pour des raisons de sécuritéest incapable de trouver des solutions. Elle est constituée de dix représentants issus des cinq guildes ancestrales aujourd’hui très affaiblies: les Observateurs, les Guérisseurs, les Manipulateurs, les Ensorceleurs et les Invocateurs. Chaque faction provient de l’une des cinq régions.Parmi les Sages, une Observatrice, chez qui le Don est resté relativement puissant, reçoit une vision répétée et particulière qui la convainc que la solution de tous leurs maux se trouve à
Ulemusville minière de la région maudite etabandonnée d’Undin, que les humains ont quittée desdécennies plus tôt, peu de temps après l’apparition de l’Affliction, en raison de conditions de vie trop dangereuses. Dans cette vision, Naryë se trouveau cœurde la cité, sous la surface, accompagnée de onze compagnonsqu’elle parvient à identifiergrâce au Don. Contre l’avis de certains des Sages, elle quitte Aldal pour un long périple qui va lui permettre, avec son fils adoptif Amior, de rechercher ces dix autres personnes aux quatre coins de la République. Durant leurs seize semaines de voyage à travers les cinq régions, elle recrute : Elaliel, diseuse de bonne aventure ; Apis, vieux Guérisseur isolé dans sa tour et ancien amant de Naryë ; Hedine, petite fille presque recluse ; Caradog,prisonnier sur l’île de Rochenoire; Sabrar et Gilar, jumeaux voleurs ; Xenophanes, nain forgeron ; Sophoniba, guerrière garde du corps ; Senbi, jeune fleuriste étrangement douée ; et Nekho, charpentier condamné pour meurtre àune vie d’exil. Tousà l’exception d’Amior et deCaradogsont porteurs du Don, qu’ils en soient conscients ou non.Mais dans un monde désorganisé où les guildesn’instruisentplus personne depuis longtemps,
la maîtrise del’énergie magiqueest rare. Les compagnons de Naryë sont, au mieux, inefficaces ; au pire, involontairementdangereux. L’Observatrice va devoir leur apprendre en quelques semaines les connaissances de toute une vie, avec l’aide d’Apis et de ses précieuses archives, véritable encyclopédie de Dor-Thimlin qu’il a lui-même rédigée pendant plus de trente ans afin que le passé ne se perde pas totalement. Elle va aussi devoir leur enseigner la coopération, essentielle s’ils veulent survivre aux dangers qui les guettent. Durant son long voyage, Naryë prend vite conscience que sa mission ne plaît pas à tout le monde : incidents et pièges se multiplient, rendant cettequête plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. Elle-même perd progressivement la vue, payant le prix de son Éveill’étape majeure d’évolutionque connaissent certains porteurs du Don, grâce auquel elle a reçu sa vision initiale. Alors que le groupe s’apprête à contourner la Muraille Interdite pour entrer sur le territoire d’Undinpar le sud, Naryë est contrainte de modifier ses plans en raison d’une attaqued’Affligésqui fait plusieurs blessés. Tous remontent vers le nord et se préparent à traverser la passe de Gabarak, un large bras de mer où personne ne se risque plus depuis longtemps, en raison de sa terrible réputation.Ils s’installent pour quelques jours à Khederen, un ancien village de pêcheurs presque déserté, pour organiser la suite de leur périple et prendre connaissance des archives. Naryë trouve le réconfort auprèsd’Apisqu’elle n’a jamais cessé d’aimer depuis qu’elle l’a quitté sans explications dix ans plus tôt, mais son Éveil s’accomplit et la laisse définitivement aveugle, alors que la partie la plus difficile de sa quête ne fait que commencer.
1Adhath
Soixante-quinze ans plus tôt Les premiers filets de lave apparurent sur les flancs du volcan Jawah deux heures avant l’aube, se faufilant à travers la roche, empruntant la moindre faille qui s’offrait àeux pour se répandre à l’extérieur de la montagne. Des traînées d’un bleu spectral ondulaient sur les pentes plongées
dans la pénombre et la fumée. Quelques gerbes de même couleur jaillissaient de temps à autre du cratère, s’élevant subitement pour disparaître aussitôt, à peine perceptibles. Les vapeurs de soufre enflammées donnaient au magma une teinte insolite, de toute beauté. Un spectacle étrange que les derniers habitants d’Ulemus observaient avec stupéfaction, ralentissantinconsciemment leur course et se retournantafin de s’assurer qu’ils ne rêvaient pas.S’ils connaissaientcertaines humeurs du volcan, ses fumerolles et ses grondements, ils ne l’avaient encore jamaisvu s’exprimer ainsi. La première explosion avait retenti en fin de soirée, dans un vacarme perçu par la ville entière, malgré la distance qui la séparait de la zoned’exploitation. Ulemus était construite à presque huit lieues du volcan, sur la côte nord dUndin. Trop loin pour permettre aux mineurs de rentrer chez eux le soir: les équipes chargées de l’extraction du soufre se relayaient et s’installaient au pied de la montagne une semaine par mois. Trop près pour qu’ils espèrent, le reste du temps, échapper aux vapeurs toxiques, aux odeurs nauséabondes et au brouillard quasi permanent qui remontaient jusqu’au littoral. La déflagration avait fait vibrer les murs et provoqué une panique incontrôlable, poussant les citoyens à envahir les rues. Au loin, éclairée par les lunes jumelles, une coulée de boue et de cendres était déjà visible au sommet du volcan, bientrop large pour qu’on puisse l’ignorer. Orientée vers Ulemus, elle avançait tranquillement dans sa direction, comme pour mieux savourer la destruction qu’elle lui promettait. Lorsque la seconde explosions’était produite,dix minutes plus tard, précédant de peu un grondement sourd et une série de secousses,les habitants s’étaient rués vers le pointd’embarquementle plus proche, au nord de la cité. Un ponton où quelques petits navires, en théorie réservés aux soldats, demeuraient en permanence amarrés. Au mépris des consignes, sans rien emporter, ils préféraient courirpieds nus, pour certainssur la terre caillouteuse, afin de trouver un bateau, plutôt que de rester un instant de plus dans ce lieu maudit.
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La villehuit fois détruite et rebâtie par le passé en raison de multiples séismes ne connaîtrait pas de neuvième renaissance. L’évacuationofficiellement prévue par définitive, l’Assemblée des Sagespour la semaine suivante,n’attendrait pasqu’un ultime chargement de soufre quitted’abordUndin.Le volcan avait choisi de mettre un terme précipité à l’occupation humaine de la région. Ou peut-être était-ce une décision des dieux. Le groupe de retardatairescinq hommes, sept femmes et une petite fille jouait de malchance. Ralentis par une tempête,alors qu’ils revenaientd’une collectede bois etd’eau potable au sud-ouestd’Ulemus, tous abandonnèrent leurs chariots et se précipitèrent vers les quais pour n’y trouverque des cadavres ensanglantés, piétinés par des pieds affolés. Sur leur droite, loin de la côte, les derniers bateaux partis n’étaient déjà plus que de minuscules pointsà peinevisibles dans l’aube naissante.Terrifiés, les citoyens oubliés hurlèrent en courant le long du rivage. En vain. Aucune embarcation ne rebroussa chemin pour revenir les chercher. Le soleil se levait lorsque la coulée boueuse atteignit la ville et quel’ultime explosion se fit entendre, scellant le sort des treize infortunés. * * *Les naufragés étaient inconscientsdepuis qu’il les avait trouvésles galets, quelques sur minutes auparavant. Deux d’entre eux avaient subi denombreuses blessures, Adhath venait de le constater en les examinant. Le grand homme aux cheveux gris saignait abondamment, les jambes et le ventre entaillés par plusieurs plaies profondes.La sacoche de cuir souple qu’il portait en bandoulière était maculée de taches sombres. Les bras et le torse de la jeune fille étaient couverts de coupures plus superficielles, mais une énorme bosse rouged’aspect inquiétantmarquait son front. Le nain, lui…Adhath ressentait un mélange de respect et de répulsion qui l’empêchait de s’approcher du troisième corps. Il savaitque de tels êtres existaient, bien sûr. Mais jamais encore il n’avait eu affaire à l’un d’entre eux. Les habitants d’Undin présentaient bien des singularités, mais pas celle-ci.Cette pensée l’amena àvérifier que le foulard qui masquait son propre visage et ne laissait voir que ses yeux était correctement attaché à sa capuche. À contrecœur, il s’agenouilla près de l’homme évanoui, le fit légèrement rouler sur le côté, afin de contrôler l’état de son dos, et s’apprêtait à soulever l’un deses bras quand le nain battit subitement des paupières et lui jeta un regard curieux, mélange de fureur et d’incompréhension. Adhath sursauta, frappé par la couleur étonnante des iris ambrés qui le fixaient. Qui vous a donné l’autorisation de me tripoter? Le petit homme se redressa en position assise, observa la plage et la mer avec perplexité, parut
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soudain se rappeler quelque chose et se précipita vers son compagnon inconscient. Apis ! Apis ! Il le secoua un peu, grogna en constatant que ses efforts étaient vains, se jeta sur la jeune femme etfit de même. Il n’obtint pas plus de résultats et se tourna vers Adhath, une trace de panique dans la voix. Que leur arrive-t-il ? Pourquoi ils ne se réveillent pas ? Ils sont blessés. Je…Je vois bien qu’ils sont blessés! Pourquoi vous ne faites rien, bougre d’imbécile? Adhath tendit une main vers le filet et le matériel qu’il avait abandonnés un peu plus loin.Je viens de vous trouver. Je vous ai aperçus par hasard en allant pêcher et…Pêcher ? Parce qu’il y a des gens qui viventen Undin et qui pêchent ? Et pourquoi vous êtes masqué ?Je croyais que… Bah, aucune importance. C’estpas le plus urgent. Aidez-moi à le ranimer, lui. C’est un Guérisseur. Il suffit de le réveiller et il pourrase soignerou la soigner, elle. Ou les deux à la fois.J’en sais rien…Il va se réveiller, hein ? Adhath comprit que le nain était choqué et masquait sa panique en parlant et gesticulant inutilement, un air ahuri sur le visage. Avec ses vêtements déchirés, sa barbe et ses tresses couvertes de perles, il aurait pu paraître comique. Mais la scène n’avait rien de drôle et une grande détresse se lisait sur ses traits fatigués. L’homme masqué leva une main qu’il voulait apaisante. Nous allons les déplacer plus haut, à l’écart de l’eau. Vous m’aidez? Avec précaution, ils traînèrent doucement les corps pour les éloigner de la marée montante. Votre ami s’appelle Apis, mais elle? Le nain murmura sa réponse en se frottant les yeux d’une main nerveuse.Senbi. Son nom est Senbi. Elle est si fragileJ’espère que…Adhath ne le laissa pas imaginer le pire et lui coupa la parole. Ils vont se réveiller.Mais je dois aller chercher de l’aide,au village. Pour les transporter chez nous et leur donner des soins. Parce que vous êtes plusieurs ? Il ne put s’empêcher de rire derrière le tissu noir.Bien sûr. Vous pensiez que j’étais seul ici? Non. Enfin si. Pas exactement. On nous avait dit que tout était mort, dans cette région. Pas tout à fait…Le jeune homme hésita. Devait-il donner des explications à cet étranger ?Le moment n’était pas vraiment bien choisi et il ne savait rien de lui. Que faisaient ces trois naufragés sur le rivage ?
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Personne ne traversait jamais la passe de Gabarak. Lui-même parlait pour la première fois de sa vie à un habitant du continent etil s’efforçait demaîtriser sa curiosité. Un Guérisseur, ici ? En d’autres circonstances, il aurait librement manifestéson étonnement. Il préféra poser une question, plutôt que de répondre aux interrogations muettes du naufragé. Et vous, quel est votre nom ? Xenophanes. Xenophanes Munda. Il nota que l’étranger ne lui demandait pas le sien. Il mit ce manque d’intérêt sur le compte de son angoisse désorientée et ne se vexa pas. Moi, c’est Adhath.Le nain hochala tête lentement, comme vidé de ses forces, et s’assit près de ses compagnons inconscients. Il est loin, votre village ? Je serai de retour avec mes amisdans moins d’une heure.En l’absence de réponse, il se contenta de déposer une outre remplie d’eau devant Xenophanes et partitau pas de course en direction d’Ashill. Il suivit le rivage vers le nord avant de bifurquer légèrement vers l’intérieur des terres.Le minuscule hameau était bâti à l’abri des vents et des fumées volcaniques, protégé par unesaillie rocheuse parallèle à la côte qui s’étendait sur près d’une lieue.Il lui fallut à peine vingt minutes pour apercevoir la première hutte, derrière les barricades. Celle de leur chef se trouvait au centre, plus imposante que ses voisines, car elle servait d’habitation, mais aussi de lieu de rassemblement pour la communauté. La porte en bois était ouverte, signifiant qu’il était possible d’entrer sans frapper. Il se précipita à l’intérieur, n’attendit pas qu’on vienne le chercher et se dirigea vers lapièce du fond, une chambre privée, tout en détachant le tissu qui lui couvrait le visage. Une voix le stoppa dans sa lancée, alors qu’il s’apprêtait à annoncer sa présence.Qui est là ? C’est Adhath, Coline. Désolé de me présenter ainsi, mais c’est une urgence ! Entre. Il écarta d’une main le rideau de lianes tressées qui faisait office de séparation et avança d’un pas plus mesuré. Se montrer bruyant en présence de la vieille femme lui paraissait déplacé, quel que fût le motif de sa visite. Que t’arrive-t-il, Adhath? Tu es essoufflé et pâle. C’est une nouvelle attaque? Il savait qu’elle faisait allusion aux animaux maladesqui rôdaient dans la zone et à leurs tentatives régulières d’intrusion. S’approchant du fauteuil dans lequel Coline était assise, il essaya
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de contenir son excitation. Non, pas du tout. Des étrangers sont arrivés par la mer ! La responsable du village interrompit le travail qui occupait son attention et lâcha son ouvrage. La longue bande d’étoffe grossière, entraînée par le poids de l’aiguille et de la pelote delaine, tomba à terre. Adhath se pencha instinctivement pour ramasser le tout. Laisse donc ça !Qu’as-tu dit ? Sur la plage, au sud d’ici.Deux hommes et une femmeIl y aurait un Guérisseur parmi eux ! Il lui racontace qui venait de se produire en quelques phrases rapides, partagé entre l’urgence de s’en retourner auprès desnaufragés et son envie de commenter un tel événement avec force détails. Coline fit preuve de plus de bon sens que lui et le coupa dans ses explications. Tu me donneras ces précisions plus tard. Prends quatre hommes avec toi et aussi de quoi transporter les blessés. Il te faut les ramener ici au plus vite. S’ils se sont réveillés entre-temps, ils ne doivent surtout pas s’aventurer plus loin que la plage. Adhath se contenta de hocher la tête et prit le chemin de la sortie. La voix de Coline le rattrapa tandis qu’il franchissait le rideau végétal.Dépêchez-vous! S’ils ne reprennent pas connaissancedurant les prochaines heures, ils ne le feront jamais !
La nouvelle fit le tour des huttes en quelques minutes. Plusieurs habitants se portèrent volontaires tout de suite et le groupe constitué par Adhath quitta le village sans attendre, muni de deux civières de fortune habituellement utilisées pour charrier du bois ou des récoltes. Lorsqu’ilsarrivèrent à proximité du rivage, le jeune homme marqua un temps d’arrêt et replaça l’étoffe noire sur son visage, s’assurant qu’elle était correctement attachéesur le côté. Ses compagnons l’imitèrent sans poser de questions etil n’eut pas besoin de leur expliquer l’importance de cette protection.Près des corps toujours allongés, Xenophanes faisait les cent pas. Il leva les bras en voyant Adhath s’approcher.C’est pas trop tôt! La nuit va bientôt tomber ! C’est pourquoi il nous faut quitter la plage rapidement. Nous avons de quoi transporter vos amis. Faites attention, ne les blessez pas plus qu’ils ne le sont déjà.Donnez-moi la sacoche ! Le nain surveilla chacun des gestes effectués par les villageois, manifestement très inquiet et désireux de déverser son angoisse sur quelqu’un. Adhath tenta de faire diversion.
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Chez nous, il y a de quoi panser les plaies et faire tomber la fièvre. Ils seront bien soignés. Xenophanesémit un rire moqueur et désigna l’homme inconscient sur la civière. Le meilleur Guérisseur du monde connu est allongé devant vous. Si l’un des vôtres lui arrive à la cheville, ce sera un miracle… (Puis il se mit à marmonnerpour lui-même) J’avais bien dit qu’atteindre Undin nécessiterait unmiracle…Mais pas comme ça…Les dieux se sont foutus de nous…Adhath ne comprit pas ces dernières paroles et fit discrètement signe à ses compagnons de se mettre en route, afin de pousser Xenophanes à les suivre. Pourtant, celui-ci demeura immobile un instant, fixant la mer avec amertume. Le jeune homme nota alors la présence de débris près des galets ; des morceaux de bois qui bougeaient à peinesous l’assauttimide des vagues et semblaient hésiter à s’échouerdéfinitivement sur le rivage. Nous étions six dans ce bateau. La voix du nain était sourde. Le sous-entendu contenu dans sa déclaration fit frissonner Adhath. Vous nous raconterez tout une fois à l’abri. Venez…Xenophanes se détourna comme à regret des flots sombres et prit la direction du nord à son tour, sans ajouter un mot. Adhath contempla une dernière fois les restes de l’embarcation, s’efforçant de repousser les nombreuses questions qui l’assaillaient. Qui étaient ces gens? Où s’étaient échouésles corps de leurs trois compagnons ?N’y avait-il qu’un seul bateau? D’où venaient-ils et, surtout, dans quel but avaient-ils franchi la passe de Gabarak, ce bras de mer aussi maudit que la presqu’île elle-même ? Pourquoi un Guérisseur se trouvait-il parmi ces fous ? Le Don existe donc toujours ? Ilsecoua la tête, impatient d’obtenir des réponses, mais conscient que Coline seule choisirait le moment propice pour les réclamer. Il tourna le dos à la mer et rejoignit ses amis au pas de course. Lorsque le groupe fit son entrée au village, tous les habitants d’Ashillse tenaient à proximité des barricades, le visage voilé, et discutaient fébrilement. Plusieurs personness’avancèrentavec empressement, observant lescivières d’un peu trop près, ce qui déclencha une réaction de colère chez Xenophanes. Bas les pattes ! Et pourquoi vous êtes tous déguisés ? Par Galore, on dirait une assemblée de mendiants lépreux ! Adhath tenta de calmer son humeur. Ils sont juste curieux.Nous n’avons jamais de visiteurs.Quant ànotre tenue, il s’agit d’une… simple précaution. Le nain grogna, mais parut accepter la situation. Croisant ses bras musclés devant lui, il resta
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