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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 février 2011 |
Nombre de lectures | 49 |
EAN13 | 9782296718067 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
M’pessa et Jengu
la déesse des Eaux
Contes du Cameroun
Yves Junior NGANGUE
M’pessa et Jengu
la déesse des Eaux
Contes du Cameroun
Illustrations de Dieudonné Yane Mbassi
Harmattan Cameroun
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-14028-8
EAN : 9782296140288
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
La prophétie de Hibata’di’ngame la mygale
D ans un gigantesque baobab, sur les abords de Moayé la rivière aux eaux miraculeuses, au cœur d’Ewalé une immense forêt vierge, vivait une octogénaire nommée Ebakè. Elle avait été bannie de Mikondo son village, car on l’accusait d’être une grande mangeuse d’âmes, une grande buveuse de sang, une méchante sorcière.
Tous les malheurs du village lui étaient imputés. Qu’un troupeau d’éléphants dévaste des plantations, qu’une panthère apparaisse dans le village, qu’un villageois meure dans une case, que la saison sèche se prolonge, qu’il pleuve à l’excès ou à défaut que l’orage fasse des dégâts, c’était elle.
Lorsqu’un hibou ululait dans la forêt, lorsqu’il advenait un quelconque malheur même dans les contrées les plus lointaines, on la tenait immédiatement pour responsable.
Un jour, son fils unique Epésè, accompagné de tous les jeunes gens du village, s’enfonça au cœur de la forêt Ewalé pour une partie de chasse.
Malheureusement, à la nuit tombée, tous revinrent excepté Epésè. La nuit même, le jour suivant, le surlendemain et toute la semaine, de nombreuses recherches furent entreprises mais en vain.
Epésè fut tenu pour mort. Tous les devins du pays Mikondo s’accordèrent à dire qu’Ebakè était responsable de ce malheur. Alors celle-ci fut sauvagement battue par tous les villageois et bannie. N’ayant plus personne sur la terre des hommes, Ebakè la vieille octogénaire marcha des jours et des nuits, égrenant son chapelet de litanies, implorant la grâce des cieux. Plusieurs lunes durant, elle marcha entre de grands arbres entrelacés de longues lianes, se nourrissant de feuilles, de fruits, d’écorce d’arbre, s’abreuvant au courant des ruisseaux.
C’est ainsi qu’elle trouva refuge dans le baobab de la forêt Ewalé. Or, une nuit alors qu’elle était profondément endormie autour d’un grand feu incandescent qu’elle prenait toujours le soin d’allumer pour se protéger du froid, la vieille Ebakè fut tirée de son sommeil par les rugissements de Nguila le roi lion, qui affamé, s’apprêtait à la dévorer.
La forêt Ewalé était peuplée des bêtes sauvages les plus voraces de la jungle : lions, loups, sangliers, tigres, chacals, hyènes…
Effrayée et pleurant à chaudes larmes, la vieille Ebakè se mit à chanter :
O grand roi de la forêt ! Regarde les rides de mon vieux visage buriné par des années de souffrances indicibles et tu y liras qu’aucune créature vivante n’a jamais été aussi haïe et malheureuse que la pauvre femme que je suis.
Abandonnée, vilipendée, vomie par tous
L’on m’a accusée de tous les crimes du monde
Et l’on m’a accusée de la mort mystérieuse
de mon unique enfant
Et l’on m’a traitée de vieille sorcière
Et l’on m’a battue
Et l’on m’a exp