Shaktis
103 pages
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Description

Pierre Longpré mène une existence heureuse avec sa femme Mylène, sur les bords du Richelieu. Mais à l’institut Jalbert où il travaille en tant que psychologue, l’influent psychiatre Eagle, en faveur d’un traitement exclusivement pharmacologique des maladies mentales, l’attaque et cherche à l’isoler, lui reprochant des tendances spiritualistes.
Dans ce contexte tendu, le Dr Mathieu, directeur de l’institut, propose à Longpré de prendre en charge le traitement de Charles Martineau, un cas singulier. Durant sa jeunesse à Chicago, celui-ci a fait la rencontre cruciale d’une prêtresse indienne, la Shakti Ariel, et celle de sa fille Kalyani, dont il est tombé amoureux. Grand maître ès arts martiaux, Ariel enseigne l’aïkido au talentueux jeune homme. Fasciné par la science et en conflit intérieur avec un Dieu chrétien jugé insensible à la misère humaine, Charles Martineau se montre alors peu perméable au message spirituel de la Shakti. Présumant de ses forces dans un moment de crise, il engage le combat avec des voyous. Ariel et Kalyani, venues à sa rescousse, parviennent à le sauver au péril de leur vie. Une rupture s’ensuit avec les Shaktis et commence la longue errance de Martineau.
Longpré est fasciné par son patient, se reconnaissant dans sa quête de sens et d’absolu. Leurs destins se croisent au moment propice pour s’accorder à celui des Shaktis par la puissance de l’intuition et la magie du tango..

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 janvier 2012
Nombre de lectures 4
EAN13 9782923447742
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Version ePub réalisée par :
MARC FLEURY



Roman
Couverture une idée originale de Raymond Gallant Révision Jean-Louis Boudreau Nicolas Gallant Mise en pages Pyxis
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Fleury, Marc, 1949- Shaktis ISBN 978-2-923447-72-8 I. Titre. PS8611.L49S52 2012 C843'.6 C2011-942900-4 PS9611.L49S52 2012 Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012 Bibliothèque nationale du Canada, 2012
Éditions la Caboche Téléphones : 450 714-4037 1-888-714-4037 Courriel : info@editionslacaboche.qc.ca www.editionslacaboche.qc.ca
Vous pouvez communiquer avec l'auteur par courriel : michelmarcfleury@gmail.com
Toute reproduction d'un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé quece soit est strictement interdite sans l'autorisation écrite de l'éditeur.
« Les sociétés modernes tissées par la science, vivant de ses produits, en sont devenues dépendantes comme un intoxiqué de sa drogue. Elles doivent leur puissance matérielle à cette éthique fondatrice de la connaissance et leur faiblesse morale aux systèmes de valeurs, ruinés par la connaissance elle-même, auxquels elles tentent encore de se référer. Cette contradiction est mortelle. C'est elle qui creuse le gouffre que nous voyons s'ouvrir sous nos pas. L'éthique de la connaissance créatrice du monde moderne est la seule compatible avec lui, la seule capable, une fois comprise et acceptée, de guider son évolution »
Jacques Monod, Le hasard et la nécessité , Seuil, 1970

« Je maintiens que le mystère de l'homme est incroyablement diminué (à tort) par le réductionnisme scientifique et sa prétention matérialiste à rendre compte du monde de l'esprit en termes de simple activité neuronale. Une telle croyance ne peut être considérée que comme une superstition… »
John C.Eccles, Évolution du cerveau et création de la conscience, Champs, Flammarion, 1994

« La véritable question, désormais, est de savoir si l'être humain est capable de se hisser à un niveau moral plus élevé, c'est-à-dire à un plan de conscience plus haut, pour se trouver au niveau de la puissance surhumaine que les anges déchus ont fait tomber en ses mains. Mais il ne sait que faire de lui-même et il ne peut pas progresser tant qu'il n'est pas mieux averti de sa propre nature. De ce point de vue, règnent malheureusement une ignorance effrayante et une répulsion non moins considérable à agrandir et à approfondir le savoir relatif à sa propre nature… »
Carl G. Jung, Réponse à Job, Buchet/Chastel, 1977
À l'éternel féminin
1
Printemps

Au second étage de notre maison sous les arbres – c'est ainsi que nous l'avons nommée dès le premier jour –, mon bureau s'ouvre à gauche sur le vaste atelier de Mylène, et à droite sur la magnifique rivière Richelieu. J'ai poussé mes talents de bricoleur à leurs limites. Mylène m'a fait une joie extraordinaire en entrant pour la première fois dans cette grande pièce qui allait devenir son domaine. J'ai trop d'empathie pour mes patients. Découvrant une personne sensible, fragile, je ne sais comment l'aider à vivre dans un monde qui demande tant d'agressivité et de robustesse. Parfois, je n'en peux plus de porter cette douleur des autres, alors je m'absorbe dans des tâches domestiques. C'est mon remède par excellence. Au bout de mes efforts s'illumine le beau visage de Mylène – dont je ne me lasse jamais –, j'oublie mes peines. Plusieurs mois de patience se glorifient dans l'éclat d'un sourire, ma récompense. Je me suis aménagé un petit espace, tout près. Maintenant, mon regard se balade entre la fenêtre et Mylène. Je l'observe discrètement se pencher sur ses toiles. Elle recule, s'avance, redonne un coup de pinceau çà et là. Je la vois triomphante, maîtresse de son art, je respire. Les fleurs imaginaires de sa récente exposition l'ont projetée chez les étoiles montantes. Un véritable festin de couleurs où des calices, des corolles, des pistils surgissent au loin, mais se dissolvent quand on s'approche et fuient notre entendement. Ses toiles dynamiques ont surpris les critiques ; ils attendent la prochaine thématique « Les animaux de poussières » pour la consacrer dans leur cercle. J'adore la regarder se donner à son art. J'observe ses traits comme un sculpteur le ferait. Son front haut et large achève un visage rectangulaire qui s'arrondit avec douceur autour de lèvres plutôt minces et ordinaires. Mais justement comme tout le reste tient du prodige, cela nous la rend plus accessible. Ce nez parfait qui est à un profil, ce qu'un point d'exclamation est à une phrase, marque Mylène d'un port de tête royal. Ses oreilles, une véritable architecture vertigineuse, fine, délicate, allongée un peu en pointe, comme la race féline se camoufle souvent sous son abondante masse de cheveux châtains. Que dire de ses yeux, ni trop avancés ni trop reculés, confirmant la force douce de son regard ? À l'Université de Montréal, durant nos études, le campus la reconnaissait sous le titre « la maudite belle brune aux yeux clairs ». Chose certaine, Mylène fut, et est encore, l'objet de regards incessants. Mais revenons à notre lieu, et notre présent. Je dois mentionner aussi un autre fidèle et docile observateur, notre bon vieux Aristote, un colley magnifique lui vouant un amour infini, en partage avec moi sans la moindre jalousie. Brave bête ! Néanmoins, il ne s'approche pas trop. Il tire une leçon de sa dernière fâcheuse expérience dans les relations de voisinage. Voyez-vous, Mylène travaille avec des écouteurs l'isolant dans un monde bien à elle. Ses chefs-d'œuvre surgissent tout autant de la lumière que de la musique. Parfois, elle s'emporte dans le rythme ; à une occasion, notre chien, assoupi dans ses propres rêves, l'a fait trébucher, et il s'en est fallu de peu que Mylène ne s'écrase sur lui. Le pauvre Aristote s'est senti coupable d'un crime effrayant envers sa douce maîtresse, qui lui a d'ailleurs confirmé la chose par de sévères réprimandes. Un spectacle assez touchant, je dois dire. Dans les yeux tristes d'Aristote, on devinait un cœur sur le point de chavirer dans une mer de détresse. La pitié, toutefois, comme un remord, gagna Mylène, et le tout se termina dans une joyeuse embrassade. Depuis ce jour, le sage Aristote garde ses distances.
Mylène s'est levée ce matin en grande forme. Hier, elle a reçu les résultats d'une batterie de tests médicaux qui ont confirmé hors de tout doute qu'elle n'a aucun problème. Depuis son enfance, elle se plaint d'une douleur qui l'assaille, de temps à autre, sous le sein gauche. Je lui répète que c'est une brûlure imaginaire, éprouvée parce qu'elle a horreur de sa tache de naissance à cet endroit. Une véritable pointe de flèche imprimée, qui n'est pas vraiment visible, du moins publiquement. Ça l'obsède à lui en faire mal. Pour régler la question une fois pour toutes, elle a passé tous les examens possibles. Elle n'a rien. C'est dans sa tête, comme je lui disais. J'ai étudié un peu la médecine avant de me diriger vers la psychologie pure, et je sais reconnaître une vraie maladie. Là, elle me croit et ses inquiétudes sont dissipées. Elle a un seul autre petit défaut, elle n'aime pas les minous et moi je les adore. Il y a dans les chats un mystère toujours présent. Enfin, j'ai fait un compromis pour Aristote, mais alors on y a mis le paquet. Une pure race, dont la généalogie, remonte, je pense, jusqu'au roi Arthur. Voilà ! Pour le reste, je qualifierais Mylène de presque parfaite. Et ce qui me bouleverse le plus, c'est sa joie spontanée et sincère, quand on lui fait le moindre cadeau. Un petit quelque chose d'inattendu et voilà qu'elle vous redonne, par l'éclat de son plaisir, mille fois ce que vous lui avez offert. Elle a gardé la simplicité d'une enfant même si, par tout le reste, j'ai plutôt l'impression de vivre avec une reine. Je suis un homme comblé qui n'a rien fait pour mériter ce privilège. Et, de plus, à travers elle j'ai appris à aimer les femmes en général. Et je sais bien qu'il ne faut pas toutes les mettre dans un moule commun. Des patientes, j'en ai eu de tous les styles et j'ai ressenti par empathie toutes sortes de problèmes de couple, menant à des névroses plus sûrement qu'à l'infidélité. Sans prescrire l'aventure en dehors des liens sacrés du mariage comme remède d'occasion – vous me suivez –, il m'arrive, en tant que psychologue, de fermer les yeux sur une pratique très répandue qui ne fait pas que du tort. Chut ! S'il fallait que les médias américains surprennent mes propos, je serais rayé de ma profession. D'ailleurs, je trouve extrêmement malsaine leur insistance à dénoncer sur la place publique les fugues extraconjugales de leurs célébrités. C'est d'autant plus troublant quand on pense que dans l'ombre des hommes profitent, à bon compte, bourgeois, bien nantis, de l'esclavage sexuel de jeunes femmes et d'enfants. Et ça, on en parle très peu. Incroyable disproportion entre une insignifiance qui capte l'attention de toute l'Amérique et un phénomène qui nous plonge dans le mal le plus obscur au cœur de notre civilisation. N'oublions pas le fameux credo de nos grands marchands-technocrates, le respect de l'offre et de la demande. Ce trafic humain est payant. On ne parle pas ici d'hôtesses qui en toute liberté décident de faire du service, mais bien de minables qui s'approprient le corps et l'esprit de jeunes filles et d'enfants pour les revendre comme du bétail. C'est le problème du mal, au cœur de notre temps et de nos sociétés d'abondance, dans une de ses manifestations les plus lâches. Et, encore une fois, c'est surtout le féminin qui est humilié, rabattu, écrasé par la force de la brute humaine. Le malaise dans notre civilisation, il explose à nos yeux dans ce commerce horrible. L'abomination de l'offre et de la demande prend ici un sens à nous en donner la nausée.
Lorsque le grand poète Paul Éluard a dit « Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas aimées », quelque chose de très beau venait d'être révélé,

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