Sous le signe des Arvales
499 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Sous le signe des Arvales , livre ebook

-

499 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Une antique fibule romaine semble être la pierre d'angle d'un terrible complot dirigé contre l'Eglise catholique. Un couple d'archéologues sera entraîné, bien malgré lui, dans cette sombre histoire où des ecclésiastiques sont assassinés et qui échappe complètement au contrôle des autorités... L'auteur, grande amoureuse de Rome et spécialiste autodidacte de son histoire, nous fait plonger à corps perdu dans sa passion pour cette ville par le biais d'une énigme fouillée et documentée qu'elle mène d'une main de maître.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2007
Nombre de lectures 213
EAN13 9782296856462
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SOUS LE SIGNE DES ARVALES
Denise Van Bignoot


SOUS LE SIGNE DES ARVALES


ODIN éditions
www.odin-editions.com
Dans la même collection :


Bad Dog, Elisa Vix
La Baba-Yaga, Élisa Vix
Requiem Blues, Emmanuelle Erny-Newton
Le Fond tu toucheras, Alain Bron
Bâb, Hélène Calvez
Polycarpe, le pigeon noir, Claudine Chollet
Polycarpe, le vieux logis, Claudine Chollet
Mille et Deux, Alain Bron
Meurtre avec accusés de réception, Marie-Solène Dewit
La Mort du démon, Anne Holt
Bienheureux ceux qui ont soif, Anne Holt
La Déesse aveugle, Anne Holt
Ne te retourne pas !, Karin Fossum
L’Œil d’Ève, Karin Fossum
Boston-en-Périgord, Madani Alioua
Derrière les paupières closes, Hélène Lodie
Quand la nuit tombe, François Debout


ISBN : 978-2-913167-59-9

© ODIN éditions, juin 2007
Graphisme et illustrations : Mette Morskogen, www.perle.no
Distribution : Harmattan

Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
« Qui stultis videri eruditi volunt, stulti eruditis iudicantur. »

« Ceux qui se vantent de leur savoir auprès des sots, sont considérés comme des sots par les sages. »
Proverbe latin
À PAPA
PROLOGUE
Ante Diem Quartum Kalendas Junias, soit le 29 mai, l’an 11 de notre ère, ou la 763 ème année de la fondation de Rome, sous le consulat de Marcus Aemilius Lepidus et de Titus Statilius Taurus.

Le soleil ne s’était pas encore levé et des éclairs aveuglants zébraient le ciel de plomb au-dessus de Rome, alors que des coups de tonnerre fracassants déchiraient le firmament. Drapé dans sa gloire discrète et dans sa fatigue, le vieil homme éprouvait une terreur maladive à l’égard de ces manifestations violentes de la nature, issues de la colère des dieux. Aussi, pour s’en préserver, emportait-il toujours, et dans tous ses déplacements, une peau de veau marin. La moindre menace d’orage le faisait se terrer, seul, dans une pièce obscure. Pourtant, il avait toujours fait preuve d’une rare sensibilité religieuse qui s’était traduite par un cumul assez singulier de sacerdoces. Caïus Octavianus n’avait que seize ans lorsque son oncle et futur père adoptif Iulius le nomma Pontife. Cinq années plus tard, il était Augure, fonction pour laquelle il avait une prédilection. Il apparaissait sur monnaies, intailles et camées, notamment la Gemma Augustea de Vienne, tête voilée et tenant de la main droite un lituus, bâton augural recourbé sans nœud. Après, il devint Quindecimvir chargé des cérémonies sacrées, puis Fécial et, comme tel, déclara la guerre à Cléopâtre. Auguste avait reçu par décret le droit de nommer tous les prêtres. En l’an 22, devenu premier empereur de Rome depuis cinq années, il était frère Arvale et sodale Titien dont il avait réorganisé les deux collèges à cette même époque. Puis, encore vers 17, il était devenu Septemvir épulon et enfin en l’an 12, il devint Grand Pontife. En quoi avait-il offensé les dieux…?
Une fin d’été, deux années avant qu’il ne devienne empereur, la foudre s’était déchaînée et était tombée sur sa maison du Palatin. S’il avait été présent à l’époque, il aurait dès ce moment conçu la terreur qu’elle lui inspira plus tard. Absent de Rome, il avait interprété cet épisode comme un signe des dieux, augurant son avenir. Il avait aussitôt fait consacrer un temple, dans le marbre le plus précieux, à Apollon, sur l’emplacement que la foudre avait sacralisé, que ce dieu, d’après la réponse des haruspices, aurait réclamé. Le temple était au centre d’une place, entouré d’un portique aux cinquante statues des Danaïdes. Il affectait alors une attirance particulière pour cette divinité qui reçut ainsi un hommage digne de Jupiter lui-même.
Quelques années plus tard, il avait consacré un temple à Jupiter Tonnant, parce que la foudre l’avait épargné, durant une marche de nuit, lors de sa campagne contre les Cantabres en Espagne. Au cours d’une tempête identique à celle qui faisait rage aujourd’hui, la foudre avait effleuré sa litière et tué sur le coup l’esclave qui la précédait avec un flambeau. Il ne devait plus jamais se délivrer de cette peur. L’initiation aux mystères du pythagorisme que ses maîtres lui avaient dispensée dans sa jeunesse, ne l’avait pas aidé à vaincre son effroi. Il restait ainsi, recroquevillé derrière sa table de travail, dans la petite pièce qui lui servait de bureau et dont les murs peints en rouge affichaient des masques grimaçants de théâtre, à revivre cette nuit fatidique.
Ses pensées furent interrompues brusquement et il sursauta en voyant apparaître dans l’embrasure de la porte, à côté d’un candélabre de bronze ouvragé, un centurion en grand apparat. De toute évidence, à l’occasion des Arvalia, l’officier avait dû passer une bonne partie de la nuit à s’occuper de brosser le cimier, coiffe en plumes d’autruche de son casque, et de briquer son pectoral. Il avait aussi huilé les lanières en cuir de sa ceinture, cloutées de soleils dorés, qui brillaient de mille feux sur le rouge flamboyant de sa tunique. Il était tout simplement étincelant, et faisait honneur à son rang. Il plia le bras droit et tapa, poing fermé, sur sa cuirasse rutilante, à l’endroit du cœur, en guise de salut à l’empereur.
César, ta litière t’attend !
Je viens dans peu de temps, Sextius. Les autres couches sont-elles prêtes pour l’impératrice et la Cour ?
Oui, César !
Bien. Tu peux te retirer.
Le centurion salua et prit congé aussi silencieux qu’il était apparu. Dehors, l’orage avait redoublé d’intensité et on entendait le crépitement de la pluie sur les terrasses de la somptueuse demeure.
Auguste se leva avec un grand soupir et s’appuya des deux mains sur sa table, où des missives, sous forme de rouleaux, provenant de tous les coins de l’empire, étaient entassées dans l’attente d’être traitées, avant d’être rangées dans des cylindres de cuir, et remisées dans le meuble en bois précieux de cèdre qui occupait un mur entier, et dont les alvéoles débordaient déjà de rouleaux identiques. Dehors, l’orage ne faiblissait pas. Pourquoi, justement aujourd’hui, devait-il remplir sa tâche de Grand Pontife et assister aux sacrifices avec les arvales ? Il avait soixante-treize ans, il était fatigué par quarante-trois années de gouvernement et las de ses charges d’empereur, comme de celles de Pontifex. Son œuvre très grande de reconstruction et de réorganisation, travaux intéressant toutes les branches du vaste empire, avaient abouti à la nouvelle Pax Romana. Et s’il pouvait se féliciter à bon droit d’avoir laissé de marbre une ville qu’il avait trouvée de pierre, il lui revinrent à l’esprit certains vers que Virgile avait écrits pour lui dans l’ Enéide :
« D’autres peut-être sauront mieux animer le bronze et tirer du marbre des figures vivantes : ils seront meilleurs avocats, ils décriront mieux les mouvements du ciel et le lever des astres. Vous Romains, n’oubliez pas que votre mission est de gouverner le monde ! »
Il réprima un frisson. Les mondanités qui succédaient invariablement à ces grandes fêtes publiques, spectacles de gladiateurs, épreuves sportives, danses et banquets, se poursuivant durant parfois une semaine entière, l’épuisaient. Il souffrait en outre d’angoisses grandissantes, dans la mesure où il aspirait tant à la tranquillité, mais, n’ayant pas de fils, il n’avait toujours pas désigné de successeur. Qui mettre en avant alors comme héritier…? Livia Drusilla, son épouse tant aimée, était bien en train de manœuvrer en coulisse afin de porter au pouvoir Tiberius Claudius Nero, le fils qu’elle avait eu d’un premier mariage, mais Tibère, bien qu’il fût un chef de guerre autrement plus performant qu’Auguste, n’était pas particulièrement le parti qu’il aurait choisi à la place de son gendre et ami de toujours, le regretté Marcus Agrippa, empoisonné probablement par les soins de Livia elle-même. Tibère pourrait encore moins se substituer à ses deux petits-fils Gaius et Lucius, mort jeunes tous les deux, pourtant issus du mariage de sa fille Julie avec Agrippa. Livia, jouant l’épouse soumise et effacée en

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents