Dingue
97 pages
Français

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Description

Lorsque Gabriel vient, après un très long séjour en hôpital psychiatrique, s’installer chez Louise, sa sœur, et Jérémie, son neveu, les repères de chacun vacillent quelque peu. Famille d’accueil, famille recomposée, drôle de famille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9791022101561
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couverture
Martine Legrand

Dingue

© Presses Électroniques de France, 2014

Personnages :

Louise, chômeuse à durée indéterminée

Jérémie, son fils

Gabriel, son frère

 

Une salle à manger avec coin cuisine, claire, nette, rien ne traîne à l’œil - rien de trop non plus, sans doute, dans les placards.

1.

Un matin muet.

Louise tourne en rond, un long moment.

Puis elle s’assied devant une bassine de légumes, posée au milieu de la table, et brandit un couteau économe.

Louise

Il ne faut pas dramatiser.

Il ne faut pas dramatiser, mais…

Non, son nom, d’abord. Règle numéro un, il y a un interlocuteur. On ne s’adresse pas à soi-même. Jérémie, donc.

Jérémie, il ne faut pas dramatiser, mais… Jérémie, il ne faut pas dramatiser, certes, mais… Holà ! Le plus dur, c’est le démarrage. Y arriverai ? y arriverai pas ? et dire que j’ai été une professionnelle de la communication. Tout effacé. Allez allez pas d’histoire, discours direct, lui c’est lui et moi c’est moi, dès qu’il rentre ce soir - Jérémie, j’ai pris une décision.

Pas trop directif, non plus. Amorcer le dialogue…

Il faut que je te voie, Jérémie, tu as dix minutes ? ... cinq ? ... un instant ? ... ou plutôt, on ne se parle plus beaucoup… ou bien, est-ce que tu sais, mon chéri, que… surtout pas ! L’affectif, non non non, pourquoi pas mon poulet, pourquoi pas mon moineau, ce n’est pas un volatile, et puis quoi encore, des diminutifs ! – surtout pas de sentiments

(Elle se lève comme un ressort)

aïe !  !  ! Je me suis épluchée, en plus, en plus de tout !

(Elle court en serrant son doigt, va chercher un sparadrap, se fait une poupée, revient à sa place)

Alors, bon. J’en étais où ? Jérémie, prends un siège, ce tabouret, oui, très bien, il faut que je te parle, calmement. Le quotidien n’est pas…

(Émue)

Je cherche mes mots… paradisiaque, il ne l’est pas tous les jours mais je crois que j’ai enfin trouvé une espèce de solution…

Jérémie, 16 ans, entre, et va se servir un petit-déjeuner.

Jérémie

Salut.

Louise

Jérémie !

(D’un trait)

tu es là ? à cette heure-ci ? qu’est-ce que tu fais ? un professeur absent ? toi pas réveillé ? attends que je suis bête le jeudi tu commences à onze heures, j’avais oublié, enfin je ne me rappelais plus du tout qu’on était jeudi, déjà, tu vois, je cuisine maintenant, après je suis débarrassée, c’est vrai qu’hier tu as eu sport, j’ai mis ton jogging à la machine, donc c’était mercredi, le mercredi tu pars plus tôt.

Tu… je ne m’attendais pas à ce que tu sois là… Tu as bien dormi au moins ? ... Moi, à une heure du matin je me suis plantée devant la télé, il y avait un documentaire que j’avais déjà vu sur la fonte de la calotte glaciaire, je l’ai regardé une deuxième fois, en entier, mais je n’arrivais toujours pas à trouver le sommeil, et j’ai continué à traîner, de ci, de là… Tiens, j’en ai même profité pour faire mes comptes dans la foulée… - je ne m’attendais pas à ce que tu sois là, mais ça tombe bien.

(Elle va chercher un dossier, qu’elle consulte devant Jérémie)

Voilà. Les comptes sont justes, d’après mes calculs. Très justes. Oui, bon, je déteste parler d’argent, moi aussi, alors je ne vais pas m’étaler, ne t’inquiète pas. Jusqu’à l’année dernière, on ne s’en sortait pas trop mal, avec les indemnités chômage. Soyons honnêtes. Depuis que je suis passée aux allocations spécifiques, c’est plus ric-rac, avec les spécifiques solidarité, on est beaucoup plus serrés. Je ne désespère pas, bien sûr, de me recaser un jour dans mon créneau ou, ou dans un autre. Toi, tu envisages un BTS de conception et industrialisation en microtechniques et sache bien que je te soutiens à fond dans ton projet de conception et industrialisation en microtechniques, donc si tu as ton bac l’année prochaine, tu as choisi une formation avec débouchés, c’est un bon point. Mais, en attendant, il y a la conjoncture, la grisaille, cet hiver qui traîne, et là, la nouveauté du mois, c’est que les charges de l’immeuble ont augmenté… pourquoi, je ne sais pas, la multirisque, peut-être, ou la taxe de balayage, ou sans raison particulière, parce que tout augmente, par conséquent une fois que j’ai payé tous les frais qu’on dit fixes, il reste à peu près, exactement, dix euros cinquante par jour pour tout le reste, j’ai un manque, moi, un énorme manque à gagner.

Jérémie

Y a plus de Nutella.

Louise

Hein ? qu’est-ce que tu dis ? ...

Jérémie

C’est vide…

Louise,

(Elle crie)

Jérémie ! je parle à un sourd ! À peine levé, tu as déjà ton bazar sur les oreilles ? tu dors avec ?

(Très fort)

Tu m’as entendue, ou rien du tout ?

Jérémie

Eh ! doucement ! qu’est-ce qu’il te prend ?

Louise

Rien.

Jérémie

Tu te mets à hurler, d’un coup…

Louise

Je ne me suis pas rendue compte.

Jérémie

T’as les nerfs, je te jure, tu devrais faire du yoga.

Louise

Mais je suis calme !

Jérémie

Tu parles ! t’as les yeux tout rouges.

Louise

C’est les oignons.

Jérémie

Quoi ?

Louise

Pour la ratatouille.

Jérémie

Ah.

Il fredonne une chanson, reprenant sans doute ce qu’il écoutait dans son casque. Un temps.

Louise

Jérémie… on ne va pas se fâcher ? Donc, je disais, j’allais te dire… j’ai pris une décision.

Jérémie

Mouais…

Louise

Il faut que je te parle.

Jérémie

Mouais...

Louise

Il faut que je te parle de cette décision.

Jérémie

Ben vas-y.

Louise

Tu m’écoutes ? Comme je t’expliquais à l’instant, les fins de mois sont de plus en plus périlleuses. Ma planche de salut, c’est qu’on n’a pas de loyer, et plus de remboursement. Plus un centime, c’est précieux. Tu n’as jamais connu ton père, mais cet appartement est un peu son héritage, puisque…

Jérémie

Maman, tu vas pas me refaire toute l’histoire !

Louise

Non, bien sûr, ce que je voulais te… signifier, en quelque sorte, c’est que, dans les difficultés actuelles, plus qu’un capital, ce logement représente aujourd’hui une couverture de survie, la nôtre, tu me suis ?

Jérémie

Mouais.

Louise

Tu as vécu ici, tu y as grandi, c’est un endroit agréable, grand, vaste, un quatre pièces, c’est vaste… Une salle, deux chambres et un bureau, il y a de la place. À deux, on a de l’espace, plus qu’il n’en faut.

Jérémie

Tu veux louer une chambre ?

Louise

Pas du tout ! On ne sait jamais sur qui on tombe, non merci. J’ai eu une autre idée…

Jérémie

Laquelle ?

Louise

Elle peut paraître un peu… de prime abord… surprenante…

Jérémie

Ah ?

Louise

Déroutante si tu préfères.

Jérémie

Accouche…

Louise

Mon frère.

Jérémie

Quel frère ?

Louise

Je n’en ai qu’un.

Jérémie

Le fou ?

Louise

Gabriel, mon frère.

Jérémie

Celui qui est à l’hosto ?

Louise

Oui, lui.

Jérémie

Et bien ?

Louise

J’ai eu un coup de téléphone de son médecin, il m’a dit qu’il envisageait de le placer en famille d’accueil.

Jérémie

Quoi, maintenant ? ça alors ? ton frère, dehors ? il a passé toute sa vie à l’hôpital…

Louise

Vingt-cinq ans. C’est le temps qu’il fallait, sans doute.

Jérémie

Et il est guéri ?

Louise

Il a été jugé apte à sortir, à la condition d’être placé. Alors j’ai réfléchi, et je me suis dit : sa famille, c’est moi, pourquoi je ne l’accueillerais pas, moi ?

Jérémie

Tu peux répéter ?

Louise

Maman n’est plus là, mais je suis sa sœur, tout de même. Qu’est-ce qu’il irait bien faire chez des inconnus ? Ça paraît un peu plus logique de l’intégrer chez nous, dans un contexte familial…

Jérémie

C’est une blague ?

Louise

Après une hospitalisation aussi longue, il a besoin de retrouver ses repères, d’être en confiance, de reconnaître des visages familiers…

Jérémie

Mais de quoi tu parles ? j’hallucine ! je ne sais même plus la tête qu’il a !

Louise

Écoute, tu l’as vu régulièrement à des Noëls, chez mamie…

Jérémie

Ah ouais ? le dernier remonte à cinq ans, au moins !

Louise

Et bien tu referas connaissance…

Jérémie

Tout ce que je me rappelle, c’est qu’il planquait des morceaux de bûche au chocolat dans ses poches ! en deux minutes il y avait plus une miette sur la table !

Louise

… Il est très gentil, Gabriel. Il a eu des périodes difficiles, mais quand il va bien, c’est un garçon adorable. J’ai des souvenirs formidables avec lui, on était très proches…

Jérémie

Je suis mort de rire.

Louise

C’est quelqu’un de généreux, de très communicatif, de… de volubile même. Je t’assure que ce n’est pas le genre compliqué à vivre.

Jérémie

Attends, tu te rends compte ce que ça signifie, vivre ?  ! manger, dormir, la salle de bains, l’attente aux toilettes, la télé, la place sur le canapé, tout ?

Louise

D’après ce que j’ai compris, il pourra fréquenter un centre d’accueil thérapeutique la journée. Il ne serait chez nous que le soir. Le soir et le week-end.

Jérémie

Rien que ça ! toutes les soirées, tous les week-ends avec un barje complet !

Louise

Jérémie, ce n’est tout de même pas de sa faute s’il est tombé malade quand il était jeune ! … Le médecin m’a affirmé qu’il était bien stabilisé, et que son comportement ne présentait aucune agressivité.

Jérémie

Tu m’étonnes, vingt-cinq ans ! j’imagine le légume, abruti de médicaments… Il doit falloir l’arroser, ta plante verte, le nourrir, le soigner, lui moucher le nez…

Louise

Ce que tu peux être excessif ! Si on le laisse partir c’est qu’il a acquis une certaine autonomie - certainement…

Jérémie

Comment tu le sais ? tu ne vas jamais le voir ! ou quoi, si, une visite de temps en temps, quand ça te prend ? le minimum familial ?

Louise

Je te rappelle que j’ai eu d’autres préoccupations…

Jérémie

T’as raison, tu l’as zappé de ta vie, et maintenant tu veux le prendre en pension complète ! Tu te mets à dérailler, toi aussi ?

Louise

Bien, puisque tu rejettes l’idée a priori, la discussion est complètement bloquée et on ne peut pas l’ouvrir !

(Un temps)

Figure-toi que j’ai tourné et retourné la question dans ma tête et dans tous les sens, que j’ai longuement pesé le pour et le contre... Ce n’est pas parce que Gabriel a l’esprit dérangé qu’il est totalement asocial. Bien sûr, il faudra, faudrait, quelques efforts, de part et d’autre, pour s’adapter, ne pas se gêner, garder chacun sa liberté, son intimité. Je ne le nie pas.

(S’énervant peu à peu)

Mais franchement, ta place à toi, dans la maison, elle est où ? ou tu es sorti, ou tu es dedans, devant ton écran, dans ta chambre. Les repas avec moi, c’est à grande vitesse, sur le coin de la table, le plus souvent tu ne prends même pas le temps de t’asseoir ! ... Grosso modo, vous ne ferez que vous croiser. Si j’installe Gabriel dans le bureau du fond, avec la vieille télé de maman, il n’aura pas tellement envie d’en sortir.

Jérémie

Tu veux l’enfermer pour avoir la paix ?

Louise

Pas du tout ! Ce que je dis, c’est qu’il se sentira beaucoup mieux à être tranquille dans son coin. Question d’habitude, de rythme.

Jérémie

Je peux pas y croire ! J’arrive même pas à imaginer que l’idée t’ait germé ! Tu as déjà le moral en dessous du niveau de la mer, des problèmes par-dessus la tête, et tu veux t’en remettre une couche ? tu donnes dans l’humanitaire maintenant ? hein ?

Louise

C’est mon frère.

Jérémie

Et alors ? c’est pas un cadeau !

Louise

Justement, si ! enfin non, mais…

Jérémie

Mais quoi ?

Louise

Pour être tout à fait franche, il y a aussi un aspect, comment dire, financier qui me motive dans ce projet… Si je prends en charge Gabriel, et que je deviens sa tutrice, j’aurai à gérer son allocation, moi je peux demander la tierce personne…

Jérémie

D’accord…

Louise

… Et je commencerai chaque mois un peu plus sereinement en sachant que je tiendrai jusqu’au 30 voire même au 31…

Jérémie

C’est ça ! et tu comptes transformer la maison en asile pour régler ton découvert ! c’est original ! complètement taré !

Louise

Sois poli s’il te plaît ! je fais quoi moi ? merde ! tu as un conseil à me donner pour l’avenir ? sur quel poste je grignote encore ? on mange végétarien ? je reprise tes chaussettes ? tu vas chercher des colis de nourriture toutes les semaines ? non ? je braque la banque du coin ? je guette les grand-mères au distributeur automatique ?

Jérémie

T’es pas marrante…

Louise

Non, pas très. Et quand ce sera moi la petite vieille…

Jérémie

Il y a forcément d’autres moyens de s’arranger !

Louise

Lesquels ? Cette sortie de Gabriel, c’est une opportunité, faut la saisir ! Pour nous, pour lui, pour tout le monde. Z’ont plus de place à l’hôpital, plus d’infirmiers, plus d’argent, plus rien… Alors tu vois bien !

Jérémie

En fait tu ne me demandes pas d’être d’accord ?

Louise

Écoute, le médecin m’a prévenue que si je prenais Gabriel à la maison, ce serait d’abord à l’essai, pendant un mois. Je ne risque pas grand-chose, toi non plus… qu’est-ce que tu veux ? j’ai dit oui.

Jérémie

Démentiel !

Louise

Pour un mois, Jérémie. Un petit mois. Si ça se passe mal, je laisse tomber. Pourquoi ne pas essayer ?

Jérémie

Complètement dément !

Il se lève, prend son sac, remet le casque sur ses oreilles, branche son iPod, se dirige vers la sortie.

Louise

Jérémie ! Attends ! On peut en parler au moins, non ? Il arrive dans une semaine…

(Jérémie ouvre la porte)

Tu as entendu ? je vais le chercher le 1er mars ! arrête-moi cet engin ! à qui il est d’abord ?

Jérémie

À moi.

Louise

Ah oui ! Parce que t’as les moyens de t’acheter des lecteurs de luxe maintenant…

Jérémie

Tu me lâches ? il est moins dix, je suis pressé.

Louise

Oui, oui, et bien vas-y, alors, va.

(Jérémie sort. Elle lui crie)

Et ne t’inquiète pas : on tente le coup, et puis on voit.

(À elle-même)

Enfin, on verra bien.

Louise reste plantée sur le pas de la porte. On entend, au loin, puis de plus en plus présentes, des voix d’enfants qui s’amusent et chantent une comptine. Noir.

2.

Dans la journée du 1er mars.

Bruits de clefs dans la serrure.

Louise entre, seule.

Louise

Et voilà. Tu viens ? Gabriel ! Entre, voyons. N’aie pas peur.

Gabriel,

(Off)

Je m’en grille une petite.

Louise

Pas sur le palier…

Gabriel,

(Off)

Johnny m’a conseillé de ne pas t’enfumer.

Louise

Johnny ? qu’est-ce qu’il vient faire là ce pauvre Hallyday ? tu sais bien…

Gabriel,

(Off, la coupant)

Johnny est un représentant des blouses blanches qui a du boulot intéressant en milieu hospitalier de nuit. Il m’a dit de lutter contre ton tabagisme passif.

Louise

Ah, bon… Ce n’est pas grave, j’aérerai. Allez, viens, je te sors un cendrier.

(Gabriel entre, un gros sac poubelle au bout du bras)

Bienvenue chez moi frérot.

Gabriel

Bien venu, mais jamais venu. Tu as emménagé depuis peu ?

Louise

Oh, ça fait quelques années. Un bail, même. Installe-toi, tu veux boire un verre ? Alors ici c’est le salon salle à manger, tu vois, avec cuisine intégrée, ce qui crée une sorte d’espace de convivialité, de pièce à vivre, de living room, autrement dit la salle commune… Ça te plaît ? tu y prendras tes repas, et…

Gabriel

Une mousse, s’il te plaît.

Louise

Pardon ?

Gabriel

Ton frigo n’intègre pas la bière ?

Louise

… Je n’y ai pas pensé. Comme je n’en bois pas personnellement…

Gabriel

Un verre de quoi tu me proposes ?

Louise

J’ai de la grenadine, un verre de vin, mais vu l’heure et… je ne sais pas si c’est bien indiqué, de l’eau bien sûr, du café…

Gabriel

Oui, merci.

Louise

Pose ton sac. Tu as dû avoir une valise, quand même, dans le temps. Pose donc ! Toutes tes affaires tiennent vraiment là-dedans ?

Gabriel

J’ai pour cinquante litres de capital considérable. Sans compter mes possibilités de parrainages aux rentes handicapées, sur lesquelles je dois imputer mes dettes de nuit, soit en recalculs voulus sur cas en expertises 113 cas plus 21 cas plus 34 égale 168 cas au minimum vrai et 123 cas plus 26 cas plus 34 égale 183 cas en maximum voulu.

Louise

Oui, bien sûr. Assieds-toi, Gabriel, je te fais un express bien serré. Tu dois être fatigué par le voyage.

Gabriel

Ça va.

(Un temps. Il la regarde)

Je vois maman.

Louise

Hein ? Non, Gabriel, non ! ça, je t’arrête tout de suite, maman n’est pas là, elle n’est plus là, elle est morte, et bien morte. Elle est dans sa tombe, au cimetière, dans le caveau de famille.

Gabriel

Je sais, j’ai été à son enterrement.

Louise

Tu t’en souviens ?

Gabriel

Bien sûr, pauvre petite mère.

Louise

Bon.

Gabriel

Mais quand je te vois, je vois maman.

Louise

Tu veux dire que je lui ressemble ?

Gabriel

C’est frappant. La même façon de pencher la tête, les mêmes rides autour des yeux, de la bouche…

Louise

Ah bon ? j’ai tant changé que ça ?

Gabriel

Elle était soucieuse. Toi, tu n’es plus une gamine…

Louise

Et non.

Gabriel

Mais tu es encore une belle vieille fille.

Louise

(En souriant)

Je te remercie !

Gabriel

Comme tu es née trois ans et trois mois avant moi, il doit être avéré que tu es entrée dans le mauvais âge qui t’est très critique, bien qu’il faille considérer que cette cessation d’activité ne représente pas une malédiction objective au point de te déformer en sorcière alors que la route est encore longue dans la force de ton âge…

Louise

Hop hop hop !

Gabriel

Oui.

Louise

Gabriel… est-ce que tu sais pourquoi tu es là ?

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