Un Jardin en Espagne
128 pages
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Un Jardin en Espagne , livre ebook

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Description

«J’avançais, émue. Ce lieu m’habitait depuis des années. J’avais si souvent rêvé de me retrouver ici. Ces chemins, je les avais usés du bout des doigts sur les pâles photos des livres, j’y déambulais alors en pensée, la main lovée dans celle de mon amour. Aujourd’hui, rattrapée par une réalité plus glacée que le papier, j’allais seule.»
La chronique d’un jardin, le journal d’une femme, l’histoire de leur rencontre. Deux voix. Une seule promenade, à travers les siècles, dans un des plus beaux jardins du monde : le Généralife de Grenade, en Espagne.
Au mitan de sa vie, Maria parcourt les allées d’une des grandes merveilles du monde, le Généralife, à la rencontre d’elle-même. Un peu à la façon des madeleines de Proust, cette promenade fera jaillir du passé les souvenirs de cette artiste, passionnée par l’art, auquel elle aura préféré l’amour de son mari et celui pour sa famille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2012
Nombre de lectures 11
EAN13 9782895972556
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un jardin en Espagne
Retour au Généralife
Katia Canciani
Un jardin en Espagne
Retour au Généralife
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Canciani, Katia, 1971-
Un jardin en Espagne : retour au Généralife / Katia Canciani.

(Voix narratives et oniriques)
ISBN 10 : 2-89597-054-8
ISBN 13 : 978-2-89597-054-5
I .Titre. II.Titre: Retour au Généralife. III. Collection. PS8605.A57J37 2006 C843’.6 C2006-900766-7

ISBN format ePub : 978-2-89597-255-6


Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada,le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa.En outre,nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Les Éditions David remercient également le Cabinet juridique Emond Harnden.


Les Éditions David
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www.editionsdavid.com
Téléphone : 613-830-3336
Télécopieur : 613-830-2819
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Tous droits réservés.Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa),1 er trimestre 2006
À Béatrice, Florence et Juliette,
mes filles.
PLAN OFFICIEL DU JARDIN DU GÉNÉRALIFE
Nouveaux jardins Accès au palais Cour d’entrée du palais Entrée du Palais Cour du Canal (Patio de la Acequia) Mirador Salle royale Tour d’Ismaïl Cour du Cyprès de la Sultane Hauts jardins Escalier de l’eau Mirador romantique Porte de la « Mercería » ou des « Carneros » Maison des Amis Promenade des lauriers-roses
1
Nouveaux jardins
Elle semblait avoir marché doucement, depuis toujours, jusqu’à ces jardins, foulant de ses pas légers la terre espagnole. La curiosité de tout son être trahissait sa première visite en ces lieux aujourd’hui mythiques : elle lorgnait les cimes, goûtait les odeurs, tâtait les pierres, sondait le murmure du temps. Elle se demandait ce que recelaient les enceintes, elle anticipait la rencontre. Que confiait cette écorce? Que racontait la surface usée? Ses sens avides fouillaient les indices. Mais ici, tout était calme, et l’impulsion trop fougueuse se voyait tantôt ravie par le coloris chatoyant d’une fleur, tantôt par la volupté d’un effluve. Les marcheurs se voyaient subtilement contraints de ralentir le pas.
Elle avançait, balançant discrètement les bras. Ses doigts ondulaient, au rythme d’une musique connue d’elle seule. Le cachemire de son tricot laissait deviner une menue poitrine. Sa taille était fine, ses hanches épanouies. Des jambes élancées, une démarche féline.
Sa chevelure de jais, imprimée d’un infime mouvement de ressac par l’harmonieuse cadence de ses pas, scintillait de reflets argentés. Qu’il aurait été bon d’y glisser les doigts pour en sentir la douceur ou les lèvres pour y réveiller ses papilles. D’autant plus enivrant qu’impossible.
Toute cette beauté ne parvenait cependant à éclipser le puissant magnétisme de son visage. Ses yeux en amandes délicieuses, brodés de longues soies, révélaient le plus précieux des trésors : un regard noir comme un lac de nuit dans lequel on se perd, se voit et se crée. Ce qu’elle touchait du regard se voyait reflété avec toute la précision d’un miroir. Et, en la regardant, on se sentait compris, on se comprenait enfin.
Pourquoi cette femme, entre toutes? Après tous ces siècles à regarder passer, à ne plus croire, à ne plus espérer. Il était trop tard, bien trop tard. Tout avait tant changé.
Au commencement, cette terre bénie de Dieu n’était que promesse. Promesse d’un paradis sur terre. Paradis fait de jardins luxuriants, abreuvé d’eau pure, lourd de fruits abondants, enveloppé de végétation exubérante et protégé du soleil par des ombrages apaisants. Ce jardin, le plus noble de tous, devrait être situé très haut. La colline du Soleil était là, avant-dernier frisson d’une chaîne de montagnes au délinéament festonné, attendant le lapidaire à l’œil vif et à la main sûre qui saurait mettre en valeur sa riche nature.
Ce grain de terre avait tout. Il avait l’eau, là, disponible, fraîche et cristalline. L’eau des montagnes, délaissant les pics enneigés de la sierra Nevada, dévalait ainsi les rochers pour venir se glisser, en amante généreuse, dans les lits des fertiles rivières Genil et Darro. L’eau de vie. Il avait le soleil, le chaud soleil andalou, la végétation rassasiant de son inépuisable énergie. Ce soleil, qui, à trop donner, brûlait parfois d’amour celle-là même à qui il donnait vie. De la coruscante flamme et du limpide bleu d’azur, la verdure halait sa force, se hissait un peu plus haut encore. Et l’ombre des grands arbres venait protéger les plantes plus délicates. L’eau, le soleil, l’ombre. La nature disposait de tout, de tout pour créer, avec un peu d’aide, le jardin promis aux bienheureux.
Si ce n’était suffisant, la vue s’offrant à ceux qui avaient accès au lieu était pur plaisir. Ce coteau, c’était l’endroit idéal pour jouir en tous sens d’un vaste paysage liant toutes les beautés de la nature. À l’aube, le soleil se levait en roi sur la couronne montagneuse, dardait tout le jour ses rayons sur chaque parcelle de terre pour se coucher, paisible, le crépuscule venu, sur l’occidental horizon de la plaine. Cimes opalines, collines aux parois dénudées, vertes vallées, plaines agricoles, cours d’eau fuyants et muettes silhouettes d’habitations se transformaient ainsi au gré d’une luminosité toujours mouvante.
Ici le nomade retrouverait la grandeur des paysages évanescents de ses voyages. Ici le nomade trouverait la paix du cœur. Ici le nomade recevrait la terre de toute son âme et y resterait, à se reposer, sens repus. Alors, son tempérament guerrier se libérerait de ses chaînes de fer pour se parer des fils plus soyeux de la sensibilité. L’art de la guerre se sublimerait à l’art du jardin. Pourvu que l’on parvienne à ourdir l’ambitieux projet…
Il y avait tant à penser, tant à accomplir, afin de faire naître ce paradis. Que de choses à planifier et à faire pour abreuver le corps et nourrir l’esprit! L’hôte ne pouvait être déçu. L’emplacement était certes adéquat, parfait même, tant au niveau de la terre que des vents et de l’ensoleillement. Mais il ne venait pas sans contraintes. D’abord, les pentes du terrain escarpé devaient être domptées. Cela, somme toute, était aisé, une vétille, comparée à l’eau. L’eau, à la proximité séduisante. Doux leurre. Or, l’eau, il fallait la guider jusqu’ici, des contrebas de la colline jusqu’aux hauteurs du jardin; qui plus est, avec toute la déférence due à son rang. L’irrigation, voilà qui était la clef maintenant de la réussite, de la beauté et de la force de l’œuvre imaginée. L’eau serait l’âme même du jardin.
J’avançais, émue. Ce lieu m’habitait depuis des années. J’avais si souvent rêvé de me retrouver ici. Ces chemins, je les avais usés du bout des doigts sur les pâles photos des livres, j’y déambulais alors en pensée, la main lovée dans celle de mon amour. Aujourd’hui, rattrapée par une réalité plus glacée que le papier, j’allais seule.
Issa aurait tellement aimé être là. La nuit précédente à l’hôtel n’aurait pas été si froide; le réveil, si triste. Même si j’avais enfin cessé d’étreindre l’oreiller en me faisant croire que c’était lui, je le cherchais encore d’une main endormie, au creux des draps, entre deux rêves, après les cauchemars.
Contre toute attente, cette solitude appréhendée me grisait, en cet après-midi ensoleillé, de liberté. J’observais tout, ne voulant rien manquer, voulant tout percevoir, voulant tout retenir. Comme si, à mon retour, on attendait mon compte rendu. Mais je n’avais de compte à rendre qu’à la femme que j’étais devenue.
Sitôt arrivée à Grenade, j’étais passée à la banque BBVA, évitant la fermeture des portes de justesse. J’aurais pu, ainsi qu’il était fortement conseillé, réserver mon entrée par téléphone avant mon départ de la maison; toutefois, ma décision pour le moins précipitée avait limité ma préparation au strict minimum.
— C’est ici, les billets pour l’Alhambra?
L’homme, aux lunettes d’un rouge qui ne lui seyait pas du tout, piocha lourdement sur son clavier.
— Pour demain, ajoutai-je à la hâte, espérant toujours que je me trouvais au bon guichet.
— Sept heures, ça vous va? me lança-t-il en relevant enfin les yeux.
— Du matin?
— Il n’y aura personne d’autre que vous à cette heure-là! railla-t-il.
Sept heures du soir? Il plaisantait!
— Vous n’avez ri

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