Univers et personnages dans le roman au XXème siècle
87 pages
Français

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Univers et personnages dans le roman au XXème siècle , livre ebook

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Description

Une tendance au renouvellement de la conscience, née au début du XXème siècle, est bien perceptible dans la présentation du personnage romanesque dès la fin des années 20. Si dans le roman laïc l'influence provient des conceptions athéistes concernant le religion et la foi, dans le nouveau roman chrétien, c'est dans le rapport des écrivains au spirituel que vient l'éclairage. En somme, le personnage romanesque véhicule, dans sa foisonnante diversité, des positions représentatives de la tradition catholique, de l'athéisme ambiant ou d'une certaine idée d'un Dieu "inaccessible".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 48
EAN13 9782296686700
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

U NIVERS ET PERSONNAGES
DANS LE ROMAN AU XXème SIÈCLE
Birahim T HIOUNE


U NIVERS ET PERSONNAGES
DANS LE ROMAN AU XXème SIÈCLE
Du même auteur


Les nouveaux romanciers chrétiens. Code biblique et code de l’écrivain , L’Harmattan, septembre 2010.

Bilan technique du roman moderne , L’Harmattan, octobre 2010.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10290-3
EAN : 9782296102903

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Au Professeur Bernard Baritaud

(Paris IV – Sorbonne)
INTRODUCTION
La Première Guerre mondiale s’achève dans un contexte de lassitude et de volonté de se dissoudre dans la collectivité. Un humanisme nouveau se met en place, lié aux découvertes sociologiques et à l’expérience de la guerre qui ont beaucoup aidé à imposer la conscience de l’être collectif. L’influence de Sigmund Freud se fait sentir principalement dans le domaine de l’exploration de l’inconscient qui, chez lui, se révèle le siège des interdits sociaux et des règles morales intériorisées.

L’idéologie humanitaire des années vingt dépassera l’exploitation des thèmes de bonté naturelle de l’homme et de progrès de la conscience morale. La guerre aura, bien sûr, largement contribué à ébranler ces certitudes d’une autre époque. Par contre, ce qui est exalté c’est la capacité de communier avec ses semblables.

La crise de la personnalité déjà enregistrée par le passé réapparaît, comme l’a montré Micheline Tison-Braun, en 1920, puis plus tard en 1945 sous le couvert de l’existentialisme. Il s’est agi, à chaque fois, d’essayer de faire la lumière sur l’homme et sur sa raison d’être. On ne doit pas différencier cette crise de celles des valeurs et de la cohésion sociale. En réalité, ces trois aspects ne sont que les composantes d’un même phénomène. Car la conscience du néant, la dissolution des valeurs ou même la perte de la foi sont inextricablement liées, dans un contexte général de dérives morales et économiques.

La nouvelle orientation est en effet perceptible, dès le début du siècle, au double plan des visées ontologiques et des représentations du déroulement historique, surtout dans les romans d’inspiration chrétienne. Depuis le début des années 30 marquées par des difficultés liées au Krach boursier, à la montée des fascismes et à l’instabilité politique au sein de l’Europe, apparaît une nouvelle mentalité reflétée par les genres littéraires que sont le théâtre et le roman. En fait, la dramatisation va se révéler comme une modalité essentielle dans le processus d’idéalisation de la conscience. Mais c’est dans le roman que se manifeste surtout la nouvelle mentalité. Et on voit émerger des expériences novatrices dans l’inscription des thèmes comme la mort, la paix et le bonheur humain.
CHAPITRE PREMIER ROMAN DE SPIRITUALITÉ ET ROMAN LAÏC
À la fin de la Première Guerre mondiale, une nouvelle conscience, liée à l’expérience de la destruction à grande échelle, se met progressivement en place dans l’espace européen. La France et l’Allemagne sont le théâtre de ce désastre qui aura affecté, en profondeur, la conscience occidentale. Les idées de bonté naturelle et de progrès moral vont faire l’objet de rejet de la part des témoins du désastre.

La crise de la personnalité réapparaît, comme elle se reproduira en 1945, et exprime fortement le désir de faire la lumière sur le sens de l’existence humaine. Mais, en même temps, on observe un mouvement de dissolution des valeurs, de perte de la foi et de dérives économiques. Devant cette crise générale des valeurs et de l’idéal communautaire, se pose, dans un pan important du roman, le problème du dépassement de l’idéalisme pur et de l’humanisme sceptique de la Renaissance.

On peut repérer, en lame de fond, les éléments constitutifs d’une représentation commune de l’avenir. En somme, sous le signe de l’ interculturalité, se construit un humanisme visant la réconciliation de l’individu avec lui-même et avec l’ordre social, mais porté par une histoire riche en révisions déchirantes.
I. LE ROMAN CHRÉTIEN ORIGINEL
Le problème du roman trouve ses racines dans le rapport du livre sacré à son auteur. Texte d’inspiration divine, la Bible est un message révélé à un homme qui l’a transmis à d’autres hommes de son époque dont il se distingue par des attributs divins. Jésus-Christ est donc auteur au second degré et incarnation vivante du verbe. Mais à sa suite, Marc, Mathieu, Luc et Jean vont transmettre, à des générations successives de lecteurs, la Parole telle que Jésus a pensé l’avoir livrée et qu’eux-mêmes ont cru qu’il a voulu l’exprimer. Puis, la postérité des lecteurs anonymes de chaque époque a peut-être mis dans les Évangiles et même dans l’Ancien Testament autre chose que ce que leurs auteurs humains ont voulu ou cru dire.

Cela justifie, d’ailleurs, la nécessité d’une interprétation autorisée, sans laquelle chaque lecteur est amené à fonder sa propre connaissance de la Révélation. Dans tous les cas, on envisagera des modes variés d’appropriation, d’abord par l’anachronisme dont l’exégèse typologique de la Bible est une vivante illustration et qui permet de dériver le sens du Nouveau Testament de la lecture de l’Ancien Testament. Ensuite on peut citer l’allégorie qui délimite un horizon juridique et stylistique de l’interprétation de la Bible. L’explication reposera alors sur la nécessité de l’isoler de son contexte d’origine. Une troisième possibilité s’offre à travers l’explication à partir de l’intention du Créateur annoncée par le texte, lui-même inséré dans le contexte de sa rédaction. De ce point de vue, la Bible apparaît comme un document historique ainsi que le souhaite Spinoza, le père de la philologie.

Les romanciers de spiritualité semblent avoir opté, dans leur propre réception du texte biblique, pour l’équivocité de l’allégorie. Ils ont alors créé, à partir de leur compréhension des Écritures saintes , des fables qui, à leur tour, sont dépositaires d’une multiplicité de sens cachés. Le sens découvert sous la lettre du texte biblique génère ainsi les conditions d’une émergence d’un sens actualisé, susceptible d’interprétations plus ou moins acceptables mais accordées à l’esprit du temps.

De Bloy et Huysmans à Bazin et Bordeaux, à la fin du XIXe siècle littéraire, on est dans le prolongement de la défense du dogme chrétien. Avec Mauriac qui pourtant oriente sa fiction vers la critique de la bourgeoisie, les questions de l’éternel sont largement envisagées. Comme Bernanos, il a abordé les difficultés d’incarnation de la foi et le problème du mal. La question religieuse apparaît déjà dans Vie et Aventures de Salavin (Georges Duhamel) et dans Les Thibault (Roger Martin du Gard) dont les auteurs sont des « humanistes agnostiques » notoires.

Il faut mettre ce phénomène « en relation avec la nostalgie de l’éternel qui anime l’esthétique de Proust, avec la recherche de l’absolu qui se constate à la même époque, mais sous des formes très différentes, dans l’exercice de la surconscience valéryenne et dans l’exploration surréaliste de l’inconscient : ce sont les signes d’un temps où beaucoup d’esprits sont portés à mettre la méditation métaphysique, et non la seule construction psychologique, dans les fondations de la pensée et de l’art {1} ».

Comme le fait observer P-H. Simon, c’est en effet une frange importante de la littérature profane qui va intégrer le ferment chrétien. Mais, il faut bien préciser que l’impulsion décisive est venue de Gide, de Bloy et de Bourget et peut-être dans une moindre mesure de Péguy. Huysmans avait déjà donné, à la fin de l’autre siècle, des romans où brillait la lumière chrétienne. Mais la pein

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