Ziad et son destin

Mehdi, Suzette Ghodsi

Description

Ziad se tait, un moment pensive... Elle retrace son exode, elle a quitté l'Asie, traversé une grande partie de l'Europe et la voici prête à se lancer vers le Nouveau Monde. Ses grands yeux noirs reflètent des sentiments contradictoires: joie de l'aventure et crainte de l'inconnu. Edward fait de son mieux pour la rassurer. De sa province natale iranienne à sa réussite américaine, le roman de M. et S. Ghodsi déroule l'existence, peu commune, de Ziad. Une vie rythmée par l'alternance des bonheurs et des épreuves, par la plénitude et les morsures de la perte, par des allers-retours entre Orient et Occident. Des voyages indissolublement liés à un contexte sociopolitique de plus en plus tendu et dangereux, au fur et à mesure que l'Iran se bouleverse. Croisant ainsi histoire féminine et histoire de tout un pays durant le XXe siècle, ce récit est tout entier porté par un souffle romanesque tantôt paisible, tantôt violent.

Sujets

• Aventure
• États-Unis
• Exode
• Voyage
• Irán

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 23 décembre 2014
• Nombre de lectures: 13
• EAN13: 9782342032482
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Ziad et son destin

Mehdi et Suzette Ghodsi Ziad et son destin

Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0120046.000.R.P.2014.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2014

I

« Tu es née sur un ordre de la lumière Qui partage avec toi ses richesses Et ton corps s’éclaire de l’intérieur Comme une moisson ou comme une richesse »

Lucien Becker Le sentier caillouteux et poussiéreux dévale de la mon- tagne, traverse les quelques habitations cubiques du village et s’arrête net au bord de la rivière. Aujourd’hui, un groupe de femmes affairées, engoncées dans leurs lar- ges jupons colorés, la tête couverte de fichus bariolés, se pressent vers une modeste maison aux murs de briques crues coiffée d’un toit branlant, amalgame de tôles et de grosses toiles tendues. De vigoureux cris de nouveau-né accueillent les visi- teuses et la sage-femme brandit joyeusement le bébé tandis que sa mère, épuisée, sourit avec tendresse. Dans le brouhaha des exclamations de joie, la petite fille s’est tue, avec concentration, elle suce un minuscule pouce rouge et plissé. Dehors, le soleil brûle la terre brune et aride. Des en- fants aux pieds nus et vêtus de haillons courent et sautent à cloche-pied sur le muret de pierres superposées qui borne la cour où se bousculent poules et canards.

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Plus loin, des hommes fument, accroupis à l’ombre d’un arbre, parmi eux, le père de la petite fille. C’est un pauvre métayer qui appartient comme tout le village à un aristocrate de la ville. Comme ses congénères, il cultive blé, orge et pavots, il élève moutons, poules et canards et livre l’entièreté de ses produits au maître qui détient droit de vie et de mort sur ses malheureux sujets et ne leur ac- corde qu’une infime partie de la terre et du bétail. L’homme est anxieux, déjà père de cinq garçons et de trois filles, il s’inquiète de cette nouvelle bouche à nourrir alors que tous manquent déjà du nécessaire. Dans cette bourgade misérable de Sardjour, au cœur de l’Iran des années 1925, la vie est précaire. Les maisons rudimentaires ne possèdent qu’une seule pièce au sol de terre battue au centre duquel le trépied supportant l’antique marmite de fonte surplombe le foyer creux ali- menté de charbon de bois. Le long des murs s’amoncellent coussins et couvertures qui transforment l’humble logis en dortoir pour la nuit. Dureté de la vie : manque de ressour- ces alimentaires, travail ardu aux champs et pour l’entretien des animaux, coups de fouet fréquents lorsque le maître ou son homme de confiance distribue sentences et punitions. C’est dans cet univers hostile que Ziad va grandir. Ses parents l’ont prénommée ainsi car neuvième d’une fratrie, elle est l’enfant de trop, Ziad signifiant trop en persan. De plus, en tant que fille, elle représente une charge qu’elle compense en aidant sa mère au ménage, en puisant l’eau de la rivière et en nourrissant la basse-cour. Les garçons sont à peine scolarisés : lecture servile du Coran sous la houlette du mollah qui, tous les vendredis, apparaît juché sur son âne pour remplir son rôle d’instituteur mais aussi de guide religieux, voire de médecin. Le soir toujours per- ché sur sa monture, il repart chargé de présents en nature :

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