" Les coureurs sont moins libres et je le regrette"
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Reconverti dans le monde des affaires depuis sa retraite sportive, l'ancien coureur garde un oeil avisé sur l'évolution de son sport.

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Langue Français

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" Les coureurs sont moins libres et je le regrette"
"On ne verra plus d'échappée de plus de 20 minutes désormais."

Que devenez-vous depuis votre retraite sportive ? J'ai effectué une reconversion ailleurs que dans le cyclisme. Je travaille au niveau de l'environnement et dans le traitement des déchets. J'oeuvre pour Suez Environnement. Il y a deux filiales, à savoir la Lyonnaise des Eaux et Sita. Je suis chez Sita, spécialisé dans l'environnement et la propreté. Je viens de déménager pour habiter à Rennes, où je suis directeur délégué d'entreprise. En fait, quand j'ai arrêté le vélo, j'ai repris des études.

J'avais fait Sup de Co à Amiens pendant deux ans en reprenant une formation d'espagnol. A la suite de cela, j'ai fait des stages en entreprise et en banques. Lors d'un stage chez Sita, on m'a proposé un job dans l'Oise. Je l'ai accepté et j'ai été nommé responsable de secteur dans des activités variées visant la collecte des ordures. J'avais la main sur le commerce et sur les comptes. Cette fonction a duré deux ans. J'ai eu une proposition de poste comme directeur d'agence en Ile de France. J'ai été en charge du secteur géographique de la moitié de l'Ile de France. Je me suis spécialisé chez les clients industriels.

Je me suis occupé des prestations de service au niveau des clients industriels, comme Aéroport Paris ou Disney par exemple, et ce tant sur la partie commerciale que sur la partie exploitation. J'avais une gestion complète es comptes. Plusieurs agences et centres de transferts étaient concernées. Cela a duré cinq ans. Là, je viens donc de partir sur la région Bretagne pour prendre la direction d'une région complète, à savoir la région Grand Ouest. Cela englobe la Bretagne, les Pays de la Loire, et la Normandie, toujours au niveau des clients industriels, avec en plus deux agences spécialisées sur les déchets dangereux et une autre sur le recyclage des métaux. Mon activité est commerciale. Je m'occupe aussi du développement de la société et me concentre également sur la construction de projets nouveaux sur cette Région Grand-Ouest. Cela représente 500 personnes.

Cela a-t-il été compliqué pour vous de couper avec le cyclisme ? Oui, cela a été très difficile. Je viens d'ailleurs de rencontrer des professionnels en Bretagne dernièrement par hasard. C'est surtout compliqué de couper avec la compétition. On a tous du mal à rebondir après une vie aussi atypique et intense dans le sport de haut niveau. Quand j'ai raccroché et quand j'ai été invité sur certaines étapes du Tour de France, j'avais mal aux tripes de revoir mes anciens collègues. En plus, il y en avait eu beaucoup avec lesquels j'avais couru. Pour autant, j'avais fait le tour. J'ai remporté de belles courses à mon niveau. Cependant, il était temps de rebondir. Mais quoi qu'il en soit, on reste amoureux de la compétition et du vélo. J'en fais toujours un peu. L'adrénaline procurée dans un sprint est une sensation très particulière qu'on ne peut pas vivre dans la vie quotidienne. Ce sont ces choses-là qui manquent énormément.

"Je dirige aujourd'hui 500 personnes"

Quel regard portez-vous sur votre carrière ? Elle aurait pu être meilleure. Je n'ai gardé que de bons souvenirs. Il y a eu tout de même un titre de champion de France et un titre olympique. En dépit des mauvaises chutes, des galères dans le Tour, surtout quand on n'est pas grimpeur, on a plutôt tendance à ne retenir que le bon et à oublier les mauvais moments. Le vélo a été pour moi une superbe école de la vie, la vie tout simplement. On apprend à se surpasser, on apprend l'humilité, on apprend à travailler en équipe. A travers le cyclisme j'ai appris plein de choses qui me servent dans ma vie professionnelle.

Le fait de ne pas avoir remporté d'étape sur le Tour de France constitue- t-il un regret ?

Bien entendu. Mais je suis plutôt quelqu'un qui regarde devant. J'aurais voulu gagner une étape, mais j'ai fait troisième dans la quête du maillot vert. Je pense qu'en fonction de mes caractéristiques, j'ai eu un palmarès digne. Certains épisodes me restent aussi gravés à l'esprit. Quand je suis tombé sur le Vélodrome pour la troisième place à Paris-Roubaix ou quand je suis tombé pour la deuxième place dans le dernier virage à Milan-San Remo. C'est le destin... J'aurais pu aussi faire 3ème au championnat de France et 2ème aux JO. Je suis fier de ma carrière. Quand on est chez les pros, ce n'est pas évident de durer. C'est un paramètre important à considérer. Bref, j'ai eu une vie riche sur un vélo et de bonnes relations avec mes collègues. Je suis tout sauf aigri.

Le cyclisme a-t-il changé ? Il évolue. Il y a des choses qui me plaisent moins. Je trouve qu'il y a moins de liberté pour les coureurs. On est tombé dans un cyclisme très dirigé, avec les oeillettes. Il y a un manque évident d'autonomie. On ne verra plus d'échappée de plus de 20 minutes désormais comme cela avait pu se produire avec Chiappucci. Un leader est devant et on fait rouler derrière. Je trouve que dans pas mal d'étapes dans le Tour, on s'est un peu ennuyé. Pour la gagne, cela n'a pas été enthousiasmant. Il n'y a pas eu de grandes attaques. Il y a certes des jeunes qui montent en puissance. J'aimais mieux le cyclisme d'antan avec sa liberté et ses opportunités. Le vélo continue à m'intéresser néanmoins.

Avez-vous des enfants qui pratiquent le cyclisme ? Ils en font de temps en temps avec moi. J'ai une fille et un garçon. Ils font tous les deux du sport. Ils font de la compétition tous les deux. Ma fille joue au tennis. Mon fils fait de l'athlétisme. Il fait du 400 m haies et a fait les championnats de France dans sa catégorie l'an passé. Cela dit, la priorité, c'est l'école. S'ils avaient voulu faire du vélo, j'aurais été un peu inquiet car c'est un sport difficile et dangereux. Prendre le pari de se lancer dans une carrière professionnelle, c'est aléatoire. J'aurais été content tout de même pour eux si un des deux avait voulu se lancer dans le cyclisme. Le plus important est qu'ils aient pris goût au sport.

Christophe Capelle Né le 15 août 1967 à Compiègne (France) Débuts pros : 1991 Nombre de victoires : 5 Carrière : Z (1991-1992), Gan (1993-1995), Aubervilliers 93 (1996), Cofidis (1997-1998), Big Mat Auber 93 (1999-2002) Palmarès : Tour de Heesse (1990), champion olympique de poursuite par équipe (1996), Prix du Calvaire (1998), champion de France sur route (2000) Tour de France : 1993 : 115ème, 1994 : abandon, 1995 : hors-délais, 1996 : abandon, 1999 : 115ème, 2001 : 123ème Tour d'Italie : 1992 : 106ème

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