La Dictature de Trujillo
302 pages
Français

La Dictature de Trujillo , livre ebook

-

302 pages
Français

Description

Au coeur des Caraïbes, la dictature dominicaine de Trujillo s'est maintenue de 1930 à 1961 par la terreur et grâce à l'isolement du pays. Concentrant tous les pouvoirs dans les mains d'un seul homme, elle a fait figure de modèle achevé pour de nombreuses dictatures latinoaméricaines du XXème siècle. A partir d'un examen critique des événements et des documents de l'époque, l'ouvrage analyse les conditions de l'apparition, du développement, puis de l'effondrement du régime dictatorial. Il met en lumière ses contradictions internes et ses liens internationaux, en particulier son rôle souvent complexe de vassal de la politique nord-américaine.

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 1998
Nombre de lectures 583
EAN13 9782296368415
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

lA DICTATURE DE TRUJillO
(RÉPUBLIQUE DOMINICAINE, 1930-1961)Collection Horizons Amériques Latines
dirigée par Denis Rolland, Joëlle Chassin
Pierre Ragon et Idelette Muzart Fonseca dos Santos
Déjà parus
ABBAD Y LASIERRA I., Porto Rico, (1493-1778). Histoire
géographique, civile et naturelle de l'île, 1989.
BALLESTEROS Rosas L., La femme écrivain dans la société
latino-américaine, 1994.
GRUNBERG B., Histoire de la conquête du Mexique, 1996.
LECAILLON J.-F., Résistances indiennes en Amériques, 1989. J.-F., Napoléon III et le Mexique. Les illusions d'un grand
dessein, 1994.
MINAUDIER Jean-Pierre, Histoire de la Colombie. De la conquête à
nos jours, 1996.
ROINAT C., Romans et nouvelles hispano-américains. Guide des oeuvres
et des auteurs, 1992.
ROLLAND D. (ss la dir.), Amérique Latine, Etat des lieux et entretiens,
1997.
ROLLAND D. (dir.), Les ONG françaises et l'Amérique Latine, 1997.
SARGETM..-Noëlle, Histoire du Chili de la conquête à nos jours, 1996.
SEQUERA TAMAYO I., Géographie économique du Venezuela, 1997.
CAMUS Michel Christian, L'lIe de la tortue au coeur de la flibuste
caraïbe, 1997.
ESCALONA Saul, La Salsa, un phénomène socio-culturel, 1998.
@ L'Harmattan, 1998
ISBN: 2-7384-6866-7Collection Horizons Amériques Latines
Dirigée par Denis Rolland, Joëlle Chassin
et Pierre Ragon
Lauro CAPDEVILA
lA DICTATURE DE TRUJillO
(RÉPUBLIQUE DOMINICAINE, 1930-1961)
L'Harmattan L 'Harmattan Inc.
5-7, rue de l'École Polytechnique 55,rue Saint-Jacques
75005 Paris - FRANCE Montréal(Qc) - CANADAH2Y lK9A V ANT -PROPOS
Je ne sais si ce livre vient à son heure, même si j'ai lieu de le croire; je
sais, en tout cas, par mon expérience d'enseignant, qu'en France du moins la
publication ri'a que trop tardé d'un ouvrage de synthèse, dépassionné et
décanté, solide et documenté, centré sur la personnalité politique de Rafael
Léonidas Trujillo et sur le régime dictatorial instauré en République
Dominicaine de 1930 à 1961 par ce soi-disant "Benefactor de la Patria" .
Et j'ajoute qu'il est heureux qu'un tel ouvrage, si nécessaire et si difficile,
ait été demandé à Lauro Capdevila, auteur d'une remarquable thèse doctorale
sur la question, soutenue en 1996 devant l'Université de Paris VIII.
En effet, le lecteur s'apercevra vite qu'il a affaire à un travail historique
vivant et élaboré, fondé sur une vaste recherche bibliographique parfaitement
maîtrisée et sur des documents originaux, en premier lieux sur ces onze
tomes des "œuvres" de Trujillo, tenues généralement pour de la pure (voire
de la pire) propagande et que par conséquent personne n'avait réellement
étudiées jusqu'ici.
L'analyse proposée est ric-he et minutieuse. La rigueur et la clarté sont
manifestes à toutes les pages et à tous les niveaux (conceptuel, argumentaire,
linguistique). La traduction des textes du dictateur est impeccable, ce qui ne
saurait surprendre de la part de cet hispaniste chevronné soucieux de
précision.
La démarche adoptée par l'auteur respecte l'événement, s'appuie sur la
chronologie, côtoie la biographie, et met en valeur, très pédagogiquement,
les grandes étapes du régime. Celles-ci apparaissent marquées par les
violences et les roueries du militaire, souple ou brutal selon les
circonstances,mais aussi par les contraintes- qu'il assuma et dont il sut tirer
parti -que lui imposèrent dans le contexte américain où il évoluait et dans la
sphère caraïbe où il disputait le leadership à Cuba, d'abord le
panaméricanisme du puissant voisin, ensuite l'antifascisme du puissant allié,
enfin l'anticommunisme du maître tout puissant.
Capdevila n'a pas fait l'histoire de la République Dominicaine dans
considérée (tel n'était pas son propos); et il a peut-être un peu trop
l'ombre l'arrière-plan socio-économique et les réalités de la vie
à l'intérieur du pays. Il a cependant éclairé de façon magistrale
et des facettes troubles d'une histoire politique mouvementée
aurait pu croire figée et limpide, et qui ne le fut pas. L'unité
"trujilliste" ne saurait reposer sur le "trujillisme" qui n'existe
doctrine, système ou état d'esprit; elle tient à l'homme qui a
son pays à son image et à son avantage, et que les plus
-7-grands de ce monde ont flatté: le généralissime chamarré, vaniteux et abject,
mais intelligent et calculateur.
Lauro Capdevila montre bien que Trujillo n'a été ni une marionnette
agitée depuis Washington ni le chef capricieux d'un État indépendant. Il a
été, explique-t-il, le vassal conscient, rusé, appliqué de l'Empire qu'il n'a
cessé de servir (pour s'en servir personnellement, au demeurant) et dont
parfois, en serviteur zélé, il a même anticipé les désirs et les décisions. Que
reste-t-il à l'actif de son bilan? Son régime autoritaire et sanguinaire a
contribué à achever l'État central comme l'a fait d'ailleurs maint autre
caudillo, mais très imparfaitement la nation dominicaine dont il a accentué
les
\ divisions sociales et culturelles, dont il a méprisé et muselé les forces
populaires et au sein de laquelle il a empêché la montée d'une bourgeoisie
nationale. Il a incarné la "paix" quand la dépression puis la prospérité
frappaient aux portes de l'Occident, mais à quel prix? Aussi différent ait-il
été de ses acolytes Batista et Franco, son ère, comme la leur, porte cette
terrible ambiguïté.
Pour cohérente que soit la description du régime et pour convainquante
que soit l'interprétation que nous en offre Lauro Capdevila, son information
et sa manière de voir n'apportent pas le dernier mot sur le sujet. Que de
cartons ne reste-t-il pas à ouvrir dans les Archives? Comme il faudra
attendre vraisemblablement des décennies avant que celles de la CIA, pour
ne prendre qu'un exemple, soient consultables par l'historien, cet ouvrage est
appelé à faire autorité pour longtemps. Je gage que dorénavant quiconque
cherchera à avoir une connaissance approfondie de La dictature de Trujillo,
que quiconque cherchera à en comprendre la logique, les mécanismes, la
signification, consultera d'abord "Le Capdevila".
Paul ESTRADE
Professeur Émérite de IUniversité de Paris VIII
-8-UN INVENTAIRE NÉCESSAIRE
De 1930 à 1961, la dictature de Trujillo en République Dominicaine se
poursuit sans interruption. Longévité d'autant plus exceptionnelle que ce
milieu du vingtième siècle est une période troublée. Né dans la dépression
qui suit la crise de 1929, le régime s'adapte à la politique du Bon Voisinage
mise en place par F. D. Roosevelt, traverse la Deuxième Guerre mondiale,
survit aux profonds ébranlements de l'après-guerre, s'épanouit dans le cadre
de la guerre froide et ne succombe que lorsque la révolution cubaine
bouleverse les équilibres régionaux et impose un profond réexamen de la
stratégie impériale de Washington.
Pendant près d'un tiers de siècle le Chef, tel est le titre le plus
couramment donné à Trujillo, règne pratiquement sans partage sur tout le
pays. L'appareil dictatorial qu'il constitue autour de sa personne se ramifie
sur l'ensemble du territoire et pénètre toutes les couches de la société, sans
exception. La police avec son réseau d'espions et le parti unique et officiel
contrôlent tous les aspects de la vie des Dominicains. La propagande du
régime monopolise la presse" la radio et la télévision. L'État totalitaire est
poussé à l'extrême.
Disposant de moyens aussi étendus pendant une telle durée, le régime a
profondément marqué l'histoire du pays. En juillet 1996, le fauteuil
présidentiel était encore occupé par l'un des stratèges de la première heure du
Benefactor, Joaquin Balaguerl. Dès 1931, il accompagnait le dictateur qui
prenait possession du pays en effectuant une impressionnante tournée
militaire dans toutes les provinces. Plus tard, en 1937, il devait être le
principal artisan du règlement de la crise consécutive au massacre de
plusieurs milliers d'Haïtiens. Tout au long des trente-et -un ans du régime, il
fut l

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