Et vous, docteur, ça va ?
260 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Et vous, docteur, ça va ? , livre ebook

-

260 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Que se passe-t-il derrière la porte close du cabinet médical ? Qui accompagne les patients en fin de vie et assure les soins de premier recours ? Quelle est la place du spécialiste en soins primaires dans le système de santé ? Tour à tour "urgentiste", "psychiatre", "gynécologue", "pédiatre" et maître de stage, il devient éducateur-professeur et acteur de la vie publique. Entre cris d'amour et coups de gueule, ce sont 40 ans de la vie d'un généraliste au coeur de la cité qui se dévoilent à nous.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296493667
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Et vous, docteur, ça va ?
Parcours d’un médecin généraliste
Jean Van Elslande
Et vous, docteur, ça va ?
Parcours d’un médecin généraliste


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96743-4
EAN : 9782296967434
Avertissement
Dans le serment d’Hippocrate, prêté par tout médecin le jour de la présentation de la thèse, moment crucial où le titre de « Docteur » lui est remis, il est stipulé : « Tout ce que je verrai ou entendrai autour de moi, dans l’exercice de mon art ou lors de mon ministère, et qui ne devra pas être divulgué, je le tairai et le considérerai comme un secret. » Parler de son métier, c’est partager la vie des patients dans leur plus stricte intimité. Au même titre que les soignants dans la structure hospitalière, le médecin de famille pénètre dans les foyers et reçoit les confidences. Même si les situations décrites sont réelles, les noms et les lieux ont été créés de toutes pièces et respectent l’anonymat.
Prologue
La médecine à la française est-elle malade ?
Certainement pas si on considère l’influence des savants français et de leurs découvertes dans le monde, si on observe les paramètres de réussite en terme de longévité de la population ou si, voyageant en dehors des frontières, on est amené à juger de l’accès aux soins et de la couverture sociale.
En revanche la médecine libérale de premier recours rend l’âme, à la grande surprise des patients, étonnés que le métier de médecin mis en exergue dans la réussite sociale de leurs enfants ne soit pas plus attractif. Ce système performant ne semble plus répondre aux attentes de la médecine de proximité chère aux Français.
Que sont donc ces soins de santé primaires (S.S.P.) dont la pierre angulaire repose sur le médecin généraliste, dénommé auparavant médecin de famille ?
A Alma Ata, en 1978, à l’échelle mondiale, les S.S.P. étaient définis : « accès de tous à des soins de base. » Plus proche de nous, au niveau européen en 2009, voici une approche plus précise : « Les S.S.P., c’est la notion de premier recours, d’accessibilité, de continuité, de permanence des soins, en lien avec les autres secteurs. Les médecins généralistes en sont les acteurs essentiels, bien que d’autres professionnels, notamment les infirmières, puissent y être impliqués. »
Toute ma vie de médecin de base, consacrée à la médecine générale, quarante ans déjà, j’ai beaucoup réfléchi au service rendu à la population dans l’exercice de ma profession.
J’ai été formé dans l’après-guerre, dans une culture de reconstruction, et l’appréhension du choix professionnel valorisait alors les métiers de service rendu à la société, d’autant que l’établissement secondaire que je fréquentais dans la capitale normande, Rouen, avait tout axé sur la science : pas de section L, la philo de l’époque.
Quatre décennies plus tard, reprenant la recherche de la sagesse, cette fois non pour envisager les perspectives professionnelles ou sentimentales mais pour effectuer un bilan, je me trouve dans la situation du voyageur en quête d’une destination originale, lointaine, qui observe à travers la vitre arrière le chemin parcouru, les étapes franchies.
L’analyse d’une vie professionnelle me semble l’aboutissement de sensations de l’enfance, des réflexions sur lesquelles entre amis nous nous sommes donné le temps de méditer. Adolescents, on refait le monde, on franchit les étapes, encombrés de principes pour élaborer nos propres valeurs.
Pourquoi revenir sur sa vie ? Fourmi au sein de sept milliards d’individus qui naviguent sur cette planète, j’aurais pu naître au Pakistan et cultiver l’opium, en Russie et être membre de l’armée rouge ou en Amérique latine et cultiver le haricot et défendre ma parcelle de terre face aux gringos usurpateurs.
C’est que j’ai aimé la vie ; je l’ai prise à bras-le-corps sans me retourner. En actif, hyperactif, je me suis comporté en coureur de fond, allant de l’avant avec l’espoir de résoudre les problèmes, de répondre à l’urgence, de laisser mon empreinte dans cette société en mouvement. Utopie, réussite, fatalisme ? ce voyage est une évaluation sur la place d’un agent de santé de base dans une petite ville de province.
Il y a quarante-trois ans, j’entrais à la faculté de médecine. Rien ne me prédisposait à ce métier. Je n’ai jamais eu ce qu’on appelle la vocation de médecin. Je suis entré dans la profession par hasard après un échec en classes vétérinaires en 1967. J’ai exercé ce métier avec application depuis l’âge de vingt-trois ans, époque des premières gardes à l’hôpital.
Me voici en fin de carrière, soixante-trois ans déjà, âge où nos concitoyens ont rendu leur tablier. Je dévisserai sans doute la plaque vers 2014 : encore trois ans. Ces derniers temps, je mets la pédale douce ; je profite de ces périodes de moindre activité professionnelle pour un retour sur ce parcours de « généraliste de base » comme j’aime me présenter.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les témoignages de confrères. J’ai partagé leurs expériences, livres piochés de-ci de-là en librairie ; j’ai apprécié. J’ai eu le plaisir de lire et même l’honneur de rencontrer Martin Winckler, l’auteur de La Maladie de Sachs et trouvé agréable l’image humaniste que ce médecin généraliste de campagne donnait du métier. J’ai parcouru les confessions, le journal, partagé leurs états d’âme. Je me suis délecté des récits de vies consacrées à ce métier au service des hommes.
Y a-t-il beaucoup de professions qui demandent autant de connaissances ? Ne réussissent que ceux qui ont des mentions au baccalauréat. Ils vont passer deux années de bachotage pour franchir à 15% un concours qui leur ouvrira neuf années de cours théoriques et de stages pratiques avant d’être propulsés soignants, années de contrôles continus, de formation au lit du malade, tout un chemin pour devenir Docteurs.
Quelle est la place des généralistes dans le système de santé ? Le public les plébiscite. Ils arrivent après les pompiers dans la cote d’amour des Français. Ce sont les professionnels du premier recours, les acteurs des Soins de Santé Primaire. Cet agent de santé redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, l’omnipraticien, la référence, le médecin traitant.
Pour valoriser la profession, elle a été artificiellement élevée au rang de spécialité alors que, curieusement, elle n’en est pas une. Cet artisan travaille plus que les membres des autres professions médicales et il a les plus faibles rémunérations. Il doit couvrir tous les champs de la médecine et d’une P.M.E. 1 . On lui demande de savoir lire un scanner et pratiquer la médecine d’urgence, de prodiguer des soins du nourrisson à la personne âgée, de gérer les Ressources Humaines. Il doit assimiler une trentaine de documents administratifs, entretenir son outil de travail, le cabinet médical : des semaines de soixante heures en moyenne…
L’interne choisira donc la spécialité, mieux reconnue, où il sera plus aisé d’effectuer des actes répétitifs, sur rendez-vous, sans gardes, quitte même à réaliser des actes de médecine générale, dans une région délicieusement choisie, laissant le généraliste au cœur de la tourmente. Alors qu’il faudrait proposer 70 % de postes de généralistes à la répartition, on n’en propose que 50 % et 15 % des postes restent vacants chaque année. Il y a trente-six façons d’exercer la profession, selon le lieu d’implantation, banlieue, campagne ou centre-ville, selon la pratique particulière, M.E.P. 2 , ou l’omnipratique, selon le statut libéral ou salarié…
Ce livre n’est pas un journal. C’est un rapport, le témoignage d’une expérience professionnelle riche, c’est ainsi que je l’ai ressentie. Il relate les réflexions d’un homme de terrain baigné dans une société semi-rurale, à Gaillon, en Vallée de Seine, dans l’Eure. Dans cette ville, je me s

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents