Le quotidien d une visiteuse médicale
214 pages
Français

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Le quotidien d'une visiteuse médicale , livre ebook

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214 pages
Français

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Description

A l'heure des scandales liés à l'utilisation abusive de certaines molécules par les laboratoires pharmaceutiques essentiellement soucieux de transformer le malade en consommateur, Julie Wasselin révèle ce qu'elle a dû accepter pour gagner sa vie. Elle dépeint sa profession de visiteuse médicale, décriée et mal connue, avec un humour teinté d'une pointe de nostalgie, parce que tout n'a pas été noir...mais aussi, sans plus aucune illusion.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296988231
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Julie Wasselin





LE QUOTIDIEN
D’UNE VISITEUSE MEDICALE
ou la promotion du médicament en France

Préface de Michel Dégrange








L’Harmattan
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-98823-1
EAN : 9782296988231
Dédicace

À Françoise Marcola qui a eu l’idée de ce témoignage.
À mes fils, Olivier et Camille, parce qu’ils ne savent pas...
À Jean-Louis Casau, médecin à Paris, qui, s’il ne fut pas un bon père, au péril de sa vie, pendant la guerre, cacha des juifs et empêcha plusieurs dizaines de français de partir au STO.
Dédicace (suite)

Ecouter est un art...
Johann Wolfgangvon Goethe

Avec mon affectueuse reconnaissance, je dédie cet ouvr-age à Jacques Patureau et à Marc Chodkiewicz qui m’ont donné ma chance.
À Michel Dégrange, je tiens à dire comme je suis touchée par l’ampleur de son aide et de son investissement.
Préface
Poussée par la nécessité, Julie a passé 25 ans de sa vie à courir les routes pour visiter des médecins de moins en moins disponibles afin des les amener à prescrire préférentiellement des produits aux qualités inégales, grâce à des argumentaires sophistiqués, sacrifiant autant à la publicité qu’à la science. D’abord sensible à ses succès, obtenus au prix d’efforts constamment renouvelés, elle se félicite en fin de course d’avoir pu terminer sa carrière avant qu’un possible accident ne l’écourte. Dans ce contexte, elle nous offre un aperçu de l’intérieur sur certaines pratiques médicales, l’industrie pharmaceutique contemporaine et ses usages commerciaux.
Son texte se lit comme un thriller. Les pages tournent toutes seules, jusqu’à la dernière, tant l’émotion qui guide le récit de cette aventure humaine difficile est prégnante.
Les situations et les personnes sont décrites avec acuité. Le ton, émaillé d’humour, est direct, sincère et franc. L’expression, à la construction élaborée, est sans concession, avec de belles incises poétiques. La composition est en kaléidoscope, montrant une pluralité de facettes du métier.

Pour le visiteur médical, toute critique et toute plainte sont interdites de séjour. Il est indispensable de présenter une faconde souriante et un discours parfaitement rodé, quelles que soient les circonstances. D’un côté, chacun peut se sentir libre, avoir la bride sur le cou, et de l’autre subir quotidiennement la tutelle d’impératifs commerciaux confinant à l’absurde.
Certains pourraient s’attendre à un système de santé dont les protagonistes seraient désintéressés. Au moins pourrait-on supposer une organisation où la logique du profit ne serait pas prévalente, dans la ligne du serment d’Hippocrate ?
Cet idéal est utopique. Dès lors, comment se tenir à cette place de délégués à la communication pour des produits pharmaceutiques ? Le livre est un témoignage à la croisée des chemins entre deux mondes, dont la compatibilité éthique est incertaine. Car le patient, en demande de soins, est indirectement traité comme un consommateur, digne d’un ciblage publicitaire et de pratiques marketing. Le malentendu entre ces termes antagonistes a fait le beurre des industriels du domaine. Heureusement que l’arsenal thérapeutique est souvent efficace, encore que des affaires récentes montrent que les études concernant les produits sont parfois délibérément biaisées, voire mensongères, et ainsi les patients mal-traités.
Le livre nous apprend ou nous rappelle les pratiques du pouvoir industriel et commercial, avec la domination des impératifs de rendement. Nous avons l’écho de séminaires tutélaires et obligatoires destinés à obtenir des stagiaires une soumission sans bornes à des exigences tyranniques, en échange de quelques conditions luxueuses et de primes au succès. Les laboratoires ont dépensé des sommes insoupçonnées pour séduire un par un les prescripteurs. Ils ne lésinent pas sur les procédés, qui confinent au pot-de-vin, du moment que le retour sur investissement est assuré.
Pour Julie, la passion pour les chevaux a été le refuge qui lui a permis de tenir, en s’évadant des contraintes inhérentes à cette profession ingrate. Elle se singularise par une indulgence constante, qui sait toujours trouver dans la pire des situations les traits positifs permettant de s’en contenter, voire de s’en féliciter.
Elle nous offre une étude de mœurs, à la fois sensible et sociologiquement pertinente. Plus qu’un témoignage, c’est une œuvre moderne, nécessaire, salutaire et d’une actualité criante.
Michel Dégrange, Maître de Conférences en psychosociologie aux Arts et Métiers ParisTech de Paris.
On ne fait pas ça par vocation
Janvier 1980
Pour parodier Talleyrand, ceux qui n’ont pas eu la trentaine durant les seventies n’ont pas su ce qu’était la douceur de vivre.
Deux chocs pétroliers plus tard, on y croyait encore, pourtant, trouver du travail était déjà devenu difficile.

J’avais trente-six ans, un modeste « bac plus trois » agrémenté d’un diplôme d’opticienne obtenu uniquement parce que, ayant la physique et les mathématiques en horreur, j’avais eu la chance de tomber, le jour des examens, sur les interférences lumineuses, sujet, entre autres, dont j’avais appris ce qu’il fallait en savoir par cœur. Ça ne m’intéressait pas. Je voulais faire les beaux-arts et archéologie. Mon père, oubliant qu’il avait souhaité faire Navale et que son père, médecin lui-même, l’avait obligé à embrasser des études médicales, m’avait offert un choix restreint : ce serait médecine, pharmacie, dentaire ou bien optique. Moi, au moins, j’avais eu le choix. Optique, c’était seulement trois ans. J’avais donc coupé au plus court et n’avais pas exercé, ensuite, car, oubliant sa promesse, mon père ne m’avait pas installée.
Ces brillantes études achevées, j’avais convolé en justes noces et n’avais pas eu besoin de travailler. Pour être honnête, je n’en avais pas eu l’envie non plus.

À trente-six ans, la liste de mes capacités était éclectique, puisque je savais fabriquer à la main une charnière de lunettes en maíllechort précise au dixième de millimètre, puis, grâce au reliquat d’un début d’existence favorisé, je pouvais aussi enseigner l’équitation, faire des claquettes, dessiner votre portrait ou barrer un voilier. Rien de constructif, en somme, mais il est préférable de ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot quand on va devoir se débrouiller seule, car là, partant du principe que je n’avais qu’une vie et qu’il était encore temps d’en faire quelque chose, je venais de divorcer. J’avais avec moi deux enfants de treize et sept ans, mes meubles, une voiture et... un van, car j’avais aussi deux chevaux dont il était impensable que je puisse me séparer. Tout ça ne nourrit pas son homme. Je venais d’atterrir en Touraine dans une maison dont les planchers donnaient des signes de faiblesse, sans salle de bain, avec juste un filet d’eau froide à la cuisine, et quelques ampoules qui pendaient au plafond. Malgré la proverbiale douceur tourangelle, mon arrivée s’était faite dans la neige et la chaudière censée nous chauffer avait rapidement dévoré le peu de bois que j’avais pu trouver. J’avais alors vendu mon vison pour une misère et acheté du charbon.

Pour l’heure, je n’avais plus que quelques centaines de francs devant moi, mais, par chance, mon ex-cher et tendre, s’il ne prenait aucune nouvelle des enfants, n’oubliait pas de payer la pension. Il ne l’aurait pas fait, d’ailleurs, que, compte tenu de sa situation florissante et des griefs qui m’avaient poussée à conquérir ma liberté, je n’aurais pas hésité à le traîner devant l’avocat.
La nuit, j’avais des sueurs froides qui me coulaient dans le dos. Pas de panique, la pauvre petite fille riche à qui l’on avait seriné qu’elle n’arriverait jamais à rien allait montrer de quoi elle était capable. Il suffit d’y croire, ou, suivant l’adage commun : quand on veut, on peut.

J’étai

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