Sauver la Sécurité sociale
150 pages
Français

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Sauver la Sécurité sociale , livre ebook

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Description

Près de 70 ans après sa naissance, faut-il sauver la Sécu ? Retraites de plus en plus coûteuses, car de plus en plus longues, nouvelles pathologies, mais aussi nouveaux enjeux tels le renoncement aux soins et la pénurie des médecins... La Sécurité sociale concentre toutes les interrogations sur le modèle de société laissé aux générations suivantes, semant le doute chez les jeunes quant à la solidarité intergénérationnelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2012
Nombre de lectures 28
EAN13 9782296989160
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

olivier peraldi
françois jeger
sauver la Sécurité sociale question de générations
Sauver la Sécurité sociale, question de générations
François Jeger, Olivier Peraldi Sauver la Sécurité sociale, question de générations L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00184-5 EAN : 9782336001845
PréambuleLaSécuritésocialeenpéril?
SoixanteǦdixansd’exceptionfrançaiseauver la Sécu ! A l'heure de la raréfaction du denier S public, le cri du cœur, certes encore largement partagé par les Français, trouve en écho celui beaucoup moins enthousiaste que lui renvoie le contribuable. Alors que la Sécurité sociale doit faire face au défi de la prise en charge de pathologies de plus en plus longues, sophistiquées et nombreuses, le système français craque comme une arche trop chargée sous le déluge des contraintes budgétaires.
Dans un tel contexte, nombreux sont ceux qui doutent de la capacité de la Sécu à survivre. L'allongement de la vie et son cortège de maladies longues, chroniques et coûteuses pèsent lourd sur la solidarité nationale et demandent un effort commun que certains jugent anachronique. Entre les nouveaux risques inimaginables en 1945 tels que l'émergence des familles monoparentales dont le niveau de vie moyen est moindre que celui des autres formes de vie familiale, l'inquiétante évolution de la consommation de médicaments, le débat sans cesse repoussé du financement de la prise en charge de la dépendance des personnes âgées, les principes fondateurs de la Sécurité sociale se retrouvent en première ligne du débat sur une protection sociale qui se cherche de nouvelles bases.
Près de 70 ans après la création de la Sécurité sociale, que reste-t-il des principes qui ont présidé à sa naissance ? Alors que soubresauts et crises économiques réinterrogeaient la pertinence de cette solidarité nationale « à la française », la Sécu est toujours sortie renforcée des épreuves dans le cœur des Français. Prudents, ces derniers adoptaient et adoptent encore l’adage des grands-mères qui souligne à quel point« on sait ce qu’on perd, mais on ne sait pas ce qu’on gagne… »
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Du trou de la Sécu qui s’installa dans les années 70 à la perte du triple A de la France en 2012, la protection sociale est montrée du doigt comme la cause de tous les vices : laxisme coupable envers les fraudeurs, irresponsabilité des décideurs politiques, égoïsme des bénéficiaires, gabegie d’un système incontrôlable, puits sans fond des finances publiques… la protection sociale serait responsable d’une paupérisation galopante, d’un niveau du coût du travail contreproductif, d’une démobilisation des demandeurs d’emploi ou encore d’injustices générationnelles en défaveur de la jeunesse.
Des branches malades de déficits chroniques – à l’exception notable de celle des accidents du travail –, des tentatives de maîtrise de la dépense maladie au débat national aussi mal engagé que mal reporté du financement de la dépendance des personnes âgées, et surtout du dogme du tout collectif au renoncement et à l’individualisme, la Sécurité sociale concentre toutes les interrogations sur le modèle de société qui sera laissé aux générations suivantes.
C’est une question d’autant plus lancinante dans l’hexagone que le modèle français, sexagénaire avancé, reste pour le moins original et fait plus figure d’exception dans le monde que d’exemple d’influence. Certes, l’expérience française est regardée. Mais qui, à part nous-mêmes, l’applique ? Les dernières décennies ont vu son paritarisme, pourtant systématisé et porté sans faille dans les discours à droite comme à gauche, battu en brèche par unerealpolitikcomptable et centralisatrice. Des initiatives sont prises. Plus « mesurettes » d’accompagnement que véritables réformes, des cadres sont créés au fur et à mesure du creusement du trou de la Sécu. Les 20 dernières années ont vu se succéder ajustements et réorganisations plus ou moins structurels tels que la baisse de taux de remboursement des médicaments, la reconnaissance des médicaments génériques, la création des médecins référents, mais aussi l’encadrement des dépenses par le Parlement ou encore la nationalisation de la dette de la Sécurité sociale par le transfert à un établissement public créé pour la cause.
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Recul du paritarisme au profit de l’action de l’Etat, la mue de la Sécurité sociale ne réglerait pas tous les problèmes, à commencer par la difficulté de faire face à l’augmentation des dépenses.
Unpactesocialendisgrâce
Le pacte social en souffre-t-il ? La Sécu commence la décennie 2010 avec un dictionnaire qui voit ses pages critiques s’allonger au fil des crises financières, économiques et sociales : « hausse du renoncement aux soins », « désaffection d’une partie de la jeunesse », « opposition entre la solidarité nationale et un système individuel assurantiel », « défiance en l’avenir », sans parler du chômage des jeunes parmi les plus élevés d’Europe, de la prise de conscience que l’âge de la retraite n’est pas immuable ou encore de la crainte de finir sa vie dément et abandonné…
Peut-on s’étonner que quatre jeunes sur dix n’y croient plus ? Un Huron fraîchement débarqué dans l’hémicycle du Parlement lors du débat annuel du projet de loi de finance de la Sécurité sociale verrait dans le rêve des pères fondateurs plutôt une coûteuse utopie, que la France de ce début de siècle ne pourrait plus se payer, que l’application raisonnée d’un idéal collectif. Pourtant, le reste à charge des Français face au coût de leur santé est l’un des plus bas au monde et n’atteint pas 10 %.
Au-delà d’un nécessaire et salvateur débat financier, reste-t-il une place pour ce qui motivait les rédacteurs du Conseil national de la Résistance lorsqu’ils poursuivaient un idéal de solidarité, d’assurance face aux aléas de la vie et de mieux-être social et sanitaire ?
Entre les raisons du cœur et celles de l’esprit, existe-t-il un point d’équilibre qui puisse sauvegarder l’essentiel de l’héritage de 45, et à quel prix ? Et si la solution était de retrouver une juste idée du risque social, un dialogue refondé et une solidarité entre les générations qui ne soit pas qu’ascendante ?
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