Détroit et les émeutes raciales

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• Publié par: l-essentiel-de-la-science
• Publié le: 17 août 2011
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• Langue: Français

Extrait

Détroit et les émeutes raciales

Fntre 91) et 930, des Afro-américains ont fui par millions leurs États du Sud pour les États du Nord, afin d'échapper à la discrimination et la ségrégation raciales ou à cause des ravages du charançon du coton (92) et de la crue du Mississippi (927), profitant de la loi d'immigration Johnson-Reed (924) qui mettait fin à l'immigration européenne, ce qui entraîna une pénurie de main-d'oeuvre dans les usines. Détroit et sa région, qui concentraient l'industrie automobile américaine, en plein essor, en attira quelques centaines de milliers.

Les migrants Afro-américains ont très vite été confrontés à l'hostilité des ouvriers d'origine européenne venus au cours du XIXe siècle, mais aussi à la discrimination raciale. Difficile pour eux d'obtenir des prêts ou un logement convenables. Ils devaient se contenter de taudis. En 942, à Détroit, des membres de la communauté blanche se sont opposées par la violence à leur installation dans un ensemble résidentiel construit à leur intention. Dans l'ensemble, les Blancs ont aussi du mal à accepter qu'un Noir puisse gagner autant qu'eux, ou qu'il puisse occupé un poste qu'ils estiment leur revenir. Brebis galeuses, les Afro-américains sont accusés de tous les maux : criminalité, propagation de maladies (vénériennes notamment), pollution par leurs eaux usées, quand ce n'est pas de faire baisser la valeur foncière des propriétés... Le Ku Klux Klan (ou KKK, organisation foncièrement raciste, affirmant la suprématie des Blancs protestants, adepte du lynchage, créée en 1165 dans l'État du Tennessee) n'est pas en reste pour attiser les tensions.

Entre le 20 et 22 juin 943, la ville de Détroit connaît la pire des émeutes raciales de la seconde guerre mondiale. Un banal accident de voiture à proximité d'un ghetto noir dégénère, déchaînant la violence des Noirs et des Blancs sur fond de rumeurs. Les premiers racontent que des marins blancs ont jeté à l'eau une femme noire et son bébé. Les seconds sont persuadés qu'une petite fille blanche a été tuée dans un parc par des Noirs. Le bilan de 30 heures d'émeute est lourd : 25 morts au sein de la communauté noire, 9 dans l'autre, 7 500 blessés, majoritairement noirs, un millier de sans-abri, et des dégâts importants.

Dans la nuit du 23 juillet 967, la police de Détroit fait une descente dans un bar clandestin, où se tenait une soirée célébrant le retour d'anciens combattants afro-américains du Vietnam, arrêtant les 85 personnes présentes. Au fur et à mesure des arrestations, les habitants du quartier se rassemblent. Une fois les policiers et les personnes incriminées partis pour le commissariat du secteur, ils s'attaquent aux magasins du coin. C'est le début de six jours d'émeutes et de pillages qui s'étendent à toute la ville et auxquels participent des dizaines de milliers de jeunes chômeurs noirs. Le 24, le gouverneur du Michigan demande le renfort de gardes nationaux pour mater la rébellion, ce qui fait empirer les choses. Le 26, toujours à sa demande, deux divisions de l'armée fédérale sont déployées.

Finalement, petit à petit le calme revient sur Détroit. Mais le bilan est lourd : 43 personnes tuées, 467 blessées, plus de 7 000 arrêtées, 1700 commerces pillés, 2 000 bâtiments incendiés.